Chapitre 11

5 minutes de lecture

-  Je t’en ai même deux pour le prix d’une, bulbaga. Crois-moi bien qu’le pélican qui m’a baluchonné sur Terre il a pas lésiné là-dessus, parade-t-elle en se tapotant la tempe.

-  Arrose la soluce, Gamine, et arrête tes torsebombades. Tu te fais si bien reluire le melon que le soleil va en perdre son emploi.

-  C’était pour être sûre que de capter toute votre attention, se déformalise Faustine. Maintenant que c’est moi qu’est la parlanche, j’vas vous demander de me faire l’honneur de m’la laisser. Primo, ce serait bien Satan si qu’on arrive à déhotter le trésor sans parvenir à mouler les clés du portique à un des gardes-chiourme, z’êtes pas d’avis ? Je dis pas que j’ai encore la main leste comme à l’époque, mais cinq ans à larciner les porte-lasagnes dans les tramwailles ça façonne des réflexes, pouvez m’faire confiance ! Ni vulve ni conne nue on sortira !

-  C’est brameux ta méthode, me permets-je d’interjeter. Ça repose juste sur le fait que…

-  Ta ta ta ! m’interrompt l’Intempestive. Qu’est-ce à dire ? T’as la mémoire qui déquille ? Je t’ai demandé quoi, pas plus tard qu’à l’instant de tout à l’heure ? C’est moi que j’cause, et vous qu’écoutez. Si personne n’est capable de respequeter son rôle, c’est tout qui s’en va à bolo. Niaise que vous me croyez, j’en suis consciente, mais attendez de voir le secundo.

 La Gosse se ménage une plage de silence afin de ménager son effet. Le temps que ça dure c’est déjà fini, et elle reprend. Depuis que je la pratique, je peux vous mettre dans la confiture : la patience ça a jamais été son dada à Faustine ; contrairement à Marcel Duchamp qui le pratiquait en plein. C’est un marteau-piqueur : elle trépigne plus qu’elle ne vit.

-  Secundo disais-je, dit-elle effectivement. Si dans l’hypothèque improbable où que mon plan initial tournerait court et le portail se retrouverait fermé, je m’ai fait la réflexion qui s’ensuit : au moment où on s’apercevra du vol, dans quelle direction vont illico se presser les vigiles ?

 Rodolphe lève timidement la main pour répondre. Faustine, tempérante, lui virgule son approbation d’un hochement de tête.

-  Vers le seul endroit où la fuite est possible : donc la grille.

-  C’est bien ce qui me semble-t-exact, Rodolphe. T’as le presse-purée qui moulinexe plus rapidos que ton frangin, s’exclame la Perfide. Il tourne baderne avec les siècles. Dommage qu’on ait déjà réparti la troupe, ça me trouve. T’aurais fait un bon faux père Dodu à l’intérieur.

 Le flatté se rengorge et s’efforce de rester humble. Cependant sa fausse modestie est si percpetible que ça le rend imbuvable.

-  Les gardes vont vers la grille, et donc ? m’impatienté-je.

-  Ben t’alors que donc t’as pas assez écouté en histoire et géographie. Plus occupé par la bagatelle que par les grands lacs, je présume. Sinon que t’aurais entendu parler de Robin des Bois et de Napoléon. Les deux c’qu’ils avaient en commun c’est l’ingéniosité ; la malice pour se sortir de toutes les situances, que ce soit pour gagner sa croute ou Bruxelles. Moi qui ne les ai pourtant pas connus de vive voix, la faute à qu’ils sont nés trop tôt pour m’en serrer cinq, je m’ai pourtant hérité de leur intelligence !

-  Toi ? je m’étrangle.

-  Attends, écoute-la donc plutôt que de jouer au coq. Faustine nous a déjà prouvé qu’elle avait du bon sens, hypocritise salement Caïn.

-  Merci Rodolphe. Et oui, grande nouille, parfaitement moi ! elle m'invective. Attends de voir ! Les deux maréchals je m’en vais appliquer leur tactique favorite.

-  Napoléon n’a jamais été maréchal, intransige Rodolphe.

Moi, jamais en trêve de sacrasme ni de vérité historique, je me permets de m'envoyer les deux à la fois :

-  Parce que Robin des Bois oui, peut-être ?

-  Vous me courez ! s’énerve Faustine, la bouche en forme de vespasienne. Je reprends donc là où que j’en étais pré-sandalement. Les deux cardinals, donc, ne juraient que par une seule stratégie : la diversion ! Vous me suivez ? Bien. Vlà mon idée : pendant que les lèches-matraques déboulent dans l’allée principale, nous on court se planquer dans le jardin qu’est immense le temps que ça redevienne aussi plat que l’encéphalogramme d’Anasthase. Ce qui arrivera puisque nos matuches croiront qu’on leur a tout bonnement grillé les bonnes manières et qu’on les a mis par ils ne savent quel moyen. Y’a plus qu’à attendre la noye et c’est qu’une crocheture à opérer avant de la jouer grand large ! Et crois-moi j’en ai maté, de la bouclette retorse qui se laissait pas ouvrir, tente de nous rassurer Miss-Doigts-de-Fée.

-  Rien ne te turlupine Môme ? je lui demande.

-  Quoi t’est-ce qui devrait ?

-  Les molosses. Qu’on se cloque sous un bananier géant ou caché derrière une feuille de salade ils nous trouveront.

-  Pas sûr qu’on en croise, t’as entendu des aboiements toi depuis qu’on a posé la tente ?

-  Je mettrai ma pogne à couper que le chenil se trouve quelque part, clos pour le moment. Tu veux vraiment prendre le risque ? C’est carne, un clebs, et sans pitié. Ça déchiquète jusqu’à te transformer en patchwork de peau et de tendons.

-  J’suis de ton avis Nasse, crois pas. Sûr qu’ils roupillonnent pour le moment mais qu’y z’attendent que l’ouverture de leur crèche. Seulement les mignons nous retrouveront pas.

-  Comment ça ? Tu comptes leur boucher le nez à distance ? Eh, rebranche Gosse, c’est pas le moment d’élucubrer ! Ressaisis-toi.

-  C’est toi qui va te saisir, croulant ! Si tu peux encore... Déjà que je me permette de me soumettre de bonne grasse à vos charriades quand je me plie en quatre pour vous confectionner un plan tout en dentelles ; c’est pas pour qu’après tu sarcastises à tire-haricot ! Je te dis qu’ils nous flaireront pas, les chiens, et tu sais pourquoi ?

-  Non.

-  Là où qu’on se présente, c’est bien un concours de bouffe, t’es d’accord ?

-  En effet.

-  Et ton plat, tu comptes l’accomoder avec quoi, eh andouille ? guéméné-t-elle.

 Elle me désarçonne avec ses questions gastronomiques la Pépée. J’ai du mal à vouloir où elle veut en venir avec ses aromates. Puis, soudain, j’entrevois, j’aperçois, je subodore, j’épouse l’évidence, j’enjambe, je devine, je cristalboule, j’évapore l’incertitude et enfin : je comprends !

-  Avec du sel… et du poivre ! C’est comme ça qu’on les perdra !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Smaguy ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0