Partie 4 : Vieille rancœur

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L’aube éclaircissait à peine d’une pâle nitescence au moment où Filder frappa à la porte. Aldenia et Fherini étaient alors blotties l’une contre l’autre. Cheveux ébouriffés et jambes croisées, l’harmonie fusionnelle contrastait avec l’absence de grâce de leur position. Mais quand le devoir les appela, le couple s’habilla avec prestesse pour s’y diriger.

— Je ne sais pas trop comment l’expliquer…, avoua Filder. C’est une nouvelle pour toi, Fherini. Bonne ou mauvaise, à toi de juger. Deux personnes sont arrivées à la fin de la nuit dans l’établissement. Doleis et Remos Laefdra, qu’ils s’appellent.

— Ce sont tes parents ? demanda Aldenia. Que font-ils ici ?

Tout ce qu’elle obtint fut le silence. L’insonorité inquiétante, comme dans l’éveil d’un ouragan dévastateur. Le visage de sa dulcinée s’enflammait à un tel point qu’elle ne la reconnaissait plus. Sur son poing fermé, plaqué contre sa hache, des spirales de flux rougeâtre s’accumulaient. Précipitamment, Aldenia tenta d’y enrouler sa main, mais Fherini la rejeta. Au lieu de quoi elle retroussa ses manches, bouscula Filder et accéléra la cadence.

Oh non… Elle a une telle rancœur envers ses parents ? Ce n’était pas le bon moment pour qu’ils reviennent. Je dois la rattraper ! Même en adoptant le rythme de Fherini, Aldenia échoua à allier vitesse et réconfort. D’incontrôlables nerfs habitaient sa bien-aimée à cause desquels leur connexion magique peinait à s’insinuer. Aucun sentiment, fût-il puissant, ne tempérait la haine familiale.

Jamais elles n’avaient parcouru aussi rapidement la capitale. Fherini rejoignit l’entrée au bout d’une dizaine de minutes, où déjà elle percevait une présence pernicieuse. Certes Hargan et Gardis modéraient la tension des lieux, pas de quoi ralentir la jeune mage cependant. Ce sont eux, ses parents ? Ils n’ont pas l’air si terrifiants. Aldenia reconnaissait pourtant des traits familiers chez cet homme et cette femme aux premières rides et aux cheveux grisonnants. Ni Remos, ni Doleis ne commirent l’affront d’accueillir leur fille unique avec sourire. Ils s’assumèrent malgré tout, debout face à elle.

— Vous osez vous amener ici ? rugit Fherini. Après tout ce que vous avez fait ? Je n’aurais pas dû juste vous assommer la dernière fois !

— Fherini, ne laisse pas ta haine dominer ! supplia Gardis. Il y a un temps pour détester ce qui nous a construit. Puis il y a un temps pour pardonner les erreurs. N’oublie tes valeurs. Ta morale !

Fherini hésita. L’envie ne lui manquait pas de lancer un sort incandescent sur ses parents, mais Hargan se dressa aussi devant elle, paré à riposter en cas de geste douteux. Gardis a raison. Si elle ne se contrôle plus, elle va le regretter ! Aldenia enlaça sa bien-aimée dans l’espoir de la calmer. Elle expira un soupir de soulagement : le corps comme l’esprit de Fherini s’ouvrirent à l’apaisement.

— Merci, Aldenia, dit Hagran. Seul un esprit dévoué peut brûler de tels ardeurs. Fherini, sache que je comprends ton ressentiment, mais écoute au moins ce qu’ils veulent.

— Ma patience… a de sérieuses limites ! maugréa Fherini.

Ses grognements résonnèrent à travers toute la patience. Conscient du danger, et non sans hésitation, ses parents s’avancèrent pas à pas vers le fruit de leur labeur.

— Tu n’as pas changé, complimenta Remos, le faciès peint d’un sourire forcé. Toujours aussi caractérielle, mais toujours aussi forte. Et il semblerait que tu aies trouvé quelqu’un qui te correspond.

— La flatterie ne fonctionner pas avec moi, répliqua sa fille. Venez-en au fait !

— Eh bien…, balbutia Doleis. Nous avons été chassés du pouvoir. Les dernières élections ont eu lieu et nous avons fraudé pour que la candidate contre ton père ne gagne pas. Nous avons été repérés… et sa première décision a été de nous bannir de Niheld.

— Oh ? Et je suis censée pleurer sur votre sort ? Si vous cherchez la charité, allez voir ailleurs ! Nous nous occupons des personnes réellement dans la misère, ici.

— Non, tu ne comprends pas ! Nous sommes venus réclamer une protection !

— Vous vous moquez de moi ? Vous protéger de qui ?

— C’est très sérieux ! renchérit l’ancien chef. Un paysan nommé Oldur a levé une insurrection contre la famille Laefdra ! Nous avons réussi à les échapper une fois, mais nous avons remarqué qu’ils nous ont pistés.

Des yeux s’écarquillèrent. Des gorges se nouèrent. Des propos se suspendirent. Dans ce macabre silence, rien ne fut prononcé mais tout fut exprimé. Seule Fherini, bouillonnante, se retenait d’agresser ses géniteurs.

— Vous l’avez attiré ici ! imputa-t-elle.

— Qui est-ce ? s’enquit un collègue. Son nom m’est familier.

— Un homme dangereux, doublé d’un guerrier et mage hors pair, avertit Hargan. Il est dans les parages… Je sens sa présence.

Aldenia sentit ses veines se glacer. Si même Hagran est effrayé, c’est qu’il doit être dangereux ! Tant de corps trémulaient et tant de fronts exsudaient de sueur autour d’elle. Bien de ses confrères et consœurs, dans l’ombre des craintes à venir, s’orientèrent vers les portes dérobées derrière lesquelles dormaient les enfants. Au-delà des frissons de tout un chacun, les murs tremblaient pour de vrai.

— Ils approchent ! pressentit Hagran. Les murailles d’Orocède les ont à peine ralentis.

— Mon chéri ! s’alarma Gardis en agrippant son avant-bras. Nous devons protéger les enfants.

— Réfugiez-vous dans les souterrains. Scellez la porte d’une protection magique. Que les meilleurs mages m’accompagnent pour les affronter, et personne d’autre !

L’heure est grave. Drôle de circonstances pour rencontrer les parents de Fherini. Au moins, aussi mauvais soient-ils, ils vivent encore. Aldenia fut secouée, soudain extirpée du refuge de ses pensées. Fherini l’entraînait à l’extérieur, suivant les pas de leur chef. Ils furent une demi-douzaine à s’engouffrer dans la voie de l’affrontement. Gardis s’engagea dans la voie opposée, accompagnée des siens. Eux guidèrent leurs protégés loin de toute influence néfaste. Défenses sur deux fronts alliaient les qualités de tous dans l’urgence.

Le cœur tambourina contre la poitrine d’Aldenia. Hagran avait raison. Ils sont déjà là. Un mouvement de panique se propageait aux alentours : des citoyens détalaient par dizaines, hurlant de terreur. De malheureux gardes tentèrent de les combattre, tout juste arrivèrent-ils à les retarder. Ainsi les bandits laissèrent quelques cadavres dans leur sillage. Armes enchantées côtoyaient des armures rouillées.

Les mages adoptèrent leur position de défense. Une immense quantité de flux tourbillonnait, toutefois scindée dans l’espace. Approchait en effet un homme mastoc, coiffé d’un chignon châtain, barbu d’une épaisse touffe. Des éclats mordorés luisaient sur son armure en cuir bouilli tandis que ses yeux ambrés brillaient de haine. Aldenia savait contre qui il les plissait. Contre qui il braquait sa hache d’armes en acier. Fherini est en danger !

— Les Laefdra se sont planqués, fit Oldur. Pas tous ! Tu t’es pointée, fillette aux cheveux violettes.

— Je ne suis pas une fillette, riposta Fherini. Et je ne leur ressemble en rien.

— Ah oui ? Tu étais où quand tes vieux ont jeté ma cousine de sa piaule parce qu’elle n’avait pas assez d’argent pour payer ses impôts ? Elle s’est suicidée, laissant un mari veuf et une fille orpheline ! Ils ont dû partir en Chevik pour s’en sortir. Et encore, je n’ai jamais su ce qu’ils étaient devenus après qu’ils aient passé la frontière. Ils ont été tués par des bandits si ça se trouve.

— C’est horrible…, murmura Aldenia. Je suis désolée pour vous.

— Il ne faut pas, contredit Fherini. Il ne mérite pas ta pitié.

— Tu n’as aucun cœur, fillette, critiqua Oldur. Rien ne m’arrêtera, tu m’entends ? Je t’arracherai la tête, et je raserai chaque bâtiment de cette ville corrompue pour retrouver tes parents !

— Ce sont les innocents que je dois préserver. Pas eux

Des ondes véloces tournèrent en spirales autour de la paume de Hagran. Il s’apprêtait à les projeter en guise d’avertissement, tendant son autre bras vers l’ennemi.

— Fherini m’a tout raconté en détail, expliqua-t-il. Difficile de prendre position sur un sujet délicat, mais nous sommes d’accord pour affirmer que Remos et Doleis Laefdra sont des criminels. La vengeance n’est pas la solution.

— Tu essaies de me faire la morale ? Tu n’as aucune idée de ce que j’ai traversé !

— Si. Moi aussi, j’ai perdu des proches. Ma fille est morte dans un tragique accident. Je n’ai jamais cherché à me venger du système. À la place, j’essaie de construire un monde meilleur pour les nécessiteux. Les Laefdra seront traduits en justice comme ils le méritent.

— Ils s’en sortiront, comme toujours !

— C’est ça, ta solution ? Tuer des gardes ? Semer la terreur en ville ? Tu ne me prendras pas ce qu’il me reste !

Hagran nous l’avait à peine évoqués. Je n’ai jamais connu mes parents, il n’a jamais pu l’être. C’est sûrement pour cette raison qu’il a fondé ce refuge avec son épouse. Pour compenser cette perte. Le mécène bataillait désormais cœur et âme. De vives lueurs dansaient dans son regard tandis qu’il déployait d’intenses rayons lumineux. Par kyrielles elles repoussaient les bandits pour qui une telle puissance n’était pas habituelle. Oldur, sans se décourager, abattit sa hache sur le dallage après un grognement. Il y avait transmis tant de magie qu’une large fissure se propagea instantanément.

— Attention ! prévint Hargan au dernier moment.

Aldenia dut se téléporter alors que Fherini bondit d’instinct. Toutes deux se retrouvèrent côté à côte, par-devers leurs ennemis, guettant leur véloce approche. Elles s’inclinèrent alors dans leur harmonie, dans leur lien fusionnel. Mains dans la main, les jeunes mages échangèrent du flux pour mieux le renforcer.

Je suis elle et elle est moi. Déferla une onde de choc qui repoussa plusieurs bandits sur les murs derrière eux. Le choc en assomma quelques-uns, d’autres se relevèrent pétris de rage. Ce fut dans cette frénésie que chacun des combattants se plongea. Des sorts contrèrent les armes là où tout cliquetait et chuintait.

Par-delà alliés et ennemis se coordonnaient les deux femmes. Avec rapidité et fluidité elles libérèrent tous les secrets de leur magie. D’une direction elles matérialisèrent des sphères lumineuses, de l’autre elles projetèrent des décharges électriques. Ce faisant elles balayèrent d’autres adversaires. Après quoi, en guise de protection, un bouclier diaphane les protégea de coups d’épées et de haches. Ils persistent. Pourquoi continuer à se battre alors qu’ils savent que c’est perdu ?

Aldenia comprit à son grand dam. Des éraflures avaient beau ralentir Oldur, il ne faiblissait pas pour autant. Hagran dut se retirer, lacérés de partout, aussi deux des siens le remplacèrent. Mû d’un sourire malsain, le chef de l’insurrection esquiva son assaillante d’un pas de biais avant de la décapiter net. Son confrère, incontrôlable, se jeta aveuglément sur lui, il lui fendit alors le crâne avec une aisance similaire.

De la nausée envahit Aldenia comme elle découvrit les cadavres de ses amis. Toutes ces années à les côtoyer, réduites à néant ! Ces bandits n’ont rien à faire de nos vies. Ils nous tueront jusqu’au dernier. Sa partenaire suffoqua de rage. Son chef s’arrêta, les traits distordus, le visage livide.

— Ilde et Ellis étaient dévoués, déplora-t-il. À l’écoute de tous. Ils ont passé de nuits blanches au chevet d’enfants apeurés ou malades. Ils ont œuvré pour ramener des perdus sur le droit chemin. Aucune souffrance ne justifie de les avoir massacrés ainsi.

— J’assume, rétorqua Oldur. Protéger les coupables ne fait pas de vous des bienveillants. D’autres auraient dû vous l’apprendre avant moi ! D’ordinaire placide, Hagran ne parvint plus à se contrôler. Il canalisa tout en force, perça les défenses d’Oldur et saisit sa hache à pleines mains. Des lignes de flux fusèrent de part, s’épaissirent, jetèrent des éclats. Sitôt le mage s’était emparé de l’arme ennemie qu’elle fut brisée en une myriade de morceaux. Mais cet effort lui arracha un bras entier tant une magie malfaisante s’y était insinuée.

Le mutilé se rejeta sur le pavé lézardé. De la fumée émanait de son moignon comme il cachait sa géhenne en geignements. Même Hagran a échoué ? Il ne peut pas perdre ainsi !

Oldur fut secoue et néanmoins indemne. Dédaignant son ennemi rampant, il se retourna vers Fherini, laquelle chargea son poing de magie et le frappa à l’abdomen. Le bandit croisa ses bras pour atténuer l’impact, mais il dut reculer de quelques mètres. Il anticipa alors les mouvements de son opposante. Fherini avait beau être véloce, si prise dans sa frénésie qu’elle bataillait seule, Oldur désaxa son rayon incandescent. D’une main il l’immobilisa avant de la faire léviter. Il compressait tant l’air que la jeune prodige ne réussissait pas à s’en libérer.

— Je te tiens au creux de ma main…, se targua-t-il. Fherini Laefdra, tel est ton nom. Cet homme à tes pieds semble avoir pris soin de toi. Et celle derrière a l’air d’être beaucoup attachée.

Non ! Il a massacré Ellis et Ilde, il a blessé Hargan, mais il ne tuera pas Fherini ! Aldenia généra des sphères enflammées et foudroya l’agresseur du regard en se rapprochant de lui.

— Libère-la ! somma-t-elle.

— L’amour accentue la violence ! constata Oldur. Jusqu’où serais-tu prête à aller pour ta passion ?

— Tu me prends en otage ? fit Fherini. Ça fonctionnerait si j’avais peur.

— Les Laefdra ne ressentent aucun sentiment. Tu es aussi dangereuse que tes parents. On m’a privé de mes proches, ce n’est que justice !

Oldur dévisagea férocement Aldenia.

— Je peux briser ta bien-aimée, menaça-t-il. Et même sans ma hache, je suis capable de fissurer ce bâtiment et tout ce qui se trouve à l’intérieur ! Alors, qui sauveras-tu ? Tu as peu de temps pour décider !

Sur ces mots, le bandit entreprit de plaquer sa main sur le dallage. De la chaleur gagna son corps avant qu’il ne pût faire quoi que ce fût. Aldenia déploya une immense colonne de flammes. De ce torrent de brasier n’émergea qu’un corps calciné, à côté duquel Fherini, libérée, chuta telle une pétale.

—Tu avais oublié le troisième choix, répliqua Aldenia. Me débarrasser de la source du problème.

Je l’ai tué. Peut-être que c’était pour tous les sauver. Mais un goût amer demeure au fond de ma gorge. Aldenia n’eut pas le temps de s’appesantir car Fherini l’amena de ses bras. Elle se rompit à son toucher chaleureux et à la caresse des lèvres contre les siennes.

— Tu l’as fait ! se réjouit-elle. Merci, nous te sommes redevables.

— N’y avait-il pas un autre moyen ? douta Aldenia. Mes mains ne sont peut-être pas tâchées de sang, mais elles sont souillées. Irréversiblement. Ma colère m’a dominée.

— Il ne t’a pas laissé d’autres possibilités ! Il t’a obligée à t’abaisser à ça et il est de ce fait l’unique coupable. Enfin, non. Il y en a deux autres.

Un tintamarre s’empara des lieux avant que Fherini exprimât le fond de ses pensées. Elle et sa compagne aidèrent Hagran à se relever. À peine fut-il debout que leurs collègues surgirent à vive allure. Cris et lamentations ponctuèrent leur avancée tandis qu’ils assistaient à la débâcle de l’affrontement. Ce qui anima surtout Gardis fut l’état de son époux. Les autres engagés s’effondrèrent en larmes face à la perte de deux des leurs. Une victoire mitigée… Ça n’aurait pas dû arriver.

Remos et Doleis arrivèrent par derrière leurs confrères et consœurs. Eux exultèrent à la vue de la dépouille d’Oldur, à peine méconnaissables, ignorant combien leur propre fille les dévisageait.

— Tu t’es débarrassée de lui ? s’étonna sa mère. Félicitations !

— Ce n’est pas moi, précisa Fherini. Aldenia a tué pour vos beaux yeux, pendant que vous étiez tranquillement réfugiés à l’intérieur. Nous avons perdu deux amis formidables ! Notre chef a perdu votre bas ! Quelle est votre excuse ?

— Quelle égoïsme, critiqua Remos. Leur vie t’importe bien plus que la nôtre ? Grâce à nous, non seulement tu t’es débarrassée d’un homme dangereux, mais en plus, tu as prouvé que tu maîtrisais tes pouvoirs à la perfection. Tu nous dois tout.

— Oh oui, je n’ai plus aucune considération pour votre existence !

Fherini renversa son père d’un coup de poing sur son nez, puis s’occupa de sa mère. Anciens chefs à terre, projetés au bat de leur dignité, Remos et Doleis tressaillaient face à la hargne de leur fille. Non ! Elle ne doit pas céder ! Aldenia lui attrapa la main à brûle-pourpoint.

— Ils seront jugés comme il se doit ! promit-elle. Cette fois-ci, ils ne s’échapperont pas !

— Je te fais confiance…, souffla Fherini. C’est tout ce qu’il me reste.

Des larmes avaient été versés. Des sanglots s’étaient diffusés. Et dans le cœur meurtri de tout un chacun baignait la désagréable sensation de vide. Comme si, après avoir battu l’adversité, il demeurait à savoir où se diriger.

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