Jour 30 : Trouver avec Nagy Valentine

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Il était tard, ou du moins était-elle fatiguée de sa journée… Elle ne pouvait que le supposer, sa vue avait encore baissée et maintenant, elle ne faisait que deviner la luminescence des lampadaires extérieur. A tâtons, elle enfila avec peine sa chemise de nuit. La dentelle sous ses doigts était fine même s'il y avait quelques accros à cause de ses nombreux passages en machine à laver. Elle avait su un jour à quoi elle ressemblait dans ce tissu beige qui lui donnait des airs de poupées. Maintenant, elle ne faisait qu'apercevoir vaguement sa silhouette dans le miroir.


Allongé dans son lit étroit, ses yeux étaient grands ouverts sur le plafond, elle ne discernait plus rien. Elle ne voyait presque plus rien, et demain serait encore pire. Nagy le savait, elle finirait aveugle. Tout cela à cause de sa propre magie. C'était triste… La jeune femme aurait voulu continuer à regarder les belles choses qu'il y avait en ce monde. Elle se retrouverait à ne voir que les créatures douées de magie et leurs artéfacts : véritable concentré de brillance pour elle.


La fatigue et le silence avait rapidement plongé Nagy dans un sommeil profond. Là, elle n'y voyait rien, mais la normalité de la situation était paisible. Les yeux fermés, il n'y avait rien à voir, tout à rêver. Et c'est ce qu'elle s'efforçait de faire souvent : se souvenir de ce qu'elle voyait avant. Que ce soit le visage sévère et impérieux de son frère, que ce soit les gens effrayants du clan Rubis, son propre sourire mutin dans le miroir ou bien ses vêtements sombre de lolita. Quand elle voyait encore, le monde lui semblait moins sombre.


Sans se souvenir du pourquoi, la jeune femme s'était redressée en sursaut dans son lit. Le souffle court, le cœur serré, elle était paniquée. Elle ne voyait plus rien. Elle ne voyait plus rien. Le noir complet et ce même si ses paupières étaient ouverte à lui en faire mal aux yeux. Elle ne voyait plus rien.


Haletante, elle descendit de son lit à tâtons, ignorant la douleur de son orteil lorsqu'elle heurta ce qui lui semblait être le pied d'une chaise. Elle devait retrouver la lumière. Elle ne voulait pas rester aveugle. Pas tout de suite.



Ses pieds foulaient le sol, passant de la moquette aux vieilles lattes de parquet mal entretenue, ignorant les quelques échardes qui se figèrent dans ses pieds délicats. Nagy se cogna dans la porte de sa chambre alors qu'elle la pensait ouverte, elle voulait fuir son manque de vision. Elle priait pour que tout revienne.


Les mains portées devant elle, elle se laisse guider par son instinct et sa connaissance de l'étage, il lui fallait son repère. Son phare dans la nuit éternelle qu'elle subissait maintenant.


Nagy courrait presque dans ce couloir sans lumière, elle se prit l'épaule dans le montant de la porte qu'elle désirait atteindre. Elle se cognait, mais rien n'y faisait, elle ne sortait pas encore de son cauchemar. Par pitié, qu'on la sauve, qu'on lui redonne la vue !


Sous la douleur qu'elle avait enduré, la peur qui l'étreignait, des sillons de larmes avaient finalement envahit ses joues rebondies. Cependant ses sanglots n'éclatèrent que lorsqu'elle put voir enfin cette étrange aura de lumière bleuté, et celle plus vive, comme un petit soleil, attaché à l'oreille de cette silhouette.



  • Magyar… Etouffa-t-elle au moment où elle allait lâcher un sanglot.

Un bruit de chaise qui se tourne sur elle-même, et c'est comme si elle voyait le visage de son frère aîné. Il était assis à son bureau, la regardait sûrement avec surprise.


  • Nagy ? Questionna-t-il froidement bien qu'il n'eut pu cacher le trémolo d'inquiétude de sa voix.

La voix de son frère, de son phare dans la nuit, elle se jeta, sans plus de cérémonie, à ses pieds, agrippant sa jambe et sa main.


  • Je te trouve enfin ! Gémit-elle en laissant glisser sur ses joues déjà mouillées toute l'angoisse et la peur qu'elle avait accumulé en quelques secondes.
  • Nagy… Il ne faut pas que tu sortes de ta chambre pendant la nuit. Sermonna la voix grave de Magyar qui pourtant caressait doucement la chevelure grise et emmêlée de sa cadette.
  • Je ne voyais plus rien, il fallait que je te retrouve. Continua la jeune femme en sanglotant.
  • Je sais. Appelle-moi la prochaine fois, je viendrais. Assura Magyar qui faisait de son mieux pour apaiser les craintes de la jeune femme qu'il avait sous sa protection depuis leur petite enfance.

Le duo resta immobile le temps que la magicienne aveugle ne se reprenne et ne se laisse guider jusqu'à sa petite chambre. Là, bordée par Magyar, Nagy put se sentir moins perdue, là, surveillée par cette âme bleutée, elle ne se sentait plus engloutit par le noir. Elle avait retrouvé sa lumière, tout irait mieux pour cette nuit.

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