Chapitre XXVI

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Cette soirée était folle. Je me suis beaucoup amusée, je ne ressentais même pas la fatigue. Mais ce n'était que le début de la nuit.

***

Nous sommes allés au restaurant tous ensemble. Enfin, la plupart des invités de Heinesy ne sont pas venus, mais quelques uns nous ont suivi. Nesta a invité son ami, le chanteur de Break the Ice, il est venu avec le reste de son groupe. Ils sont tous très sympathiques. Et je remarque que Nesta a le béguin pour les rebelles, entre lui et Ekin, ça ne fait aucun doute.

J'ai appris que Fariz était à la base un ami de Gorka, ils se sont rencontrés lors d'un concert. Il se trouve que le groupe qu'ils étaient venus voir était leur préféré, à eux deux. Ils se sont souvent revus à d'autres concerts et festivals, et ils ont commencé à se fréquenter en dehors de ce cadre. Ainsi, ils ont découverts respectivement que l'autre jouait d'un instrument. Alors quand Zakia a présenté son frère aux garçons, Fariz n'a pas mis longtemps à faire sont apparition.

Ils n'ont pas vraiment de groupe, du moins ils ne prennent pas la chose au sérieux. Ils ont composé quelques morceaux et montent sur scène quand l'occasion se présente. Mais leur groupe n'a rien d'officiel. D'où le nom.

Hely était complètement soûle, alors elle est rentrée avec Mano, dormant chez lui en ce moment, Heinesy et Lokian l'ont accompagné. Au moment où il est parti avec les autres, Gorka s'est rapproché de moi. Je ne peux m'empêcher de repenser à ce que m'ont dit Lokian et Learth. C'est vrai qu'il n'est pas très fin dans ses intentions, mais elles sont peut être bienveillantes. C'est surtout que j'ai du mal à croire qu'un garçon soit gentil avec moi par intérêt, je n'ai rien d'intéressant. Où il lui en faut très peu. Nesta a fini par me ''délivrer de son emprise'' en me tirant vers elle.

Il est presque une heure du matin quand Redah nous dit que le restaurant va fermer, Heinesy ayant payé pour nous avant de s'en aller, nous partons tous. Il ne reste que Nesta, Ekin, Learth, Gorka, Fariz et moi. Ce dernier propose que nous profitions de la douceur de la nuit. C'est vrai qu'elle n'est pas froide, pour une nuit de décembre. Normalement à cette période de l'année, les températures nocturnes sont glaciales ici. Mais pour une fois je ne sens pas le froid, à moins que ça ne soit dû à la soirée que nous venons de passer.

Learth envoie un message à Heinesy pour la prévenir que nous sommes partis du restaurant et qu'il faudrait l'appeler pour nous retrouver. Learth s'entend bien avec Fariz, ils n'ont pas arrêté de parler. Moi, il m'intimide. Il est grand, le haut du corps tout en muscle – chose normale vu la vitesse et la force dont il use sur sa batterie – et les hanches étroites, le crâne rasé, la mâchoire très marquée, les yeux noirs. Les seules choses qui lui donne un air chaleureux, c'est sa voix posée, son sourire franc et son teint basané. Non, je crois que ce qui me rassure le moins ce sont les cicatrices bien visibles sur son cuir chevelu. Elles ressortent avec la couleur de ses courts cheveux sombres. Il doit souvent se battre.

Learth et Fariz sont donc devant, juste derrière il y a Nesta et Ekin puis moi et Gorka sur leurs talons. Je ne sais pas quoi dire. Je me sens un peu abandonnée. Entre Nesta qui n'a d'yeux que pour Ekin, Lokian qui me laisse tomber pour Heinesy et Learth tout devant avec Fariz. C'est bien Learth et Lokian qui m'ont dit d'éviter Gorka, alors pourquoi me laisser seule avec lui, c'est pour tester mes limites ou ma force de caractère ? Ça doit être ça, ils veulent voir si je suis capable de me débrouiller seule en rejetant un homme. Sinon, je ne comprends rien à la logique masculine. Déjà que je n'arrive pas toujours à suivre Lokian que je connais depuis toujours...

Gorka rit doucement. Est-ce qu'il se moque de moi ou est-il aussi gêné que moi ? Gorka, gêné ? La bonne blague.

- Pourquoi tu ris ?

- Je me rends compte que c'est la première fois que je me retrouve seul avec toi et que je n'ai rien à te dire.

- Il continu de sourire. Est-ce qu'il insinue que je n'ai aucune conversation ou bien qu'il n'en a pas à mon niveau ? Pense-t-il que je ne suis pas à sa hauteur ? Même si c'est le cas, est-ce correct de penser ainsi ? Je hausse les épaules.

- Et bien... je ne sais pas... tu peux me dire comment t'es venu l'envie de faire de la musique.

- C'est simple, c'est l'une des seules choses que j'aime faire. L'école ça a jamais été pour moi. Dès que j'ai eu mon bac, j'ai foncé en musicologie. Sauf que c'était décevant. La musique ça s'écoute, ça se décortique pas. Peu importe ce que je faisais, je devais me justifier et pondre des textes pas possible. Alors je suis parti avant la fin de l'année. Entre temps, j'ai commencé une fac de psycho, mais je ne vibre que par la musique.

- La façon dont il parle de sa passion est... étrange. Je ne saurais dire pourquoi, mais je sens que quelque chose ne va pas dans son discours. Il sonne faux. Mais peut être parce que je n'y connais rien. Ou alors nous ne sommes pas sur la même longueur d'ondes. Mais une chose est sûre ; il aime la musique.

- Et pourquoi tu t'es reconverti dans la psychologie ? Ce sont deux univers relativement différents.

Alors qu'il avait les yeux vers le ciel, il jette un œil vers moi.

- Parce que j'aime savoir ce qu'il y a dans la tête des gens.

Son regard et sa façon de dire sa phrase me glace les sangs. Je ne m'arrête pas pour autant. Je ne laisse rien paraître. Garder le contrôle, ça je sais faire. Je lui souris.

- Généralement les gens acceptent de s'ouvrir, si on leur laisse la place de le faire. Inutile de sonder leur cerveau pour les connaître. La plupart des humains ne peuvent pas s'enclaver face au monde et aux autres individus. Alors ils choisissent minutieusement une oreille pour les écouter.

Il me regarde vraiment cette fois tout en souriant.

- C'est quelque chose qui m'a plu tout de suite chez toi. T'es pas facile à décrypter.

Je pourrais être flattée si sa formulation n'était pas si maladroite. Et puis nous ne nous sommes pas vus si souvent, comment peut-il affirmer une chose pareille. Ça y est, maintenant que les garçons m'ont dit de me méfier de lui, je suis totalement en mode analyse. Un vrai robot. Pourquoi je ne peux pas tout simplement apprécier ce moment d'échange ? Merci maman de m'avoir appris à être méfiante, aussi.

Fariz s'arrête devant alors que tout le monde le rejoint. Learth, lui, vient de raccrocher son téléphone.

- Heine est bientôt là. On pourrait aller au port. Ça vous dit ?

- Je sais pas, la dernière fois on a failli se faire gauler. dit Ekin, hésitant.

- En quoi c'est risqué ? je demande.

- Y'a de la délinquance dans ce coin là, du coup ils sont au taquet. Dès qu'ils chopent des jeunes ils appellent les flics. dit Learth.

- Je suis pas sûre que ce soit une bonne idée. Si ta mère reçoit un coup de fil de la police... commence Nesta.

- Je veux bien.

Ma réponse me vaut des regards d'étonnement de la part de Nesta et de Ekin. Learth, lui, sourit. Il sait déjà que j'ai parfois des réponses inattendues, comme pour le parc d'attraction.

- Ok, j'envoie un message à Heine pour qu'elle nous rejoigne là-bas alors. répond Learth.

Nous reprenons la marche. Gorka rit encore.

- T'as l'habitude d'aller dans ce genre d'endroit ?

Je lui souris en retour.

- Essaie de deviner, monsieur le futur psychologue.

Il se gratte le menton en prenant un ton sérieux.

- Tu es dans un lycée pour les gosses de riches. Tu es timide et réservée. Et je viens d'entendre que ta mère serait furieuse si la police l'appelait pour toi. Je dirais que tu es en pleine phase d'adolescence et que tu cherches ton indépendance. Pour trouver tes marques en tant qu'adulte, tu défies l'autorité de ta mère trop couveuse.

Je ne peux m'arrêter de rire face à son analyse. Je ne sais pas ce qui est le plus drôle, qu'il pense que je me rebelle ou que ma mère soit une maman poule ! Je m'essuie les yeux en reprenant une respiration régulière.

- Moui, on va dire que c'est plus ou moins ça.

- Ah, alors j'ai bien fait de prendre psycho.

Je me remets à rire. On aura tout entendu.

***

Nous arrivons au port presque en même temps que Lokian et Heinesy. Je le vois grimacer quand il remarque Gorka près de moi. Il ne fallait pas me laisser seule avec lui ! Et puis zut, je fais ce que je veux après tout. Il y a un portique pour fermer le port, mais il suffit de l'enjamber, il ne fait pas plus d'un mètre dix. S'ils veulent limiter la délinquance, faudrait-il une meilleure sécurité. Nous l'enjambons tous puis nous commençons notre bout de chemin. Heinesy, me voyant seule avec Gorka, vient vers moi pendant que mon cousin parle à Learth et Fariz. Elle me prend par les épaules.

- Alors, ça t'a plu la surprise au moins ?

- Oui, beaucoup. Je te remercie.

- Bon, le tremplin était prévu depuis fin août, mais on se disait que ça te ferait pas de mal de venir.

- Vas-y, attribue-toi tout le mérite. dit Gorka, tout sourire.

- J'ai dit ''on'' ! Même si l'idée est venue de Learth.

- Hein ? Learth ? je m'étonne.

- Ouais, on cherchait comment régler le problème. Lokian voulait te faire venir au moins pour un petit temps, et c'est Learth qui a parlé du tremplin.

Je regarde son dos, il est loin devant. Il rit avec les autres.

Learth a pris l'habitude d'être attentionné avec moi, mais dans mon dos, pourquoi ? Il pourrait juste dire et faire les choses sans se cacher derrière les autres sans arrêt. « Je crois que tu l'intimides » m'avait dit Nesta au début de l'année. Serait-ce là le problème ? Serions-nous réellement intimidé l'un envers l'autre ? J'ai un peu de mal à me faire à cette idée. Learth n'est pas du genre à être intimidé par une petite fille comme moi. Moi en revanche... je suis facilement intimidée, surtout par l'inconnu. Et Learth fait parti de ces choses dont j'ignore tout. Je ne connais ni ne comprends son univers. Je suis si loin de lui. Alors pourquoi il fait tout ça ? Peut être parce qu'il a pitié. Oui, c'est plausible.

- C'est gentil à lui.

- C'est sûr, dès qu'il peut frimer il y va pas de main morte. dit Gorka.

- Ça veut rien dire, il se la pète autant que toi sur scène. répond Heinesy.

- Je dois admettre qu'il a un peu plus de prestance que moi sous les projecteurs. ajoute Gorka.

- Voilà, nous y sommes, t'es juste jaloux.

- Oh que non. Moi j'ai tout ce que je veux, contrairement à lui. Je n'ai aucune raison d'être jaloux.

- Et qu'est-ce qui te fait croire ça ?

- Premier exemple : je t'ai eu toi, et pas lui.

- Quel exploit, j'étais bourrée !

- Vous vous êtes retrouvé combien de fois tous les deux seuls et bourrés ? Au moins dix fois. Et il a couché combien de fois avec toi ? Zéro.

- Ça veut juste dire qu'il respecte plus les femmes que toi. Et il savait que s'il couchait avec moi, ça lui poserait un problème. Il peut pas être pote avec une coucherie.

- C'est bien ce que je disais. J'ai tout ce que je veux, et pas lui.

- Et sinon, ça t'a fait quoi qu'il ait baisé ta sœur ?

- Des vacances.

Heinesy rit en rattrapant l'écart qui s'est formé avec l'avant du groupe. En partant, elle dit :

- N'empêche que t'es incapable d'écrire une chanson, toi.

Je le vois serrer les mâchoires. Il me regarde en souriant.

- Elle adore me narguer.

Je n'ose pas trop lui poser la question... et puis zut, autant se jeter à l'eau.

- Et donc tu n'as pas écrit les chansons pour le groupe ?

- Non, je sais écrire une ligne de guitare, mais pour la compo entière ça devient corsé. N'importe quel pro te dira la même chose.

- Et donc vous écrivez chacun votre propre instrument pour ne faire qu'un seul morceau ?

Je vois son sourire s'affaisser légèrement. Ah, lui aussi est dans le contrôle permanent.

- Non, c'est Learth qui écrit tout.

Puis il accélère pour rattraper les autres à son tour.

Nous arrivons dans un coin plus sombre, il y a du bruit au loin, et des éclats de voix. Les garçons à l'avant s'arrêtent. Learth grimace.

- Merde, y'a les toxicos.

- Ils sont pas là le week-end normalement. dit Heinesy.

- Du coup, on y va ? demande Lokian.

- Je sais pas trop. (Learth se frotte la nuque) Avec les filles ça craint un peu.

- On est plus très loin, ce serait con de se barrer maintenant. rétorque Ekin.

- Ça va, on est trois filles pour cinq mecs, ils vont peut être faire une remarque déplacée et après... relativise Heinesy.

- Au pire on leur éclate la gueule. suggère Fariz en se frottant les poings.

- On sort de concert, je suis un peu éclaté perso. Je suis toujours partant, mais là bof. répond Learth.

Nesta passe son bras sous le mien.

- Tu serais d'accord ?

Je réfléchis. Heinesy n'a pas tort, les garçons sont en majorité et surtout ça ne devrait pas être très long. Je hausse les épaules.

- Les garçons ont l'habitude de venir ici si je comprends bien, ça ne doit pas être si risqué.

Nesta regarde les garçons.

- C'est bon, on y va. Mais on essaie de faire vite.

- Faut pas courir, ils vont s'exciter tout seuls sinon.

Ekin prend Nesta par la main et quand nous commençons à avancer, Gorka vient vers moi et me colle contre lui en passant son bras sur mon épaule. Il me serre un peu trop fort à mon goût, mais ça part d'une bonne intention.

Nous passons devant des hommes d'une vingtaine d'année et un peu plus. J'évite de les fixer. Je regarde loin devant moi. Je retiens presque ma respiration. Les hommes s'arrêtent presque de parler. Je sens leur attention sur nous. Je ne suis vraiment pas à l'aise. J'ai envie de partir en courant, mais ce n'est pas une bonne idée. J'entends à leur voix qu'ils sont nombreux, très nombreux. Bien plus que nous. Ce n'était pas une si bonne idée en fin de compte. Mais Learth et Fariz ne se démontent pas, ils restent droits et fiers. Les garçons et leur fierté mal placée. Alors que Ekin et Lokian restent proche de Nesta et Heinesy sans montrer la moindre virilité, ce ne sont que des passants. Mais Gorka doit vraiment se faire du soucis à mon égard ; il est presque recroquevillé sur moi. Au moins, les hommes ne viendrons pas me chercher des crosses.

Nous arrivons enfin à un angle mort, mais nous ne nous relâchons pas pour autant. Nous continuons notre marche silencieuse d'un pas régulier. Puis nous sommes enfin assez loin. Tout le monde se détend, les garçons lâchent leur compagne. Gorka commence à se détacher, mais ne se retire pas. Il garde son bras sur moi. Il se tient droit, mais ne me lâche plus. Je ne sais pas vraiment ce qu'il fait, et je n'ose pas réagir.

Encore quelques mètres et nous voilà à destination. Je vois un bateau victime des outrages du temps et de la délinquance. Il est très grand et abandonné, il y a des tags dessus et on voit des marques de coup. Il devait être utilisé pour le transport de marchandises. Il est tout en acier. Fariz prend une grande planche en acier sur le sol et avec l'aide de Learth la pose entre le bord en béton et le bateau, séparés par la mer. Ils commencent à gripper sur la planche. Lokian les suit, sans réfléchir une seconde, suivit de Heinesy, Nesta et Ekin. Gorka me lâche enfin et me lasse passer devant.

- Fait attention, on perd facilement l'équilibre.

Je hoche la tête en montant. Le métal grince sous nos pieds, et je n'ose pas regarder mes pieds.

J'observe plus attentivement le bateau une fois dedans. Il est sale ; le sol est presque noir, des canettes de bière et de soda, des mégots de cigarette, des emballages de préservatifs et de nourriture jonchent le pont, il y a aussi des traces de moisissure. Les surfaces sont glissantes. Il fait très humide ici. Je suis les autres sans attendre Gorka, il prend les devant un peu vite à mon goût ce soir. Ils se dirigent vers l'avant du bateau. Je l'atteins après eux. D'ici, on voit une bonne partie de la ville remonter sur la colline. Je n'avais jamais remarqué à quel point elle était à cheval sur cette colline, ni même à quel point elle était haute. L'illumination artificiel de la ville nous éclaire. C'est une très belle vue.

Heinesy vient à moi et passe son bras dans mon dos alors que Learth attrape au vol Gorka mine de rien. J'ai bien compris qu'ils sont de mèche tous les deux. Elle me parle doucement.

- Il te gonfle ?

- Je ne sais pas. Il est gentil mais... un peu trop...

- Pressé ?

- Oui, c'est ça.

Elle hoche la tête.

- Si tu veux, je demande à Learth et Fariz de l'occuper toute la soirée.

- Non, j'apprécie sa compagnie, il se précipite trop, voilà tout.

Elle me sourit et se penche un peu plus vers moi.

- Il te branche ?

Je hausse les épaules.

- Je ne sais pas. Il est assez beau et charmant...

- Non, je t'ai pas demandé comment tu le trouvais.

- C'est pareil, non ?

- Elle ricane.

- Si un mec te branche vraiment, ça frétille dans ta petite culotte.

Je me mets à rougir intensément.

- Heinesy !

Je cri en sourdine. Ma voix est plus aiguë que d'habitude. Oh mon Dieu, qu'est-ce que je suis gênée ! Elle me tapote le dos.

- Si un mec te fait vibrer, dans tous les sens du terme, te gêne pas. Dans la vie faut trouver des petits moments de satisfaction. Toi plus que les autres.

Elle me sourit et s'éloigne. Elle n'a pas insisté pour en savoir plus sur mes ''frétillements'' ni sur mon opinion vis à vis de Gorka.

Nesta est moins directe, mais plus intéressée, ça change. Heinesy est abrupte, mais sincère, elle me fait penser aux garçons qu'elle fréquente. Serait-ce l'un mes moments dont elle parle, le fait d'être avec plus d'hommes que de femmes ? Elle semble comme un poisson dans l'eau avec la gente masculine, plus qu'avec les filles. Elle sort du lot, c'est l'une des choses qui font qu'elle est vraiment unique. Lokian a de la chance.

« Si un mec te fait vibrer, te gêne pas. » Faudrait-il que ça arrive un jour. Gorka est gentil, oui, mais la moitié des garçons de ma ville aussi, je ne leur saute pas dessus pour autant. Des charmants, par contre, il y en a moins. Non, il n'y en a pas. Si, le Pasteur Daniel, mais il ne compte pas. Je ne peux pas me baser sur ces deux seuls critères de toute façon. Je ne vois même pas ce qui pourrait m'attirer chez un homme. Ma mère m'a toujours dit de chercher un homme avec un avenir, tu parles ! « Pas trop intelligent, sinon il prendra l'ascendant sur toi. Il doit l'être assez pour avoir un bon travail, mais pas trop pour qu'il pense avoir le pouvoir, pendant que tu tires les ficelles. » C'est beau, l'amour.

Non, je sais ce que je veux. Quelqu'un d'intelligent, même s'il l'est plus que moi, je m'en moque. Gentil aussi, et compréhensif. Quelqu'un qui puisse me comprendre. Mission impossible. Je n'ai plus que quelques mois à vivre. Comment trouver l'homme idéal en si peu de temps. Et avec les chances que j'ai, même si je le trouve, il y aurait une hamartia. Il serait marié, homosexuel, manipulateur, trop jeune, trop vieux, à moins que le problème ne vienne de moi. Je ne saurais comment lui exprimer mon désir et mon amour, je ferais n'importe quoi, je le ferais fuir. En fait, c'est mieux si je ne le trouve jamais.

Nesta approche et pose sa tête sur mon épaule en expirant. Elle agrippe mon bras. Elle reste silencieuse un petit moment.

- Tu rentres demain. Ça me déprime.

- Ne m'en parle pas.

- Tu pourrais rester avec nous.

- Tu sais bien que non.

Elle relève la tête et me regarde, les sourcils froncés et un petit sourire aux lèvres.

- Merde !

Fariz qui avait fait demi-tour revient vers nous, nous faisant signe de nous cacher.

Je vois deux hommes grimper dans le bateau avec les lampes torche. Tout le monde se met à courir dans tous les sens. Learth nous fait signe de le suivre. Nous entrons dans le bateau. La porte grince, ce qui attire les deux vigiles. Nous accélérons le pas. Nous nous promenons longtemps durant ce jeu de cache cache. Mais nous finissons par ressortir de l'autre coté. Je suis en retard sur les autres, je dois accélérer. Je vois enfin la planche. Je cours pour l'atteindre plus vite. Learth et Gorka m'attendent et tendent la main. Et mon pied bute sur quelque chose. Je tombe et regarde derrière moi. De la ferraille rebiquée s'est accrochée à mon jean. J'essaie de tirer, mais ça empire. Learth, à cheval sur la barrière du bateau, tombe du mauvais coté en essayant de venir m'aider. Gorka engage un geste pour l'aider au même moment, mais les hommes approchent. Je vois les mains de Learth se tenir au bord. Gorka lui montre la paume de ses mains.

- Bouge pas, je viens après.

- Non mais tu te fous de moi là ?

Il vient vers moi et décroche mon pantalon du bout de ferraille. Je me relève, mais les hommes seront là dans une seconde. Je regarde Gorka, paniquée.

Je panique à l'idée que Learth tombe. Je panique à l'idée que les hommes nous trouve et contactent la police qui appellerons ma mère. Je panique parce que ma seule porte de sortie est de me jeter à l'eau. Je panique. Je panique ! Je vois déjà la lueur des lampes. J'attends que Gorka me sauve de ce trépas.

Il me tire contre lui et attire ma tête vers la sienne. Il... m'embrasse... il m'embrasse là ? Il m'embrasse fort. Il est gonflé celui-là ! Je suis à deux doigts de le repousser et de le gifler, mais les hommes sont là. Gorka détache ses lèvres des miennes. Je ne me sens pas bien. Il sourit aux hommes, gêné.

- Oh, excusez-nous...

- Qu'est-ce que vous faites là ? demande le premier homme.

- Je voulais amener ma copine ici. Il paraît que la vue est superbe.

- Vous savez que c'est un lieu interdit au public ? demande le second.

- Ah bon ? Je suis désolé, je pensais que c'était abandonné.

- Oui, et interdit au public. C'est dangereux de venir ici, surtout au beau milieu de la nuit. ajoute le deuxième.

- Nous sommes désolés. Nous allons partir sans tarder.

Il prend ma main et me tire vers la planche. Mes jambes sont en coton, je ne sais pas si je vais y arriver.

Les jambes tremblantes, j'atteins enfin la terre ferme. Nous nous éloignons un peu et rejoignons les autres. Heinesy panique en ne voyant que nous deux.

- Où est Learth ?

- Il s'est fait gauler ? demande Ekin, angoissé.

- Non, il fait un peu de muscu, faut attendre que les deux mecs se barrent.

Nous guettons le passage des hommes, quand ils partiront. Nous les voyons enfin s'en aller. Je suis sur le point d'y aller mais Gorka me retient par le bras. Ne me touche pas ! Je recule alors. Il attend une seconde puis il dit ''Go''. Tout le monde fonce vers le bateau. Ouf ! Il tient encore, et les deux vigiles n'ont pas enlevés la planche. Lokian et Fariz foncent pour l'aider à remonter. Une fois les pieds sur le bateau, il ne tarde pas à revenir sur terre. À peine descendu il fonce sur Gorka. Ce dernier sourit.

- Désolé de t'avoir laissé en plan mais j...

Learth le plaque contre le mur derrière eux, ce qui coupe le souffle de Gorka.

- Espèce d'enfoiré !

Il lui met un coup de poing dans le ventre et colle son avant-bras sur sa gorge. Gorka ne rit que davantage.

- La violence, le langage des faibles d'esprit.

- Tu m'as poussé, connard !

- Mais non, tu as perdu l'équilibre.

- Arrête tes conneries !

Je n'ai jamais vu Learth autant en colère. C'est vrai que sa chute n'avait pas l'air naturelle. Mais pourquoi Gorka l'aurait poussé ? Il le tire par les cheveux et le place devant Lokian. Oh non, je la sens mal.

- Dit lui ce que tu viens de faire à sa cousine.

Il lui met un coup de talon dans le pli du genou, ce qui le fait tomber. Lokian le regarde, puis me regarde. Je ne peux pas m'empêcher de porter ma main à ma bouche. Lokian comprend immédiatement. Il le gifle du revers de la main et le plaque au sol. Non, il faut que ça s'arrête. Je m'interpose et repousse Lokian et Learth.

- Arrêtez ! Vous vous croyez où !? On n'êtes pas des coqs en train de vous battre pour le poulailler !

Je regarde Lokian droit dans les yeux, malgré la faible luminosité.

- Oui, il m'a embrassé ! Mais c'était uniquement pour faire diversion !

Je me tourne vers Learth, avec le même regard furieux.

- Il m'a embrassé, et alors !? Ça ne vous regarde pas quoi qu'il arrive ! Et on ne résout rien par la violence ! Je sais de quoi je parle !

Maintenant, je fixe Gorka au sol.

- Et toi, tu n'avais pas à faire ça ! Je n'en avais ni l'envie, ni le besoin, que ça ne se reproduise plus ! Et je ne sais pas si tu as poussé Learth, mais c'est vraiment petit de ta part !

Je m'écarte des trois hommes. Gorka se met en tailleur. Ils me fixent.

- Vous vous rendez compte à quel point c'est éreintant de vivre constamment dans la violence !? Je me prends des coups pour n'importe quelle raison presque tous les jours ! Je ne suis pas venue pour regarder au lieu de subir !

J'ai les nerfs à vif. Je sens que je ne pourrais plus me contenir très longtemps. Je ne vais pas tarder à craquer. Là ? Je n'ai fait qu'exprimer ce que je ressens pour éviter un drame. Je sens les larmes montrer, je remercie la nuit et sa noirceur de garder un autre de mes craquages pour elle. Je m'essuie discrètement les yeux et m'assois. Gorka vient se poser à coté de moi.

- Tu sais, j'ai fait ça pour toi. Pour qu'ils ne préviennent pas la police.

Il approche sa main pour la poser sur mon épaule.

- Ose la toucher et je te refais le portrait. menace Lokian.

Sa main reste suspendue en l'air. Il se lève et me sourit.

- Dans tous les cas, je suis désolé si je t'ai offensé.

Puis il s'éloigne. Lokian approche doucement. Il me fixe intensément.

- Si tu espères que je m'excuse, tu peux rêver.

- C'est MA vie, Lokian.

- Oui, et t'étais pas consentante.

- Et qu'est-ce que tu en sais ? Peut être que je lui avais dit qu'il me plaisait plus tôt dans la soirée.

Learth rit doucement.

- Il est pas assez bien pour toi et tu le sais. T'en voudras jamais.

Il a tort. Je suis très loin derrière lui, mais il a aussi raison, je ne voudrais jamais de lui, j'en suis persuadée désormais. Et Learth m'énerve pour ça. Il a presque... non, il a toujours raison. Il m'énerve tellement à l'instant. Lokian essaie de me lever pour me prendre dans ses bras, mais s'il fait ça je vais vraiment craquer. Je lui montre la paume de mes mains.

- Non Lokian. Non. C'est vraiment pas le moment.

Il laisse tomber ses bras et tourne en rond.

Nesta s'approche doucement, comme si j'allais m'envoler si elle n'est pas assez délicate. Elle ne sourit plus. Elle sait que ça ne changera rien. Elle me regarde, désolée.

- Je suis navrée que ça se passe comme ça.

- Ce n'est rien. J'ai l'habitude.

Elle sourit.

- Tu dis toujours ça, mais ce n'est pas vrai.

Elle me prend la main et la serre.

- Tu veux qu'on s'en aille ?

- J'aimerais être seule.

La fatigue me retombe dessus. Je me sens lourde et malade.

- Tu veux que j'éloigne tout le monde pendant que Heinesy te ramène ?

J'hésite une seconde et hoche la tête. Elle hoche à son tour et se lève. Elle distrait les autres et les éloigne.

Je me retrouve de nouveau seule. Je finis toujours par me retrouver seule. Je me sens comme une balle de plomb qui coule au fond de l'océan. Il fait de plus en plus sombre, de plus en plus froid, de plus en plus mal, et je n'atteindrais jamais le fond, il est trop loin. Je me recroqueville sur moi-même en me mordant la lèvre. Aller, plus que quelques minutes, une heure à tout casser. Heinesy me ramène chez elle et je serais enfin seule pour pleurer. Je ne dois pas craquer d'ici là.

- Viens, on rentre.

Mais ce n'est pas la voix de Heinesy. C'est Learth. Je le fixe sans broncher. Il souffle.

- Ok, Numidia. J'ai déconné, je sais, j'ai compris. S'il te plaît, viens.

Mais je ne bouge toujours pas. Il s'accroupit pour être à ma hauteur.

- Je vais pas m'excuser moi non plus. Tu sais pourquoi ? Parce que déteste les profiteurs.

Pourquoi tout le monde pense que je suis si faible ? Pourquoi tout le monde pense qu'on profite si facilement de moi ? À force, je finis par le croire moi-même. J'en ai assez ! Je vais lui dire, mais...

- Parce qu'il a profité de moi.

Il me laisse sans voix. De lui ?

- Depuis qu'il t'a vu il a qu'une idée en tête : toi. Et crois-moi, c'est pas pour ta personnalité. Personne voulait te le dire pour pas te vexer. Et chaque fois que je le voyais il me posait des questions sur toi. Pourquoi à moi ? J'en sais rien. Mais je lui répondais simplement des trucs banales genre que t'y connaissais rien aux films et à la musique, que tu kiffais les pizzas et les burgers... et je lui disais qu'il devait pas jouer aux cons avec toi. Il me répondait la même chose à chaque fois : « T'inquiète, je gère. ». Et je me suis persuadé qu'il serait gentil avec toi. La vérité c'est qu'il en a rien à foutre et qu'il a insisté pour se taper l'incruste ce soir. J'ai dit oui parce que c'est mon pote, mais c'était pas prévu. J'ai dit la même chose que lui aux autres : « Vous inquiétez pas, je gère. ». Le résultat il est là, j'ai rien géré du tout et maintenant t'es à ça d'exploser.

Il se redresse.

- Je m'excuse pas pour ce que je lui ai fait. Mais je m'excuse pour ce qu'il t'a fait.

Puis il me tend la main. Je la prends et me relève. Mais je craque. Je me tiens le visage pour ne pas prendre totalement la face, même si c'est peine perdue. Learth me prend dans ses bras pour ne pas me laisser tomber. Je reste contre lui à pleurer.

Nous avons marché jusqu'au restaurant où était garé la voiture de Learth. Tout le long du trajet, nous n'avons rien dit. Je ne savais pas quoi lui dire et surtout j'avais honte. Et lui je ne sais pas, peut être pensait-il que j'avais besoin de calme ou que je n'avais pas envie de parler. Mais quand il démarre la voiture et prend la direction du lycée, je ne peux plus me terrer dans le silence.

- On ne va pas chez Heinesy ?

- Non. Je connais pas le code de sa baraque. J'ai la clef mais elle sert à rien. Je te ramène chez moi.

- Et mes affaires ?

- T'inquiète, je te ramène tôt demain matin pour que tu puisses partir vite.

Donc nous allons chez lui... oh mon Dieu, on va chez lui ! Quand je prends conscience de la situation, je me mets à stresser. Je sourit.

- T'en fais pas, je vais pas te bouffer, ou t'embrasser de force.

Je le fixe méchamment mais il rit plus fort. Il ouvre la vitre et allume une cigarette.

- Je te ramène chez moi parce que j'ai nulle part où aller sinon. En plus ma mère est peut être pas là.

- Pourquoi elle ne serait pas chez elle ?

- J'ai insisté pour qu'elle aille dans un centre de repos pour cancéreux, mais elle refuse. Elle dit qu'elle va déprimer là-bas.

- Je la comprends. Je n'aimerais pas me retrouver avec autant de gens confrontés à la mort. Le vivre tous les jours c'est une chose. Mais le voir sur chaque visage, c'est... ça doit être atroce.

- Peut être, mais ils font des soins au top. Elle est pète pas vraiment le feu. Elle a même arrêté de bosser, obligé vu son état. Mais c'est une vraie tête de mule, je l'ai vu se pointer à son boulot un matin avec tout son matos. J'ai dû la ramener jusque dans son lit et l'enfermer dans la maison pour être sûr qu'elle y retournerait pas. Mais je flippais un peu quand même.

- Pour sa santé. Je comprends.

- Non, je flippais parce qu'elle est capable d'appeler les pompiers pour qu'ils défoncent la porte et qu'elle puisse retourner au boulot !

Je ne peux m'empêcher de rire. On sait de qui il tient ! Sa mère a l'air bien plus drôle que la mienne.

- Et ton père ?

Son sourire s'efface. Il hausse les épaules.

- Il est mort.

Oh. Je me sens idiote d'un coup. Pourquoi j'ai posé cette question aussi ? Mais je comprends mieux pourquoi il est à fond dans le féminisme. Toujours à reprendre Mano sur le sexisme et la galanterie. Il a dû être élevé par sa mère. Une femme seule qui élève un garçon avec un caractère bien trempé. Même si elle ne doit pas manquer de panache. Il voit ma mine décrépie et pousse légèrement mon bras de sa main.

- Hey, t'en fais pas pour mon daron. Il est mort y'a longtemps maintenant. C'est juste que j'aime pas en parler. Mais déprime pas pour ça.

Je hoche la tête.

Learth m'a dit qu'il avait peur de la mort. Je le décrypte de mieux en mieux. Entre la mort de son père et le cancer de sa mère, il y a souvent été confronté. Quand très tôt on connaît et comprend la mort, elle nous hante jusqu'au bout. C'est logique. Le pauvre. Mais il ne se laisse pas couler. Alors que n'importe qui se laisserait emporter par la peur et le désespoir, on sent que Learth a une ancre lourde qui l'empêche de dériver. Il n'est pas parfaitement équilibré, mais qui l'est, honnêtement. Dans un monde de fous, le vrai fou est le sain d'esprit.

***

Learth tourne la clef dans la serrure et pousse doucement la porte. Il pose son doigt sur ses lèvres, signe de silence et passe devant. Il me fait signe d'entrer. Le couloir est étroit, il y a une commode à coté de la porte. La maison n'a pas d'étage, elle est plein pied. Mais je vois un peu plus loin sur la gauche du couloir qu'il y a une porte entre-ouverte qui donne sur les escaliers. Ça doit mener à la cave. Learth revient vers moi.

- Ok, en fait ma mère est là. Mais ça va, elle dort.

Il ouvre la porte sur les escaliers et me fait signe de le suivre.

Plus nous descendons, plus il fait frais. Nous sommes dans le noir. Je l'entends se cogner contre quelque chose, puis la lumière s'allume. Il se tient le tibia et regarde à ses pieds : un coffre en métal. Il souffle.

- Qu'est-ce que ça fout là, ça ?

Il le tire et le met sous un meuble. La pièce est spacieuse. Les murs sont blancs, mais recouverts de posters et d'étagères truffées de livres. Au fond, il y a un lit et un meuble télé.

- C'est ta chambre ?

- Ouais, quand j'y fous les pieds.

Il déplace pleins d'éléments au milieu de sa chambre. Je m'avance pour observer la pièce de plus près. Elle lui ressemble. Il y a beaucoup de noir et de rouge, du rouge sang. Des posters de groupes que je ne connais pas, l'un ayant des pandas satanistes pour membres. Je regarde plus attentivement ses livres. Il lit de tout, des vieux romans mais aussi des récents. Je vois même de la littérature jeunesse. Certains de ses livres sont identiques à ceux du chalet de Nesta. Je sens dans mon dos qu'il a cessé ses mouvements. Je me retourne.

- C'est sympa. Ça te ressemble beaucoup.

Il s'approche du lit et tire les draps. Ils sont bien mis. Voilà un moment que personne n'a dormi dedans. Il recule.

- Les draps sont propres, donc tu trouveras pas de trucs dégueux dedans. Y'a des toilettes juste là (il me montre une porte que je n'avais pas vu) et si t'as froid y'a le chauffage là.

Puis il fait demi-tour. Je l'interpelle.

- Et tu vas dormir où ?

T'en fais pas, je suis pas riche mais y'a un canapé dans le salon.

- Non, dors dans ton lit. Je peux prendre le canapé.

Il rit.

- Parce que tu crois que je vais te laisser le canapé pendant que je dors tranquille dans un lit ?

Il secoue la tête et me sourit.

- Bonne nuit, Numidia.

Il éteint la lumière, mais il avait allumé une lampe de chevet à coté du lit. Je l'entends fermer la porte derrière lui.

J'enlève mes chaussure, allume le chauffage et me plonge dans les draps en éteignant la lumière. Je n'avais pas vu la lucarne qui donne sur l'extérieur. On voit la lune d'ici. Je m'endors dans la seconde.

***

Je me réveille en sursaut. J'ai dû faire un cauchemar, mais je l'ai déjà oublié. Je me frotte le visage et me redresse. Je regarde le réveille sur la table de chevet : quatre heure six. J'ai dû dormir une heure, peut être un peu plus. Je me frotte le visage. Je me lève pour aller dans les toilettes. Avec un peu de chance, il y a un lavabo. J'ouvre la porte, oui, il y en a un. J'ouvre l'eau... mais il n'y a pas d'eau. Mince. Je vais devoir montrer pour trouver de l'eau. J'ai beaucoup trop soif pour être polie.

J'ouvre doucement la porte et me faufile dans ce qui ressemble au salon. Je crois voir la cuisine sur la gauche. J'y vais à pas de loup. Je ne cherche pas de verre, je ne veux pas gaspiller de vaisselle. J'ouvre le robinet et me penche pour boire. La lumière s'allume. Je sursaute, mais ce n'est que Learth, dans la pièce d'à coté qui a allumé une lampe de chevet à coté de son canapé. Il laisse tomber son bras.

- Excuse-moi, je t'ai réveillé.

- Oh non, je dormais pas. me rassure Learth.

Il se lève en se frottant le visage.

- En fait je croyais que c'était ma mère. Elle marche toujours discrètement, au cas où je serais rentré. Tu sais, pour pas me réveiller.

- Ah.

Il ne porte qu'un pantalon en coton gris et un tee-shirt noir. Il tire deux verres d'un meuble et m'en tend un. Je le remercie et le rempli. Il vient à coté de moi et rempli le sien. Il boit très rapidement tout le contenu.

- J'arrive pas à fermer l'œil.

- Moi je viens de me réveiller, mais je sens que je ne vais pas réussir à me rendormir.

Il pose son verre et se frotte les yeux. Contrairement à moi, il est très fatigué. Moi j'ai eu une heure de sommeil au moins. Il me regarde et fait un petit sourire.

- Ça te dit une balade nocturne ?

Je repense à la promenade avec Heinesy. Je ne peux m'empêcher de sourire. Il retourne vers le canapé et ramasse ses vêtements au sol.

- Je m'habille et on y va.

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