Chapitre 6 : Tout s'écroule

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Je monte lentement les escaliers, prenant mon temps pour réfléchir à cette merveilleuse journée. Lorsque j'arrive enfin dans ma chambre, je suis accueillie par une fraîcheur inhabituelle. J'observe la fenêtre, que j'étais sûre d'avoir fermée, pour voir qu'elle est entrouverte. Je jette un coup d'œil autour de moi pour m'assurer que je suis seule, puis je referme la fenêtre. Je me saisis ensuite du peignoir posé sur mon lit et je l'enfile. Tout en lissant les plis, mon regard est attiré par un papier plié en deux sur ma couette. Une appréhension s'empare de moi alors que je le saisis. Mon estomac se noue en voyant la première phrase, et je sens le sol se dérober sous mes pieds alors que je continue à lire. Cette lettre signifie le retour à une vie que je voulais oublier et fuir à tout prix. C'est impossible.

« Ma fille, j'espère que c'est une vaste plaisanterie. Dites-moi que vous vous êtes enfuie pour tuer ce crétin. Si oui, pourquoi ne pas déjà l'avoir assassiné ?

Ne me dites pas que vous pensiez fuir ? Pensez-vous que c'était la meilleure solution ? Je vous l'ai déjà dit. Où que vous alliez, je vous retrouverai. Vous le regretterez. Si vous ne le tuez pas, je vous ordonne de nous retrouver à la prochaine lune à la rivière de nos entraînements pour discuter. Si vous ne venez pas seule sachez que je serai prêt. Vos amis en paieront le prix si vous décidez de ne pas m'écouter et j'infligerai la mort la plus douloureuse possible à ce cher Mattias Brauwn. Cette mascarade à assez duré. »

Je fonds en larmes. Cette fois je n'arrive pas à les retenir et elles inondent mes joues. Je ne peux pas partir, je ne peux pas le tuer. Je suis poursuivie par mon passé et mes secrets. Je ne sais pas quoi faire.

La nouvelle lune a lieu dans quatre jours. Je dois préparer un plan. Je ne veux pas retourner dans cet enfer. Je suis inquiète. Je n'arrive pas à me calmer ni à contenir mes tremblements. J'ai l'impression d'étouffer, je n'arrive plus à respirer. Je cache la lettre dans mon tiroir. Ma respiration est saccadée, je n'arrive plus à reprendre mon souffle, des larmes ruissellent sur mes joues. Des points noirs dansent devant mes yeux lorsque je me lève de mon lit. Mes jambes me lâchent. Je tombe au sol.C'est le noir total.

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Un bruit sourd et assourdissant résonne à l'étage, me faisant lâcher le verre que je nettoyais dans l'évier. Mon cœur bat à tout rompre alors que je grimpe les escaliers deux par deux, la panique m'envahissant peu à peu.

— Erika ?! je crie dans le couloir.

Comme il n'y a pas de réponse, je décide d'entrer dans sa chambre. J'ouvre la porte avec une certaine violence et reste figé sur le seuil. Ericka est allongée au sol, ses cheveux roux éparpillés autour d'elle. Son visage est empourpré et je peux percevoir les traces de larmes sur ses joues. Je suis saisi d'une émotion que je ne peux décrire. Je me sens impuissant, incapable d'aider mon amie dans cet état. Mes jambes refusent de me porter. Finalement, je parviens à me ressaisir et je la secoue doucement, l'appelant avec inquiétude. Elle se réveille finalement en murmurant un son indistinct.

— Tout va bien, je lui chuchote pour qu'elle se calme.

Elle finit par s'asseoir en s'appuyant contre son lit, cherchant à reprendre son souffle. Ses poumons sifflent, son rythme cardiaque s'affole. Elle me fixe, paniquée.

— Ça va aller, je répète doucement, cherchant à la rassurer.

Voyant qu'elle ne parvient pas à se calmer, je prends sa main et la pose contre ma poitrine.

— Suis mes battements et respire avec moi, je guide sa respiration. C'est ça, doucement...

Après quelques instants, sa respiration devient plus régulière et un silence s'installe. Je suis terriblement inquiet. Elle a toujours sa main contre ma poitrine, et je peux sentir mon cœur battre contre sa paume. Nos regards se croisent, et je me noie dans le sien. Son visage est si proche du mien, sa bouche si tentante. J'ai envie de la prendre dans mes bras, de la serrer contre moi pour lui montrer que je serai toujours là pour elle, pour la protéger. Je suis prêt à prendre les coups à sa place, à devenir son bouclier.

Elle finit par détourner le regard, met ses mains tremblantes sur ses joues.

— Pourquoi est-ce que ça revient toujours ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas juste oublier ? dit-elle d'une voix cassée.

Je m'approche doucement d'elle et pose une main sur son épaule. Elle se blottit contre moi, cherchant du réconfort. Je sens sa respiration irrégulière sur ma peau.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demandé-je doucement.

— Je me suis rappelée de quelque chose. Et ça me fait peur, répond-elle en tremblant.

Je ne sais pas quoi dire, je ne peux pas effacer son passé. Mais je peux être là pour elle.

— Tu n'as pas à avoir peur, je suis là. Je vais rester avec toi jusqu'à ce que tu te sentes mieux.

Elle sourit faiblement, mais cela me suffit. Je l'attire dans mes bras et elle se blottit contre moi, ses mains agrippées à mon t-shirt. Je peux sentir son cœur battre fort et rapide.

— Respire avec moi, je dis doucement. Inspire profondément, retiens ta respiration, et expire lentement. Répète après moi.

Nous prenons des respirations profondes ensemble, essayant de calmer son corps et son esprit. Après quelques minutes, elle se détend enfin.

— Merci, souffle-t-elle.

Je la regarde, ses yeux plongés dans les miens. Je sens une profonde connexion avec elle, un lien que je ne peux pas expliquer. J'ai envie de la protéger, de la garder en sécurité.

— Tu veux te reposer maintenant ? demandé-je doucement.

Elle hoche la tête, fatiguée. Je l'aide à se lever et la guide jusqu'à son lit. Elle se blottit sous les couvertures et je lui murmure quelques mots réconfortants avant de sortir de la pièce. En descendant les escaliers, je ne peux m'empêcher de penser à elle, à la douleur qu'elle a vécue et à la façon dont je veux la protéger.

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Je n'arrive plus à réfléchir. J'angoisse. Je ne veux pas le revoir. Je ne veux plus être prisonnière. Mais je ne veux pas qu'il fasse du mal à mes amis et à Mattias...

Je vais lui dire la vérité. C'est une certitude. Mais que peut-il faire face à lui ?

Après une nuit agitée, peuplée d'insomnies et de cauchemars, je finis par me lever du lit. Je m'habille d'un joli jean bleu et d'un t-shirt rouge, orné de l'emblème des quatre clans, même si l'un d'entre eux me répugne profondément.

Je prends une profonde inspiration et me décide enfin à agir. Je vais tout révéler, toutes les vérités que j'ai cachées depuis le début de notre rencontre. Mes joues sont encore rougies par les larmes, mais je m'en moque. Je suis prête.

Je reste immobile devant la porte de son bureau, observant Mattias qui fouille frénétiquement parmi les piles de documents sur son bureau. Son visage est crispé, témoignant de son impatience légendaire. Je n'arrive pas à croire que je suis sur le point de faire cela, mais je le dois. Il doit savoir la vérité, qui je suis vraiment. Je sais que notre relation va changer, mais je ne peux plus continuer à lui mentir, surtout depuis que j'ai trouvé cette lettre dans ma chambre. Fuir n'est pas la solution. Il me retrouvera où que j'aille. Je respire profondément, rassemblant mon courage, puis je frappe à la porte. Mattias lève la tête et me sourit.  Il m'observe un instant avant de m'inviter à entrer. Je ferme la porte et souffle pour évacuer la pression. Cependant, ça ne fonctionne pas, au contraire, je sens mon cœur s'emballer dans ma poitrine et mes mains se mettent de nouveau à trembler.

— Tu vas bien ? me demande-t-il, l'air inquiet. Tu m'as fait peur hier soir.

— Je ne veux plus fuir mon passé, je dis la voix légèrement tremblante. Je suis prête à tout te dire.

Mattias semble surpris mais il me sourit pour me donner du courage. Je vais en avoir besoin.

— Tu sais que je fuis quelqu'un, mon père. Je t'ai dit qu'il était puissant. Tu le connais.

— Comment ça je le connais ? dit-il étonné.

— Matt' s'il te plaît écoute moi.

— Désolé.

— C'est le chef du clan de l'air, Derrick, finis-je par avouer doucement.

— Attends, comment ? Mais c'est...c'est impossible...

— Je t'assure que c'est la vérité...

— Je...Mais... Sa femme est décédée lors de son accouchement il y a plus de 15 ans !

— Le bébé a survécu et ce bébé, c'était moi.

Il fait les gros yeux et secoue légèrement la tête de gauche à droite. Il touche son bureau pour se maintenir dessus.

— Mais pourquoi l'avoir caché ? Je ne comprends pas.

— Il voulait que je réapparaisse le jour où je serai assez forte pour faire tomber les clans.

— Personne n'est capable de faire une chose pareille voyons ! Erika si c'est une blague, ce n'est pas drôle.

— Ce n'est pas une blague. La dernière fois, tu m'as expliqué que les chefs de clans pouvaient utiliser leur magie différemment. Il m'a appris à maîtriser la variante du pouvoir de l'air. Je ne sais pas exactement comment il s'y est pris mais il a réussi à me débloquer cette puissance. Je peux faire de la télékinésie.

Il se rassoit et prend sa tête dans ses mains. Il me regarde un instant avant de dire :

— Pourquoi me l'avoir caché ? La situation est complexe mais pas autant que je ne le pensais. Même si j'avoue avoir du mal à l'avaler...

— Au contraire, il est capable de provoquer une guerre... Et... et il y a autre chose...

— Dis-moi, répond-t-il, l'oreille attentive.

— Un soir tu m'as raconté ton histoire.

— Qu'est-ce que j'ai à faire là-dedans ? demande-t-il étonné, la voix grave et inquiète.

— Matt, je le reprends.

— Pardon, s'excuse-t-il, confus.

— Tu m'as dit que le chef du clan du feu vous avez tous trahis.

— Oui c'est exact mais où veux-tu en venir ?

— Ce n'était pas lui, ce soir-là, qui a provoqué l'incendie.

Son expression change, il n'a pas l'air de comprendre. Il est confus, inquiet et je sens sa colère monter.

— Mais la lettre...

— Il l'a rédigé sous la contrainte, on a fait passer son meurtre pour un suicide et personne ne s'en ai rendu compte.

— Ne me dis pas que...

— Tu peux maîtriser le pouvoir de la Terre. Ce pouvoir peut être destructeur. Tes parents le maîtrisaient et te l'enseignaient. Ils représentaient, vous représentiez un danger pour Derrick...je suis si désolée.

— Tu veux dire que c'est lui qui a mis le feu à la maison ce soir-là ? demande-t-il, presque en criant, choqué de cette révélation.

Je hoche la tête positivement, les larmes aux yeux.

— Non ! hurle-t-il. C'est impossible !

Soudain, il frappe son poing contre la table, me faisant sursauter.

— Je suis désolée, je murmure à nouveau.

— Je vais le tuer ! hurle-t-il, enragé.

Il est fou de rage. Je tremble, je n'arrive pas à contrôler les larmes qui se déversent comme un torrent sur mes joues. Je sens les murs et le sol trembler, sa rage et sa colère se déchainent.

— Es-tu venue pour me tuer ? me demande-t-il.

Il a l'impression d'être trahi, je le vois dans son regard, je le sens.

— Non ! Bien-sûr que non ! je réponds, choquée. Je me suis enfuie. Toute mon histoire est vraie, je te l'assure. Je ne supportais plus les coups, le monstre qu'il voulait faire de moi...

Ma voix se brise, les souvenirs défilent dans ma tête. Je suis saisie par l'émotion. Le beau brun s'arrête soudain. Après quelques secondes de silence, il affirme :

— Alors je te vengerais aussi.

Je suis surprise par son changement de ton. Je m'attendais à ce qu'il me déteste, mais au lieu de cela, il semble plus calme et réfléchi. Je décide alors de tout lui dire, de déballer la vérité sans rien omettre. Après tout, il mérite de savoir la vérité, même si cela risque de bouleverser notre relation.

— Je voulais partir tu sais, je voulais vous protéger, je voulais partir le plus vite possible mais...

— Mais ?

— Je me suis attachée à toi.

J'ose relever les yeux pour affronter son regard, redoutant la tempête d'émotions qui m'attendait. Mais à ma grande surprise, ses yeux se sont adoucis, reflétant une douceur que je ne lui connaissais pas. Pourtant, ma gorge me brûle et mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il va sortir de ma poitrine. Mes jambes tremblent sous le poids de cette révélation et j'ai l'impression qu'elles pourraient me lâcher d'un moment à l'autre.

— Je le tuerai, dit-il froidement.

— Je sais et ça me fait peur.

— Personne ne doit subir ce que tu as subi et il a assassiné mes parents.

— Il m'a retrouvé, dis-je rapidement.

Je doute qu'il m'ait entendue, mais lorsque je rencontre à nouveau son regard, je me rends compte que mes mots ont bien atteint leur cible. Il est figé, les yeux écarquillés, son visage exprimant à la fois la surprise et la terreur.

— J'ai reçu une lettre. Il m'a retrouvé et il veut que je revienne, j'explique.

— Ça n'arrivera pas, promet-il.

— Si je ne le rejoins pas de moi-même à la prochaine lune, il vous tuera... ma voix se brise à nouveau.

Je suis terrifiée à l'idée qu'il puisse me retrouver et encore plus qu'il menace d'assassiner mes amis.

— On va trouver une solution, affirme-t-il, déterminé.

— Je voulais partir. Il relève la tête. Je savais que je ne devais pas rester longtemps au même endroit au risque d'être retrouvée. Mais je n'ai pas réussi.

Nous nous fixons désormais. Je reprends :

— Tu as bouleversé mes plans. Je suis restée trop longtemps. Je, je me suis attachée, je crois que...

Les mots sont bloqués dans ma gorge, refusant de sortir. J'ai tellement refoulé cette pensée qu'il me semble impossible que ce moment soit réel. Un sanglot incontrôlable m'échappe. Mattias s'approche lentement de moi, relève mon visage vers le sien en prenant mon menton dans sa main. Son contact est doux et réconfortant, comme une brise apaisante dans la tempête qui fait rage en moi.

— Qu'est-ce que tu crois ? chochotte-t-il doucement, me provoquant des milliers de frissons.

Je sens son souffle dans mon cou, mon cœur battre la chamade, les mots ne veulent pas franchir mes lèvres.

— Je t'aime, je révèle doucement.

Son sourire tendre et ses yeux pétillants m'ont donné le courage de le laisser m'embrasser. Ses lèvres se posent sur les miennes, et dans un accord tacite, nos bouches se mêlent. Je me perds dans ce baiser passionné, libérant toute la tension et la frustration qui m'ont tourmentée pendant des semaines. Je me sens enfin libre.

En cet instant, il n'y a plus que nous deux. Nous sommes enveloppés par notre magie, comme deux cristaux qui s'attirent et se repoussent en un ballet sensuel. Je me sens forte à ses côtés, prête à affronter n'importe quoi tant que nous sommes ensemble. Les caresses de notre magie nous électrisent, nous faisant vibrer de plaisir.

Il se détache de moi un instant pour murmurer :

— J'ai attendu ce moment si longtemps.

Je souris, heureuse de partager cette intimité avec lui. Je l'embrasse à nouveau, savourant chaque instant de cette étreinte magique.

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