Quand ils m’ont appréhendée, j’étais très jeune, je n’avais encore chanté pour personne.

C’était l’heure de ma leçon, mère et moi, nous baignions dans le lac formant le cœur de l’oasis. Je venais de finir séduction, c’est au moment où elle me demandait de chanter persuasion, qu’ils apparurent à l’horizon.

Ils étaient une quinzaine, montés. Mère joignit sa voix à la mienne, nous chantions en harmonie, haut et fort, la mélodie portait loin, mais leurs montures galopaient droit sur nous.

Quand mère comprit à qui nous avions affaire, elle interrompit son chant et s’écria « Aranaé, cours, cache-toi dans les dunes, ce sont des tympans percés ! »

Nous avions entendu parler d’eux, depuis quelque temps, la rumeur circulait dans le désert, que les humains avaient formé des groupes d’hommes, dont les tympans étaient percés spécialement pour nous chasser.

Mère se battit comme une furie, déchirant nos assaillants des griffes et des dents, elle en tua sept avant de succomber, alors que j’étais déjà prise dans les rets que l’un des leurs avait jetés sur moi.

Dès qu’ils m’en extirpèrent, ils me bâillonnèrent.