Musique et liqueur

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PL : 10

A. Il se cacha sous l'armoire du boudoir.

Apercevant les ballerines portées par les soubrettes, il recula dans l'ombre, maugréant en lui-même. Il avait totalement oublié de remettre les voiles noirs en place.

Les pas s'arrêtèrent en face de l'armoire, puis se tournèrent, indéniablement vers les tableaux. Il perçut le son du doux tissu retombant, mais Maeve, ou Mélusine, ne quittait pas la pièce.

"Mh, quelle étrangeté, entendit-il avec peine, tant le murmure était bas, la duchesse ne vient plus ici pleurer le frère et la soeur qu'elle n'a jamais connus."

Elle tourna encore un peu dans la pièce, y récupéra quelque chose puis partit, fermant la porte derrière elle. Pumpkin bondit, jetant un oeil aux petits tableaux : ils avaient été recouverts.

Usant de son pouvoir télékinésique, le chat tourna la poignée et s'en fut, songeant aux propos entendus.

La porte arrière du salon ayant été ouverte, il pénétra dans le salon. La petite créature orange aux pattes blanches se glissa sous un étal de nourriture, observant les jambes et les robes des invités aller et venir. La musique entraînait des couples en danse sage ; une enfant se précipita, un peu empêtrée dans sa tenue de jolie fée, manquant tomber à terre. Elle aperçut le chat et, grand sourire aux lèvres, courut à lui. Pumpkin reconnut l'enfant aux cheveux blancs et sauta dans ses bras sans hésiter.

"Oh, maman, maman, regarde comme il est mignon le petit chat !"

Elle courut à ses parents, serrant l'animal dans ses bras.

"Où as-tu trouvé ce chat, Marioune ?

- Sous la table là-bas ! Il est trop mignon. Comment tu t'appelles, mon chat ?

- Miaou !

- Haha, je t'adore !"

Elle le serra un peu trop fort, quand l'une des deux soubrettes s'approcha. Il avait du mal à les distinguer, puisqu'elles étaient jumelles, néanmoins, elles portaient des chaussures différentes et, remarquant la teinte de ces dernières, il sut au moins qu'il s'agissait de celle entrée dans la pièce aux tableaux.

"Allons, allons, mademoiselle de Druiss, n'étouffez donc pas ce pauvre chat, il est un peu timide et pourrait vous griffer.

- Mais, bouda-t-elle, il a sauté dans mes bras sans que je le force !

- Oh c'est étonnant. Il est plutôt sauvage. Mais il est vrai qu'aujourd'hui je l'ai trouvé très chaleureux !

- Comment s'appelle-t-il ? lui demanda la mère de la petite.

- Nous l'avons nommé Pumpkin.

- Pumpkin, s'enthousiasma l'enfant, petit Pumpkin, tu veux bien être mon ami ?"

À une telle question il ne put que miauler, piégé. Une femme se retourna à cet instant et rencontra son regard, le percutant avec force tant il était étrange : l'on eût dit des yeux de chat ! Sa coiffe, imposante, avait deux macarons haut plantés, une broche dorée délicatement décorée de longues chainettes glissée entre les deux. Autant sa peau d'ivoire que ses paupières fines en amande et sa bouche charnue la différenciaient des autres invités. Puis elle détourna son attention et revint au discours gracieux d'un homme excentriquement vêtu. l'animal s'échappa des bras de la petite fille et alla à leur rencontre, très curieux.

"Oh non petit Pumpkin ! Pumpkin !" courut après lui l'enfant, vite rattrapée par son père embarassé par son attitude.

"Ces boissons sont parfaitement délicieuses, n'est-ce pas, ma douce Nao-Nao ?"

La belle jeune femme acquiesça puis observa le chat de nouveau, souriante. Elle tenait une coupe pétillante à la main, la fameuse liqueur des Du Pinson qui se vendait si bien que le roi lui-même envoyait, disait-on, des membres de sa famille pour espérer deviner la recette. Bien sûr, cela n'était encore jamais arrivé ; depuis deux-cents ans que ce commerce florissait, nul ascendant royal n'avait pu mettre la main sur une telle ressource.

"Bonsoir, joli chat. Tu t'appelles Pumpkin, n'est-ce pas", s'amusa Nao-Nao tout en se baissant pour lui caresser le poil. Ronronnant, il fit le gros dos et se glissa à ses jambes, car elle portait une robe à mi-cuisse très frivole et des collants ornés de motifs de roses noires.

À cet instant se montrèrent le duc et la duchesse en haut de l'escalier. Ils saluèrent leurs hôtes, leur souhaitant de passer une excellente soirée. La duchesse, comme le remarqua aussitôt l'être de la lune, avait un ventre très rond. Il avait en effet suivi de loin le cours de cette minuscule vie qui naîtrait dans moins de deux mois à présent. Si la nature ne précipitait pas les choses. Toutefois, elle devait l'avoir mentionné plus tôt, à d'autres fêtes, car personne n'en parla.

Ils se mêlèrent aux invités, parlant aux uns, aux autres, avant que la duchesse ne se retire, fatiguée par sa grossesse. La liqueur coulait à flots, les conversations s'animèrent et les pas s'emmêlèrent. Nao-Nao gloussa, voyant un couple manquer chuter à la suite d'une petite improvisation mouvementée.

Cela commençait à être un peu agité pour le petit chat.

A. Il fuit par la porte menant au jardin arrière pour y retrouver calme et tranquilité.

B. Il retourna se cacher sous une des tables chargée de nourriture, espérant recevoir un peu de leurs miettes.

C. Il emprunta l'escalier afin de voir la duchesse et en apprendre, peut-être, un peu plus sur cette histoire de frère et soeur.

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