Aéroport International d'Ankara Esenboğa

— Lieutenant Chester et sergent Jumel, vous allez récupérer nos bagages, je vais avec le brigadier Costello au comptoir Hertz récupérer la voiture que nous avons louée. Bon, maintenant qu’on se connaît un peu mieux, je vous propose de simplifier nos relations en nous appelant par nos prénoms. Moi, c’est Trineo.

— Entendu Trineo, je suis Erwin.

— Yaëlle !

— Reine !

— Super ! Alors au boulot, Reine, avec moi, allons chercher cette bagnole, j’espère qu’ils ont choisi une caisse confortable ! La dernière fois, ils m’avaient loué une espèce de sauna à roulette digne du four solaire de C&V *.

— Comment ça ?

— C’était une mission au Brésil sous une chaleur suffocante, près de mille deux cents kilomètres de Rio à Brasilia… sans clim… avec la vitre chauffeur coincée, impossible de l'ouvrir ! Il paraît que c’était une erreur du bureau. Mais je revois encore le petit sourire en coin du freluquet qui m’a remis les clés et les papiers. T’en fais pas, il ne perd rien pour attendre celui-là. Il finira bien par croiser à nouveau mon chemin et ce jour-là, ce n’est pas moi qui serai étuvé…

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Conversation enregistrée (écoutes téléphoniques)

  Enregistrement du 28 septembre 2019, 20h15, entre Josip Kser et le chauffeur du camion transportant la marchandise, probablement les 1500 kilos de drogue. Actuellement repéré sur la route entre Gaziantep et Adana à quelques kilomètres d’Osmaniye.

  Traduction par les services de la DRS. Transmis par mail crypté à l’équipe Palo d’Escobar à Ankara.

— (voix identifiée de Kser) La voiture qui vous précède est à Osmaniye, vous vous arrêtez sur le parking de l’hôtel pour le changement de chauffeur. Cette nuit, la marchandise sera surveillée. Vous ne roulez pas de nuit il y a une opération militaire en cours et les contrôles seront sévères ; Vous attendez mon signal pour redémarrer, entendu ?

— (voix du chauffeur du camion) Bien reçu, Duc ! Nous serons sur le parking d’ici dix minutes environ.

— (voix identifiée de Kser) Deux gars vont venir changer les plaques, garez-vous au fond du parking derrière le camion identique au vôtre. ils vont vous donner les documents vous leur remettez les vôtres. Ensuite vous ne bougez plus. L'autre camion équipé de vos plaques repartira et entrainera ceux qui vous suivent s'il y en a. Compris ?

— (voix de l'autre chauffeur du camion) Compris Duc, on attendra vos ordres au lever du jour pour repartir.

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Dans l’antre de la veuve noire

  Dans la grande salle de réception de son château de Kandra en périphérie de Comrat en Gagaouzie, elle faisait les cent pas tout en hurlant au téléphone. Assis autour de la table, ses deux acolytes présents se tenaient cois et le garde du corps essayait désespérément de se faire le plus petit possible sur sa chaise à l’autre extrémité de la pièce. Malgré son mètre quatre-vingt-quinze et ses cent trente kilos, il était presque parvenu à se fondre dans le décor quand elle raccrocha et se tourna brusquement vers lui en éructant un ordre :

— Dmitri, va me chercher ce pleutre de Sacher et ramène le ici sans ménagement, file ! — et s’adressant aux deux autres — vous deux, préparez-vous, nous partons demain matin pour Tighina, une livraison doit arriver à Tiraspol en provenance de Turquie par Odessa. Vlad, tu t’y rendras et t’arrangeras avec tes amis militaires pour ramener les colis jusqu’à la capitale. Toi Bogdan, tu fais le nécessaire pour préparer l’expédition par Chisinau. (Bon sang ! Quelle bande de mollassons je dois penser à tout et tout faire moi-même, J'appelle Natacha...)

  Elle compose un numéro sur son portable en regardant ses hommes se préparer à sortir de la salle.
— Natacha, nous arrivons demain matin, prépare tout le monde, une livraison est en route, elle doit arriver sous peu à Odessa et de là sera transférée à Tiraspol puis chez nous… Comment ? Bien sûr que non, pas demain, c’est moi qui arrive demain, la marchandise d’ici cinq à six jours, je pense (quelle gourde ! Il va falloir la réveiller celle-là aussi !). C’est Vlad qui doit voir ça avec ses copains de l’armée… (elle fait exprès ou quoi !) Les Russes ou les Ukrainiens, je m’en fous, c’est son problème, en parlant des Russes, que devient la livraison d’armes prévue ? Quand ça... Ah, très bien ! On pourra peut-être profiter de l'armée pour escorter le camion jusqu'à la frontière, faire un convoi avec les colis en provenance d'Odessa... Oui on verra ça avec Vlad demain. As-tu avancé au sujet des flics français censés enquêter sur nos petits trafics, il paraît qu'ils sont arrivés à Chisinau ce matin...Ah, tu y partais ! Très bien, alors je te laisse.

—Tu as entendu, Vlad ? Il faudra, sans doute, prévoir un second camion à escorter il va falloir doubler l’enveloppe de ton commandant, pas de soucis ce sont des armes destinées à Tiraspol.

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Chisinau – Hôtel Cosmos

  Dès les formalités accomplies à la réception, Fleur convoque son équipe dans sa chambre afin de leur donner ses instructions :

— Nous ignorons si notre arrivée a été remarquée, à partir de maintenant méfions-nous de tout ce qui nous paraîtra anormal. Je vais me rendre au bureau Interpol avec Thalina pour prendre la température, Bella ira faire les vitrines du quartier des boutiques de luxe où trainent souvent les mafieux et leurs compagnes, Jacques la suivra discrètement à distance. Essayons de prendre contact s’il y a lieu, mais pas de prise de risque. On se retrouve ici pour dîner vers vingt heures.

— Entendu, capitaine ! Bella, si tu es prête, je te suis.

—OK Jacques, allons-y, nous verrons bien ! Je marche sur le trottoir de gauche et toi sur celui de droite, comme deux touristes en promenade, en route.

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Note : C&V = Cannelle&Violette association pour l’interdiction de la chasse et la protection du loup du Mercantour. Four solaire mobile nom donné au véhicule de l’association destiné au ramassage des pommes sauvages. (cf. "Le clown triste et la danseuse" du même auteur)