Le marbre

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D'aussi loin que je me souvienne, ma famille a toujours été liée de près ou de loin à la mort. Marbreur de père en fils, notre entreprise bien que très familiale devint célèbre avec le monument de la famille Morre. En effet, ce fut mon père qui réalisa les urnes dans lesquelles reposaient les membres de cette lignée maudite.

Cependant, à cause de cette malédiction, le dernier dirigeant de l'entreprise, mon frère, décida de ne plus s'occuper des défunts de cette triste famille. En lui, sommeillait la peur de recevoir un bouquet de roses et de figurer sur la liste fatale. Heureusement, cette décision n'entacha pas la réputation de notre famille et de nos jours les clients se comptaient par milliers.

Dernier de la fratrie et terriblement rebelle, je choisis de me lancer dans une autre voie que celle déjà tracée par mon illustre passé. Je ne serais pas marbreur, non. Je ferais autre chose de ma vie et déciderait seul du la branche dans laquelle je m'engagerais.

Délaissant mes études de marbrerie, je m'orientai plutôt vers l'occulte, l'ésotérisme. Je réussis à passer mon diplôme de chercheur et entrai dans l'une des plus grandes section de recherches sur l'occulte.

J'étais à l'apogée de ma jeunesse, je me sentais invicible, inatteignable et surtout immortel. Malheureusement, on ne peut jamais vraiment faire table rase de son passé...

Une nuit, alors que je rentrais du travail, éreinté par les nombreuses recherches que j'avais menées sur les mystérieuses morts de la famille Morre, je trouvai la porte de mon appartement entrouverte. Une terreur envahit mon être et un mécanisme de protection se déclencha dans ma tête.

Avec prudence, je m'approchai de mon lieu de vie et passai la tête à travers l'ouverture. Une étrange brume semblait avoir envahi ma maison. Intrigué, je tentai de dominer ma peur. Avant d'entrer, j'observai les alentours en quête d'une quelconque âme vivante. Personne à l'horizon. J'étais seul, dans un corridor mal éclairé, la porte de mon appartement ouverte et forcée. Avec précaution, je franchis le seuil et pénétrai dans l'entrée, sans refermer la porte derrière moi au cas où j'aurais besoin de m'enfuir à toutes jambes. Dans la pénombre du couloir, je ne percevais rien. Pas de bruit, pas de lumière, pas même un grésillement ou un ronronnement de machine. Tout était étrangement trop calme. Dans un effort désespéré, je tentai de discerner un mouvement dans les tènèbres de mon appartement. Pas âme qui vive. J'inspirai fortement et m'avançai un peu plus loin, une peur terrible me vrillant l'estomac. D'un geste mécanique, je posai la main sur mon ventre comme pour empêcher une douleur, un rejet.

 tâtons, je progressai dans l'obscurité afin de regagner le salon et d'enfin trouver une source de lumière. Non mais quelle idée de ne pas mettre d'interrupteur dans l'entrée, me sermonnai-je intérieurement. Lorsque j'arrivai enfin dans ladite pièce, je passai la main sur l'arrête du mur pour repérer le bouton. Je finis par tomber dessus et l'actionnai. Rien. Le courant ne circulait plus. La peur redoubla et je dus me reprendre plusieurs fois avant de continuer. D'un pas saccadé, mal assuré et cahotant, je gagnai la salle à manger. Mes yeux commençaient à s'habituer à l'obscurité et tel un chat, je scrutai les environs. Un imperceptible mouvement des rideaux attira mon attention. Je retins ma respiration et me plaçai en position d'attaque. L'oeil vif, aux aguets, j'attendais le bon moment.

Malheureusement, celui-ci n'arriva jamais. Un air glacial pénétra mon corps et j'eus la sensation d'être piqué par des centaines d'aiguilles. Le froid mordant pétrifia mes os, refroidit mon corps encore chaud quelques minutes auparavant. Un écho abyssal retentit et une hideuse apparition se dressa devant moi. Figé, pétrifié, incapable de bouger, je ne pouvais que contempler ma fin immimente. À mes pieds, un bouquet de roses écarlates... Bientôt je dormirais aussi dans le somptueux marbre gris de l'Après...

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