BÉBÉS TIGRES

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Je suis rentré sans problèmes, emmitouflé dans le manteau qu’elle m’a prêté… il sent bon… je vais le garder encore un peu sur moi… Je me sens bien en ce moment. Malgré la douleur de mes muscles, je me sens bien. Mon esprit s’évade petit à petit. Mes paupières deviennent lourdes. Je cède tranquillement au sommeil.

***

Je reste la fin de la matinée allongée sur le sol propre de mon appartement, les yeux rivés sur le plafond. Je cherche le sommeil des heures durant et finalement me résigne, trouvant juste le repos couchée ainsi à ne rien faire. Je ne pense même pas : je suis vidée.

Une soudaine envie d’user de mes poings me fait revenir à moi. Il faut que je frappe quelque chose… Je sens que je vais faire une connerie… Mais ça fait rien, ça m’occupera un peu !

Je prends alors mon courage à deux mains et me relève pour me diriger vers mon téléphone. Je compose ce numéro appris par cœur et attend.

Après six mois sans aucun contact, je ne m’attend pas à une réponse, pourtant on décroche à la première sonnerie : espérons que ce soit pas pour m’engueuler… quel espoir vain. Par précaution, j’éloigne mon oreille du combiné. Et je fais bien :

« RACHEL T’ES VRAIMENT UNE SALE PUTE !!! SIX MOIS !!! SIX PUTAIN DE MOIS !!! ET TU RAPPELLES COMME CA !!! POURQUOI !!?? me hurle-t-on à travers l’appareil.

_ Salut Johanna, je suis contente de te savoir en vie et en forme…

_ TE FOUS PAS DE MA GUEULE ET EXPLIQUE TOI !!!

_ Okay, okay, doucement…

_ Y A PAS DE DOUCEMENT, EXPLIQUE TOI TOUT DE SUITE !!!

_ …oui.

_ MAINTENANT !!!

_ Oui !

_ … »

Face à ce silence bienvenu, je reprends la parole :

« J’ai pas donné de nouvelles depuis tout ce temps parce que je voulais faire une pause. C’est tout.

_ …t’es sérieuse ?

_ Eh bien, oui.

_ …tu te rends compte que j’ai dû te remplacer pendant six mois sans même savoir pourquoi tu revenais pas ?! Que j’ai dû prendre les coups à ta place, aussi ?!

_ Oui, je sais, et je suis désolée, mais fallait vraiment que je me pose et j’ai préféré couper tout contact sans explications pour éviter de créer plus de problèmes…

_ Tu nous en a quand même laissés sur les bras : les autres cons nous ont pas accordé de répit parce que t’étais plus là, tu sais ?!

_ Je m’en doute bien…

_ Oui… T’appelais pour quoi ?

_ J’aimerai revenir. Me joindre une nouvelle fois à vous pour vivre en m’amusant. Pour me défouler en me battant avec ceux qui veulent se mesurer à nous ! »

Je venais de citer notre code de conduite. Celui-là même que j’avais créé avec elle il y a bientôt 4 ans. J’espérais la convaincre en faisant remonter ces vieux souvenirs communs.

Elle me demande, une pointe d’amusement dans la voix :

« Toujours pas pour vaincre le boss des boss ?

_ Non, juste pour m’éclater et profiter de la vie, répondis-je le sourire aux lèvres.

_ Bien, Chef. Rendez-vous au quartier général à 14h précises. Et n’oublie pas de venir équipée de ton pacifisme. »

Elle raccroche. J’ai une heure pour me préparer et les rejoindre. Le temps de retrouver mon blouson et c’est bon : je me dirige vers le QG situé à l’autre bout de la ville. Après moins d’une heure de trajet en tramway, je rejoins le bâtiment à pieds, m’enfonçant peu à peu dans les rues du quartier désert et déserté. Il faut dire que nous avions établi notre siège dans l’endroit le plus détruit de la ville, où un bâtiment sur deux était en ruine.

J’arrive enfin devant l’entrée sombre de l’immeuble. J’ai un petit moment d’appréhension. Je passe vite outre. A 14h précises, je pénètre à l’intérieur, le visage impassible.

Tout est resté à l’identique. Du tapis de sol ultra sale, aux murs en décomposition partielle, en passant par le sol troué… Tout. Comme si je n’étais jamais partie…

« Bienvenue à la maison, Chef ! »

Les Tiger Beasts… mes bébés tigres, ça faisait longtemps.

Ils sont tous présent, debout devant moi, le sourire aux lèvres. Je vois ici et là des visages qui me sont inconnus : sûrement de nouvelles recrues. La famille s’est agrandie.

Une personne attire mon attention : la seule personne au visage fermé. Octave. Mon meilleur ami. Il s’approche dangereusement de moi, mais Johanna lui coupe sa trajectoire, se jetant sur moi en hurlant :

« SIX MOIS !!! SIX MOIS, TU SAIS CE QUE C’EST ?! SIX MOIS DE GESTION !!! SIX MOIS SANS TOI !!! JE TE DOIS EXACTEMENT 201 COUPS !!!

_ Je veux bien lui donner à ta place… »

Avant même d’avoir eu le temps de réagir, je suis au sol. Octave s’est approché furtivement de moi et m’a asséné un magnifique crochet au menton : je souffre…

Je me relève. Le fixe dans les yeux, tandis qu’il s’approche une seconde fois et me porte un coup dans le nez. Rapide et efficace. Je souffre encore plus alors que mon sang dégouline sur le sol crasseux. Je relève les yeux. Il s’essuie les poings et sort un mouchoir de sa poche. Il me le tend. Je ne lui refuse pas. Il laisse le temps à mon sang d’arrêter de couler, puis viens me serrer dans ses bras. Je lui rends son étreinte.

« Plus jamais tu te barres sans rien dire, compris ?!

_ Oui… murmuré-je.

_ Pardon ?!

_ Oui ! dis-je avec plus de conviction.

_ Bien. »

Nous nous séparons. Je vois la joie transparaître sur son visage. C’est vraiment un ami ce gars ! On se connaît depuis la petite enfance, mais encore aujourd’hui, je me fais cette réflexion.

« Alors, Chef. On fait quoi maintenant que t’es revenue ?

_ Présentez moi ces petits nouveaux et on ira répondre aux salauds qui nous cherchent après.

_ Bien, Chef ! »

Un sourire se dessine sur mes lèvres. Je suis bien obligée d’admettre que j’adore le respect qu’ils ont pour moi…


** Voilà pour ce chapitre (j'ai pris un peu de temps à l'écrire, pardon) !! L'histoire se met petit à petit en place... De la vraie baston vous attend au prochain chapitre !! A très bientôt, bisous :3 **

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