Victor !

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Victor !

Comment as-tu pu donner mon adresse à Edouard ? Comment as-tu pu me faire cela ? Cet imbécile est à la limite de me commander de rentrer.

Je te demande pardon, je ne devrais pas m’emporter ainsi… Mais pourquoi me restreindre ? Tu n’as plus rien à me dire.

Alors oui je traiterai cet homme d’imbécile ! Et ce, autant de temps qu’il restera sur terre. Depuis quand se croit-il légitime de me donner des ordres ? De diriger mes actes ? Qu’il aille au Diable ! Par pitié, si tu m’aimes encore un peu, assure-lui que j’ai changé de logement. Que je suis morte ! Que je suis partie construire une nouvelle vie en Chine. Je t’en supplie. Je me réjouissais tant de ne plus devoir subir sa présence, ce n’est pas pour le retrouver, me harcelant de mots plus idiots et offensants les uns que les autres ! Je sais ce que tu vas dire : il m’aime, je lui manque. Non, Victor. Edouard ne m’a jamais aimée. Edouard aime mon physique et mon nom, mais certainement pas ma personne et mes idées. Souviens-toi, les fois où j’essayais de discuter littérature et art avec lui. Tout ça pour faire plaisir à Mère qui nous voyait déjà mariés. Cet homme n’a pas la moindre sensibilité. Et cet homme n’est pas capable de comprendre que c’est cette sensibilité qui m’anime, que ce fut la seule chose qui me maintenait en vie dans cette prison dorée. Comment pouvait-on me demander de faire ma vie avec un tel personnage ? Grossier, arrogant, et méprisant vis à vis de tout ce qui ne venait pas de lui directement.

Invente tout ce que tu peux, use de ton imagination je t’en conjure. Il n’est pas question que je reçoive une seule lettre de plus de sa part.

Cet individu a l’affront de signer « Ton bien aimé, Edouard ». Je me refuse de lui répondre, qu’il se fasse à cette idée.

Comment ai-je pu y être fiancée ? Si je sais ! Parce qu’il est Lord Edouard Galant, et que Mère aurait refusé que j’épouse un homme en dessous de notre condition.

Je vis cet épisode comme une trahison Victor, je croyais pouvoir compter sur ton soutien.

Je t’en supplie, fais au moins en sorte que Mère ne le sache pas. Il n’est pas question que je reçoive des lettres incendiaires signées de sa main. Quoique, la connaissant, elle serait sûrement trop fière pour s’adresser encore à moi. Tant mieux ! Eloigne le de moi.

Ta sœur, Ana.

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