Une autre vie

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Je ne peux pas m'empêcher de penser à la façon dont je me suis retrouvé dans cette situation. Je m'imagine parfois vivre dans un monde différent, un monde comme dans les livres et les films. Un univers où les personnes sont libres de faire et de penser ce qu'ils veulent. Parce qu'ici, tout s'apparente à une prison.

J'ai 17 ans et c'est comme ça que je vois la vie. Dans un an, je pourrrais faire mes propres choix, mais seulement si l'on décide de me libérer. J'ai l'impression d'être élevée comme un animal destiné à l'abattoire. Pourtant, je ne suis pas la seule dans cette situation. Des centaines d'enfants, garçons et filles, tous âgée entre 0 et 18 ans.

C'est toujours la même routine, les même tâches, les même personnes de chaque jour, chaque semaine de chaque mois. Tout est pareil! J'ai besoin de changements. J'aimerais pouvoir faire ce que bon me semble et pas comme un rat de laboratoire! Les pauvres, je sais ce qu'ils peuvent ressentir. Être constamment enfermé, observé, mais aussi de devoir jouer le rôle de cobaye pour des expériences dont le but nous est inconnu. Devoir passer des tests physiques, psychologiques, intellectuels et j'en passe. «C'est pour votre bien», disent-ils tous.

Depuis un moment déjà, je pense à un plan pour m'évader d'ici, mais tout est si compliqué et si stricte. Il est 6h du matin et cela doit bien faire 15 minutes que je suis réveillée et que j'observe le plafond, perdue dans mes pensées.

Je sors de ma couchette et m'habille. En effet, je dors dans une couchette. C'est un peu comme un lit, mais c'est très différent. Ça ressemble à une grosse pilule. Je m'explique, c'est comme un cylindre couché sur le côté. Le fond est un matelas. Environ à la moitié du cylindre, il y a une ouverture qui s'ouvre comme un coffre aux trésors stéréotypé. Cela ne dit pas grand chose à quelqu'un, puisque je vis en 9072. Étonnamment, la fin du monde n'est pas encore apparut, mais je sens qu'elle approche.

Je n'ai aucune idée de qui lira ces mots écrit par une adolescente un peu tourmentée, ni en quelle année ces pages de textes seront lu, mais une chose est sûre, c'est qu'il faut que quelqu'un connaîsse la vérité ou se souvenir de ce que nous avons vécu. Se souvenir de tous les enfants arrachés à leur famille, de l'éducation stricte que nous avons reçu, des punitions qu'on nous infligeait, des conséquences de chacun de nos faits et gestes. Je parle au passé parce que je suis certaine que lorsque quelqu'un lira mes pensées, nous serons bien loin dans les années. Elles auront passées sans que personne ne s'en rend compte.

La douleur et la souffrence auront disparues depuis bien longtemps. Jamais je n'aurais droit au bonheur et aux joies de la vie comme on connait dans les livres et les films. On m'a enlevé à ma famille quand je suis née. J'en veut à mes parents de les avoir laissés m'enlever à eux, mais maintenant je sais que s'ils m'avaient caché au gouvernement, ils seraient morts.

Ce que je sais aujourd'hui, me choque. Comment les humains ont-ils pu changer à ce point? À travers les années, certains ont mutés pour devenir des créatures mythiques, alors que d'autres sont devenus fous et sont à la rechercher de pouvoir. De n'importe quelle façon plus horribles les unes que les autres, des êtres surnaturels innocents qui n'ont rien demandé à personne.

Selon moi, les quelques personnes qui constituent le gouvernement sont les pires êtres de l'univers. Si seulement je pouvais changer les choses. Tout ce que je peux faire, c'est écrire l'horreur dans lequel notre monde est plongé.

6h du matin, je m'habille de mon uniforme obligatoire et me fait deux longues tresses serrées sur ma tête. Je n'ai jamais eu la chance de faire couper mes cheveux ou encore, de porte autre chose qu'une jupe, une chemise et un veston dans le ton de blanc et bourgogne.

. . .

17 ans. Voilà le temps que j'ai passé ici jusqu'à maintenant. Aujourd'hui, pour une raison qui m'échappe, nous renconterons les filles pour la première fois de notre vie. Depuis que nous avons été placer au Centre, jamais nous les avons croisé. Jamais. Si tout se passe bien, l'année prochaine, je pourrais enfin sortir d'ici et vivre ma vie sans soucis, mais pour l'instant, je dois m'habiller de ma chemise blanche et de notre éternel pantalon bourgogne. Tous les gars de ma chambre sont d'accord avec moi. Un pantalon de cette couleur, c'est vraiment laid. Il y a une autre chose sur laquelle nous sommes d'accord, nous avons hâte de voir les filles. C'est vrai, nous n'avons pas vu de filles pendant 17 ans. Ça fait long quand on y pense.

On aura droit qu'à une seule semaine pour apprendre à se connaître et à la fin, si tout se passe bien, il y aura un bal. Pour l'instant, nous essayons tous de nous faire le plus beau possible tout en respectant les réglements.

Dans cette bâtisse, il y a les garçons âgés de 15 à 17 ans, mais seulement les adolescents qui ont mon âge on le droit de passer une semaine en compagnie de filles. Je crois que c'est en préparation pour l'année prochaine. Si l'on avait à être libéré, il faudrait savoir comment se débrouiller avec une fille. Si on ne sait pas comment parler ou se comporter avec elles, on aura beaucoup de chemin à faire de plus.

Durant ces trois dernières années, j'ai vécu avec les trois même gars, tous des loups-garous comme moi. Et oui, je fais partit des personnes qui, avec le temps, ont mutés. Je connais des gars qui sont des sorciers, d'autres qui sont des vampires, des élémentaires ou encore, qui ont des pouvoirs comme se téléporter ou lire dans les pensées. Je me demande s'il y a juste les garçons qui peuvent avoir mutés. C'est vrai, peut-être que les filles peuvent être des sirènes ou se transformer en ange qui sait? Je n'en ai aucune idée. Tout ce qu'on sait des filles, c'est environ à quoi elles ressembles, parce qu'on ne peut pas se fier aux films.

Il ne nous reste que 15 minutes pour finir de se préparer et s'installer à la cafétéria avant l'arrivée des demoiselles. Je me regarde une dernière fois dans le miroir de la salle de bain pour être sûr que je n'ai pas l'air d'un clown et descend les escaliers vers la Grande-Salle remplie de tables. Nous nous installons comme d'habitude. La seule différence que je remarque, c'est la table du fond qui semble réservé pour quelqu'un en particulier. D'habitude, toutes les tables sont occupées, mais là il y a un écritaux avec l'interdiction de s'assoire à cet endroit.

Je discute avec amis en attendant la suite des évènements.

- Brune, blonde, noire ou rousse? me demande Jacob.

- Bonne question.

- Tu dois bien avoir une préférence quand même, réplique-t-il ensuite.

- Non pas vraiment et puis, de toute façon, on ne se fit pas aux apparences. On ne choisi pas quelqu'un pour son physique, mais pour ce qu'elle est non?

- C'est vrai, mais tu es sûr que parfois tu ne rêve pas d'une âme-soeur avec les yeux bleu, un ton bronzé, les cheveux bruns, les lèvres pulpeuses et ainsi de suite? me questionne Simon.

- Non. À quoi ça sert de se faire des idées pour être déçu à la fin?

Le son de la porte qui claque, interompt toutes les discussions. Le directeur fait son entré, toujours vêtu de son ensemble chemise, costard, cravate. Bien peigné, il sort tout droit d'un magazine de mode.

- Bon matin à vous. D'ici quelques minutes, nos demoiselles seront arrivées. Je vous l'ai déjà dit, soyez patients, compréhensifs et respectueux. Elles arrivent.

Un instant plus tard, on entend les portes s'ouvrir une deuxième fois. Deux gars se lèvent pour tenir ces dernières ouvertes. La première personne que l'on voit est une grande dame avec des cheveux bruns qui tournent au gris, tiré en un chignon impeccable, quelques petites rides par-ci, par-là sur le visage et une longue robe noir simple, cintrée à la taille. Sa robe lui arrive aux cheveilles avec des manches longues. Elle se dirige vers notre directeur qui lui, ouvre en grand ses bras pour offrir une accolade à ce que je suppose être la directrice des filles.

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