4 - Spell

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 La porte s'ouvrit presque sans un bruit, hormis un léger grincement. Personne ne prêta d'abord attention à l'individu qui venait d'entrer, à l'exception du tavernier qui releva aussitôt la tête pour aviser le nouveau client – avant de se rendre compte qu'il ne le reconnaissait pas. Ce qui ne voulait dire qu'une chose.


 Un voyageur.


 Il se retint de sauter sur le client et sur son argent potentiel, lançant simplement un regard lourd de sens à la serveuse, qui n'en comprit pas grand-chose hormis qu'elle devait s'occuper du nouvel arrivant mystérieux. Elle hocha de la tête et s'en alla à sa rencontre. Celui-ci ne lui adressa qu'un murmure avant de s'asseoir dans un coin, abaissant sa capuche.


 Au fil de la scène, le silence s'était fait dans la taverne. Tout le monde regardait l'inconnu désormais, avec une certaine fixité un peu dérangeante. Le nouveau venu le remarqua, tournant la tête ici et là, avant de risquer un petit signe de main et de retourner à l'observation fixe des sillons du bois dans la table.


 Lorsque la serveuse revint au bar, le tavernier l'alpaga dans un chuchotement rapidement :


 « Qu'est-ce qu'il veut ?

  • La meilleure bière qu'on a. J'lui ai dit que y en avait qu'une, et qu'c'était même pas la meilleure. »

 Le tavernier cligna des yeux. Avant de soupirer :


 « Un jour, tu me tueras, Malga.

  • Ah bah non, Harold, sinon qui c'est qui m'paiera, hm ? »

 Avec un sourire espiègle, elle s'en retourna à la table du voyageur pour lui amener sa commande. Celui-ci la paya aussitôt, et s'ensuivit un court échange. La jeune femme revint avec un air perplexe jusqu'à son patron, qui haussa un sourcil inquisiteur.


 « Euh… il m'a payé avec ça. »


 La serveuse posa une pièce sur le comptoir.


 C'était une très vieille pièce. Harold mit un long moment à la reconnaître, et c'était pour une seule et unique raison : en son jeune temps, il avait parcouru le monde, et avait vu une fois une pièce de ce style.


 Mais jamais en or.


*


 Plus tard, ce fut un Harold curieux et non plus cupide qui vint s'asseoir à la table du voyageur. Ce dernier était pensif, n'ayant qu'à peine touché à sa bière – enfin, c'était peut-être aussi dû au goût de la bière. C'est vrai qu'elle n'était pas terrible, mais ici, ils étaient un peu en bordure de tout, enfin, surtout de rien. Le fait qu'ils aient une taverne était déjà un luxe, sans parler d’avoir de la bière.


 Le tavernier observa l’étranger avec intérêt. Celui-ci avait les yeux vifs, un certain éclat qui dénotait une intelligence sous-jacente, mais perdu dans ses contemplations, il paraissait surtout déprimé, avachi sur le banc. Harold tapota du bout des doigts sur le bord de la table puis, n’y tenant plus, demanda abruptement :


 « Qu’est-ce qui vous amène ici, voyageur ? »


 Il s’en voulut un peu. Son ton était plus sec qu’il ne l’aurait souhaité. Il espérait que l’étranger ne prendrait pas la mouche.


 Ce dernier releva le regard et parut vraiment le voir pour la première fois. Son vis-à-vis se réveillait, sortant de ses pensées pour revenir à cette réalité et au moment présent. Un fin sourire effleura son visage, mais Harold ne réussit pas à déterminer l’émotion qu’elle exprimait. Il paraissait presque amer…


 « Je reviens d’une longue quête. L’épopée d’une vie, une aventure palpitante, un récit haletant et incroyable. »


 Le tavernier accueillit le soudain débit de paroles de l’inconnu avec un certain scepticisme.


 « Vous me paraissez bien jeune pour de telles affirmations…

  • L’aventure n’attend pas le nombre des années, croyez-moi.
  • Moui. Et qu’est-ce que vous êtes parti quêter ainsi ?
  • La seule chose qui vaut encore le coup d’être cherché, mon cher ami. »

 L’étranger se redressa, le regard désormais brûlant, une ardeur subite l’habitant tout entier. Dans un demi-murmure, comme une prière, il glissa :


 « Le Mot. »


 Toute la taverne retint son souffle. Chaque personne présente avait bien entendu fini par tendre l’oreille pour entendre ce dont parlaient l’étranger et le maître des lieux. Et tous avaient parfaitement compris ce qu’il venait de dire - même Gert, le vieillard presque aveugle, qui aimait aussi prétendre à la surdité pour embêter son monde alors que son ouïe était toujours aussi parfaite.


 Ce fut Harold qui coupa la tension que ce silence soudain avait créée.


 « Ah, je vois. Moi aussi, en mes vertes années… Et vous revenez bredouille, donc, mais plein de trésors et d’histoires, c’est ça ?

  • Mais pas du tout, tavernier. »

 Ce dernier ouvrit grand les yeux.


 « Vous ne voulez pas dire…

  • Mais si. J’ai trouvé le Mot. »

 Une série d’exclamations incrédules suivit la déclaration, puis un brouhaha alors que chacun y allait de sa théorie sur la crédibilité de l’inconnu. Celui-ci, un sourire satisfait, se mit debout en un vif et prompt mouvement et leva les bras, appelant aussitôt à un calme relatif.


 « Je vais vous conter mon histoire. L’histoire de comment moi, Nathériel, ai retrouvé le premier Mot ! »


*


 « Je ne vais pas vous raconter l’histoire de ma vie, car elle est assez longue, monotone et inintéressante. Non, je ne broderai pas ! Je suis là pour vous conter un récit honnête, pas une bêtise de barde pour vous soutirer quelques piécettes et deux ou trois verres de bière offerts par la maison. »


 Toute la taverne était suspendue aux lèvres de Nathériel. Enfin, toute, hormis Harold, qui regardait le spectacle sans montrer une once particulière de fascination. La seule chose qui l’intéressait était la pièce ; le reste n’allait qu’être des balivernes enjolivées selon lui, malgré les dires de ce Nathériel.


 Ce dernier, nullement perturbé par le regard morne et la mine sérieuse du tavernier juste devant lui, continua sur sa lancée :


 « Comme je vous l’ai dit, je suis Nathériel. Et comme vous l’avez deviné aussi bien par mon absence d’armes que par ma quête, je suis un mage. »


 Les différents chuchotements qui suivirent cette déclaration démontrèrent que non, ils ne l’avaient pas deviné. Le seul qui ne broncha pas fut Harold.


 « J’ai étudié à l’Académie. Oui, celle de Vatinsla. » Là, les gens savaient de quoi il parlait : c’était la plus grande école de magie du pays. « Je vous le dis tout de suite : je n’étais pas très bon. Mais j’ai persévéré et, au bout d’années d’études acharnées, à lire chaque rune, à mémoriser chaque tracé, je suis devenu sorcier accompli. Pour preuve… »


 Nathériel trempa le doigt dans sa bière et, en quelques gestes précis, fruit d’une grande expérience, traça un glyphe complexe sur la table. Aussitôt, une petite flamme verte et violette apparut, et Harold poussa une exclamation surprise et indigné alors que tous se réjouissaient du sortilège. Quelques instants plus tard, elle disparut, et ne resta plus que de la bière sur la table, sans aucune trace de quoique ce soit sur le bois. Le tavernier jeta un regard furibond au sorcier que celui-ci ignora.


 « Comme vous le savez, continua le mage en se mettant à déambuler dans la taverne, la magie réside dans les runes. Ou plutôt, elle ne s’accomplit qu’à travers les runes, et un tracé précis aura un effet précis, mais si vous déviez… rien ne se produira. Enfin, c’est plus compliqué que ça, mais c’est l’idée générale. »


 Il s’arrêta, mimant la pensivité. Toute la salle était attentive, silencieuse.


 « Mais d’où nous viennent ces tracés ? D’où viennent les runes, qui ont inspiré l’alphabet avec lequel nous écrivons ? »


 Personne n’osa répondre, captivés qu’ils étaient. Le sorcier se recroquevilla en deux, et, chuchotant, comme si c’était un secret bien gardé, glissa :


 « Des dragons… »


 Il se redressa d’un coup, provoquant des petites inspirations rapides de stupeur.


 « Oui, les dragons ! clama-t-il. Ce sont eux, les détenteurs de la vraie magie, originelle ! Héritiers des dieux, voire même divins eux-mêmes, ils transcendent cette réalité, ils font plus qu’user de la magie, ils SONT la magie ! »


 Harold roula des yeux.


 « C’est eux qui ont légué le Grand Art aux humains. Par le biais d’un alphabet qui leur était propre, retranscrivant le langage draconique primal, et qui donna les runes que nous connaissons si bien. Hélas, l’Homme ne fit pas bon usage de ce don. Bien vite, il l’utilisa pour affronter ses semblables, et même… se révolter contre ceux qui lui avaient offert ce don si précieux. »


 Une pause, solennelle.


 « Ce qui suivit fut un grand conflit. Il marqua la terre, les cieux, les océans, et encore aujourd’hui, nous en ressentons les effets. Personne ne sortit vainqueur d’une telle confrontation. Nous étions tous, au bout du compte, perdants.

 Les dragons se retirèrent du monde, pour la plupart. Certains devinrent presque des bêtes sauvages, et leurs descendants nous hantent encore, un rappel éternel de notre erreur. Et quant à nous qui dominions le monde désormais, nous y avions perdu beaucoup en échange : suite à la catastrophe, beaucoup de savoir avait été perdu. Ce qui avait déclenché cette guerre sanglante, dévastatrice, était désormais presque complètement oublié. Les humains ne maîtrisaient plus que des fragments infimes de la magie. Quelques runes, simples, incomplètes.

 Il fallut des siècles – des siècles ! – d’étude, de travail, d’erreur, de patience pour reconstituer quelque chose d’à peu près décent. De nos jours, nous sommes loin d’égaler nos ancêtres, mais nous nous en approchons. Chaque jour, de nouvelles découvertes, qui changeront sûrement le monde et, cette fois-ci, nous l’espérons, en bien. »


 Un nouveau moment, pour faire une petite coupure dont Nathériel profita pour boire une brève gorgée de bière. C’est vrai qu’elle était assez immonde. Il reprit, avec une voix mystérieuse :


 « Mais si nous pouvions avoir un élément du puzzle… l’élément fondamental, celui que même les Anciens n’avaient pas… »


 Il regarda à gauche et à droite, scrutant chaque personne de l’assemblée.


 « Le Premier Mot. »


 Nouvelle pause. Harold se tenait appuyé sur le coude, attendant la partie intéressante.


 « Oui, le Premier Mot ! Ou simplement, le Mot. Car les dragons n’avaient pas besoin de runes pour lancer leurs sorts. Non, leur volonté s’exprimait par la simple parole, à travers des mots, qu’ils transcrivirent plus tard sous la forme de l’alphabet qui donna nos runes ! Mais s’ils ont accepté de nous partager leurs secrets, jamais n’ont-ils donné le Premier Mot, même aux Anciens. Tant et si bien que même les dragons ne le connaissent plus. Ce Mot, originel, chargé de toute la puissance draconique, le Premier Mot, la première volonté du dragon primordial, la toute première fois que la magie imposa sa marque sur un monde tout juste créé par les dieux, ou peut-être, même, le mot qui créa le monde ! »


 Grandiloquent, Nathériel criait presque, et toute la taverne le suivait, poussant des petits hourras, même si beaucoup avaient perdu le fil.


 « Mais ce Mot a été oublié de tous. Perdu. »


 La tension retomba d’un coup. Quelqu’un se risqua même à huer le mage, mais il fut vite calmé par ses voisins. Nathériel n’avait pas terminé.


 « Toutefois… Peut-être n’est-il pas si introuvable que ça. »


 Relevant la tête, un éclat dans les yeux, le sorcier reprit :


 « C’est avec cet espoir fou que beaucoup se sont lancés à l’aventure avant moi. Et en cela, j’ai fait comme les autres. J’ai couru après un bruit qui était déjà vieux lorsque le monde était jeune, et dont plus personne ne pouvait se rappeler. Tout du moins, était-ce ce que tous pensaient. »


 Nathériel virevolta dans son manteau, surprenant les auditeurs dans son dos.


 « Je suis parti en quête du dragon primordial. »


 Harold grogna. Nathériel le regarda avec une mine surprise.


 « Eh bien ? Qu’y a-t-il, tavernier ?

  • Le dragon primordial n’existe pas. Tu as couru après un mythe, petit. J’ai été aventurier, et j’ai assez roulé ma bosse pour savoir quand on me raconte n’importe quoi.
  • Ce n’est pas un mythe. Et je vous l’affirme haut et fort, pour une raison simple. »

 Tout sourire, il conclut :


 « Je lui ai parlé. »


*


 Harold secoua la tête, incrédule.


 « C’est impossible !

  • Et pourtant !
  • Mais où ? Quand ? Comment ?
  • J’y viens. »


 Toute l’assemblée avait suivi l’échange avec une certaine tension, s’attendant à plus. Le sorcier reprit son récit sans se laisser démonter :


 « Je partis en quête du Temple des Éons. Je sais, je sais, » prévint-il en levant une main vers Harold, afin de l’arrêter avant qu’il ne dise quoique ce soit, « un autre mythe. Mais il existe bel et bien. Il a simplement été… caché. Il faut avoir une clé spéciale, beaucoup de patience, et beaucoup de chance. Je vous passe les détails d’une telle aventure, et de comment j’ai réussi à dénicher ce temple, car toute cette affaire peut se résumer à : j’ai étudié et farfouillé des années durant les textes les plus anciens, les fragments les plus improbables, usant de toutes les ressources possibles et imaginables. »


 Une voix féminine interrompit le récit :


 « Mais qu’est-ce que c’est, le Temple des Éons ? »


 Tous tournèrent la tête vers Malga, qui venait de poser ladite question, mais elle ne parut pas être dérangée outre mesure par l’attention subite. Ce fut Harold qui répondit, et cette fois, avec un certain respect dans la voix :


 « C’est l’un des premiers temples bâtis sur ce monde. Certains disent que ce sont les dieux eux-mêmes qui l’ont fait, ou bien les dragons, ou des géants… Son histoire est mystérieuse. Et toutes les légendes et les mythes racontent qu’il aurait été détruit durant le Cataclysme… »


 Nathériel hocha la tête. Il avait repris une mine sérieuse, ayant délaissé ses airs de conteur qu’il affectait depuis un moment.


 « C’est ce qui se dit, oui. Mais il n’a pas été détruit : il était enfoui. Ou, tout du moins, caché. Afin de le protéger. Et s’il y avait bien un endroit où j’espérais trouver une trace du Mot, c’était là-bas. Mais je ne pensais pas… »


 Il s’interrompit avant de se secouer d’un coup.


 « C’était… quelque chose. Je ne suis pas barde, et je pense qu’il aurait fallu que je m’en fasse accompagner d’un avant d’y aller, car je ne pourrais vous décrire l’endroit. C’est… proprement ineffable, oui. D’une splendeur… d’une impossibilité, aussi… »


 Perdu dans ses souvenirs, Nathériel s’interrompit. Un toussotement léger le ramena à lui. Il parut affolé, comme égaré, avant de paraître se rappeler où il était.


 « Pardon. J’ai donc trouvé une entrée. Et j’ai parcouru le Temple. Et là… je l’ai vu. »


 Il s’arrêta.


 « Le dragon primordial. »


 Longue pause, de nouveau. Avant que quelqu’un ne se remette à toussoter, le mage reprit :


 « Une créature proprement magnifique. Tout aussi incroyable que le lieu où elle se trouvait. Plus, encore, même. Flamboyante, resplendissante, elle était d’une telle majesté que j’ai perdu le fil du temps. Je ne sais combien de temps je suis resté à l’admirer, interdit. Et puis… elle m’a parlé. »


 Il se tut, rassemblant ses pensées.


 « Elle sut tout de moi, en un simple contact mental. Je sentis sa toute-puissance et mon insignifiance. Elle me dit que j’étais le seul humain à être venu ici depuis bien longtemps, et je sentis le poids des siècles sur mes épaules. Et elle me prévint que lorsque je repartirai, elle scellerait l’entrée derrière moi, de sorte que nulle autre ne pourrait prendre le même chemin pour venir jusqu’à elle. Tout cela prit un temps incertain, et je restais là, ébahi, immobile, à contempler ce qui était le plus proche de l’Avatar de la Magie même. »


 Il leva la tête, des petites larmes perlant aux coins de ses yeux.


 « Et alors… elle daigna me le dire. »


 La tension était insoutenable.


 « Le Mot. »


 Vraiment.


 …


 « Je la remerciais de tout mon être avant de m’en repartir par là où j’étais venu, presque fou, incapable de comprendre ce qui venait d’arriver. J’ai erré, en sortant du Temple, encore et encore. Un jour, la raison m’est revenu. Je n’étais ni assoiffé ni affamé. Mais bien vite, j’ai repris conscience de tout, et surtout de cette expérience proprement incroyable. Alors, j’ai marché, sans savoir où j’étais, dans une direction au hasard, espérant trouver la civilisation au plus vite. »


 Regard sur l’assemblée.


 « Et c’est comme ça que je suis arrivé ici. »


 Harold regarda la pièce en or qu’il tenait en main, incrédule. C’était une pièce ancienne, pas vraiment ronde, plutôt mal forgée même, et érodée par le temps qui plus est. Mais on devinait encore le dragon sur une des faces. C’était une pièce d’une des toutes premières civilisations humaines. Une rareté, que les collectionneurs s’arrachaient volontiers à prix d’or, justement. Et qui, par sa simple existence, confirmait que son ancien porteur avait vécu une aventure improbable, dans des endroits oubliés de tous.


 Il releva la tête et posa la question sur toutes les lèvres.


 « Mais alors… le Mot ? »


 Nathériel lui rendit son regard, la mine indéchiffrable. Il finit par répondre au bout de quelques longues secondes :


 « J’ai fait une erreur. Une erreur grossière. »


 Abattu, il se laissa tomber sur un siège vide proche. Croyant deviner, Harold murmura :


 « Vous… vous l’avez oublié ?

  • Oh, non, non ! Non. Pire encore. »

 Et avec une mine défaitiste, il déclara simplement :


 « Vous écririez ça comment, en draconique vous, “GROARGH” ? »

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