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Les chevilles et les poignets de Leïla saignaient. Par endroit la peau était bleue et à d’autres de fines entailles suintaient. Une semaine de menottes commençait à sérieusement se faire sentir dans tout son corps. Elle avait attaché ses mains autour d’un barreau du lit et elle avait fait de même avec ses jambes. Si elle n’était à proprement parler pas en extension, la position n’était pas des plus confortable. Elle parvenait à dormir sur le côté mais cela n’empêchait pas les crampes. Une semaine à dormir sans pouvoir bouger avait provoqué des contusions dans tous ses membres. Un torticolis avait pris ses quartiers jusques dans sa clavicule. Et pour finir, elle n’avait pas son compte de sommeil. Le soir, elle se couchait en attachant ses chevilles puis ses poignets, et au-dessus de sa tête la clef pendait dans l’attente d’être récupérée le matin avec ses dents. Elle l’attrapait ensuite avec une main et le reste était de la littérature, ses compétences d’agente lui avaient permis de se sortir de situation bien pires. Avec un tel dispositif elle s’assurait de ne pas se détacher la nuit. Cela avait l’air de payer car il n’y avait eu aucune mort inexpliquée et aucun esprit frappeur n’était venu l’assommer chez elle. Cela dit, l’expérience était peu concluante car elle n’avait pas quitté son appartement.

  A l’entrée de sa chambre, sa tasse de café dans la main, emmitouflée dans sa robe de chambre en satin, elle jeta un regard sur son lit. Voici donc à quoi elle en était réduite : se menotter pour dormir afin d’éviter qu’elle ne tue quelqu’un ou qu’elle ne se blesse dans son sommeil. C’était du délire. Et comme elle dormait mal, elle se réveillait tôt et voilà qu’elle éclusait les litres de caféine pour tenir. Un coup d’oeil à son réveil lui indiqua qu’il était presque cinq heures du matin.

  Agacée par la situation, elle se dit qu’un grand bol d’air pollué par les échappements de voitures lui ferait le plus grand bien et elle décida d’aller courir.

  Il n’y avait personne dans les rues quand Leïla se mit à courir. Pas un chat. Même les nettoyeuses de rues semblaient être au repos. C’est donc tout naturellement qu’elle entendit les gémissements apeurés dans l’angle de la ruelle.

  Tout aurait pu être réglé en quelques minutes si cette nana avait bien voulu se laisser faire. Il n’avait pas prévu de la blesser ni de lui faire du mal, il voulait juste lui tirer son sac. Si cette greluche avait accéléré un tant soit peu le mouvement, tout le monde serait rentré tranquillement chez soi sans histoire. Seulement voilà, il avait fallut qu’elle négocie, qu’elle panique, limite qu’elle crie. Alors forcément, il avait été obligé de la menacer et de lui entailler la joue. Et maintenant il était obligé de la plaquer contre le mur pour lui prendre peut-être pas plus de trente euros. Franchement, ça ne valait pas le coup. Kevin Quersh leva la main avec le couteau à cran d’arrêt qui lui servait à menacer la jeune femme quand il sentit soudain une résistance. Puis une douleur atroce irradia dans tout son dos, lorsqu’il entendit l’affreux craquement des os de son bras jusques dans son omoplate. Il sentit très précisément la tête de l’humérus éclater le bord de la clavicule et saillir sous sa peau. Le bruit atroce qu’il avait perçu ne lui laissait que peu d’espoir sur l’état du cartilage de celui-ci.

  Leïla était arrivée tout en douceur derrière l’homme qui menaçait une jeune femme blonde dans la trentaine. Lorsqu’il arma son bras pour frapper, elle saisit avec force le poignet et opposa une résistance entraînée. De son autre main, elle bloqua l’articulation de l’omoplate en tirant fort en arrière le bras qu’elle tenait. Sous ses doigts, elle sentit la tête de l’humérus sortir de son logement et quelques fragments de cartilages sous la peau. Vu la déformation que prenait son épaule, Leïla paria sur un éclatement de l’os. On devait être au-delà de la simple fracture. D’un coup de pied bien placé derrière la rotule, elle le fit se plier sur ses jambes et le mit à genoux. Tout en gardant fermement serrée sa main sur le poignet du bras en extension, elle fit glisser son autre main sous le menton et serra fortement le cou. Puis elle s’approcha de son oreille et lui susurra :

  - Si tu veux avoir la chance de rester en vie et que je ne te dénonce pas aux flics, tu vas lâcher ce couteau et repartir bien gentiment très loin d’ici. Tu réfléchiras à ta vie et tu te trouveras une autre occupation. Si je te recroise dans mon quartier autrement que pour vendre des marrons à Noël, je t’ouvre le ventre avec ton couteau et je te fais manger tes organes. Capito ?

  Elle le relâcha aussitôt en le poussant, sûre que l’état de son bras l’empêcherait de faire quoi que ce soit. L’homme roula sur lui-même et se traîna en râlant quelques mètres plus loin. Il se retourna alors et vit une jeune femme à la peau couleur sable doré en tenue de sport debout près de sa proie. Il se remit debout rapidement, tant bien que mal, et s’essuya les lèvres qui dégoulinaient de bave.

  - T’es qui toi ? Qu’est-ce que tu fous là ?

  Leïla ne prêta aucune intention aux propos de l’homme et pris en charge la jeune femme encore en état de choc. Toutes deux firent demi-tour et marchèrent lentement vers la rue éclairée.

  - Eh ! Me tourne pas le dos ! Tu m’entends pétasse ? Je te retrouverai ! J’ai ton visage dans l’oeil maintenant ! Mes potes et moi on te retrouvera connasse ! Et j’te f’rai la peau tu m’entends ! J’te crèverai salope ! Tu m’entends connasse ? J’te crèverai !

  Leïla lui souhaita une bonne journée à l’aide de son majeur dressé, avant de tourner à l’angle de la rue.

  La ballade de la veille lui avait fait du bien, à moins que ce ne fut la petite bagarre avec le type dans la ruelle. En tous les cas, elle avait de nouveau revêtu son survêtement et était repartie courir pour cette nouvelle journée.

  Après quelques pâtés de maison. Elle éprouva l’envie d’un bon déjeuner. Justement, un café faisait l’angle de rue suivant. Elle y trouverait certainement un bon café noir et allongé et un ou deux croissants.

  Elle eut à peine le temps de voir le reflet de l’homme derrière elle, dans la vitre du café, qu’elle sentit une brûlure intense sur son flanc droit. En baissant les yeux, elle vit la lame d’un couteau de vingt centimètres ressortir de ses vêtements tandis que ceux-ci prenaient une teinte qu’elle n’aimait pas. Elle eut soudainement très froid et la tête lui tourna. Elle s’affala de tout son long sur le trottoir devant la porte.

  Encore groggy, elle vit un homme se pencher sur elle, mais dans la brume qui obscurcissait son esprit elle ne put distinguer son visage. Il lui sembla qu’il portait une veste noire, comme un trench-coat. En tout cas rien de comparable au Bombers de cuir de son agresseur.

  - Vous n’allez pas mourir. Leïla… Faîtes-moi confiance, vous n’allez pas mourir… La voix était très lointaine, comme dans un rêve.

  - Je ne… Vais pas… Mourir… ?

  Puis le noir.

 La ballade de la veille lui avait fait du bien, à moins que ce ne fut la petite bagarre avec le type dans la ruelle. En tous les cas, elle avait de nouveau revêtu son survêtement et était repartie courir pour cette nouvelle journée.

  Après quelques pâtés de maison. Elle éprouva l’envie d’un bon déjeuner. Justement, un café faisait l’angle de rue suivant. Elle y trouverait certainement un bon café noir et allongé et un ou deux croissants.

  Elle eut à peine le temps de voir le reflet de l’homme derrière elle, dans la vitre du café, qu’elle sentit une brûlure intense sur son flanc droit. En baissant les yeux, elle vit la lame d’un couteau de vingt centimètres ressortir de ses vêtements tandis que ceux-ci prenaient une teinte qu’elle n’aimait pas. Elle eut soudainement très froid et la tête lui tourna. Elle s’affala de tout son long sur le trottoir devant la porte.

  Encore groggy, elle vit un homme se pencher sur elle, mais dans la brume qui obscurcissait son esprit elle ne put distinguer son visage. Il lui sembla qu’il portait une veste noire, comme un trench-coat. En tout cas rien de comparable au Bombers de cuir de son agresseur.

  - Vous n’allez pas mourir. Leïla… Faîtes-moi confiance, vous n’allez pas mourir… La voix était très lointaine, comme dans un rêve.

- Je ne… Vais pas… Mourir… ?

  Puis le noir.

  La ballade de la veille lui avait fait du bien, à moins que ce ne fut la petite bagarre avec le type dans la ruelle. En tous les cas, elle avait de nouveau revêtu son survêtement et était repartie courir pour cette nouvelle journée.

  Après quelques pâtés de maison. Elle s’arrêta. Une sensation de déjà vu désagréable lui trotta dans la tête. Elle eut le sentiment que quelqu’un la suivait et elle ne put s’empêcher de regarder régulièrement derrière son épaule.

  Elle courut de cette manière incertaine jusques à ce qu’elle éprouva l’envie d’un bon déjeuner. Justement, un café faisait l’angle de rue suivant. Elle y trouverait certainement un bon café noir et allongé, et un ou deux croissants.

  Toujours sur le qui-vive, elle aperçut le reflet de l’homme dans la vitre. A son allure rapide et aux mains glissées dans ses poches, ainsi qu’au regard qui ne la quittait pas, elle sut tout de suite qu’il venait pour elle. Il eut à peine le temps de sortir la main de sa poche que Leïla lui décocha un coup de coude dans le ventre, ce qui le força à se plier en deux. Elle lui balança un grand coup de genoux dans le visage et l’homme tomba à terre. Elle se jeta alors sur lui et retira le couteau de chasse qu’il dissimulait dans sa poche.

  - Ecoute-moi bien petit con ! Je ne sais pas qui t’envoie mais tu diras à ton patron qu’il aille se faire foutre. Si vous voulez ma peau qu’il vienne lui-même et qu’il ne m’envoie pas un minable petit sous-fifre. Je te laisse partir, mais pour que tu te souviennes du message… Elle saisit les doigts de l’homme et lui brisa à chacun deux phalanges. Son agresseur se mit à crier de douleur. Leïla se redressa et lui jeta un coup d’œil satisfait.

  - Barre-toi avant que je ne change d’avis. Et n’oublie pas de passer le mot.

  - Tu t’es mise dans de sales draps, pétasse. Je te promets qu’on n’en a pas fini avec toi. On te retrouvera. On n’en a pas fini avec toi espèce de pute !

Puis il partit en courant.

Oui c’est ça, si tu veux, pensa Leïla. Elle entra dans le café et commanda son petit déjeuner.

  Tandis qu’elle était au comptoir pour passer la commande, un homme se pencha sur elle, mais elle ne put distinguer son visage. Elle eut juste le temps de voir qu’il portait une veste noire, comme un trench-coat. En tout cas rien de comparable au Bombers de cuir de son agresseur.

  - Je vous avais dit que vous n’alliez pas mourir Leïla…

  - Hein quoi ? Elle se retourna dans la seconde, mais l’homme avait déjà disparu.

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