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Tandis qu’il réfléchissait, Valérie dessina un trait dans sa paume et appliqua sa main sur le front du garçon en prononçant l’injonction suivante :

— Que le sang se souvienne !

L’esprit de Marius bascula dans le vide et remonta le fil du passé de deux décennies. Son corps s'affaissa mais fut aussitôt rattrapé par les deux femmes qui l’allongèrent en position latérale de sécurité sur le sol sablonneux.

Valérie ôta sa main devenue moite et laissa une traînée rouge sur le front de Marius.

— Ne crains rien, ma fille. Cette réaction est tout ce qu’il y a de plus normale.

*

Marius jouait et s’amusait avec des enfants sur le pont d’un bateau. Des voix et des sons familiers remplirent ses oreilles. Il se sentait bien, à sa place. Sa vision devint flou et il se retrouva sur le pont supérieur. Le mistral caressait sa frimousse. Un géant coiffé d’un tricorne bleu nuit lui apprenait la manœuvre du gouvernail. Un jour, quand il aurait fait ses preuves, il deviendrait peut-être le capitaine du Nethuns. A moins que ce rôle ne revienne à sa sœur, plus intrépide.

Il jubilait à chaque fois que les voiles rouges étaient libérées pour prendre le vent. Un spectacle magnifique. Un jour, il courrait sur les mâts et cabriolerait pour les délivrer des cordages.

Il se souvenait à présent des symboles : la tête de mort, le tricorne et le sabre d’abordage. Sa famille avait traversé la mer de Norvège avant cela ; ils étaient maintenant dans la mer du Nord et des affaires courantes les obligeaient à se rendre à terre. Il était trop petit pour comprendre les difficultés des adultes, à peine haut comme trois pommes, il préférait nettement être sur le bateau.

Marius se souvenait : à tribord, les côtes anglaises et à tribord, les côtes françaises. Il se rappelait de l’insistance d’une fillette blonde pour aller sur la terre. Selon elle, cette expédition constituait une aventure à ne pas manquer !

Il se souvenait de la chaloupe qui s’éloignait du navire… de l’arrivée sur la plage, des gens, de la foule, des va et vient incessants...et de la femme…

Une femme s’était jeté sur lui en pleurant après son Alexandre. Enfin, elle l’avait retrouvé. Il ne devait plus jamais s’éloigner d’elle, plus jamais. Marius s’était débattu. Elle faisait erreur. Il n’était pas son petit garçon à elle… La femme confia qu’elle savait qu’il n’était pas son fils, car il s’était noyé quelques mois plus tôt. Elle lui avait demandé son prénom et avait cessé de l’appeler Alexandre et puis, elle l’avait emporté loin, très loin de la grève.

Marius se souvenait.

Quand il reprit connaissance, il considéra Valérie, sa véritable mère et Marine, son intrépide de soeur jumelle.

Tous les trois pleurèrent de joie.

Et dans l’horizon, le brigantin à voiles rouges brillaient de mille feux.

— Le Nethuns nous appelle, mon cher frère.

— Ne le faisons pas attendre plus longtemps. Allons le retrouver !

Fin

Place aux rêves...

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