Mes adieux

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Je franchis le portail de mon lycée, peut-être pour la dernière fois. Je suis émue. J'ai envie de pleurer bien que je sois ici pour fêter les résultats du Bac. C'est plus fort que moi. Je suis nostalgique de tous les moments que j'ai passés dans l'enceinte de cet établissement. Et voilà que je le quitte après trois années qui se sont envolées par je ne sais où. Les souvenirs sont à la fois réconfortants et douloureux.

Je retrouve mes amis. Je te retrouve, toi. C'est assez déstabilisant de te revoir après cette lointaine soirée où nous avions laissé libre court à notre passion interdite. La cérémonie de la remise des prix est assez chouette. J'ai rigolé. J'ai profité de mes amies, de mes camarades de classe. J'ai tenté de garder en mémoire tous les détails de la cantine, de la cours du lycée, du grand arbre à présent dénudé. J'ai essayé ensuite de t'être indifférente comme tu l'es de moi, ce matin sans que je sache pourquoi.

Je me suis attendue tout de même à ce que tu viennes féliciter ton élève. Nos regards se sont croisés, et tu es resté atone face à mon sourire. Je suis peinée. Je suis blessée. Je t'aime. C'est la plus irrévocable des vérités. Où sont partis tes sentiments ? Je suis certaine que tu en éprouvais à mon égard. Ça crevait tes yeux verts que tu avais un faible pour moi. Cherches-tu à fuir ? Je suis consciente qu'il n'y aucun avenir, mais laisse-toi aller une dernière fois. Regarde-moi. Aime-moi ce dernier jour puis oublie-moi pour toujours.

Les conversations roulent, joyeuses, sous le soleil estival d'août. La brise est fraîche. Les rires aussi. Nous rejoignons un groupe de professeurs. Quelques uns prennent la parole et discutent des études universitaires. Tu es là, accoudé à la balustrade. Tu écoutes les conseils de tes collègues. Puis alors qu'un silence amorce sa naissance, notre professeur de physique, après t'avoir jeté un regard ambigu, déclare cela :

- Vous êtes tous invités au mariage de votre professeur de mathématique, le trente septembre.

La chute. Et pas des moindres. Le vertige. La décrépitude. L'affliction. L'échéance. Un mariage ? Depuis quand ? Pourquoi ? Des acouphènes m'empêchent d'entendre les exclamations de mes amis. Les filles rient, les garçons te félicitent d'une tape amicale sur l'épaule. Tu as un petit sourire gêné. Tu ne me regardes pas. Tu ne me regarderas plus jamais.

Avais-tu une fiancée même lorsque tu me regardais avec tes petits sourires en coin ? Avais-je été une distraction pour toi ? Un moyen de profiter encore de ta liberté ? Je doute à présent de ta sincérité. Qui es-tu ? Je ne te connais pas. Celui dont je suis tombée amoureuse ne pouvait se comporter ainsi.

J'ai envie de pleurer mon chagrin. Mais je me retiens devant mes amis qui jugent déjà assez mon mutisme et mon expression froide et détachée. Je ne suis pas bonne comedienne : mes sentiments transparaissent sur mon visage. Tout est de ma faute.

J'avais pris le risque de tomber pour toi. Alea jacta est. Mon coeur ne peut se détacher à présent. Il est trop tard pour aller de l'avant. Tenter d'oublier que j'ai cédé à l'espoir hautement ridicule de t'avoir à moi. Le sort en est jeté. Je suis prise au piège.

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