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Julie descendit de la voiture et essaya d’ouvrir le portail rouillé et récalcitrant. Elle avait beau forcer celui-ci refusait de s’ouvrir. Il était vieux, rouillé et haut. Un vrai portail digne des plus grands manoirs de films d’horreur. Elle insista encore sur les hautes barres en harpon qui lui faisaient face mais rien à faire, il était impossible à ouvrir.

  Aucun des deux mâles qui étaient restés sagement assis dans la voiture ne fit un geste pour descendre l’aider. Renaud était assis devant, côté passager et Alexandre était derrière.

  - On devrait peut-être y aller tu ne crois pas ? Je vois qu’elle est en difficulté manifestement… Il y avait une sorte d’ironie dans la voix de Renaud lorsqu’il s’adressa à son comparse.

  - Ta collègue m’a tout l’air d’être une femme forte qui n’accepterait pas de se sentir rabaissée par la présence d’un mâle autoritaire lui spécifiant clairement qu’elle n’est bonne à rien sans une paire de gros muscles. Alexandre eut un rire franc mais bref.

  - Okay. Tu as gagné je descends.

  Renaud descendit de la voiture et rejoignit sa secrétaire. Après quelques secondes, Alexandre le vit se baisser au ras du sol et tendre le bras entre deux barreaux, pour déloger un gros caillou qui bloquait le portail. Finalement les deux pans acceptèrent de s’écarter pour laisser passer la voiture. Ils remontèrent en voiture.

  - … lunettes ce n’est pas pour qu’elles soient dans ta poche ! Heureusement que je suis venu à ton secours !

  - C’est sûr ! Et heureusement que je suis une faible femme pour te faire croire que tu es un tant soit peu viril !

  Les deux rirent de bon coeur et Julie enclencha la première. Alexandre se demanda combien de temps il faudrait à ces deux-là pour se marier.


  La voiture était presque parvenue jusques à la maison lorsqu’un pneu s’engouffra dans une ornière. La voiture se retrouva bancale et porta presque sur trois roues tant la roue droite était enfoncée dans la terre. Les trois passagers descendirent et observèrent les dégâts.

  - Il faut qu’on la sorte de là, dit Renaud peu convaincu.

  - Ou alors on fait appel à une dépanneuse, proposa Julie sans plus d’enthousiasme.

  - Bon. Essayons de la sortir de là. A nous trois elle va peut-être bouger.

  Les trois amis se répartirent autour de la voiture et à force d’insistance finir par poser le véhicule sur ses quatre roues en-dehors de l’ornière. Malheureusement, la roue embourbée était définitivement défoncée.

  - Bon. Eh bien on en est pour changer une roue, reprit Renaud en se dirigeant vers le coffre pour y prendre le cric.

  - Si tant est que l’essieu ou la direction n’aient pas pris un coup. Tu as vu dans quel état elle est ?

  - Laissez tomber les gars, je vais appeler un dépanneur. Julie, toujours pragmatique, sortit son portable et essaya d’appeler. Okay… Ce n’est vraiment pas la journée, il n’y a pas de réseau ici.

  Alexandre soupira devant le manque de solution et regarda par réflexe sa montre : 88:88. Génial, encore des perturbations électriques dans le coin


  - Oh Alex ! Réveille-toi. On est presque arrivé. Renaud secoua gentiment son ami qui s’était assoupi sur la banquette arrière.

  Alexandre ouvrit les yeux et se découvrit dans la voiture de Renaud, assis sur la banquette arrière, avec devant lui le portail de la maison dont il avait héritée qui se profilait à une trentaine de mètres. Julie conduisait la voiture.

  Elle arrêta le véhicule et dit :

  - Attendez-moi là les gros durs, je vais ouvrir.

  - Derrière le pan droit. Un caillou.

  Alexandre avait laissé échapper la remarque sans autre cérémonie. Ses deux compagnons le regardèrent un peu surpris.

  - Pardon ? Demanda Julie.

  - Derrière le pan droit du portail. Vous trouverez un gros caillou. Essayez de le dégager, sinon vous serez bloquée.

  - Okay… Répondit-elle en interrogeant du regard son patron.

  - Fais ce que te dit le grand sage femme ! Si Alexandre te dit cela c’est parce que… C’est comme cela. Il a toujours fait ça.

  Julie descendit et avant même d’avoir tenté quoi que ce soit, se pencha derrière le pan droit pour extirper un gros rocher qui faisait la moitié de sa main. Elle se tourna ensuite vers la voiture, et leur fit de grands gestes avec le caillou à la main. Comme pour dire « tout va bien je l’ai trouvé ». Puis elle baissa de nouveau les yeux vers la roche et resta un moment immobile. Comme pour dire « je n’en crois pas mes yeux. »

  Une fois le portail ouvert, elle reprit le volant.

  - Vous vous souveniez du caillou ? Le portail ferme mal, c'est pour cela le gros rocher. Vous vous en souveniez c'est ça ?

  - Oui... Si on veut... Répondit Alexandre distraitement.

  Julie s’engagea dans l’allée.


  Le manoir, finalement ils avaient tous opté pour ce terme, était gigantesque. La dernière fois qu’Alex avait vu un bâtiment aussi grand il s’était agi de Rosered, le dyptique télévisuel d’un roman de King. La voiture avançait péniblement dans l’allée à cause des hautes herbes non entretenues. En face la bâtisse la regardait avec une envie de la dévorer comme un enfant devant un morceau de chocolat.

  - Julie, prenez à gauche maintenant, il y a un trou assez profond devant la maison et nous risquons de bloquer la voiture.

  Julie, après un regard furtif à Renaud, obtempéra sans poser de question. Et la voiture s’arrêta à quelques mètres de la bâtisse.

  - Bon. Vous pouvez m’expliquer maintenant ? Ce sont des reminiscences ? Ca vous revient l’habitation, le terrain, tout ça. C’est génial vous allez pouvoir retrouver des souvenirs de votre jeunesse, reprit Julie avec dans la voix une pointe d’enthousiasme.

  - Non pas vraiment. Alex a… Comment dire… Toujours pressenti des choses… Répondit Renaud en semblant chercher ses mots. On eut dit qu’il ne voulait blesser personne.

  - Pressenti ? Comme… Allison Dubois ? Vous êtes quoi ? Un médium ? Demanda-t-elle en se tournant vers Alexandre qui regardait par la fenêtre la demeure imposante. Il n’y avait pas de méchanceté dans sa voix mais plutôt une sorte d’incrédulité et d’amusement.

  - Non je ne suis pas médium. Et je ne peux pas savoir l’heure ou le jour de votre mort. Mais j’ai toujours eu… Des pressentiments. Je suis un peu autiste voyez-vous et j’analyse beaucoup le monde qui m’entoure, de fait je peux envisager des possibilités hautement probables.

  - Des possibilités hautement probables… On dirait un pléonasme qui ne saurait pas comment en être un. Reprit-elle avec une pointe d’humour. Bon. Ca me va. On descend ?


  Dans un premier temps, ils commencèrent par faire le tour de la bâtisse.

  De forme plutôt carrée, le manoir présentait à chacun de ses angles des tours rondes avec des toits en pointes. Tout autour de la maison, un terrain d’une superficie d’environ dix mille mètres-carrés était décorés de fontaines, d’allées et de bosquets. Derrière la maison, une terrasse en béton agrémentée d’un petit escalier aux rambardes sculptées menait au jardin. Dessus, un reliquat de salon de jardin à moitié détruit par le temps attendait que l’on vienne y prendre un thé.

  Au fond du jardin on apercevait au loin une forêt dense. Lorsqu’Alexandre la vit, il resta un moment figé. Il lui semblait connaître cette forêt. Comme un lieu maudit, hanté. Une forêt peuplée de créatures mythiques et terrifiantes, comme des Leprechauns ou des dryades maléfiques. Il était évident que petit il s’était perdu dans ces lieux et qu’il en avait développé des cauchemars. Réprimant un frisson qui parcourut son échine, il se retourna vers le grand bâtiment et enjoint ses compagnons à entrer.


  Le hall n’avait manifestement plus vu le jour depuis la guerre de Sécession. Et les deux grandes portes eurent toutes les peines du monde à laisser entrer les visiteurs.

  Deux grandes baies vitrées, hautes d’environ trois mètres cinquante étaient masquées par des rideaux. Et une fois ceux-ci ouverts, les trois personnes constatèrent que de grandes planches clouées venaient renforcer les fenêtres. Renaud ressortit pour en arracher quelques unes et aussitôt des rais de lumière vinrent éclairer la pièce.

  Ils purent distinguer deux magnifiques escaliers qui montaient en courbe à l’étage en encadrant un immense lustre central. Par le peu qu’ils distinguaient dans la lumière, l’étage semblait s’étendre sur des dizaines de mètres.

  Le hall était central et de part et d’autre, deux double-portes menaient aux autres pièces.

  - Alors ? Ca te rappelle des souvenirs ? Demanda Renaud un sourire aux lèvres.

  - Des souvenirs ? Quels souvenirs ? Qu’est-ce que vous avez tous les deux avec ça ? Je suis parti vers quinze ans et j’ai tâché d’occulter tout ce qui avait un lien direct ou indirect avec ma famille. Quels souvenirs ? - Alexandre embrassa des yeux l’ensemble de ce qui lui était visible -. Non. Franchement, cet endroit m’est totalement inconnu. Tu m’aurais amené dans cet endroit en me disant que c’était ta nouvelle maison, je n’aurais pas bronché plus.

  Il se déplaça vers le mur le plus proche, celui qui était à côté d’une porte-fenêtre et le toucha doucement. Puis il retira sa main et regarda l’extrémité de ses doigts. Ils avaient une tache de moisissure.

  - Alors ? Ca te revient ?

  - Ce qui me revient c’est le coût hypothétique des travaux si je dois remettre en état toute la boiserie. Manifestement, l’humidité a largement pris sa part.

  - Bon les garçons, je vous laisse, je sens que vous avez pleins de choses à vous dire tous les deux et je vais chercher le courrier.

  - Le courrier ? Mais cet endroit est abandonné depuis des lustres.

  - Ce n’est pas ce qu’a dû penser le livreur. J’ai remarqué la boîte aux lettres en entrant, elle déborde de publicités.

  - Oui. Moi aussi je l’ai vue. Merci Julie. Répondit Alexandre d’un air distrait, toujours absorbé par la pulpe de ses doigts.

  Quelques minutes plus tard, la rouquine était de retour avec une liasse de publicités à la main.

  - Est-ce que quelqu’un est intéressé par les promos de douches italiennes à Brico Dépôt ? Sinon, il y avait ça aussi, dit-elle en sortant une enveloppe kraft format A5 légèrement gonflée qu’elle tendit à Alexandre.

  - Pour moi ?

  - Disons que vu que ce n’est pas chez moi et que vous êtes l’unique propriétaire, je me dis qu’il y a un coup à jouer.

  Il saisit l’enveloppe et la retourna dans tous les sens. Il sentit un petit objet dedans. Il déchira sans plus de cérémonie l’un des bords de l’enveloppe.

  Il plongea la main dedans et ressortit une clef en bronze. Une vieille clef. Pas une clef moderne comme on en trouvait maintenant avec un système de cryptage. Une bête clef en bronze. Et pourtant Alexandre fut tétanisé.

  Il doit leur échapper. Il se met alors à courir. Mais il fait du surplace. Il ne tombe pas, il ne trébuche pas, il court. Mais il court sur place. Bien qu’il ne voit rien, il sait qu’il n’avance pas. Et les hommes marmonnent. Il sent des mains sur ses épaules.

  Il sent des mains sur ses épaules et il entend une voix d’homme.

  - Alex ? Ca va ? Tu te sens bien ?

  - Oui… Euh oui… Ca va… Ca va maintenant.

  - Tu connais cette clef ? Tu t’es souvenu de quelque chose ?

  - Non. Je ne crois pas, dit-il en enfouissant sa clef dans sa poche. Je suis désolé. J’ai besoin de prendre l’air. Je vais sortir un peu.


  Une fois dehors, il ne put résister et courut vers la forêt. Elle l’appelait. Cette clef avait provoqué en lui un élan de souvenir. Ce n’était pas un rêve. Il était certain que les images qui venaient d’envahir son cerveau correspondaient à des événements anciens. Et ils avaient un lien avec cette forêt. Il se mit à courir sans s’arrêter s’enfonçant toujours plus profondément dans les chemins sinueux et les ronces qui le jonchaient. Les écorchures sur son visage laissaient de fines coulées de sang sur ses joues. Il suivait le sentier comme il le pouvait, sautant une racine, se baissant devant une branche. Mais les plantes n’avaient de cesse de le retenir, de le faire trébucher… Mais il continuait son chemin. Une sorte d’intuition guidait ses pas. Son souffle était court et la respiration vint à manquer. Finalement, épuisé, il s’arrêta quelques instants. Où est-il ?… Une voix à droite. Poursuivons-le, il ne doit pas être loin… Une voix à gauche. Alexandre se ressaisit, des gens étaient à sa poursuite, il fallait fuir. Coûte que coûte. Il se remit à courir, des gouttes de sueur froide dans son dos, tandis que les voix malfaisantes approchaient. Où est-il ?… Poursuivons-le… Par là je le vois… Elles se rapprochaient, de droite et de gauche, de devant et de derrière, d’en haut et d’en bas. Il pouvait sentir leur pattes d’araignées sur lui. Poursuivons-le ! Par là ! Vons-le ! Là ! Est-il ? Où ? Où est-il ? Je le vois ! Poursuiv où est-il ons-le là vois je est-il pours vons par là ! Tout ce bruit dans sa tête, toute cette cacophonie de voix, toute cette forêt sans fin… La tête lui tourna et il s’évanouit.

  Il est là… Là… On l’a trouvé… Il est là… Comment va-t-il ? Va-t-il ? Ca va ? Comment va-t-il ? Ca va ? Alex ?… Ces voix. Il croit les reconnaître. On dirait celle de Renaud.

  - Alex ça va mon vieux ?

  Renaud était penché sur lui. Il gisait allongé sur le dos par terre, et il lui fallut un minimum de temps pour se souvenir qu’il était dans la forêt de son manoir.

  - Alex ? Ca va mon vieux ?

  Alexandre opina sans dire un mot et se releva péniblement, soutenu par la poigne musclée de son ami.

  - Tu nous as fait une de ces frayeurs. Tu es parti en courant d’une traite et on ne t’a plus vu. On a cherché un moment et c’est Julie qui t’a retrouvé. Que s’est-il passé ? C’est la clef ? Tu te souviens de quelque chose ?

  - Je… Je ne sais pas… Il était maintenant complètement rétabli et debout. Il y avait des gens ici ? Vous avez vu des gens n’est-ce pas ? Il y avait des gens ici ?

  Il saisit Renaud par les épaules et le secoua fortement en criant presque. Ce fut Julie qui intervint de nouveau pour le calmer.

  - Allons, monsieur de Beaulieu lâchez-le. Il n’y avait personne ici, à part vous et nous. Nous n’avons croisé personne. Que s’est-il passé ? Lâchez Renaud et racontez-moi.

  Alexandre obéit et Renaud vérifia l’état de ses biceps. Rassuré il écouta son ami. Celui-ci était tombé assis par terre épuisé et désorienté.

  - Je ne sais pas, j’ai entendu des gens qui semblaient à ma poursuite… Les voix venaient de partout mais où que je regarde il n’y avait personne. J’ai été submergé par ces voix et j’ai dû m’évanouir. Je suis resté inconscient longtemps ?

  - Si on part du principe que tu t’es évanoui dès ton départ, on va dire que cela fait… Il jeta un œil à sa montre. Environ dix minutes. Tu veux que l’on cherche avec toi ?

  - Non, dit Alexandre dans un effort pour se relever. Après quelques secondes il épousseta son pantalon. On peut continuer de faire le tour des lieux ?


  Le manoir se révéla être encore plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur. Et malgré deux heures ininterrompues de visite, ils surent qu’ils n’avaient pas encore tout vu. Certaines pièces étaient grandes, d’autres petites, d’autres étaient officiellement des placards mais on eut pu largement y installer un dressing. Certaines étaient neuves, d’autres vétustes. Certaines étaient agréablement décorées, tandis que d’autres n’étaient même pas sorties du béton brut. Ce manoir donnait l’impression d’avoir été développé petit à petit, par ajouts et qu’à la mort du propriétaire, donc du père d’Alexandre, certaines parties n’avaient pas été terminées. Ils finirent par revenir au centre du hall.

  - Tout cela est à toi. Tu comptes faire quoi maintenant ?

  - Je n’en sais rien. J’intègre déjà à peine que j’hérite de tout cela et en plus il y a tellement à faire pour finir la maison. Je ne sais pas si c’est raisonnable de garde cette demeure. De toute façon je n’ai aucune raison d’habiter ici. Que ferais-tu toi ?

  - Je ne suis pas toi. Mais je suis sûr d’une chose, c’est que tu es d’ici. Tu l’as toujours été. Rappelle-toi quand nous étions plus jeunes.

  Alexandre regardait sans vraiment voir les choses. La tête en l’air, il cherchait des détails de choses qui lui auraient échappés : un fissure dans un mur, une fragilité dans les fondations, quoi que ce soit qui lui donne l’excuse de ne pas rester ici, qui lui donne l’excuse de fuir son passé et tout ce qui le rattachait de près ou de loin à sa famille.

  - Tu veux vraiment que l’on reparle de ce temps-là ? Il y avait plus de provocation dans sa voix que ce qu’il avait réellement voulu y mettre.

  - Alex… Je sais qu’il y a plus qu’un simple manoir ici. Mais malgré tout, c’est chez toi. Tu es chez toi dans cette région. Et je suis convaincu que…

  - Arrête Renaud ! Je ne suis pas comme toi. Ce n’est pas parce que tu as toujours voulu ta vie ici, et ce n’est pas parce que la campagne est plus agréable que la ville que tout le monde doit tomber amoureux du coin ou ne rêve que d’y finir ses jours. Ici ce n’est pas n’importe quelle région. Nous sommes en Gévaudan. Les gens ne sont pas… Comme ailleurs… Et tu sais très bien de quoi je parle.

  Renaud ne répondit rien. Si Alex avait fait table rase de tout son passé, sa mémoire n’était pas complètement morte. Si certains souvenirs avaient totalement disparu, il venait de constater que ce n’étaient pas les bons.

  Leur amitié s’était construite au fur et à mesure, en passant par des étapes qu’ils auraient préféré tous les deux éviter. Mais le destin en avait décidé autrement et il avait fallut faire avec. Le temps passant, les obstacles surmontés, ils étaient parvenus à se lier. Mais à présent, Renaud prenait conscience que, si leur amitié était sincère et qu’ils pouvaient s’appeler frères sans rougir, une cassure n’avait jamais été complètement soudée. Un bref instant il se demanda si remonter le temps et changer quelques éléments de leur passé leur aurait permis d'être encore plus proche ou si au contraire cela aurait eu comme conséquence de ne jamais les faire se rencontrer. Sans trouver de réponse, il secoua la tête comme pour effacer toute trace de ces pensées. De toute façon la vie était ainsi, il fallait faire avec. Mais entre les deux, un silence lourd s'installa.

  - Hé les gars ! Il fait plutôt frisquet ici. Vous ne trouvez pas ? Ca vous dirait que l’on rentre ? Il est presque six heures.

  Julie était restée en retrait depuis plusieurs minutes, entre deux portes. Elle n’avait pas voulu interrompre leurs échanges mais elle sentait qu’il était temps qu’elle intervienne avant que la situation ne se complique.

  Les deux hommes se retournèrent et sans mot dire se dirigèrent vers la porte.


  Quelque part, un téléphone mobile affichait sur l’écran « Votre colis a été livré. »

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