Chapitre XXV

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Quand j'ai accepté la proposition de Lokian, je m'attendais non seulement à passer ces quelques jours qu'avec lui, mais surtout en toute simplicité. J'imaginais des balades et de longues conversations, comme quand nous étions petits. J'aurais même pu imaginer jouer avec lui au parc pour enfant comme à l'époque de notre enfance.

Les jours qu'ils m'ont offert ont été tout sauf ''en toute simplicité''. Drôle, étonnant, gênant, stressant, grisant, extraordinaire. Mais pas simple.

***

Aujourd'hui nous sommes vendredi, le troisième jour. Je repars demain. Le temps passe indéniablement trop vite. La journée a été relativement calme et sympathique. Hely m'a glissé à l'oreille qu'il y aurait une surprise ce soir, et Nesta l'a grondé pour avoir vendu la mèche aussi vite. « C'est dingue, tu n'as aucune patience ! On peut rien te confier ! – Pardon Nesta, je suis trop désolée ! Mais ça va être trop bien ! – Mais arrête ! ». D'ailleurs Heinesy, Ekin et Learth sont partis très tôt.

Nous sommes en fin d'après-midi, je commence à faire ma valise quand Lokian entre dans ma chambre en toquant à la porte. Je lui souris.

- Quand on toque à une porte c'est pour annoncer que l'on veut entrer, pas qu'on est en train de le faire.

- Excuse-moi.

Il entre en souriant. C'est la première fois que nous nous parlons depuis notre conversation à la pizzeria. Je ne sais pas quoi dire ni quoi faire. C'est assez gênant. Je ne sais même pas ce qu'il vient faire ici. Il s'ennuie peut être, puisque Heinesy est partie il y a une heure environ. Je ne m'arrête pas dans ma tâche et continue de réunir mes affaires. Il vient s'asseoir sur mon lit. Il rit doucement.

- Tu commences déjà à faire ta valise. T'as hâte de retourner au goulag ?

- Non, je préfère être prête maintenant plutôt que de courir demain matin.

- Ok.

Il ne dit plus rien. Il est dans mon dos, je ne sais pas ce qu'il fait. Il me regarde, détourne les yeux, se triture les peaux des ongles. Je n'ose pas le regarder.

Où en sommes nous au point de nous éviter ? C'est tellement triste. Je vais repartir demain et je n'ai pas profité de sa présence. J'étais tellement inquiète pour lui, et maintenant j'ai les yeux fuyants. On ne peut pas rester comme ça. Je me retourne en appuyant mes mains sur la commode dans mon dos. J'ai peur de tomber.

- Lokian.

Il lève les yeux vers moi et me sourit.

- Numidia.

- Je suis désolée.

Son visage se couvre d'étonnement. Pas un étonnement grossier, non, plutôt du genre de l'incompréhension. Choqué et troublé. Il me fixe de ses yeux presque noirs. Il penche la tête vers moi, attendant la suite. Je peine à trouver les mots.

- Je ne comprends pas ce qu'il se passe. C'est nous, comment ça peut se passer aussi mal ?

Il me sourit et hausse les sourcils.

- Aussi mal ? On s'est pas foutu sur la gueule.

- Je vois bien que tu m'en veux.

Sa bouche se relâche, elle n'exprime plus rien. Ses yeux sont grand ouvert. Je n'arrive pas à le sonder.

- Je sais que j'ai dit quelque chose de mal. Je ne sais pas quoi, mais je sais reconnaître la déception quand je la vois. J'en suis responsable tous les jours. Je suis comme ça. Je suis quelqu'un de décevant, et j'en suis désolée. Mais... s'il te plaît, ne me fait pas ça. Pas toi.

Ma voix flanche. J'enclave les sanglots dans ma gorge. Je ne veux pas craquer devant lui. Si je ne tenais pas à la commode, je tomberais. Je ne suis pas du genre à faire la fragile. Je suis faible, mais je reste toujours debout, toujours. Mais là, avec tout ce qu'il ce passe, je ne peux plus. Je suis encore plus faible qu'avant. Lokian ne réagit pas. Et je ne peux pas parler, sinon je vais pleurer. J'inspire, tant bien que mal, et reporte les larmes à plus tard, quand je serai seule.

- Je ne voulais pas dire que je suis plus à plaindre que toi. Je ne sais pas ce qu'il se passait chez toi, ce que ton père te faisait. Je ne peux pas l'imaginer, et j'en ai encore moins envie après ce que tu m'as dit. Je ne veux pas t'imaginer enfant en train de subir. Tu as toujours été un super héro pour moi ; grand, fort, invincible. Je ne veux pas qu'on te fasse du mal. Pas maintenant, pas plus tard. Plus jamais. Et je sais que tu me caches quelque chose, je le vois bien. J'aimerais que tu me parles, mais si tu ne te sens pas prêt ou que tu ne me fais pas assez confiance, je comprendrais. Mais dis-moi les choses Lokian. Sinon je ne peux pas savoir ce qui ne va pas. Je peux comprendre.

Il ne réagit pas. Je reste là, debout, pour seule ancre cette commode, sans lâcher ses yeux. Je ne fuis plus, et il ne m'échappera pas. Hors de question de sortir de cette pièce sans rien dire.

Il se lève et reste planté sur ses jambes sans rien faire de longues secondes. Puis il détache ses yeux des miens et va vers la porte. Non.

- Lokian !

Il s'arrête. Il est statique. Puis il vient vers moi en fixant le sol. Il me prend dans ses bras et me serre fort. Il respire comme quelqu'un qui retient son chagrin. Comme moi.

- C'est rien. C'est pas toi. T'es la seule à ne m'avoir jamais déçue.

Il dépose un baiser sur mon front et sort de la pièce.

Je retiens encore mes larmes. Ce n'est pas le moment d'être faible. Je serai faible plus tard. Dans mon lit pour seul témoin l'obscurité de la nuit. Je vais à la fenêtre et l'ouvre pour prendre une bouffée d'air. Généralement ça m'anesthésie. L'air ambiant est froid dehors. Nous sommes en décembre, la veille de l'hiver. Je regarde Mano jouer avec Grougy dans le jardin de Heinesy en attendant de retrouver mon masque de normalité.

***

Hely me coiffe et me maquille. Nesta n'arrête pas de passer derrière elle pour lui dire de ne pas faire trop de ci ou trop de ça. « Ne lui fais pas une coupe trop fragile. – Je sais Ness. – Et pas trop spectaculaire, hein. – Oui oui, je sais. » ou « Non, pas trop sur le phare à paupière ! – C'est bon, Ness... – Et t'as mis trop de fond de rouge à lèvre ! – Je gère, va plutôt donner des leçons de maquillage au chien. ». Lokian entre dans la salle de bain en râlant.

- Hely, c'est gentille de vouloir la transformer en princesse, mais on va être la la bourre.

- J'ai presque fini pour elle.

Lokian approche doucement de Hely, la bouche basse et les yeux immenses.

- Pour elle !?

- Ouais, après je dois faire Ness et puis moi aussi.

Il recule, la mâchoire tordue, les yeux toujours déployés, il rit.

- Ok, t'es nickel comme ça, Numidia. Hely, va te maquiller et Nesta se démerdera toute seule.

Nesta se lève d'un bond et sourit.

- Ça me va.

Hely fait un regard de chien triste.

- Mais... je voulais pomponner les filles moi...

Je me lève et suis Nesta dans sa chambre. Je suis encore en peignoir à la demande de Hely. Je rejoins Nesta qui me sourit.

- Ne compte pas sur moi pour cracher le morceau. Je suis muette comme une carpe.

Elle fait glisser son pouce et son index le long de ses lèvres en souriant. Je secoue la tête négativement en souriant moi aussi.

- Je voulais savoir si ça allait être mouvementé.

- Qu'est-ce qui te fait croire ça ?

- Pas trop de maquillage, une coupe de cheveux ni compliqué ni travaillée. Je me dis qu'il y aurait des secousses, enfin je pense.

Elle commence à se maquiller rapidement dans son miroir.

- C'est une surprise, je peux rien dire.

- C'est juste pour savoir si je m'habille confortablement ou non.

Elle se retourne en souriant.

- Quelque chose de plutôt léger, et évite de t'habiller trop bien. On va pas à un gala de charité.

Elle retourne à son miroir et sourit de plus en plus.

- On va pas être les seuls à bouger ce soir. Prends pas des vêtements de luxe.

Je regarde dans ma valise et dans la commode presque vide. Je sors un jean pas trop slim, mes tennis blanches et j'hésite pour le haut. Je ne sais pas quoi mettre. Je n'aime pas faire ça mais...

- HELY !

Je crie par la porte sans aucun gêne. Je n'ai pas le temps de la chercher. Je fouille la commode et ma valise en dérangeant tous mes rangement. Je n'ai plus qu'à tout refaire ce soir en rentrant ou demain.

Hely arrive avec pleins de vêtements. Comment a-t-elle su ? En voyant ma tête, elle m'offre un sourire très satisfait.

- Je te connais par cœur à ce niveau là. Je sais que tu es perdue pour t'habiller adequatement.

- Je ne suis pas sûre que le mot ''adequatement'' existe, mais je confirme tout le reste.

Elle regarde mon jean sur mon lit et plisse les yeux.

- Ça va, t'as de la chance.

Elle jette au sol tous les pantalons et toutes les jupes elle avait amené. Elle garde les hauts, il y en a de toutes sortes : trop étroit, trop petit, trop échancré, trop osé, trop transparent, trop dos nu... je n'arrive pas à trouver un correct. Elle rit.

- Tu sais, Numi, je vais finir par croire que t'aimes pas mes goûts.

- On n'a pas les mêmes, c'est tout. Mais au moins toi tu sais mettre en valeur tes courbes, moi je n'ai aucune formes.

Elle semble choquée par mes mots.

Elle ferme la porte de ma chambre à clef et vient vers moi. Elle arrache littéralement mon peignoir.

- Hely !

- Ça va, je savais que t'avais des sous-vêtements en dessous. T'es trop pudique pour te balader dans la maison de quelqu'un d'autre à poil.

Elle rit. Oui, j'ai des sous-vêtements, mais ce n'est pas une raison ! Je n'aime pas me retrouver presque nue. Elle tourne autour de moi comme un vautour. Elle s'arrête derrière moi et me pivote face au miroir mural. Non pitié pas ça. Elle pointe ce dernier du doigt. Je lève les yeux pour ne pas voir ça. Elle revient devant moi et lève les bras au ciel d'exaspération.

- Non mais ça t'arrive de te mater dans un miroir ?

- J'évite au possible.

- Mais pourquoi ?

- Parce que....

- Parce que ma mère me dit que c'est mal. Hely secoue la tête en claquant sa langue.

- Regarde toi de temps en temps. Comment tu veux être bien dans ta peau si tu te regardes jamais ?

- Ça n'a rien à voir.

- Si, ça a tout à voir ! Se sentir bien dans sa tête c'est commencer à accepter son corps.

- Il n'y a pas que ça.

- Non, j'ai pas dit ça. Je dis juste que si tu te regardais plus souvent, tu saurais que tu dis n'importe quoi. Tu es belle, et plutôt bien foutue ! T'as des formes fines, mais pas invisibles, et ça te va bien. Si tu commences par ça, après tu pourras mettre les fringues que tu veux. Même celles que t'as refusé.

Elle retourne dans le tas de vêtements alors que je remets mon peignoir sans me regarder. Elle souffle.

- Je veux bien faire un effort. Pas de haut sans soutif. Ni transparent. Tien, celui-là est pas mal. Simple et joli.

Elle me tend un tee-shirt sans manches large mais taillé pour une femme, arrivant sous le nombril je dirais et avec un col relativement ouvert. Je grimace un peu. Elle le met dans mes bras de force.

- Si je te vois avec autre chose, je t'étrangle avec.

Elle me dit cela avec un petit sourire sadique. Mais je sais que c'est de l'humour... j'espère.

***

Lokian conduisant la voiture de Heinesy se gare sur un parking bondé. Des gens de toutes sortes marchent dans une même direction. C'est un petit bâtiment avec une devanture éclairée aux néons. « L'Électron Libre ». Je détaille le bâtiment sans savoir de quoi il s'agit. Nous sortons du véhicule alors que mon cousin me prend par les épaules.

- Tu sais pas ce que c'est, hein ?

Je fais non de la tête. Il rit.

- Je vais te donner un indice : y'a beaucoup de musique dedans.

Je réfléchis. Un bâtiment avec de la musique...

- C'est une salle de concert...

- Bingo.

- On va à un concert ?

- Pas exactement, c'est un tremplin en fait. précise Nesta.

- Des groupes vont passer et on doit voter. C'est trop cool. ajoute Hely.

Je me tourne vers eux, surprise par la révélation que je viens d'avoir.

- Les autres, Learth, Ekin et Heinesy... ils ont un groupe ?

- Heine en a même deux, mais c'est pas le même genre. me dit Lokian.

- Deux c'est vite dit. Elle intervient une fois dans le groupe des mecs. souligne Nesta.

- On s'en fout, moi je veux pas rater un seul groupe ! On va s'éclater !!!

Hely part en courant, les bras en l'air, vers la salle. Mano la suit, les bras en l'air lui aussi.

Nous arrivons à l'entrée où il faut payer sa place. Je suis sur le point de sortir mon porte-feuille de ma poche, mais Nesta prend ma main pour stopper mon geste. Elle va d'un coté du guichet qui est vide.

- Nos places ont déjà été payé.

- Quel nom ?

- Heinesy Knight.

Il regarde sur sa liste et nous compte en râlant.

- Elle a payé pour trop de monde. Il en reste encore sept. Elle doit être blindée pour payer les places de tous ses potes.

- C'est son père qui paye, c'est un avocat réputé.

- Enfin, je vais pas me plaindre, elle amène du monde au moins.

Il nous sourit et tamponne nos mains.

Nous avançons dans le couloir pour arriver dans la salle. Elle est petite mais agréable. De la musique en fond donne une petite ambiance sympathique. Hely est déjà au bar en train de boire une bière avec un garçon tatoué et percé. Elle craque sur les bad boys, ce n'est pas étonnant. Nesta la regarde en riant.

- Elle perd pas son temps celle-la. (elle nous toise) On va dans les coulisses ?

- On peut ? demande Lokian.

- ''La famille et les amis proches'' on va dire. Normalement on peut que pendant les répètes, mais Ekin fait la tête quand je n'y vais pas. Du coup j'ai carte blanche.

- Mais, toi tu peux, nous non. je lui réponds.

- Je fais ce que je veux, surtout pour que tu puisses profiter !

Elle fait la moue puis me prend par la main pour me tirer derrière la scène. L'un des hommes de l'organisation nous regarde sans rien dire, Nesta fait vraiment ce qu'elle veut.

Une fois dans les coulisses, très petites pour le nombre d'artistes, Nesta lâche ma main pour sauter dans le dos de Ekin. Quand il se retourne, il la soulève en grognant de joie. Ils s'embrassent, mais Mano les pousse pour me faire signe de venir avec Lokian. Ce dernier réagit avant moi.

- T'es arrivé en même temps que nous, comment t'as fait pour arriver si vite ?

- Quand Hely s'est jetée sur sa proie, je me suis senti seul.

Puis il nous tire vers les autres. Ce n'est pas une vraie explication, mais bon, passons. Nous arrivons au coin de nos amis, mais Heinesy n'est pas là, peut être avec son autre groupe. Je vois Learth accorder une guitare je crois en discutant avec...

- Salut Gorka, ça va ? l'interpelle Lokian.

- Salut, gros. Ça va, la forme. On fait les derniers réglages.

Il promène ses yeux qui s'attardent sur moi. Il sourit.

- Numidia. Comment vas-tu ?

Je hoche la tête, encore sur le coup. J'avance vers eux. Je pointe du doigt mon cousin.

- Vous vous connaissez ?

- Bah on s'est vu pendant les répètes. annonce Gorka.

- Et puis on était dans le même collège.

- Hein ?

- Bah ouais, on a le même âge. me rappel Lokian.

Je cligne les yeux devant cette nouvelle... nouvelle qui est impossible quand j'y pense !

- Mais Lokian ne vit pas ici mais à plus de deux heures de route. Comment est-ce possible ?

- J'habitais au même endroit avant. On a déménagé au divorce de mes parents. Ma mère a eu la garde et on a emménagé ici. m'informe Gorka.

C'est fou ! Mon cousin connaît Gorka ! Quelle étaient les chances !? Gorka rit en voyant l'expression de mon visage. Je suis choquée, c'est peu de le dire.

- Et vous deux, comment vous vous connaissez ? Par Heine j'imagine.

Lokian rit fort et gravement.

- Pas du tout, on est de la même famille.

- Non, sérieux ?

- Je suis sa cousine.

Gorka voit ses globes oculaires doubler de volume. Puis il sourit.

- Qui l'eut cru ? Le monde est vraiment petit.

Heinesy arrache presque le rideau qui sépare les groupes en fixant les deux hommes, les yeux plissés. Elle tend la main à Lokian qui y dépose les clefs de sa voiture.

- Je l'ai pas abîmé, vu que c'est la seule chose qui t'intéresse.

Gorka rit.

- Parce que tu lui as laissé ta caisse !? Tu voulais même pas me prêter tes CD !

- Mais toi t'es pas soigneux, et surtout y'a jamais rien eu entre nous.

- Enfin si mais...

Lokian les regarde avec insistance puis se focalise sur Heinesy.

- Oh non, me dis pas que vous avez couchés ensemble...

- C'est bien, la communication entre vous.

- La ferme, Gorka. dit Heinesy.

Les voyant sur le fil du rasoir, je suis sur le point de faire demi-tour, mais Learth pose sa main sur mon épaule.

- Ils sont chiant. Je t'offre une bière ?

- Tu ne dois pas rester faire des réglages ?

- Ils me gonflent avec leurs histoires de cul, je préfère être en retard et picoler.

Je ris alors qu'il me tire hors des coulisses.

Nous buvons avec Hely et Mano qui n'arrêtent pas de parler. Le garçon avec qui elle était s'est fait embrasser par une fille qui venait d'arriver, c'était sa petite copine. Hely a eu le cœur brisé, alors elle boit. Moi je ne bois que du cola pour l'instant. Je ne veux pas abuser sur la boisson, même si ''la majorité'' n'a pas vraiment de sens ici. J'ai vu beaucoup de mineurs boire, ils devaient avoir quinze ans. Personne ne dit rien. Mais je commence à être habituée.

Hely finit son verre à grandes gorgées et le repose fort sur le comptoir. Un rot sort de sa bouche sans prévenir, elle y porte sa main en riant et s'excusant. Lokian s'assoit entre Hely et moi et demande une grande bière. Je le fixe. Il voit mon regard et lève les yeux en soufflant.

- Je sais, c'est une femme moderne, elle couche avec qui elle veut. En plus on se connaissait pas à l'époque. Mais ça m'énerve que ce soit avec lui spécialement.

- Pourquoi ?

- Parce que c'est un con.

- Pourtant tu t'entends bien avec lui, en tout cas ça y ressemble de loin.

- Il est sympa, mais c'est un con avec les meufs. ajoute Learth dans mon dos.

Je me tourne vers lui.

- Si vous en pensez tant de mal, pourquoi être ami avec ?

- C'est un bon pote. dit Learth.

- Ouais. confirme Lokian.

- Mais c'est un con.

- Ouais.

- T'es pas familière avec le procédé, c'est pour ça que tu piges pas la logique. Quand on traîne avec des gens, c'est pas forcément pour leur sens moral, c'est parce qu'on se marre avec et qu'on évite les sujets qui fâchent. C'est comme ça qu'on différencie les potes des amis.

- C'est ça.

Les yeux observent un matche de ping-pong. Gauche. Droite. Gauche. Droite. Gauche. Droite. Je souffle.

- Je comprends mieux pourquoi je n'ai jamais eu d'amis quand j'étais petite. C'est beaucoup trop compliqué.

- Bof, ça va si on éteint son cerveau.

Je ris à la remarque de Learth. Je reporte mon attention sur Lokian.

- Mais je ne vois pas vraiment en quoi c'est... un con. Il est plutôt gentil. Il est charmant aussi.

- Normal, il t'aime bien. précise Learth.

Je rougis. L'idée qu'il m'apprécie m'intimide énormément. Lokian se redresse en prenant appuie sur le comptoir.

- Non, pas toi aussi !

- Hein ? Quoi ? Non !

Qu'est-ce qu'il croit, que j'ai couché avec Gorka ! C'est de pire en pire ! Il secoue la tête.

- Non, je sais bien qu'il a pas couché avec toi, sinon je serais au courant depuis un moment, mais... il essaie... genre... tu sais...

- Carrément. dit Learth juste avant de finir sa bière.

- Non mais non ! Fais pas n'importe quoi, Numidia !

- Mais quoi ? Je n'ai rien fait ! Il ne s'est rien passé !

- Vous avez quand même dansé collé-serré plus d'une fois. insiste Learth.

- Quoi !?

- Et t'as failli l'embrasser deux fois quand t'étais bourrée.

- Quoi !?

Je le regarde avec le regard le plus menaçant que je puisse faire. Je ne dois pas être très intimidante. Il lève un sourcil.

- Quoi ?

- Personne ne sait tenir sa langue par ici !?

Lokian me prend par les épaules et me secoue.

- Attention, Numidia, faut pas prendre ça à la légère !

- Mais... c'est toi-même qui m'a dit de ''profiter''... pourquoi ça te dérange maintenant ? Ça n'a pas un rapport avec Heinesy par hasard ?

Learth se lève et repart vers les coulisses. Mon cousin me lâche et baisse les yeux.

- C'est pas ça...

- Alors quoi ? Tu ne veux plus que je me lâche ?

- Si ! Mais pas avec lui !

- Mais pourquoi ?

- Ok, je voulais pas te le dire vu qu'il est ''si gentil'', mais c'est un prédateur. Déjà au collège il collectionnait les filles. Il m'a même volé une meuf.

- Quoi ?

- Oui enfin non, il me l'a pas volé. J'avais des vues sur elle et il...

- Non, pas ça. Qu'est-ce que tu veux dire par ''prédateur'' ?

- Il voit une fille et la lâche plus tant qu'il obtient pas ce qu'il veut. T'as saisi ou tu veux un dessin avec ?

- C'est bon, Lokian, j'ai compris.

Je pivote face au comptoir.

Je m'en doutais puisqu'il avait commencé avec Hely puis qu'il avait laissé tombé, elle jouait trop le jeu à son goût d'après Learth. Et c'est aussi lui qui m'avait dit qu'il fallait éviter de sortir avec lui. Mais quand même, je doute qu'il espère aller très loin avec moi, ça se voit comme le nez au milieu de la figure que je suis coincée. Il doit se douter que je ne coucherai pas avec lui, il doit espérer un baiser et pas plus. Non, je ne pense pas qu'il soit aussi mauvais que Lokian le prétend. Mais je dois le rassurer.

- Ne t'en fais pas, je ne compte pas faire n'importe quoi avec lui. J'apprécie simplement sa compagnie.

- Ouais, bah évite de trop l'apprécier.

Hely lui tape l'épaule en souriant béatement, son teint rougit par l'alcool et la chaleur de la salle qui se remplit doucement.

- C'est bon, le rabat-joie ! Moi j'aurais bien aimé me faire sauter par Gorka, mais il préfère Numidia. Alors laisse-la se faire sauter elle au moins ! Et puis d'après Heine il gère au lit.

Elle ferme un œil en mettant sa bouche à l'envers et lui montre son pouce, la tête penchant d'avant en arrière. Lokian lui sourit par politesse, mais je sens qu'il fulmine intérieurement. Il se lève et part dehors.

La lumière perd en intensité alors que des hommes avec un tee-shirt STAFF viennent installer le matériel du premier groupe. Je sens que je ne vais pas m'amuser autant que les autres. Je ne suis vraiment pas fan de leur style musical, alors une soirée entière avec que de ça... Mais étrangement il y a beaucoup de gens ''normaux'' ici. Ils doivent bien cacher leur jeu, ou simplement aimer le son sans le look.

Un homme vient sur la scène avec un micro. Il explique qu'il est le présentateur de la soirée et le principe du tremplin. À la fin de chaque artiste, une boîte avec leur nom sera posé sur chaque coté de la scène. Il y a de quoi écrire au guichet au cas où. Nous devons écrire le nom de l'artiste pour lequel nous avons voté et le mettre dans la boîte correspondante.

- Et maintenant, voici sans plus attendre : Sun and Hot !

Je m'attends à un groupe de rock. Mais les deux hommes que je vois arriver sur scène ont un look très flashys. Des chemises à fleur, des shorts et des casquettes fluo avec des lunettes de soleil.

- Bonsoir tout le monde ! Vous êtes chaud ?

Le public cri alors que le duo commence à chanter. D'accord, ce n'est pas du rock. Pas du tout. Hely se glisse à coté de moi.

- C'est du Summer Hit.

- Du quoi ?

- Summer Hit. Tu sais, les musiques à la mode que l'été, genre Collectif Métissé.

- Je ne connais pas.

- C'est le genre de musique sur laquelle on bouge facilement, mais ça vole pas haut pour les paroles. J'en écoute quand je suis bourrée.

Elle me sourit en disant ça. Je ne pensais pas qu'elle s'attardait sur le sens des chanson.

À première vue, Hely est une fille superficielle qui suit le troupeau. En fréquentant les autres, elle a prouvé le contraire, mais elle a quelques passions hors du commun. Les jeux vidéos par exemple. Enfin, ce n'est pas hors du commun mais les filles superficielles n'y jouent pas, elles préfèrent collectionner les vêtements, le maquillage et les hommes... ce sont aussi des passions de Hely mais... Elle n'est pas superficielle. Elle aime la mode et les jolies choses, mais elle aime aussi s'amuser avec de bons amis, pas avec n'importe qui. Et elle est attentionnée. C'est tout ce qui compte.

Nesta et Heinesy viennent nous rejoindre, cette dernière chercher Lokian du regard. Elle vient vers moi.

- Il est dehors.

Elle part le rejoindre. Elle bouscule quelqu'un au passage qui vient vers nous.

- Je savais bien que je reconnaissais des têtes.

- Oh, tu es venu !

Nesta va vers l'homme et lui fait la bise. Je le remets : c'est Redah, le serveur de l'American Diner's. Il est venu pour le groupe des garçons et de Heinesy ? Peut être est-il sur la liste de Heinesy d'ailleurs. Il approche pour me faire la bise à moi et à Hely. Il rit en la voyant.

- Toi, t'as bu.

- Ça va, à peine.

Elle se colle à lui.

- Dit donc, Redah, t'as quelqu'un dans la vie, toi ?

- Non, je suis libre comme l'air.

- Ça te dit qu'on se rapproche ?

- Houla. T'as quoi ? Seize ans ?

- Dix-sept.

- Trop jeune. Mais on peut picoler ensemble si tu veux.

Elle cri ''YAHOU !'' et va au bar avec Redah. Nesta me tire elle aussi jusqu'au bar où elle commande une bière. Elle m'en paie une que je n'ose pas refuser. Je ne pense pas que je boirai plus.

Voilà bien une heure trente que les artistes ont commencés leur show. Après Sun and Hot, il y a eu Floraison, un groupe de deux chanteuses et trois musiciens, c'était de la pop d'après Nesta. Puis Shine, une chanteuse de R'n'B. C'est maintenant au tour de Break the Ice, Nesta dit connaître le chanteur. C'est un garçon de sa ville. Chaque membre du groupe vient d'un coin différent du pays. C'est elle qui a parlé du tremplin à son ami qui a proposé sa candidature. Finalement son groupe a été accepté. J'aime bien leur musique. C'est du rock, mais beaucoup plus calme que ce que Heinesy et Learth m'ont fait écouter. Nesta me sourit et me dit à l'oreille « Ekin ne l'aime pas. Je suis sortie avec au collège ». Et elle sourit, le teint rougissant. Je détail le chanteur, c'est vrai qu'il est beau garçon. Je le trouve même plus attirant que Ekin, peut être est-ce pour ça qu'il est jaloux. Je hoche la tête en souriant, lui montrant mon approbation. Elle se re-penche à mon oreille. « Je comprends pas pourquoi, vu qu'il sort avec le batteur ». Alors ils ont rompu parce qu'il aime les garçons. Je ne peux m'empêcher de rire. Elle me pousse en disant quelque chose. Je lis sur ses lèvres « Arrête, c'est pas drôle », mais elle rit autant voire plus que moi. Mais ils sont restés amis, c'est une bonne chose s'ils s'entendent bien.

Après le groupe de rock c'est 21 Jump Street, deux rappeurs, qui sont passés. Entre les injures et le sexisme, ce n'est pas ce que j'ai préféré. Puis DJ Ellaia, une jeune DJ. J'ai bien aimé ce qu'elle a fait, mais les gens n'étaient pas aussi enthousiastes que pour les autres artistes. Je vois Lokian et Heinesy enfin revenir de dehors. Ils n'étaient pas revenus depuis. Elle est toute rouge. Elle s'agrippe au col de son tee-shirt et l'embrasse fort avant de partir en courant vers les coulisses. Nesta applaudit.

- Wouah. Je l'avais jamais vu embrasser un mec publiquement.

- Je sais, je suis le meilleur.

Nesta lui tapote l'avant-bras en souriant. Mais je me demande.

- Qu'est-ce qui vous a pris autant de temps ?

- On s'était pris la tête.

- Et ?

- On s'est expliqués puis réconciliés.

- Et ?

- Le plus long, ça a été la réconciliation.

Nesta part en fou rire sans que je ne comprenne. Il hausse les sourcils avec un sourire de conquérant sur le visage. Et alors que je comprends.

- Vous avez...

- On a beaucoup. Beaucoup beaucoup même. Il fait chaud ici.

- Oh non ! Je voulais pas savoir !

- Alors pourquoi t'as demandé ?

J'ai des frisson d'horreur dans tout le corps. Le pire, c'est qu'ils ont dû faire ça dans la voiture, je ne vois pas où ils auraient pu faire dehors. Ils ont fait l'amour dans la voiture ! Je refuse de retourner dedans. Je rentrerais dans celle de Learth.

Nesta se lève du bar et me tire pour aller à l'avant de la scène. Elle m'avait dit qu'après la DJ c'était le groupe de Heinesy. Elle veut être le plus près possible. Nous somme juste devant la scène. Les lumières change une énième fois de couleur et le présentateur vient sur scène.

- J'espère que vous avez tous voté, parce qu'on change de recueil. Maintenant, voici Four Strings !

''String'' ? On sens la pâte de Heinesy. Il y a une chaise sur scène. Trois filles, donc Heinesy, et un garçon viennent sur scène. Heinesy a un violoncelle. Il y a deux violoniste et une contrebassiste. Heinnesy se pose sur la chaise et attend les autres. Ils commencent tous à faire vibrer leurs cordes pour faire résonner une musique classique. C'est apaisant au début. Mais le rythme s'accélère de plus en plus. Le rythme se met à changer Heinesy appuie fort avec son archet. Et d'un coup, ce n'est plus du classique, mais du rock, comme ce qu'elle m'avait fait écouter avec Learth. Je crois reconnaître la musique. AC/DC peut être. Elle se met à sourire franchement et le garçon se met à chanter les paroles. Dans le public, on reconnaît les amis à qui elle a payé les places. Ils crient « THUNDER » au rythme de la musique. Même Nesta s'y met. Elle se secoue dans tous les sens. Lokian arrive dans mon dos avec de l'alcool fort. Il me fait signe de boire. Je sens que je vais avoir du mal à me laisser aller comme Nesta. Je prends le petit verre et bois cul-sec.

Ils font la même chose avec d'autres morceaux de hard rock. Ils jouent cinq chansons en tout. Je les ai toutes aimé. Elle retourne dans les coulisses, rouge comme une tomate et plus souriante que jamais.

Nesta me dit à l'oreille « C'est les garçons maintenant ». Je sens que je vais moins aimer. Le présentateur vient sur scène après quelques minutes.

- Finissez vite vos votes pour Four Strings, parce que nous passons aux suivants. Voici Don't Give A Fuck !

Soit « rien à foutre »... je suis sûre que c'est une idée de Learth. Je vois plein d'hommes haut comme des montagnes et des femmes tatouées approcher de la scène. « Fais attention, ils vont faire un pogo, penche toi vers la scène s'ils approchent trop » me dit Nesta. ''Faire un pogo'' ? Qu'est-ce que c'est ?

De la fumée apparaît sur la scène, avec Heinesy jouant de la flûte. Elle arrête, morte de rire, et retourne dans les coulisses. Je ne sais pas si ça fait parti de leur show ou si c'est une blague de Heinesy. Les garçons arrivent sur scène, Ekin et Gorka branchent leur guitare, celle de Learth a un branchement sans fil je crois. À l'emplacement du câble, il y a un petit gadget. C'est lui qui commence à jouer. Son instrument est grave, plus qu'une guitare électrique. Un garçon que je ne connais pas joue de la batterie, torse nu, alors que Ekin hurle dans le micro. Les rockeur derrière nous se mettent à bouger dans tous les sens. Lokian se met derrière moi, se tenant à la scène avec l'un de ses bras. Je regarde dans la foule : je comprends les inquiétudes de Nesta. Ils sont fous ? Pourquoi ils se jettent les uns sur les autres ? On dirait une bagarre général, mais avec le sourire. Oui, ils doivent être fous. La voix de Ekin doit être modifié puisqu'elle semble venir des enfers. Parfois il reprend sa voix normal mais il recommence à chaque fois ses borborygmes buccaux. Serait-ce un mort-vivant ? Puis Learth se met à chanter le refrain. Oh. Il a une belle voix. Quand il va dans les aiguës, sa voix se casse, non, elle ne se casse pas elle... elle a un effet de voix cassée, très puissant et beau. Heinesy avait raison, quand au début de l'année elle disait qu'il chantait bien. Par contre, je ne suis pas d'accord pour Ekin. Il fait des bruits intéressants, il les fait bien, mais il ne chante pas. Pas pour moi. Mais il manie bien sa voix, de façon très inquiétante, mais bien.

Au cinquième morceau, Heinesy est enfin là, avec un violon. Je ne vois pas comment on peut associer un violon avec... ce qu'ils font. Et pourtant, ils me prouvent vite le contraire. C'est juste parfait. Je n'aime toujours pas ce style, mais le violon se marie terriblement bien. Elle saute même de scène pour jouer dans le public. Ils font une ronde dévastatrice autour d'elle. Son archet, comme avec le violoncelle tout à l'heure, est presque en miette à la fin de la chanson.

Leurs amis hurlent dans la salle. J'entends même « À poil ! ». On peut dire qu'ils sont en forme. Mais le batteur répond à la demande en montrant ses fesses. Je ferme les yeux juste avant qu'il ne se penche. Je sais à quel point les organes génitaux mâles sont volumineux. J'ai déjà vu accidentellement la même chose au collège, mais il avait treize ans. Je ne veux pas voir ça sur un adulte.

Le groupe suivant est Green Paradise, c'est un groupe de reggae. Alors que Mano saute dans tous les sens devant la scène, nos amis sortent des coulisses. Learth nous dit qu'ils sortent fumer. Nesta me tire pour les suivre. En fait nous les suivons tous, sauf Mano qui s'amuse devant le groupe de reggae. Une fois dehors, ils se mettent tous à fumer, sauf Nesta et Ekin, et moi bien sûr. Le batteur me voit et tend la main.

- Moi c'est Fariz.

- Numidia.

Je lui serre la main en souriant. Il n'a pas l'air méchant, au contraire. Quand il ne fait pas de grimaces derrière sa batterie, il a l'air d'être un garçon calme. Peut être l'est-il hors de la scène.

- Alors, c'était comment ? demande Ekin.

- Franchement ça défonce. répond Lokian, admiratif.

- Vous étiez bon cette fois. dit Nesta.

- Comment ça, ''cette fois'' ? demande Learth.

- Non mais plus que d'habitude... arrête de m'embêter !

- Ça défonce. dit Hely, éméchée, une bière à la main.

- Et toi ? me demande Learth, droit dans les yeux.

Je suis la cible de tous. Ils attendent mon avis.

- Comment dire...

- T'as pas aimé. Pas grave. dit Learth à ma place.

- Non. Si. Enfin ce n'est pas mon genre, mais vous jouez bien. Parce contre Ekin, tu me fais peur maintenant.

Il se met à rire gravement et sourit.

- Je vais te parler avec cette voix maintenant. me dit-il avec ses sons monstrueux.

Je ris, par malaise mais aussi parce qu'il me taquine.

Nous retournons dans la salle après quelques minutes. Le présentateur compte les votes sur une table posée sur la scène avec le staff. Quand ils ont enfin compté pour la deuxième fois, il se lève.

- Et maintenant le classement. Je rappelle pour ceux qui l'ignoreraient que le numéro un gagnera une place au concours du meilleur jeune artiste musical de la région.

Nesta me chuchote « Ils veulent pas spécialement y aller, ils voulaient juste aller sur scène. Et puis ils sont curieux de connaître leur classement. ».

- En dernier, DJ Ellaia. Huitième, Sun and Hot. Septième, Green Paradise...

- Non, ils sont trop bon pour être que septième ! s'insurge Mano.

- ... Sixième, Break and Ice.

- Putain, on est haut. dit Learth, étonné.

- Dis merci aux potes, et surtout à moi. se vente Heinesy.

- En cinquième, Don't Give A Fuck.

Les garçon sont contents. Pourquoi ? Ils ne sont que cinquième, et ils se réjouissent.

- Et Four Strings. Les deux groupes sont ex æquo. Ils partagent la cinquième et quatrième place.

Heinesy bondit de joie dans tous les sens.

- Je suis trop forte !

- En troisième place sur le podium, Floraison. Puis en deuxième place... 21 Jump Street. Ce qui veut dire que Shine obtient la première place !

Elle hurle de joie avec ses amis et monte sur scène. La moitié de la salle commence à se vider quand Redah nous invite à aller manger à l'American Diner's.

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