Chapitre 6 : Junkie$

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 Après un bon repas requinquant, Chang nous réunit dans un autre coin de la forêt, où va se situer la suite. Apparemment, il y a trois épreuves qui s’étalent sur cette après-midi consistant à trouver trois clés. Il nous a suggéré d’amener nos armes, d’ailleurs. ça sent le monstre, tout ça.

 Les équipes sont dispatchées devant cinq portes. Je jette un œil approbatif aux gars et attends le top de Chang. Un coup de sifflet retentit. C’est l’heure d’y aller. Nous poussons la porte, lançons le chronomètre sur la montre reçue plus tôt. Ah oui, le temps est limité, ce qui rend les choses encore plus stressantes. Nous arrivons dans une plaine gelée. Comment c’est possible ? On était dans la forêt, y a une minute… On se regarde, perturbés. Je me pince, histoire de vérifier, mais non, ça avait l’air bien réel. C’est donc ça, la magie ?

  • Quelqu’un comprend quelque chose ?
  • Non, ça a toujours aucun sens, rabâche Gabi.

 Nous avançons doucement, sur nos gardes. Il fait un peu froid, la neige tombe, un vent glacial vient nous frapper le visage, c’est un peu désagréable. Bizarrement, je ne frissonne pas, ça va. Dylan semble gelé, lui. Il se frotte les bras, à la recherche d’un petit brin de chaleur, en claquant des dents. Quant à Gabi, ça semble aller aussi. Je regarde la montre : il reste vingt minutes.

  • ça va aller, Dylan ? je demande, embêtée pour lui.
  • O-ouais, ça i-ira, t’in-quiètes.

 Je hoche la tête mais je vais faire attention à lui. Une grande silhouette se dresse devant nous. Je plisse les yeux, et à mesure qu’elle avance, je vois qu’il s’agit d’une sorte de samouraï géant antique, armé d’un katana deux fois plus grand que nous. Je déglutis, soudain prise par la peur. Le sol tremble à chacun de ses pas et son air menaçant est difficile à soutenir.

 Oups, une lame arrive dans notre direction. Gabi nous crie de faire attention. Un réflexe naturel nous ordonne de sauter sur le côté, ce que nous faisons pile au bon moment. Le choc contre le sol nous envoie valser plus loin. Mon bras racle la neige dans une douleur vive. Arf, ça fait pas du bien de glisser comme ça, je préfère quand je fais de la luge…

  • Il faut qu’on se défende, là, les gars !
  • Je me doute bien, mais on fait comment ? demande Gabi, suivi de Dylan, en courant au même niveau que moi.
  • Comme ça !

 Dylan tire plusieurs balles en direction du samouraï. Elles ricochent toutes contre son arme.

  • Oups, bon, faut vite trouver un plan.

 Je réfléchis, mais rien ne me vient pour l’instant. Vite, trouve quelque chose ! Je regarde mon katana, puis le monstre, qui semble en bronze ancien. ça va être compliqué de lui faire mal, à ce que je sache, les lames ne coupent pas n’importe quoi non plus. Comment est-on censé s’en sortir ? Et sinon, où est la clé ? Peut-être qu’on est pas censé le tuer, juste trouver la clé et survivre ?

  • Faut trouver la clé uniquement, je pense, pas forcément le tuer, d’ailleurs, ça m’étonnerait qu’on puisse.
  • Oui, t’as sans doute raison.

Devant nous, la silhouette d’une maison se dessine. Peut-être là-dedans ?

  • Les gars, je pense que c’est là-dedans, fait Dylan, comme s’il lisait dans mes pensées.
  • Yeap, let’s go !

 On accélère le rythme et évitons au passage les assauts du samouraï qui est un peu lent de par sa taille et son poids, ce qui nous laisse une petite marge de manœuvre ; le tout est de ne pas se laisser toucher, sinon, on meurt.

 Arrivés devant la maison, nous poussons violemment la porte dans notre élan. Un plancher de bois et des murs en lambris, ainsi qu’un mobilier très “chalet” nous font face. Nous refermons la porte avant de commencer à fouiller dans tout le foutoir. Des boîtes et des cartons sont entassés les uns sur les autres à côté d’un canapé en bûches et recouvert d’une espèce de tapis en peau de vache. Une ancienne théière avec des verres en bronze se font jeter au sol par Dylan, des bouquins volent dans la pièce de la main de Gabi. Je soulève une table basse en verre, qui contraste avec le reste de la maison. C’est un poil flippant, on dirait une vieille maison de tueur en série abandonnée. Mon cerveau est complètement en vrac devant l’absurdité des choses et les différents sentiments qui se bousculent en moi.

  • Il faut fouiller l’étage, y a rien ici, renchérit Dylan en donnant un coup de pied enragé dans un buffet qui n’a rien demandé.
  • Oui, en espérant ne pas l’avoir loupée ici, c’est petit, une clé, lance Gabi en se redressant.
  • Et le monstre ? Il faut le surveiller, il arrive !
  • Quelqu’un doit le retenir.
  • Allez-y je m’en charge !

 Gabi sort de la maison en trombe tandis que Dylan et moi allons à l’étage. Les escaliers en chêne grincent sous nos pas. Un palier présentant plusieurs portes de chaque côté apparaît devant nous. Nous nous répartissons les pièces et je prie pour que Gabi reste en vie. J’arrive dans une chambre parentale meublée d’un grand lit double, d’une armoire foncée et de tables de chevets simples. Je jette un œil au placard. Mon coeur bat vite, un peu flippée de ce que je pourrai trouver. Je pose la main sur la poignée ronde, et tourne lentement. De la poussière me fait tousser. Des cartons, des vieux vêtements… Reste plus qu’à fouiller ; heureusement, pas de vieux cadavre en décomposition. Bon, rien ici, allons voir du côté des tables de chevet. Hm, toujours rien, la porte s’ouvre d’un coup.

  • Je l’ai ! crie une voix masculine.
  • Chouette, sortons de là alors !

 Je rejoins Dylan sur la palier et nous dévalons les escaliers. En ouvrant la porte d’entrée, nous voyons Gabi se démener contre le samouraï à coups de katana, de balles et de roulades maîtrisées. Il nous reste cinq minutes, ça risque d’être juste. Je cours vers le monstre, prends appui, et saute sur le monstre sans hésitation. Mon arme arrive au niveau de sa jambe et lui entaille l’armure, à ma grande surprise. Je retombe, puis regarde mon katana ; il est juste un peu abîmé mais ne semble pas plus affecté que ça. Waw, qu’est-ce que c’est que ça, encore ?

 Gabi me regarde et comprend instantanément qu’il peut faire la même chose. Nous nous élançons et donnons plusieurs coups de lame. Le samouraï tente de se défendre, mais il est trop lent. La vitesse de Gabi augmente et il se retrouve à courir, genre, vraiment très vite, très très vite. Il prend appui sur le genou plié de la créature et escalade grâce à sa rapidité jusqu’au visage. Il n’hésite pas et enfonce sa lame dans un des yeux. Il reste pendu à son arme, tandis que le samouraï grogne d’une drôle de façon. Je reprends mon souffle, et avec la force qu’il me reste, je continue de taillader les jambes.

 Gabi finit par lâcher prise, après un coup de tête vers l’avant. Il crie de stupeur, moi aussi, et se retrouve impuissant face à sa chute. Dylan court vers lui pour tenter d’amortir le choc. Il jette son pistolet et tend ses bras dans une glissade maîtrisée par la neige. Gabi atterrit contre lui et Dylan, submergé par le poids augmenté par la chute, tombe lui aussi.

  • Rien de cassé ?
  • Ah… ça peut aller, et toi, Gabi ?
  • (il tousse brièvement en se redressant sur ses mains) ça va aller. C’est pas dingue, mais ça va aller.

 Le samouraï commence à s’écrouler. J'accourt vers les gars pour les transporter tant bien que mal plus loin, histoire d’éviter qu’ils se fassent écraser. Le corps gigantesque fait trembler la zone et le choc nous projette à nouveau. Mon pauvre bras, encore… Mais pas le temps de me plaindre, il reste une minute.

  • Les gars, il reste une minute, on doit sprinter jusqu’à la sortie !
  • Vous avez la clé ?
  • Oui, c’est moi qui l’ai, répond Dylan en la sortant de sa poche.

 On court comme si nos vies en dépendaient, au détriment des douleurs dans la poitrine, dans nos poumons, sur nos bras, dans nos jambes. On arrive pile devant la porte. Après l’avoir poussée, nous nous écroulons dans la forêt de tout à l’heure, devant les yeux de Chang. Bordel, c’est beaucoup trop intense pour moi, pire que des montagnes russes.

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