Semaine 46 :(12 août au 18 août 2019)

2 minutes de lecture

 Ce soir, assis sur son vieux canapé, Fernand lisait un roman effrayant, et lorsque dehors, les chiens aboyèrent, son rythme cardiaque s’accéléra. Par habitude, il lança :

 — Louise ! Va voir au chenil ! Duke et Freezbee n’arrête pas japper !

 Quand, il n’entendit pas sa femme chausser ses sabots et décrocher le fusil du mur, la triste réalité lui arriva violemment à la figure tel un coup de poing : depuis maintenant deux mois, Louise était morte brutalement, d’un accident vasculaire cérébrale.

 Désormais, il vivait seul au tréfonds de la campagne. Son fils et sa fille passaient souvent le voir, mais ils ne pouvaient pas combler le vide qu’avait laissé Louise.

 Les deux chiens de chasse n’arrêtaient pas d’aboyer. Préoccupé, Fernand ouvrit la fenêtre et jeta un coup d’œil, entre les volets à demi ouverts. Obscurité totale, visibilité nulle. Tremblant de peur, il avait honte de lui.

 Le vieil homme ferma la fenêtre à toute vitesse, puis appuyé contre un meuble, il songea à Louise. C’était un véritable bonhomme dans un corps de femme. Elle aurait remonté ses manches, enfilé ses sabots, empoigné le fusil, puis sur le perron éclairé, d’une voix grave, elle aurait crié :

 — Ch’ais pas si t’es un renard, un rôdeur, un voleur ou le diable ! Mais casse-toi vite, sinon mes cartouches au gros sel vont te brûler l’cul.

 Nostalgique de cette vie d’antan, Fernand prit le fusil, puis il appuya sur l’interrupteur pour allumer les projecteurs extérieurs. En tant que pétochard, pour se donner du courage, il pensa à la paire de couille qu’il avait entre ses jambes. Louise la chérissait tant. De là-haut, elle devait l’observer. Il n’avait pas le droit de la décevoir. Décidé, en brandissant son arme, il ouvrit la porte et gueula :

 — C’est quoi ce bordel !

 Les chiens continuèrent à japper. Il quitta la douce lumière des projecteurs pour s’aventurer dans la pénombre direction le chenil.

 — Duke, Freezbee, je suis là ! lança-t-il.

 Il passa sa main à travers le grillage. Rassurés par son odeur, les cabots se calmèrent.

 Satisfait, Fernand murmura :

 — Maintenant, je vais aller dormir, et demain on fera une balade ensemble.

 Lorsque le vieil homme fit volte-face pour retourner dans sa maison, il vit une silhouette filer dans la nuit.

 Énervé, en tenant son fusil fermement, il cria :

 — Montre-toi, ou je tire !

 En entendant, une succession de craquettements derrière la haie, il pressa sur la détente.

 Détonation puissante, assourdissante, silence absolu. Fier de lui, en fixant l’obscurité, Fernand s’approcha lentement de son perron.

 D’un coup, une ombre fonça dans sa direction. Il eut à peine le temps de discerner une créature à la taille impressionnante qu’un bec aux dents acérées se refermait sur son buste.

 Douleur intense, agitation, dernière pensée. En mordant Fernand à la nuque, le canard l’acheva.

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