Perdre un être cher ( texte particulier)

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J'écris aujourd'hui sur ce thème là, car demain est un jour spécial. Un jour que j'aimerais à la fois graver dans ma mémoire et à la fois oublier. Demain c'est le 17 octobre, somme toute un jour normal. Mais pas pour moi, pas pour ma famille. Demain, feu mon frère aurait dû avoir 24 ans, il aurait dû savourer sa jeunesse, il aurait dû rêver à un avenir meilleur, à un avenir tout court. Il serait peut-être en dernière année d'études ou aurait eu envie d'aller en doctorat ( ce que je ne crois pas le moins du monde). Surtout, il aurait dû être là, ici sur Terre, en vie. Pas sous terre, pas dans une jolie boîte en bois qui abrite son corps sans vie. J'aurais dû l'entendre rire, se fâcher, pleurer, râler, exposer ses idées, justifier ses points de vue. J'aurais dû le voir sourire, danser, jouer avec ma fille, ronronner auprès de la personne qu'il aime, charrier mes parents, rougir quand on lui fait un compliment. Dans ses yeux noirs, j'aurais dû y lire la joie. J'aurais dû goûter ses premiers exploits en cuisine, manger ses premiers gâteaux, partager de nouvelles saveurs qu'il aurait découvertes au gré de ses aventures ici ou ailleurs dans le monde.

Cependant, je ne connaîtrais jamais tout ça. Pourquoi ? Parce qu'il n'est plus là. Je ne peux que me rendre sur sa tombe, parler à du marbre froid, y déposer les plus belles fleurs et c'est tout. Je ne peux qu'invoquer sa mémoire, me rappeler les bons souvenirs des 10 premières années de sa vie, lui adresser des prières silencieuses. Les cadeaux que j'avais envisagé de lui offrir, je les ai relegués dans un coin bien caché de ma mémoire, les mots que j'aurais aimé lui écrire dorment sur les pages désormais fermées de mon journal, les chansons que je lui réservais ne seront jamais mises en musique. Seul le silence fait écho à ma douleur.

Parfois, lorsque j'entends le vent qui murmure à mes oreilles, je m'imagine que c'est lui. Par moment, l'odeur de ses cheveux chauffés par le soleil envahit la pièce dans laquelle je demeure. De nouveau, je crois que c'est lui qui est là. Parfois, je le vois en rêve, j'essaye de lui parler, or aucun son ne sort de ma bouche. Figée dans le monde de l'inconscience, je ne suis qu'un passant, un esprit voyageant dans cet entre-deux, une entité qui n'appartient pas encore à cet univers.

Ces jours-là, le réveil est encore plus difficile, mon coeur est comprimé dans ma poitrine, mes larmes sont au bord de mes paupières et la vie prend un goût amer. Un goût d'absence, de manque, de souffrance.

On me dit que la douleur s'atténuera avec le temps, mais il n'en est rien. Les tourments sont là et il ne disparaissent jamais. Tapis dans un recoin de mon être, ils attendent leur heure pour enfoncer leurs épines acérées dans ma chair déjà à vif, me susurrer les mots que j'avais tenté d'enfouir au plus profond de mon être, raviver mon malheur, maculer mon visage, alors émacié, de larmes brûlantes. Les larmes ardentes de la tristesse. La trace d'un désarroi qui ne me quittera jamais.

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