12. Stefan

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Lorsqu’il déboula au cœur des jardins du palais en compagnie d’Edrian et de Groucha, Stefan avait le sentiment d’être un étranger.

Paré d’une chemise blanche et d’un costume safre, aux couleurs des Pereterra, clan impérial, il se sentait écrasé par l’omniprésent rouge Incarnat, décliné sur les bannières accrochées aux piliers de marbres, sur les haies, les arbrisseaux, les fleurs et même les briques bordant les allées sinueuses.

Meredys avait beau se dire fière de son héritage Pereterra, elle n’avait rajouté aucune nuance de bleu ou d’argent quand son autochtone de mari avait abdiqué en sa faveur.

« Nous avons déjà envahi Ciudacarmina, nous n’allons pas en plus travestir ces lieux avec nos couleurs », disait-elle en plantant un énième rosier carmin.

Des excuses vides, Meredys voulait simplement que les murs restent assortis à sa coiffure, voilà tout. Depuis que Roymar lui avait imposée de se teindre les cheveux en rouge lors de leurs épousailles, la duchesse s’était entichée du cramoisi. Une obsession maladive qui lui avait valu d’être surnommé Reine Rouge par certains et accusée de boire le sang de ses caméristes par d’autres.

Ces rumeurs n’empêchaient apparemment pas Meredys de jouir d’une popularité incongrue pour une dirigeante. Une cinquantaine de nobles criards s’esclaffaient, se chamaillaient, se promenaient et trinquaient, en attendant que son train déboule sur les rails ducaux. Le prince reconnaissait quelques gueux mais, au vu de leurs réactions suaves et intéressées, tous le reconnaissaient lui. Un sourire mielleux sur les lèvres, il prenait plaisir à caresser la tête de Groucha et de voir détaler les lâches. Dire qu’une poignée d’entre eux se croyaient digne de mettre un terme au règne des Pereterra en se présentant aux élections…

« Méfie-toi, l’avertit Edrian, un vieil adage Incarnat dit qu’un oiseau qui rigole ne voit jamais arriver la pierre qui l'envoie au sol. »

Stefan éclata de rire.

« Rappelle-moi, pourquoi je dois subir tes vieux dictons ?

— Moque-toi. Moi, je dois subir tes sarcasmes et tes plaintes à longueur de temps. Tout en m'assurant qu’aucun de ces gars-là ne te fiche un couteau entre les côtes, aussi. »

Stefan ricana.

« Tu serais bien incapable de les voir arriver. »

Edrian bomba le torse. Son pourpoint carmin moulait ses pectoraux.

« Non, mais qu’ils essaient et ils subiront la rouste de sa vie. »

Il sourit à Stefan, une vraie risette de gamin. Le prince le dévisagea, l’air béat. Il aurait donné cher pour l’embrasser, là maintenant. Le problème était que ses rivaux l’auraient souhaité aussi. Une simple étreinte pouvait détruire sa réputation et ses ambitions à jamais.

La foule s’écarta soudain. Stefan héla :

« Mère, Théa ! Par ici ! »

L’impératrice Joanha était en beauté ce soir-là. Sa robe de dentelle bleue rehaussait ses prunelles azurées et ses épais cheveux cendrés. À son bras, sa fille revêtait des parements similaires mais contrairement à elle, affichait une mine renfrognée, incommodée et sa chevelure se tordait en en mèches si rebelles qu’aucune camériste ne saurait les arranger.

Stefan les embrassa tour à tour.

« Sauve-moi de ces gens », lui susurra sa cadette quand il lui déposa un baiser sur la joue.

Ses yeux pétillaient de malice, comme si elle semblait sur le point de bombarder l’aristocratie de boulettes de viande. Joanha en avait conscience et la surveillait nuit et jour. Trop d’accidents étaient survenus.

« Neveu. » L’impératrice laissa les lèvres d’Edrian se poser sur ses mains avant de se tourner vers son fils. « Merci, tu es là. Un instant de plus avec ces prétendants pompeux et je me jetais dans les ronces en contrebas !

— Ravi d’aider. J’avoue que je ne m’attendais pas à trouver autant de monde.

— Estime-toi heureux qu’il n’y en ait pas encore plus. Ta tante a proposé à la moitié de la ville de l’accompagner aux funérailles d’Ariane Venator. Résultat, leurs proches attendent-là leur retour. » Elle s’arrêta un instant, l’air perplexe. « J’imagine que c’est pour lui parler à elle que toi tu es là. »

Stefan hocha la tête. Les lèvres de Joanha se pincèrent.

« Edrian, pouvez-vous veiller sur ma fille. J’ai à parler à mon fils. »

Le concerné hocha la tête. Théa se détacha de sa mère, tout sourire et vint le rejoindre, non sans déposer au passage une caresse derrière les oreilles de Groucha. Quand ils eussent tous deux disparus derrière une arche de pierre, Joanha se pencha sur son fils.

« Six jeunes femmes ont été retrouvées mortes, éviscérées dans des ruelles du quartier des Arts.

— Edrian ne m’en a rien dit…

— C’est Toma qui me l’a révélé. Heureusement que ton frère a encore des contacts dans l’armée pour nous tenir au courant de ce genre de broutilles. S’il fallait compter sur Meredys… Les gamines ont été enterrées sans cérémonie. Ta tante a soudoyé les fossoyeurs. »

Stefan fronça les sourcils. Il avait omis cette vieille rancune que sa mère alimentait contre Meredys.

« Vous pensez qu’elle est impliquée ? »

Joanha se tordit en éclats de rire, sans doute pour contenter ceux qui, de loin, écoutaient aux portes de leur conversation.

« Je ne pense rien du tout, Stefan, cracha-t-elle. Mais je n’ai aucune confiance en elle. Elle me harcèle pour me proposer son aide dans ta campagne. Je ne sais plus quoi répondre. Elle est de ta famille, je le sais… Et cette petite escapade à Ophis. Tu sais qui faisait partie de ses invités ? Adma Valran, la présidente du parti socialiste, Donovyn du parti social-libéral et même certains de tes concurrents. Charloo Artos, Gabrien Harda, j’en passe. Elle lèche les bottes des grandes maisons. Tu devrais t’en méfier.

—Si c'était du mal qu’elle nous souhaitait, elle n’aurait pas attendu deux mois ! Elle est ma tante et notre hôte.

— Elle est la demi-sœur de ton père, le corrigea Joanha, et pourrait devenir notre geôlière. Tu couches avec son fils ! Attends qu’elle le découvre et nous verrons bien si son sang est plus important à ses yeux que son honneur personnel. »

Stefan ne savait que penser. Sa mère disait vrai, il en avait la conviction. D’un autre côté, l’appui que pouvait lui fournir sa tante n’était pas négligeable.

« C’est pour me dissuader de la voir que vous êtes venue ? »

Il se garda bien de confesser à l’impératrice ce que Candys lui avait raconté sur la milice et le Sicaire.

« Pour te mettre en garde, c’est tout. Ne la mésestime pas.

— Ne vous inquiétez pas pour moi. Groucha est à mes côtés, qu’elle tente de me tanner et elle goûtera à ses crocs.

— J’espère que tu ne comptes pas utiliser la même stratégie pour séduire le Congrès », désespéra Joanha.

Sur ce, elle fit signe à Théa et tira sa révérence.

Le train ducal arriva plus tard dans la soirée, sous un tonnerre d’applaudissements. La locomotive n’avait pas fini de cracher sa vapeur que la porte du premier wagon coulissa déjà pour laisser sortir les passagers, Meredys Incarnat en tête.

« Oh, neveu ! Je suis si heureuse de te voir ! »

Elle ignora le cortège de serviteurs et de caméristes et pressa Stefan contre sa poitrine, aussi fort qu’elle le pouvait. Pour une fois, la duchesse avait troqué le rouge et les fioritures de ses robes de créateurs pour une tenue de voyage blanche et simple : une chemise en lin, rehaussée par un foulard de soie, et un pantalon très large. Une tenue ophisienne qu’elle s’empresserait de remplacer, une fois dans ses appartements.

Lasse d’étreindre son neveu, Meredys caressa Groucha de sa main valide puis poussa un petit cri de rongeur.

« Mon fils ! » Elle couvrit Edrian de baisers. « Tu as bonne mine, qu’est-ce qui t’arrive ?

— De bonnes nuits de sommeil », plaisanta-t-il. Stefan lui jeta un regard réprobateur. « Où est Sebastan ?

— Quelque part, qu’en sais-je ? Il fait sa vie.

— Tu as fait bon voyage, ma tante ? »

Stefan souhaitait changer de sujet.

« Remontons les jardins ensemble, neveu. Que je te raconte. »

Les dignitaires avec qui la duchesse avait voyagé commençaient à sortir du luxueux wagon d’ébène et de rubis. Parmi les queues de pie et les grands chapeaux à voilette, l’oncle Trahgod descendit la valise de cuir de sa sœur. Stefan se remémora les mots de Candys. Il l’imagina à la tête d’une milice, cette brute de deux mètres et de cent kilos, aux longs cheveux blonds et filasses entortillés jusqu’aux cuisses. L’idée était sensée. Terrifiante mais sensée. Comme toutes celles de Meredys.

« Alors, Ophis ? » réitéra Stefan en dépassant une statue de tigre, à l’extrémité sud du jardin.

Il jugea s’être assez éloigné des oreilles indiscrètes.

« Je m’attendais à pire, minauda-t-elle. Les poissons étaient succulents, le coucher de soleil sublime et les funérailles mouvementées.

— J’ai vu, oui. C’était à prévoir.

— Pauvre Ariane, même morte, personne ne la laisse tranquille. Les gens deviennent fous. »

Meredys s’assurait de marcher à l’ombre des statues de fauves et des palétuviers, pour le plus grand plaisir de Stefan. Août avait été une fournaise et cette fin de mois ne dérogeait pas à la règle.

« Et Venator ? » s’enquit le Prince.

Meredys haussa les épaules.

« Ma foi, il allait bien pour quelqu’un qui se fait tirer dessus, enterre sa fille et fait arrêter son violeur de fils en plein pendant l’inhumation de ladite fille. Le tout le même jour. »

Stefan écarquilla les yeux.

« Son violeur de fils, tu veux parler de…

— Tu veux dire que la nouvelle n’a pas encore fuité ? Ma foi, Julian sait tenir ces bâtards de journalistes en laisse. Seth Venator est revenu, son père l’a fait arrêter. Fin de l’histoire. L’animal était armé. Il voulait sans doute faire feu sur l’assemblée. Il n’a pas eu le temps. Merci Déesse pour cela. »

L’image d’une Meredys pieuse décrocha un sourire à Stefan.

« L’Empire va l’interroger ?

— Ça, c’est le problème de l’ambassade, pas le mien. Je plains les Venator. Passer de Canterra à cette harpie de Decour.

— En espérant qu’elle soit moins complaisante que son prédécesseur.

— Les Venator ne seront bientôt plus un problème. » Sa main d’argent s’agrippa au poignet de Stefan. Les doigts se fichèrent dans sa chair, plus acérés encore que des coutelas. « Tu as d’autres sujets de préoccupation. Ceux du Cobra Borgne et de la vieille aigrie ne devraient pas en faire partie. »

Joanha disait vrai : Meredys s’intéressait de trop prêt à sa campagne.

« Pourquoi m’aides-tu ? » lui avait-il demander, un jour.

Sa tante l’avait dévisagé, circonspecte.

« Tu es ma famille, mon sang. Mais plus important encore, nous Pereterra régnons sur l’Empire depuis plus d’un siècle. Je ne laisserai pas un petit crétin saborder cet héritage. »

Stefan décida de contourner le sujet.

« J’imagine que tu vas t’empresser de te rendre chez la Weugrey, ma tante.

— J’irai, oui. Plus tard. Il est déjà trop tard pour arriver en avance et je n’ai aucune envie d’attendre mon tour pour pouvoir lui parler. En parlant de la rousse, je compte organiser un gala chez elle dans trois semaines. Un gala en ton honneur, pour que tu officialises ta candidature. »

Stefan passa la main sur une haie taillée en forme de vague. Dannie Weugrey était l’épouse du Secrétaire Général du parti socialiste. Les Pereterra étaient conservateurs. Les engrenages de cette nouvelle alliance ne s’imbriquaient pas.

« Elle est d’accord ?

— Pas encore, bailla Meredys.

— Trois semaines pour organiser un gala. Je ne connais pas beaucoup de nos soutiens qui seraient prêts à relever un tel défi, alors la Weugrey…

— Elle organise les meilleures soirées, elle a le plus beau domaine de Ciudacarmina ; ce qui est ironique pour une socialiste mais passons, personne n’est parfait.

— Cela ne veut pas dire qu’elle acceptera.

— Non, en effet. Mais elle acceptera. J’ai déjà prévenu les invités. Ils seront quinze mille, ils viendront des quatre coins de l’Araphis. De la Régalia, de l’Araphis, des provinces conquises, du royaume de Qu’Oth… »

Accueillis par des perroquets croassant aux crêtes multicolores, neveu et tante s’installèrent sous un vaste belvédère entouré de myriades de jets d’eau et de fontaines. Groucha se blottit paresseusement contre les genoux de son maître. Stefan lui gratta les oreilles, pensif.

« Quel est ton plan ? Tu dois bien avoir une idée derrière la tête. »

Penchée sur la rambarde qui donnait sur un petit lac où flottaient des nénuphars en fleur, Meredys crapotait, un cigare ophissien entre les doigts.

« Ma sœur, Moira ; ta tante. Tu t’en souviens n’est-ce pas ? »

Stefan acquiesça. Il ne l’avait jamais vue mais Joanha lui avait raconté comment son Empereur de mari avait vendu sa propre demi-sœur, Moira, au roi d’un territoire ennemi, Qu’Oth. La pauvre avait à peine quinze ans. Son acheteur avait le double. Le père de Stefan, lui, avait supervisé la transaction du haut de ses treize printemps…

« Je me souviens, oui.

— J’échange par lettre avec elle, depuis un moment. Figure-toi que son royal mari lui a fait trois enfants. Deux très beaux garçons. » Elle sourit avec malice. « Et une fille, Capra.

— Qui ne mérite pas d’être qualifiée de belle, elle ?

— Qui mérite surtout d’être qualifiée de bon parti. Elle a ton âge.

— Un mariage… »

Le foulard tâché de tabac, Meredys fit crisser ses doigts d’argent contre la rambarde. Groucha feula, Stefan ne le caressait plus. Avec son idée, Meredys allait trop loin.

Enfant, le Prince lisait souvent la presse. Pas pour les dessins qui provoquaient l’hilarité des garnements de son âge, mais pour les récits de l’après-guerre. De temps à autres, de vieux articles ressortaient à la une ; des chirurgies faciales pour les vétérans, les effets à long-terme des micro-fractures causés par les explosions de mines ou d’obus, la préparation des traités de libre-échange entre la Régalia et l’Empire… Mais le sujet qui le fascinait le plus, c’était Qu’Oth.

Le Royaume Tricéphale avait été fondé quand une illuminée du nom d’Ava Velerxès avait uni trois vieux territoires ; trois vieux territoires qui avaient constitué, trente ans plus tôt, les pires ennemis de l’Empire.

À Edenfjord, leurs crimes de guerre inondaient les pages des gazettes et hantaient les récits des chroniqueurs de radio. Stefan se souvenait encore du jour où, adolescent, il avait trouvé sa mère livide, au coin de la cheminée. Il ne l’avait jamais vue dans cet état, aussi saoule, aussi dévastée. Elle tenait entre ses doigts fébriles un communiqué officiel, rédigé par son époux. Le roi Teodyr Chimera de Qu’Oth avait avoué publiquement que les cent-cinq étudiants impériaux disparus depuis six ans avaient été retrouvés morts, enterrés dans le désert d’Aryio, la peau gravée des séquelles de mois de torture. Il avait assuré que les coupables seraient durement punis, pour ne pas compromettre le cessez-le-feu qui venait d’être signé entre le Royaume Tricéphale et l’Empire.

Mais Stefan savait. Il avait lu sur les lèvres de sa mère. Les coupables, les Kaedredin, courraient toujours. Ils gouvernaient toujours l’Archipel de Renryr au nom du roi Teodyr et continuaient de taire ce qui était arrivé aux étudiants et aux milliers de prisonniers de guerre et de diplomates, d’enfants, de femmes et de vieillards dont l’Empire n’avait plus de nouvelles.

À ce jour et malgré ses crimes odieux, Qu’Oth demeurait un bloc indestructible, le plus puissant bastion indépendant en conflit ouvert avec les autorités impériales. Et si Meredys disait vrai, cette Capra était la fille du roi Teodyr Chimera et de la reine Moira…

Et donc sa cousine.

Ironiquement, l’idée d’épouser une proche parente le gênait plus que d’en tringler un autre toutes les nuits. Surtout qu’elle, en bonne fille d’un roi despote, risquait de l’étrangler dans son sommeil.

« Je refuse de devenir une monnaie d’échange comme l’a été Moira, protesta Stefan. Le dernier mariage arrangé n’a rien changé à la situation politique.

— Et ? soupira Meredys. La paix n’est pas l’objectif. Si ça peut te rassurer, tu n’irais pas à Qu’Oth, c’est Capra qui resterait à Ciudacarmina. » Elle se débarrassa de son cigare d’une chiquenaude. « De toute façon, qu’importe ton avis. Le roi Teodyr a accepté la demande en mariage. La nouvelle sera annoncée, pendant le bal. Dans trois semaines, exactement. »

Stefan s’étrangla.

« Tu ne peux pas être sérieuse…

— Je suis on ne peut plus sérieuse, neveu. Ton père, ta mère, les Chimera, ils ont tous donné leur aval. Refuser maintenant déclencherait une grave crise diplomatique… et signerait l’enterrement définitif de ta carrière politique. »

Stefan se demanda si ses joues fumaient. Il était rouge, plus encore que ces sales fleurs, ces haies et ces bannières répugnantes. Joanha, Meredys, l’Empereur. Ils s’étaient joués de lui. Ils l’avaient vendu comme un sac de farine.

« C’est pour toi que nous faisons cela, poursuivit la duchesse. Le Congrès applaudira ton sacrifice. Ils aiment les patriotes romantiques. Les votants seront assez cons pour te croire à l’origine de ce projet. Tu nous remercieras plus tard. »

Sur ce, elle se pencha sur Groucha et lui gratouilla le museau.

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