Chapitre 14

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 Vous voulez de l’action mes cloportes ? Vous vous languissez, silhouette pendante, en vous fourrageant le calcife le temps que ça démarre ? Reposez vos morpions au chaud ! Ça arrive, croyez-bien ! Et pire que ce que votre lisier d’imagination peut échafauder… Y’a de larges encablures entre chez Soulet et la maison du bonheur, vous verrez. Mais en attendant, cramponnez-vous encore. Oh, à peine. Attachez la ceinture autour de votre gonfleur surgonflé. Bam, très bientôt ! Enfer et dame nation ! Mais tenez ! Tant que j’y suis ! Tant qu’on discute boustifaille et bide ! Que je vous raconte… Qu’je vous prouve que j’ai pas chômé pendant ces deux semaines préliminaires à aujourd’hui. À réfléchir à ce que j’allais servir à ces messieurs, j’ai autant mouliné du cerveau que du légume. Pour un casse-tête c’en a été un, et pas des moindres. Il fallait quèque chose qui puisse à la fois faire illusion sans être trop duraille, contrairement à un syndicat de cheminots. À force de me briser les chicots sur des recettes qui fileraient des cheveux à Thierry Marx, une idée m’est venue en matant les restes qui s’étaient amoncelés à côté des casseroles sales et des poêles graisseuses. Une idée sous forme d’image ; le souvenir doux, rassurant et chaleureux de ma grand-mère préparant le pot-au-feu quand on rentrait avec mes cousins et mon frère de la fête foraine, certains soirs d’août, dans notre maison des Landes. M’est revenue la boursouflure des mains de Mamie pleines de cals empoignant les carottes, les pommes de terre et les oignons qui restaient des jours précédents avant de les couper en deux. Les bruits des clac-doigts, gagnés ou volés, qu’on faisait exploser derrière elle pour la surprendre, connards qu’on était, tandis qu’elle préparait la viande. Allez savoir comment, la nostalgie m’a même reflué en odorama, à tel point que j’ai décidé de réutiliser le pot-au-feu de Charlotte pour le concours. J’y foutrai tout comme elle, à ceci près qu’au lieu de mettre du …………… et de la ………………, je remplacerai par souci de modernité par du ………….. et des ……………….. (je suis un type hors-norme : en plus de t’offrir de la littérature first-choice, je te laisse le choix de la bouffe !).

 À dire vrai, je me rappelais tous les gestes et les cuissons ; comme si à force de retapisser mémé mes mouvements d’enfant les avaient intégrés par mimétisme… Tous les chiares ont cette capacité d’intégration, qu’ils perdent au moment où leur glandulaire se la joue compteur Geiger. Faites pas les outrés, vous qui seriez plutôt outres, passé quatorze berges, on rejette plus qu’on absorbe. Dès lors on vit sur des acquis ; c’est le monde qui nous vieillit dessus… Pourtant, si coton à croire que ça puisse sembler, après quelques essais un peu merdochards, mon pot-au-feu tenait mieux la route qu’une Fiat Punto dans un virage verglacé. Suffisamment en tout cas au nez et à la vue pour confondre les jurés. Je me refaisais mentalement la recette quand soudain : brr brr brr ! Et brr brr brr encore ! Mon téléphone qui vibre, qui marteau-pique, qui remue, qui s’ébroue, qui sirtakise, qui claque des chasses, qui godemichète, qui se ploie, qui s’emploie, qui se déploie, qui sismise, qui joue de la harpe à moteur : qui m’annonce l’arrivée de plusieurs messages successifs que par commodité (au cas où tu y sois), je te retranscris sans fautes car ils en sont bourrés : « C’est Faustine, amène-toi vite. Dépêche, c’est du salingue. De l’urgent ! Putain de nom de Dieu de chiasse. Je suis au premier, ici sur le plan. Côté Sud. Radine, pronto ! »

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