La rencontre

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En octobre 1972, une de mes belles-sœurs m'indiqua que la semaine précédente, elle avait montré à sa famille des photos, sur lesquelles je figurais.

Une de ses cousines présentes à la réunion lui avoua que je lui plaisais beaucoup, et qu'elle souhaitait me rencontrer. Elle habitait Manosque et était, aux dires de la belle sœur, très présentable, pour ne pas en dire plus.

C'était la première et dernière fois de ma vie que j'étais sélectionné sur photo.

La proposition m'a donc été transmise.


Mon départ au service militaire qui existait encore à l'époque, et qui durait un an, me fournit une excuse pour ne pas donner suite.


En fait, je n'étais pas chaud à l'idée de devoir être observé par les membres de ma famille, et de devenir ainsi, l'objet de tous leurs commentaires. Très indépendant de nature, j'avais toujours fait en sorte que personne ne soit au courant de mes activités, surtout de celles-là.





À mon retour du service militaire, en janvier 1974, un job dans une société de travail temporaire sur Marseille s'offrit à moi.


Cela me permit de louer un logement proche de mon lieu de travail, m'évitant de rentrer à Aix-en-Provence en moto tous les soirs.


C'était une très grande chambre, au plafond élevé, qui comportait une mezzanine accessible par une échelle. Et sur cette mezzanine se trouvait un très grand matelas incrusté dans le sol. La pièce était somptueusement meublée avec une table de camping, deux sièges pliants et une TV portative noir et blanc.



La belle-sœur me rappela avec insistance que sa cousine, qu'elle m'avait présentée il y a plus d'un an, était toujours disponible.

Cette fois, elle m'avait coincé. Car, n'ayant jamais vu la fameuse cousine, même en photo, je ne pouvais raisonnablement plus m'esquiver.


Je craignais qu'elle ne me réplique :

Tu sais, si tu n'aimes pas les femmes, on a aussi des petits cousins à te présenter à Manosque. Elle en était capable.


Donc, sans l'avoir vue, un rendez-vous avec la demoiselle fut fixé pour le samedi suivant à 18 heures, à Aix.



L'arrivée :

Grand moment. L'heure du rendez-vous a sonné ; il est 18 Heures.

J'ai vu une Austin mini verte qui s'est garée dans le parking devant la maison de ma mère. L'Austin mini, c'était la petite voiture des nanas dans le coup à cette époque.


Une fois descendu de chez moi, la porte de l'Austin s'ouvrit, et une super jolie jeune femme en est sortie.

Des cheveux clairs, un visage ovale…

Mais ce qui ressortait surtout de sa silhouette, c'étaient de fort jolies jambes, mises en valeur par une mini-jupe et des bottes.

Elle ressemblait un peu aux Clodettes de Claude François .


À chacune de nos rencontres, elle portera la même tenue.


J’étais très satisfait de ma nouvelle conquête, et me demandais pourquoi avoir attendu si longtemps (plus d'un an) avant de me décider à la faire venir.


Je lui proposai donc de faire un petit tour de moto avant de terminer la soirée dans ma chambre à Marseille.

Elle m'opposa un refus catégorique de monter sur l'engin, arguant tout simplement qu'elle avait peur en moto.


Elle m'aurait dit qu'en février, à la nuit tombée, elle avait peur de se geler quelque chose, tout le monde aurait compris. Mais, c’était moi qui conduisais la moto, je le prenais mal, car je ressentais cela, un peu comme un manque de confiance personnel.


Et de plus, ne possédant pas de voiture, je me retrouvais soudain dans une situation de dépendance, ce que je redoutais par-dessus tout.

Mais, il me fallait faire avec.

Ayant regardé ses jolies jambes, j'ai soupiré, et je me suis dirigé vers la portière passager de sa voiture.

Elle l'a ouverte.


Une bise, et nous sommes partis.


J'étais donc obligé de me faire conduire par une femme. C'était pour moi une première expérience. Et, cela ne me rassurait pas.


À peine entré dans la voiture, je commençais à me cramponner à tout ce que je pouvais. Pendant tout le parcours, j'étais mort de peur. Mes pieds s'enfonçaient dans le plancher, mon dos dans le siège, et ma main droite serrait la poignée de la porte. J'étais raide. À l'époque, l'autoroute reliant Aix à Marseille n'était pas achevée, et la route mal entretenue. Les phares de l'Austin permettaient juste de percevoir les nids de poule qui la faisaient tressauter.


Mon corps a commencé à se déraidir en arrivant à Marseille, et il ne s'est complètement déraidi qu'en arrivant à l'appartement.


Tout compte fait, j'aurais dû conserver un peu de raideur pour la suite.

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