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Après douze kilomètres, devant la façade du Mur de l’Atlantique, un musée mémoire relatant la seconde guerre mondiale, la guide nature annonça la fin de la randonnée.

— Merci pour votre accueil et pour votre curiosité pour notre belle côte d’Opale. J’espère que cela vous a plu. Si c’est le cas, n’hésitez pas à le faire savoir autour de vous ! Sachez que de nouvelles randonnées sont déjà programmées la semaine prochaine.

Sur la carte d’un randonneur, elle désigna les points de vue panoramique qu’elle appréciait pour

admirer le littoral, les falaises, la faune et la flore. Elle recommanda des adresses gustatives et tendit des cartes de visite pour promouvoir l’association qu’elle représentait.

Après cela, le groupe se dispersa rapidement.

Près de Marius, Marine s’anima.

— C’était bien, hein ? J’adore faire cette balade.

Effectivement, la jeune femme n’en était pas à sa première randonnée du littoral et avait délibérément ignoré toutes les questions dont elle connaissait les réponses sur le bout des doigts.

— Oui, c’était...intéressant. La guide explique bien… On sent qu’elle est passionnée.

— C’est la meilleure ! renchérit Marine. Oh fait, à propos de tout à l’heure…

Marius lui fit signe de la main qu’il ne voulait pas aborder la discussion et ajouta :

— Laisse, je ne sais pas ce qu’il m’est arrivé. Je me suis assez ridiculisé. L’affaire est close.

— Eh bien, moi je sais ce qu’il s’est passé. Ma mère aussi le sait, répliqua-t-elle en désignant Valérie qui terminait un coup de fil.

— Ta mère !

Marine acquiesça.

— Ecoute, le Brigantin n’apparaît pas à n’importe qui. C’est pour ça que les autres n’ont rien vu. Et il est impossible de capturer son image. Ceux qui l’ont peint se sont arrachés les cheveux. Sa représentation finissait toujours par disparaître de leur toile !

— Pff, arrête, tu me fais marcher.

— Mais non, je t’assure ! Seuls ses descendants peuvent le voir. Il fait partie de notre identité.

— Marine, je ne comprends pas ce que tu essaie de me dire.

— J’essaie de t’expliquer pourquoi on ne peut pas s’aimer de la manière que tu veux. Ne te souviens-tu donc rien de ton enfance ?

— Mon enfance ! s’écria le jeune homme. Quel rapport avec mon enfance ?

Marius leva les yeux aux ciel et gesticula. Cette période de sa vie lui était insupportable. Sa mère, naïve et psychotique l’avait trimballé à travers tout l'hexagone. Elle se fixait à des amants d’une semaine ou d’un an, le plus souvent maniaques ou pervers. Des beaux-pères, il en avait connu à la chaîne. Un jour, l’un d’eux l’avait emmené à la piscine. Sa mère était entrée dans une psychose telle qu’il n’y avait plus jamais mis les pieds avant le lycée, en cachette. Pas de souvenirs heureux de cette période, pas de moments dont il voulait se rappeler, du moins.

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