Tout, à l’évidence, est recouvrement

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Tout, à l’évidence, est recouvrement, depuis les lourdes terres géologiques jusqu’aux plaines et aux collines de notre temps présent. Ainsi notre espèce : l’Homo Sapiens a recouvert le Néandertalensis, lequel a recouvert l’Erectus, lequel l’Habilis, lequel l’Afarensis et ainsi de suite jusqu’à la nuit des temps. L’art romantique a recouvert l’art classique, lequel a prospéré sur les traces du symbolique. Le Cubisme s’est développé sur les ruines de l’Impressionnisme, lequel prenait son essor sur la chute du Réalisme. Le recouvrement, bien plutôt qu’un mouvement particulier, subjectif, est le moteur objectif par lequel fonctionne l’Histoire, il a valeur universelle, valeur ontologique éminente puisque tout processus biologique vit sur les cendres des énergies qui l’ont précédé. Tout est ainsi recouvrement à l’infini.

   Mais il nous faut interroger, maintenant, cette silencieuse « Vierge Noire ». A l’évidence elle procède d’une esthétique de l’effacement. D’abord tracer les contours de la forme humaine, puis, à contre-courant de la logique picturale traditionnelle, en détruire patiemment l’esquisse à coups de brosse vigoureux. Laisser seulement, ici et là, quelques lunules de clarté, l’éclat de la chair, le satiné d’une peau. Non dans le cadre d’une volonté de réaliser les conditions d’apparition du beau. Non dans la direction d’un dessin qui affirmerait les nuances du bon goût. Non en raison de dresser la statue d’une « belle âme ». Et ici, l’on voit combien ce travail de foisonnement sur l’œuvre initiale vient à contre-courant de l’icône de bois polychrome de la « Vierge Blanche ». Cette manière de peindre de l’Artiste contemporain est radicalement iconoclaste. Elle détruit les valeurs du classicisme, elle renie les lois de la perspective, elle foule au pied toute règle de composition. Avançant, progressant, elle détruit, « dé-construit », « dé-figure », autrement dit plonge la figure humaine en sa condition originelle de boue non encore modelée, d’où sortiront l’homme, la femme commis à « croître et multiplier ». Ici, croissance et multiplication ne trouvent leur actualité qu’à l’aune d’une profusion de lignes qui se contredisent et s’annulent mutuellement.

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