Vagabondages

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PL : 11

Affinité Maeve : 10/10

B. Il voulait retourner à la cuisine inspecter un peu plus les ustensiles et savoir d'où provenait cette poussière brillante rose vue tout à l'heure.

Pumpkin fit semblant de suivre Maeve puis s'esquiva dès qu'elle passa la porte. Il retourna sous la table, renifla, chercha : plus de traces de poudre rose. Une chaise, hop ! De là, il lui était possible de voir le plan de la cuisine en s'étirant, mais il n'y avait que l'appétissante soupe qui lui titillait les narines.

"Cela me rappelle quelque chose, mais remonte à cent cinquante ans. Oui, c'était dans le jardin, qui n'était pas très joli alors. Et pouf, soudain, des tas de roses, de mauves, d'iris ! Tout était si beau ! Les soubrettes d'alors devaient être magiciennes."

Sur cette conclusion, le chat repartit dans les couloirs, n'osant lapper dans la marmite : ça ne se faisait pas. Et puis, les invités arrivaient bientôt ! Il se mit à fureter partout, joua avec une pelote bleue qu'il dévida, dans une chambre à la porte ouverte, sauta sur des bouts de cartons protégeant un sol, grimpa à des rideaux puis se lassa.

Oyant les premières calèches arriver, il bondit vers le salon puis, passant le vestibule, s'arrêta face aux très hauts battants que les jumelles s'apprêtaient à ouvrir.

"Tu viens souhaiter la bienvenue toi aussi, Pumpkin ? Comme il est adorable ! Bien moi revêche qu'avant, n'est-ce pas Maeve ?

- Assurément", gloussa la jeune domestique, tandis qu'à deux elles repoussaient la porte.

L'air frais du soir s'engouffra dans le domaine. Les voiturettes affluaient et les invités venaient à eux. Pumpkin était très attentif, quoique sa vue fût sans arrêt déconcentrée par les multiples papillons de nuit et les lucioles du jardin.

Il aperçut néanmoins une belle jeune fille à la peau brune et aux grands yeux verts s'approcher, accompagnée de sa demoiselle. Les domestiques les saluèrent avec toute la courtoisie due à un invité, tout en récupérant leur carton d'invitation. Le chat apprit ainsi qu'elle était membre de la famille royale et qu'elle s'appelait Sahara. Comme elle avait un carton, il supposa avec justesse qu'il s'agissait de sa première fois dans cet endroit et la suivit du regard jusqu'à ce qu'elle disparût dans le salon.

Continuant de scruter les invités d'une place plus discrète - le buisson ornant les abords de l'escalier - Pumpkin remua la queue de contentement lorsqu'une enfant sortit d'une jolie voiture blanche ; elle ne paraissait pas avoir plus de huit ans, et ses longs cheveux blancs, noués pour l'heure, attiraient les bavardages étonnés.

"Bonsoir, vicomte et vicomtesse de Druiss, bienvenue chez nous. Bonsoir, mademoiselle de Druiss, comment allez-vous ce soir ?

- Bien, merci", répondit de sa petite voix l'enfant adorable.

Les parents inclinèrent la tête en souriant et, lui tenant la main, entrèrent dans le hall.

"Quelle belle enfant si polie !" songea le chat. Il aurait beaucoup aimé jouer avec elle, aussi contourna-t-il le manoir à toute vitesse et s'engouffra-t-il par la porte arrière. De là, il pouvait atteindre le salon, en espérant que rien ne soit fermé à clef. En effet, la créature de lune, quoique dans des corps parfois inaptes à manipuler physiquement les choses, pouvait, grâce à ses capacitéss inhérentes à sa nature, bouger les objets selon sa volonté, dans un petit périmètre et dépendant de sa forme.

Quelques bonds et le voilà déjà sur le tapis bordant l'entrée ouest du grand salon. Il se trouvait juste derrière, observant la poignée. Hmm... fermée. Il lui fallait une clef, c'était indéniable. Avait-il le temps de la chercher ? Quel dommage, lui qui n'aspirait qu'à entrer dans le salon en toute discrétion, c'était raté, autant retourner à l'avant.

Il s'arrêta néanmoins face à un tableau représentant les ascendants du duc. À côté, ceux de la duchesse. Deux couples charmants, les parents des deux qui s'entendaient plutôt bien, se rappela-t-il. La mère de la duchesse du nom de Dvina était morte, ainsi que l'était le père du duc Loiry. Poursuivant son étude, Pumpkin remarqua deux autres petits tableaux, tout petits, par l'entrebâillement d'un boudoir ; ils étaient joliment montés, quoiqu'un léger voile noir les recouvrît. Le chat se glissa à l'intérieur et, d'une pensée, les souleva jusqu'à les accrocher au-dessus du cadre.

"Hm, qui sont ces enfants ? Ils ressemblent un peu au duc et à la duchesse dans leur enfance, mais pourquoi les avoir recouvert du voile du deuil ?"

L'un était blond, la coupe courte et soyeuse, et même si ce n'était qu'une peinture, l'on pouvait voir le minutieux et tendre travail du peintre. Il avait dû utiliser un pinceau à mémoire, rare et cher, fait à base de cristaux spéciaux et d'un bois noir très lourd. Ce genre de pinceau, grâce à la combinaison du cristal et du bois, enregistrait les traits des modèles par les yeux de celui qui le tenait, et se mettait à mener le poignet. Bien sûr, il fallait être habile de ses mains déjà, aussi l'être de la lune apprécia-t-il silencieusement les tableaux. Les yeux bleus le détaillaient avec une curiosité lointaine. L'autre était brune, nattée et le teint pâle, assise sur une balancelle. Elle riait à l'éclat, à l'infini.

Du bruit fit sursauter le chat dans sa contemplation. On venait !

A. Il se cacha sous l'armoire du boudoir.

B. Il sortit à toute vitesse, souhaitant qu'on ne le vît pas, car il était trop curieux à présent pour ressembler à Pumpkin, le chat d'origine à moitié sauvage.

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