Je commençais à m’inquiéter des effets de mes soirées d'amour, enfin pour être précis, de ces petites demi-heures d'amour, sur mes performances footballistiques.

Je m’observais pendant les matchs et je mettais toutes mes erreurs sur le compte de cette fatigue physique et nerveuse supplémentaire et inhabituelle.

Je m'attendais à ce que l’entraîneur de l'équipe me dise : mec, je me fous de ce que tu fais la nuit, mais tu ne vas pas venir faire la sieste avec nous le dimanche.

Et puis j'étais fatigué de lui faire des massages toute la soirée, ce qui ne donnait pas en plus les résultats espérés.

Le lendemain, j'avais les mains tellement épuisées que je n'avais plus la force de serrer vigoureusement celles de mes coéquipiers à l'entrée dans le vestiaire.

Une solution pouvait consister à cesser de lui prodiguer mon art une fois qu'elle était endormie, sans la réveiller, car il semblait que l'endormissement était un sous-produit indésirable de ma méthode.

La décision.

Il fallait que ça change, et j'avais une semaine entière pour y réfléchir.

Soudain, j’eus une idée lumineuse : la patinoire, c’était ça la solution.

J'allais l'inviter à la patinoire de Marseille. Deux entrées et deux locations de patins, je pouvais m'en tirer pour pas trop cher.

Je ne sais pas pourquoi je n'avais pas eu cette idée plus tôt.

Je patine bien, en marche avant et en marche arrière, et je pouvais lui assurer que je ne la laisserai pas tomber.

Il fallait juste que je fasse attention à ce qu’elle ne tombe pas en arrière, car son manque de poitrine sur l'avant risquait de la déséquilibrer.

La gestion de centre de gravité est primordiale en patin à glace.

Et puis, c'était valorisant pour moi de sortir avec une nana qui présentai bien.

J'étais réellement très excité par mon idée.

J'étais même tellement excité que le samedi, je n'ai pas attendu qu’elle arrive, et je l'ai attendue dans le parking.

Quand elle est arrivée, je ne l'ai pas laissé descendre, et je me suis installé dans sa voiture.

Deux bises, et je lui fais part de ma décision: ce soir, on va faire du patin à glace à la patinoire de Marseille.

- Si tu ne sais pas patiner, ne t’inquiète pas, tu ne risques rien, je ne te laisserai pas tomber.

• Je ne peux pas y aller.
• Tu ne veux pas faire du patin à glace?
• Oui. C'est ça.
• Et, pourquoi tu ne veux pas y aller?
• Parce que j'ai mes règles.

Heureusement que j'étais bien assis, car les bras m'en tombent.

Elle avait ses règles, alors j'ai vu rouge.

Moi, si j'avais eu des règles, je me serai couché et j'aurais attendu que ça passe. Et je ne serai sûrement pas allé emmerder les gens chez eux.

J'ai tout de suite voulu savoir si ma confiance avait été abusée.

Et pour cela j'avais un point fort :

Depuis que je suis tout petit, j'ai toujours beaucoup plu aux femmes. Enfin, c'était surtout quand j’étais tout petit, mais je sais que j'ai un ascendant sur elles, et qu'elles ne peuvent pas me mentir. C'est un vrai pouvoir, totalement confirmé par les faits.

Mais si les femmes m'ont toujours dit la vérité quand je les ai questionnées, elles ont aussi pris aussi la mauvaise habitude de le faire, même quand je ne leur demande rien. Elles m'ont toujours dit mes quatre vérités, sans atténuer leurs propos, et je peux assurer que cette qualité se révèle le plus souvent très désagréable, voire douloureuse.

Aussi, je lui ai posé la question de confiance:

- Quand tu es parti de Manosque, il y a deux heures, tu avais déjà tes règles?

Elle me dit oui.

J'en étais sûr.

Alors, excédé je lui ai demandé:

- Mais, bon sang de bon sang, si tu avais déjà tes règles au départ de Manosque , pourquoi tu es venue, moi, je ne peux pas te soigner.

Sur ce, je lui ai expliqué que cette situation était pour moi totalement intolérable, qu'elle était une femme avec laquelle je ne pouvais absolument rien faire, et qui n'hésitait pas à me faire partager ses maladies.

Je lui ai demandé de retourner chez elle, et lui indiquais que tout était fini entre nous.