Chapitre 7 : The Great Unknown

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  • Bravo, très belle performance, nous complimente Chang d’un air satisfait. Essayez de ne pas mourir aux prochaines épreuves, vous êtes doués.

 Yes, super le compliment. Les autres équipes arrivent à leur tour, une à une. Certains membres sont blessés, d’autres semblent mécontents (de leur performance sans doute), mais globalement, tout le monde semble avoir réussi. Nous allons sur le terrain de la deuxième épreuve, un peu plus loin, toujours avec des portes qui n’ont rien à faire là ; on dirait presque que la forêt a été créée pour l’occasion, ça ne m’étonnerait même pas…

 Et rebelote, derrière une des portes, top départ, chrono actionné. La fatigue me pique les yeux et je sens mes jambes qui veulent se dérober à chaque pas. Mais il faut tenir, pas le choix, qu’est-ce que je fais, sinon ? Cette fois, nous nous retrouvons dans une sorte de temple ouvert au centre. Nous avançons dans un couloir surplombant cette immense cour. Des motifs colorés sont imprimés dans les murs de pierre poncée. Une fontaine placée au centre en fait un endroit secret, intimiste et frais. Sur les côtés, des portes habillent les murs, mais en les inspectant, elles sont toutes fermées.

 Un bruit retentit. Nous regardons en direction d’une arche en bas. Un grognement fait trembler la tapisserie, puis une forme apparaît en détruisant l’arche sur son passage. C’est une sorte de masse informe, un visage possédant un œil valide et un cache œil rouge, une sorte de hachoir dans une main aux ongles longs et sales, des vêtements déchirés et vieux entourant une partie du bas de son corps, des dents ressemblant à celles des orcs. Des mouches bourdonnent autour de lui et une odeur pestilentielle arrive jusqu’à nos narines ; super ce monstre, il pue le camembert qu’on aurait oublié pendant 20 ans dans un coin ! On s’accroupit, prêt à dégainer nos armes au moindre signe de menace.

  • Il faut qu’on trouve la clé avant qu’il nous trouve, chuchote Gabi.
  • Ouais mais ça va pas être simple, les portes sont toutes fermées et j’ai pas l’impression qu’il y ait d’autres endroits, marmonne Dylan, main sur la pochette de son pistolet.
  • Faut qu’on continue de chercher, pas le choix, je fais en surveillant le monstre qui cherche une potentielle proie de l'œil, en avançant dans la cour.
  • On fait quoi, alors ? T’as une strat’ ?
  • Ouais, on continue le couloir, on essaye d’ouvrir les portes restantes et si ça fonctionne toujours pas, on descend et on fouille.
  • Mais y a le monstre ! gueule presque Dylan en me regardant, abasourdi.
  • Chut ! Je sais, mais si c’est pas ici, c’est forcément en bas.

 Gabi hoche la tête tandis que le rouquin soupire et acquiesce à son tour malgré lui. Nous continuons donc notre tournée des portes en essayant d’être le plus discret possible. C’est tout une organisation, on attend que le monstre ne soit pas en train de regarder, on secoue un peu la poignée et on se cache à nouveau à l’aide de la rambarde, le tout, en frôlant la crise cardiaque à chaque tentative. Je fais signe aux gars qu’on doit descendre. Ils hochent la tête et avancent vers l’escalier en colimaçon. Nous descendons en file indienne, aussi discrètement que possible. Je regarde la montre, il reste une dizaine de minutes ; arf, ça va être aussi tendu que l’épreuve d’avant.

 Le monstre s’éloigne et on en profite pour terminer les marches et se mettre à couvert derrière des colonnes ; ça me rappelle notre rencontre avec le Minoctopus. Une fois cachés, je chuchote de se séparer car il y a trois arches, dont celle détruite plus tôt à explorer. Je choisis d’aller en direction de celle-ci et chacun part de son côté. Je surveille chacun de mes mouvements, souffle court, concentration extrême en priant à chaque seconde pour que l’espèce de masse informe ne nous grille pas.

 Ouch. Mon pied vient de heurter quelque chose. Je baisse les yeux, et constate que c’est un bout de pierre tombée de l’arche. Le bruit du glissement se fait entendre pendant quelques secondes dans un silence pesant. Le monstre tourne la tête à la recherche du bruit, et tombe sur moi. Je peste et dégaine mon pistolet. Je tire quelques balles dans sa poitrine, mais celles-ci s'enfoncent dans sa peau molle avant de ressortir. Super, à quoi sert un flingue si toutes les créatures qu’on affronte s’en foutent ? Gabi et Dylan, armes sorties, s'avancent vers moi, prêts à me prêter main forte.

  • Va chercher la clé, Dylan, je reste avec Sora pour couvrir tes arrières ! crie Gabi en direction du rouquin.

 Celui-ci hoche la tête puis continue sa course vers le passage dans lequel il allait initialement s’engager. J’esquive un coup de hachoir et Gabi en profite pour entailler la jambe du monstre. Celui-ci grogne et prend appui sur ses guiboles. Il fait un bond en direction de Gabi, qui ne comprend pas trop ce qui se passe et le regarde avec impuissance. Merde, je suis trop loin pour faire quelque chose. Je cours tant bien que mal, mais le corps informe s’écrase dans un bruit inquiétant, alors que Gabi commençait à s’enfuir. Ses jambes sont prises au piège par le poids conséquent de la créature. Il hurle de douleur en s’effondrant et lâche son katana. Son cri me fend le cœur. L’arme atterrit près de moi. Je vois Gabi, les larmes aux yeux, paupières serrées, mâchoire crispée et c’est une vision difficile à tenir.

 Le monstre se retire, se place face à lui, hachoire au-dessus de la tête, prêt à donner le coup final. Je suis paralysé par la peur. Un second cri de Gabi me fait reprendre mes esprits. Je ne réfléchis pas. Je prends l’autre katana, fonce en direction du monstre, et assène un coup tournoyant dans son dos alors qu’il allait transformer Gabi en pâté.

 Il se tord et fait volte face, arme dans ma direction, le tout en continuant ses grognements dégoûtants. Je croise les lames contre un coup, puis repousse la créature de toutes mes forces, adrénaline affluant dans mon corps en masse, dans un cri rageant. Je réussi à le faire reculer et, hébété, il ne fait rien contre un autre coup de katana puissant, qui arrive directement dans son visage. La lame transperce son seul œil valide dans une effusion de liquide vert nauséabonde, qui semble être son sang. Berk. Il grogne de plus belle, amène ses mains sur ses yeux, lâchant au passage l’arme. Je lui porte un coup fatal en tranchant sa tête, presque sans aucune pitié. La substance liquide atterrit sur mon visage. Je le dégage et secoue la lame couverte de vert.

 Je tente de reprendre mon souffle tandis que mon cœur bat la chamade. Je lâche mon arme, et m’effondre près de Gabi. Celui-ci ne bouge plus et semble inconscient. Je m’empresse de mettre deux doigts sur sa gorge pour vérifier son pouls, soudain pris d’un sentiment de panique à l’idée qu’il puisse être mort. Ouf, il respire ! Je l’appelle plusieurs fois, mais aucune réaction de sa part. Des pas se rapprochent à vive allure de moi.

  • J’ai trouvé la clé ! Oh, il lui est arrivé quoi à Gabi ?!
  • Il s’est fait écrasé par le monstre…
  • AH !

 Dylan s’accroupit près du blessé et tente de le réveiller à son tour. Un œil s’ouvre lentement et une bouche se ferme doucement.

  • On te croyait mort, nous fait pas peur comme ça, oh ! fait Dylan d’un ton énervé.
  • Hein…? Ah, AH ! Mes jambes !

 Gabi se redresse d’un coup sec en posant ses mains sur ses jambes.

  • Tu peux bouger ? je demande, inquiète.
  • Je crois, mais j’en suis pas sûr.

 Il tente de bouger ses pieds, tout d’abord, puis remonte lentement son genou, fait de même pour l’autre jambe avec prudence et douleur visible.

  • ça fait vraiment mal, mais je peux bouger, ça va.
  • Super ! je m’exclame, rassurée. T’as eu de la chance, tu aurais dû avoir les jambes cassées.
  • Oui…

 Nous l’aidons à se relever et remontons en direction de la sortie, alors que la montre indique péniblement trois minutes.L'état de Gabi me fait beaucoup de peine. Des larmes coulent sur ses joues rougies et il sanglote, ça doit vraiment être horrible. Je repense au monstre que j'ai complètement découpé sans aucune hésitation. J'ai presque peur de moi. Je ne me pensais pas du tout capable de faire une chose pareille, d'une telle violence. Est-ce que je serai capable de faire ça à des humains ?

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