26 - Stretch

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 Céleste arriva en retard, comme à son habitude, maugréant après son jean trop serré qui la gênait alors qu'elle trottinait, sans parler de ses chaussures aux lacets qui se défaisaient, faute d'avoir bien été serrés. Fred l'attendait déjà, en chemise blanche et pantalon beige, décontracté mais pas trop, aux côtés d'un autre homme qu'elle ne reconnaissait pas vraiment, même s'il avait des airs familiers, dans son hoodie trop large et son jean qu'il n'arrêtait pas de remonter. On aurait dit que c'était…

 « Malik ?! »

 Le désigné ainsi poussa son rire tonitruant caractéristique, malgré sa silhouette chétive désormais. La nouvelle venue l'observa des pieds à la tête, alternant entre sa ligne fine et son crâne rasé désormais avant de dire :

 « Tu as tellement changé en trois ans ! Je ne t'avais pas reconnu.

  • Ahah, oui, j'ai… changé. Comme tout le monde !
  • Oui, par exemple, Céleste n'est pas la dernière arrivée. Il nous manque encore Sam et Alex.
  • Vous pariez qu'ils sont en train de se bécoter sur le parking ? demanda Céleste avec un sourire.
  • Je prends le pari, mais bien parce que tu es en train de perdre. Les voilà qui arrivent, et… pas vraiment en train de se bécoter. »

 En effet, une femme en talons hauts, dans un tailleur superbe aux couleurs sombres et au chemisier blanc, marchait aux côtés d'un individu à la tenue… plus débraillée. Jean troué, T-shirt dans un sale état, baskets tachés de peinture, il était bien plus petit que sa vis-à-vis, mais il lui tenait tête tout de même, l'un et l'autre se criant dessus. La femme n'y tint plus et, après avoir levé les yeux au ciel, accéléra pour rejoindre les autres au plus vite. Elle leur fit son plus beau sourire, toujours aussi éclatant.

 « Bonjour tout le monde !

  • Salut, Sam.
  • Bonjour, Sam.
  • Coucou ! Alex te fait encore des misères ?
  • Argh, ne m'en parle pas, il est infernal ! Si je ne me retenais pas…
  • Salut les amis !
  • Salut, Alex.
  • Bonjour, Alex.
  • Coucou !
  • Ooooh, Malik, qu'est-ce qui t'es arrivé, mon gros ? Enfin, plus du tout même, ahah ! C'est bon pour toi, ça !
  • Ahah, merci Alex.
  • Alex, enfin, ça ne se fait pas !
  • Sam la bourgeoise ne va pas me dire ce que je dois ou ne dois pas faire.
  • Arrête de me traiter de bourgeoise !
  • J'vais pas arrêter d'appeler un chat un chat, ma belle.
  • D'accord, alors tu veux que je t'appelle comm…
  • Bon, les enfants, ça suffit. »

 La voix de Fred s'interposa, et comme toujours, les deux autres se turent pour l'écouter. Il avait toujours eu cet effet de pouvoir s'imposer dans une conversation, avec calme et autorité. Pas étonnant qu'il avait réussi dans la vie, comme l'attestait son élégance tranquille ou, par exemple, sa superbe montre.

 « Je vous propose plutôt de passer à table, et surtout de ne pas laisser Sam et Alex côte-à-côte. Tout le monde est d'accord ? Parfait. Entrons. »

 « Et pour moi, ça sera… voyons… »

 Céleste se tourna vers son voisin de table pendant que Sam terminait la commande. Fred avait les yeux dans le vide pendant qu'Alex se remémorait avec Malik d'une anecdote quelconque datant d'il y a quelques années. Ils riaient tellement qu'ils ne terminaient pas leurs phrases, s'essoufflant trop pour cela, mais leur bonne humeur ne semblait pas affecter Fred.

 « Ça va ? Tu as l'air ailleurs.

  • Hm ? Oh, oui, juste le travail.
  • Oooh, monsieur ne sait toujurs pas s'arrêter, monsieur ne pense qu'à sa carrière…
  • Mais non, c'est… attends, pourquoi tu dis ça ?
  • Je rigole, Fred.
  • On ne dirait pas.
  • Je rigole, je te dis !
  • Tu es sûre que…
  • Laisse tomber. »

 Céleste soupira.

 « Je suis désolé si…

  • Laisse, Fred, c'est pas grave.
  • Eh, Céleste, tu penses quoi de Malik maintenant ?
  • Alex, arrête, rigola Malik.
  • Alors, il est pas sexy ? Et toi, Sam ? Moi, j'adore son crâne, honnêtement, rasé comme ça, ça te va très bien.
  • Alex, s'il te plaît.
  • Eh, attends, tu as dû te crever pour ton nouveau look, ça se voit ! Il faut en profiter un petit peu, maintenant, fais-toi jaser par les demoiselles, allez !
  • Alex.
  • C'est pas parce que t'es gay que…
  • ALEX ! »

 Silence. Le serveur revint avec son plateau.

 « Alors, les boissons… »

 « Et du coup, j'ai pu lui balancer tout le dossier que j'avais envoyé au patron en copie dans la figure, ce qui m'a fait un bien fou, termina Sam.

  • Ooooh, j'imagine, agréa Céleste.
  • Une sage décision, et une affaire rondement menée, nota Fred. Tu aurais mérité une promotion.
  • Et c'est d'ailleurs ce qui s'est passé six mois plus tard, chantonna Sam.
  • Bravo ! Je toaste à ça ! tonna Malik. »

 Tout le monde leva son verre, même si Alex paraissait bouder dans son coin. Céleste lui demanda :

 « Et toi, comment ça se passe ?

  • Hm ?
  • Au travail.
  • Quel tra… Aaaah, oui, oui, bien sûr. Oui, non, j'ai… j'ai laissé tomber.
  • Quoi ? Mais… c'était ton rêve ! Tu avais tellement galéré pour entrer dans cette boîte de graphisme et de design ! Même si ce n'était pas en tant que designer, c'était déjà énorme !
  • Eh oui, mais non. C'est la vie. C'est comme ça. »

 Alex avala le fond de sa bière dans la foulée, clôturant le sujet. Pour éviter qu'on ne le relance, il demanda à son tour :

 « Et toi, Céleste ? Toujours à trimer chez papa et maman ?

  • Euh… oui.
  • C'est bien, ça. Sécurité de l'emploi, tout ça.
  • … Ça a ses avantages, c'est sûr.
  • Tu n'as pas l'air d'avoir très envie d'y rester. Il faut dire déjà qu'à l'époque… »

 Il laissa la phrase en suspens. Fred haussa un sourcil.

 « Comment ça ? lança-t-il en direction de Céleste.

  • Ce n'est pas à moi de le dire.
  • Céleste, tu as toujours dit que c'était ton rêve à toi aussi, de reprendre l'entreprise de tes parents, non ? demanda Malik. J'aurais cru que…
  • C'est… c'est compliqué, l'interrompit Céleste.
  • Pourtant, Alex a l'air d'être au courant, nota Sam. Depuis longtemps. Pourquoi pas nous ?
  • Sans vouloir vous offenser, je ne pense pas qu'elle aurait pu aller en parler à quelqu'un d'autre que moi ici. Enfin, peut-être Malik, mais pas dans les mêmes circonstances, c'est sûr.
  • Alex !
  • Attends, tu veux dire que… elle et toi… » Fred était perplexe. Il plissa les sourcils. « Quand est-ce que…
  • Qu'est-ce que tu veux dire, pas moi ? commença à s'offusquer Sam. Céleste et moi sommes très bonnes amies, elle aurait tout aussi bien pu se confier à moi !
  • Ma chérie, personne ne se confie à toi, sous peine d'avoir un dossier rempli qui nous revient dans la tranche quand on ne s'y attend pas, comme ton collègue peut en témoigner. Ou tout le monde ici, d'ailleurs.
  • Comment oses-tu… ! Je devrais… Tu n'as pas changé et tu restes toujours un sombre connard !
  • Je te renvoie la balle.
  • Qu'est-ce que je t'ai fait depuis que je suis arrivée, si ce n'est répondre à toutes tes insultes ?!
  • Ce n'est pas moi qui ai lancé la première, pourtant. Mais il n'y avait que moi pour l'entendre, alors entre la bourgeoise bien sur elle et le clochard alcoolique, on sait qui ils vont écouter, non ? »

 Alex leva son verre vide vers le serveur au loin, qui nota d'un signe de tête. Sam resta silencieuse, fulminante. Fred paraissait plongé dans ses réflexions, Céleste perdue dans ses propres pensées. Seul Malik demanda, d'une voix douce :

 « Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?

  • Oh, pas grand-chose. Quand elle m'a vu, elle a dit que si elle regrettait avec moi, au moins, elle était bien contente d'être partie.
  • Ce n'est pas… ce n'est pas ce que j'ai dit !
  • Tu vois, Malik, elle dit que je mens.
  • Mais… je… Rah ! »

 Sam se leva d'un coup et partit comme une furie vers les toilettes. Après un instant, Céleste la suivit, avant de jeter un regard noir à Alex. Celui-ci lui rendit simplement un sourire triste, avant de murmurer :

 « Il vaut mieux que ça sorte, c'est tout.

  • Quand donc avez-vous couché ensemble ? »

 Fred était toujours aussi stoïque, mais sa voix était presque tranchante. Alex se retint de déglutir face à ce regard froid.

 Céleste déboula dans les toilettes à peine quelques instants après Sam. Au lieu de la trouver en train de tempêter et de jurer contre Alex, elle la trouva en pleurs, appuyée sur la porte d'une cabine. Elle alla aussitôt à ses côtés.

 « Sam, qu'est-ce que…

  • Ce n'est pas… ce n'est vraiment pas ce que j'ai… »

 Elle sanglota encore plus, échoua deux ou trois fois à parler avant de finir par redevenir assez maîtresse d'elle-même pour expliquer :

 « Je lui ai dit… que… j'étais contente… même si je ne regrettais pas d'être partie… parce qu'il avait l'air d'être bien… Mais il a cru que j'étais sarcastique…

  • Oh, ma pauvre Sam, viens là… »

 Céleste serra son amie contre elle, ignorant qu'elle se mouchait plus ou moins dans ses vêtements au passage. Une minute ou deux plus tard, cette dernière la repoussa avec un petit sourire, avant de rajouter :

 « Alex a raison, au fond. Je ne suis qu'une connasse de bourgeoise, tout ce qu'il déteste.

  • Mais… non !
  • Si ! Je déteste mon job, je déteste mes collègues, tout le monde, mais je ne sais faire que ça, et ça rapporte alors, tant mieux, hein ? Mais chaque jour je me dis que j'aurais mieux fait de faire comme toi, ou Alex, de me trouver une vraie passion et de la suivre, et… et… »

 Elle se perd dans sa phrase et s'arrête.

 « Mais je suppose que même ça, c'est pour de faux, hein… »

 Céleste ne répond rien. Sam la regarde droit dans les yeux et insiste :

 « C'est vrai, ce qu'il a dit ? »

 Hésitation.

 « Par rapport à tes parents ? Que tu ne veux pas reprendre leur entreprise ?

  • Oh ! Oh. Non. Enfin… C'est compliqué. J'aime beaucoup mes parents, et c'est sûr que c'est… c'est génial, de travailler avec eux, de m'occuper de la boîte, mais… »

 Céleste hésita, son attention partit vers le miroir alors qu'elle cherchait ses mots. Une pensée lui traversa la tête. Elle avait l'impression d'être revenue à la fac. Que c'était loin…

 « … mais je n'ai connu que ça, continua-t-elle enfin. Et… et je crois que j'y reste surtout par habitude. Pas par envie réelle. Je me suis rendue compte que si a continuait, je serai juste… la fille qui a repris l'œuvre de ses parents. J'aurais laissé aucune marque. Comme à chaque fois… Je suis…si… quelconque… »

 Céleste regarda ses pieds, peinant à mettre des mots sur cette sensation diffuse et constante qui la tenaillait depuis maintenant des années.

 « J'aurais dû faire comme toi, ou Fred, reprit-elle, partir ailleurs, même si mes parents voulaient que je vienne chez eux… Ou même comme Alex, ça aurait été… mieux. Je pense. Tout plutôt que… ça. Disparaître peu à peu, sans jamais rien faire par moi-même, pour moi seule. »

 Elle releva la tête.

 « Voilà. »

 Sam acquiesça en silence, tout doucement, ingurgitant la chose. Puis, spontanément, elle serra son amie contre elle, et Céleste lui rendit son embrassade avec sincérité. L'une contre l'autre, elles se réconfortèrent, comme au bon vieux temps. Une longue minute passa ainsi avant qu'elles ne s'écartent l'une de l'autre. Mais avant que Céleste ne s'éloigne ou ne demande quoique ce soit, ce fut Sam qui déclara :

 « Mais sinon… c'est vrai que… tu as couché avec Alex ?

  • … oui.
  • C'était… quand ? »

 La douleur était visible dans les yeux de Sam. Une peur bien compréhensible. Céleste se précipita pour répondre :

 « Oh, non, ce n'était pas quand… c'était… »

 Hésitation. Soupir lourd.

 « C'était… juste après votre rupture. Deux ou trois semaines après, je pense. Et rien qu'une fois.

  • Oh ! »

 Moment de réflexion.

 « Oh. »

 Lorsqu'elles revinrent à table, un silence de mort planait sur les trois hommes. Seul Malik mangeait encore, même si très discrètement, tandis que les deux autres fixaient leurs assiettes plus ou moins vides avec un air grave. Ce fut Fred qui releva les yeux le premier. Il jeta un regard peiné à Céleste. Celle-ci sentit son cœur se tordre sous l'émotion.

 « Tu m'as trompé. »

 Céleste déglutit, yeux clos. Elle hocha la tête avant de dire, simplement :

 « Je suis désolée.

  • Non, tu n'as pas à l'être. C'est moi qui suis désolé. »

 Elle le regarda sans comprendre, ahurie, avant d'abattre ses mains sur la table en s'exclamant :

 « Non, Fred ! Arrête !

  • Céleste, je…
  • Pas un mot ! Arrête de prendre tout sur toi ! »

 Il cligna des yeux, l'air peiné, et elle grogna de rage.

 « C'est pas possible, tu es toujours un véritable stéréotype, et moi aussi ! Bordel, Fred, relâche-toi un peu ! Ressens les choses ! Et arrête de te blâmer pour tout ce qui nous arrive, c'est MA faute, c'est MOI qui t'ai trompé !

  • Mais c'est parce que je n'étais pas à la hauteur que…
  • Non ! Non, non, et non ! Enfin, oui, un peu, peut-être, mais merde ! En disant ça, tu m'effaces complètement ! J'ai le droit de faire des conneries, Fred ! Est-ce que tu comprends ça ? »

 Il maintint son regard pendant trois longues secondes avant de baisser la tête. Céleste se rassit à sa place avant d'attraper la main de son ancien amant et de continuer, d'une voix plus douce :

 « Tu es quelqu'un de merveilleux, Fred. Tu es doux, attentionné, tu te soucies sans cesse des autres et tu essayes toujours de résoudre tous nos problèmes. Mais tu ne peux PAS résoudre tous nos problèmes. Il y en a certains que nous devons résoudre nous-mêmes. Et surtout moi. Et plutôt que de résoudre nos problèmes, tu devrais te pencher sur les tiens.

  • Mais… je vais très bien.
  • Fred. Je te connais. Je sais que non. »

 Il ne répondit rien. Puis finit par hocher la tête, en silence. Il inspira profondément avant de relâcher un souffle lourd, et il s'affaissa d'un coup, comme si toute une tension accumulée depuis des mois s'en allait. Il ferma les yeux et resta là, recroquevillé, mutique, plongé dans ses pensées, peut-être.

 « Eh bien, Malik, je suis désolé, mais notre petite réunion est partie en vrille. Tout le monde se crêpe le chignon. Y a que toi qui as l'air d'aller bien.

  • Oh, je me remets tranquillement de ma chimiothérapie, donc ce n'est pas encore le top de la forme, mais ça va, oui. »

 Le silence qui suivit la déclaration était aussi lourd qu'elle. Malik continua son repas comme si de rien n'était avant de se mettre à rire et de dire :

 « Pardon, c'était vraiment trop beau !

  • Bordel, Malik, je suis désolé. Si j'avais su…
  • … tu aurais quand même fait les mêmes blagues. Allez, ça va, j'te dis. Oh, ne prends pas cet air, tu sais que ça ne te rend que plus mignon. »

 Malik s'essuya les lèvres avec sa serviette avant de reprendre :

 « Avant que vous ne demandiez : je vais bien. Réellement. Enfin, aussi bien que quelqu'un qui a eu un cancer mais dont la chimiothérapie a, aux dernières nouvelles, parfaitement réussie à éradiquer le mal. Et je voulais fêter ça avec ceux qui m'ont permis de m'en sortir. »

 Il laissa un petit temps à ses amis.

 « Mais… que veux-tu dire, Malik ? demanda Fred. Je n'étais pas du tout au courant. Je n'ai rien fait pour toi ! Tu ne nous as rien dit…

  • Je sais. Je ne voulais pas que vous le sachiez. Non pas que vous ne comptez pas pour moi, mais jutement… vous comptez trop pour moi. Je ne voulais pas avoir ce dernier souvenir de vous, en train de vous occuper de moi, d'être faux, d'autres vous-mêmes. Je voulais juste… vous. Alors je n'ai rien dit. »

 Il but un verre d'eau avant de reprendre :

 « Mais pourtant, vous m'avez soutenu. Malgré la distance, malgré le temps, le lien qui nous unit distendu mais, pour moi, jamais rompu. Et la preuve : on est tous là aujourd'hui, non ? Même si on se déteste un peu les uns les autres. Qu'on tire sur la corde dans tous les sens. Penser à vous, c'était pas juste me rappeler l'homophobie de Sam quand elle était plus jeune, ou l'inconsidération perpétuelle d'Alex, ou la lourdeur et l'ingérence de Fred, ou bien les maladresses perpétuelles de Céleste et ses indiscrétions. C'était tous ces bon moments passés malgré ça. Parce qu'au fond, on est amis. Pire pour vous, vous êtes ma famille, un peu. En tous les cas, vous êtes mieux que mes parents, c'est sûr ! »

 Il rit, de bon cœur, un rire sincère. Ses camarades sont suspendus à ses lèvres. Il leur sourit.

 « C'est pour ça que je vous ai invités. Je sais que vous ne ressentez peut-être plus la même chose. Que peut-être, on ne se reverra plus demain. Trop de distance. Trop de choses. On s'est trop éloignés les uns des autres. Tout est… distendu, oui. Prêt à rompre. Comme un élastique. Et quand on se rapproche, d'un coup, comme ça, ça claque, vlam, à toute vitesse ! Et ça fait mal. »

 Le jeune homme aux joues creuses et à la mine fatiguée – comment n'avaient-ils pas compris ? – leur fit son plus beau sourire étant donné les circonstances.

 « Mais franchement, comme vous le dira tout gamin jouant avec un élastique, ça vaut le coup. Et puis, entre nous, c'est aussi pour quand ça claque qu'on aime ça, n'est-ce pas ? »

 Il gloussa avant de reprendre un verre d'eau puis de se recaler dans sa chaise. Il soutint le regard de chacun de ses amis avec un air tranquille, en paix avec lui-même, sa sagesse une qualité perpétuelle depuis qu'ils le connaissaient.

 Ce fut Alex qui rompit le silence, se levant d'un coup en tenant son verre. Il le porta bien haut en criant :

 « Mes amis, un toast ! »

 Chacun hésita.

 « Un toast, j'ai dit, bordel ! »

 En riant à moitié, ils récupérèrent leurs verres.

 « À Malik, sa chimio réussie, son cancer défoncé, et ses images foireuses ! »

 Tout le monde poussa un gloussement.

 « À l'élastique, mes amis. Qu'il tende mais ne rompe pas. »

 Ils répétèrent tous avant de boire chacun une gorgée.

 Ils n'y croyaient peut-être pas vraiment, mais c'était beau d'y prétendre.

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