Chapitre I

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Buglewoods, 1927.

La nuit était tombée sur Buglewoods depuis longtemps, la ville s'était assoupie. Dans les rues éclairées, pas un bruit, ni même un mouvement. Les citoyens dormaient, les animaux également. A l'extérieur de la cité, l'obscurité était totale. Seuls les étoiles brillant dans le firmament pouvaient offrir à un éventuel observateur le sentiment d'appartenance à l'infini, en même temps que son insignifiance face à l'immensité de l'univers.

Plus à l'écart, à l'instar d'autres habitations isolées, la ferme équestre de Buglewoods était plongée dans le noir. Chevaux et personnels sommeillaient paisiblement, mais s'il était possible à un passe-murailles de traverser la maison de la propriétaire, un tout autre spectacle s'offrirait à ses yeux...

Dans sa luxueuse chambre, Elizabeth Blacksmith n'arrivait pas à dormir. Elle avait beau se tourner et se retourner, impossible de trouver le sommeil. Alors, n'y tenant plus, elle rejeta l'édredon sur l'avant. Ecartant les tentures des baldaquins, " Liz' " fit jaillir son corps nu hors du lit, et un buste aux seins conquérants apparut, les tétons tremblant d'impatience.

Malgré toute sa capacité, l'obscurité ne pouvait vaincre sa puissance érotique. La jeune femme, assommée de fatigue, confectionna un chignon rapide de sa longue chevelure d'or pendante. Puis elle chercha à tatons la lampe de poche qui traînait sur sa table de nuit, avant de l'allumer et se diriger vers le salon.

Sur son trajet, les objets les plus familiers de la maison reprenaient vie dans le faisceau de la lampe. Comme ce bronze représentant un cow-boy sur son cheval, brillant comme l'ébène.... Ou cette reproduction d'une toile de Frédéric Remington, dont les teintes devinrent plus éclatantes sous la lumière électrique...

Lorsque Elizabeth arriva dans le salon, elle chercha l'interrupteur. Tournant une molette, la lumière jaillit des deux lustres, inondant la vaste pièce de leurs feux puissants. La jeune femme éteignit sa lampe de poche, avant de la poser sur un buffet, entre un vase rempli de fleurs rouges et un gros poste de T.S.F.

Longeant l'immense table de salle à manger, aux nombreuses chaises, et où trônaient deux chandeliers, elle prit place à son bureau, placé tout au fond du salon. Garni de nombreux accessoires, il ne témoignait pas seulement de la réussite professionnelle d' Elizabeth, mais aussi de son bon goût. Choisi et décoré avec soin, il était un symbole de son pouvoir. Un fauteuil capitonné, aux grands accoudoirs, complétait l'ensemble et accueillait confortablement la maîtresse des lieux, de longues heures durant, pour régler les affaires du domaine, comme les siennes propres...

Au fond, l'imposante bibliothèque renfermait toutes sortes d'ouvrages, preuves de l'éclectisme d'une jeune femme, libre d'esprit comme de moeurs. Des ouvrages sur l'équitation et l'hippologie bien sûr, mais également d'histoire, de géographie, de culture générale... D'autres sur les langues germaniques, latines, orientales... Et, soigneusement cachés, des livres érotiques où les passions les plus intenses, les puissances les plus inavouables se déchainaient à travers des mots, dans toutes les langues... Des mots d'hommes surpuissants et de femmes inépuisables...

Elizabeth s'assit dans le fauteuil et alluma sa lampe de bureau. Elle prit une enveloppe, dépassant du porte-lettres en bois, placé juste à côté. De cette enveloppe, elle en extraya une lettre qu'elle déplia aussitôt. C'était le courrier d'une amie, Brytnee, habitant en Géorgie, et qui comme elle, avait pour compagnon un homme Noir.

La mine grave, la jeune femme se concentra sur la lecture des lignes fines, tracées d'une écriture nerveuse. Elle était bien placée pour connaître les conséquences des relations amoureuses inter-ethniques. Mais si la situation de " Liz' " n'était pas facile, ce n'était rien à côté de celle de Brytnee qui, en territoire de ségrégation, risquait l'opprobre générale. Elizabeth avait fait la connaissance de sa consoeur d'infortune il y a quatre ans environ, lors d'une convention de l' A.S.A.W.A. ( * ) à Washington, regroupant l'ensemble des membres de l'association.

Touchée par la détresse de Brytnee, " Liz' " avait gardé des liens très fort avec la jeune femme, et toutes deux s'écrivaient régulièrement pour se soutenir. En cette nuit d'insomnie, Elizabeth ne pouvait s'empêcher de relire la dernière lettre de son amie, reçue il y a trois jours seulement :

" Ma chère Liz' ,

Tu ne peux pas savoir à quel point je souffre. Je sais que je ne devrais pas me plaindre, car je ne suis pas une pleurnicheuse, mais ce que je vis est trop dur. Je suis coincé entre un mari dont je voudrais divorcer, et mon amour pour Sydney pour lequel je ne peux plus reculer. Il m'apporte tout ce que Tom est incapable de me donner.

C'est un raciste, un menteur de la pire espèce... Je m'en veux de m'être laissé embobiner par lui. Mais comment ai-je fait pour partager ma couche avec ce type ? Et le pire, c'est que je crois qu'il se doute de quelque chose... S'il savait que je fréquente un Noir, il deviendrait furieux et il nous tuerait tous les deux... J'ai peur, Liz'...

Il n'y a qu' avec Sydney que je me sens bien... Tu veux que je te racontes ? Il y a quelques jours, j'ai profité de l'absence de mon mari pour inviter Sydney à la maison. Lorsqu'il est entré, une force inouïe m'a poussé à lui. Collés l'un à l'autre, nous nous sommes embrassés comme des malades. Nos lèvres étaient devenus des ventouses qui ne pouvaient plus se décoller...

Et nos langues se sont cherchées, fouilleuses, furieuses, passionnées. Nous nous étreignions avec une vigueur jamais ressentie jusqu'ici... Lui et moi avions besoin de nous retrouver, et nous y étions enfin... Libres d'aimer et libre d'être aimée... Juste quelques instants... Il n'y a que toi, ma chère Liz', qui puisse comprendre cela... Tu as la chance d'avoir ton compagnon auprès de toi, et d'en profiter dans un environnement relativement tolérant, je te l'accorde.

N'empêche... Ici en Géorgie, comme en Alabama, aucun Noir ne peut être l'égal d'un Blanc. Et si une personne de ma couleur prend parti pour la cause Afro-Américaine, elle sera mise au ban de la communauté, de " sa " communauté... Cette situation extrême m'use, jusqu'à ma vie intime. Je ne comprends pas cette haine... Pourquoi est-ce si mal d'avoir des relations entre personnes de continents différents ? Car sur ce point-là, et je te l'affirme, nous sommes toutes et tous pareil (le)s...

Laisse-moi te raconter la suite, elle me brûle la langue ; rien que d'y penser... Sydney et moi nous nous sommes embrassés à perdre haleine, puis j'ai entraîné mon partenaire dans la chambre à coucher. Nous nous sommes allongés en gémissant, comme des bêtes blessées, avant de nous déshabiller frénétiquement. Son sexe n'était pas encore déployé, mais après quelques caresses, j'ai senti son madrier frôler mes cuisses. Plus robuste et puissant que jamais...

Ma vulve me brûlait atrocement. J'avais envie de faire entrer cette " chose " en moi immédiatement , mais je ne le pouvais pas... J'étais en période " rouge ", et au moment où tu liras cette lettre, je le serai encore probablement. Je voulais ressentir l'énergie virile au plus profond de mes entrailles, mais je ne le pouvais pas. je ne pouvais pas prendre le risque de tomber enceinte, d'autant plus que je n'avais pas de " condoms " à portée de main. J'étais frustrée.

Je n'avais plus qu'une solution : proposer à mon homme de le sucer. Je l'ai entendu soupirer son consentement ; tu ne peux pas savoir le soulagement que cela m'a apporté... Un soulagement de courte durée cependant. Mon corps pouvait difficilement supporter cette injuste privation. Sydney et moi ne pouvions pas nous voir aussi souvent que nous le désirions, et mes règles venaient tout compliquer.

Je me suis allongé en travers de mon homme, pour qu'en même temps que de le sucer, il puisse me masturber de ses doigts si habiles. Mes seins étaient au contact de son torse. Ils effleuraient si près sa peau que je sentais son coeur battre. Lui frémissait au contact de mes tétons pointés, il était si heureux...

Sous mes yeux ébahis, et ma respiration suffocante, se dressa enfin l'objet tant attendu... Je sais que pour toi, " Liz' ", une bite Noire c'est tout ce qu'il y a de plus normal.. Mais moi je suffoquais de la voir dressée sous mes yeux, sans pouvoir me la rentrer dans la vulve, l'enfouir au plus profond de moi. Je l'ai fait quelquefois, et tu peux pas savoir à quel point cela me manque...

Je l'ai vue, verge si grande et si large que je n'en ai jamais mesuré la taille. Une chose était sûre, quelle que soit la taille, elle m'a toujours comblée. Surpuissante et chaude, que dire de plus ?... Hmmmm.... Que c'est bon-n-n-n-n !!!!!!!!!

Je distinguais les vaisseaux qui la parcouraient tout autour, une veine sur le dessus, le canal séminal sous le dessous. Les merveilleuses grosses burnes en dessous stockant la béchamel au gallon. Et ce champignon pourpre contrastant avec cette bite d'ébène. Et ce gland spongieux qui pointait, le méat prêt à m'offrir la semence issue du fond des âges...

Ma Liz', il n'y a que toi qui peut comprendre tout ça. Je l'ai prise dans ma main droite, cette chose magique. Elle était douce et dure à la fois, chaude et brûlante, je la sentais même retransmettre les battements de coeur de mon homme ! Oh, ce fut si merveilleux...

Je l'ai caressée doucement, comme tu me l'as si bien conseillée. Du bout des doigts d'abord, puis avec la paume... J'ai approché ensuite la bouche, j'ai entrouvert les lèvres, et je lui ai caressé le gland avec la pulpe... C'était spongieux, au point que j'ai eu l'impression de le sentir vibrer... Dans le même temps, je sentis la chaleur monter, monter... Et j'ai commencé à trembler...

En effet, les doigts de Sydney sont vite entrés en action. Son index et son majeur ont étiré avec douceur mes grandes lèvres, me faisant m'envoler. Mon capuchon se mit à gonfler, transformant mon ventre en volcan. Je fus prise de frénésie, ma tête se souleva et mes yeux se fermèrent. Ma bouche s'ouvrit en grand, laissant s'échapper de la salive tombant sur son gland, dégoulinant le long de sa bite...

Je décidais alors de le branler, de lui faire un bien fou comme il m'en avait déjà fait, mais à la puissance cent. Pendant ce temps, Il étira mes grandes lèvres et prépara mon vagin comme s'il allait me pénétrer... Je n'ai pas eu le temps de m'apitoyer sur mon sort, heureusement d'ailleurs, car son majeur remonta bientôt sur le capuchon, l'entourant sans le pincer, avant de le caresser, de le tapoter...

Je n'arrive plus à comprendre comment il s'y prend, tellement ça devient le feu d'artifice dans mon buste. Je trésaillais brusquement avant de jouir dans un grand soupir. Ma tête bascula en avant, et ma joue gauche frôla le merveilleux phallus dressé comme ma peau... Cette Merveille du Monde, ce phare d'Alexandrie me guidant en pleine tempête pour mieux arriver à bon port...

Tu ne me croieras pas, " Liz' ", mais j'ai été pris d'un instinct frénétique. J'ai ouvert ma bouche et j'ai gobé ce sexe ultra-puissant. Je me le suis mis jusqu'au fond de ma gorge, au risque de m'étouffer ou de vomir. Qu'importe, je l'ai fait... A défaut d'être pénétrée, je voulais qu'il ressente une poche d'amour autour de son muscle. Et je l'ai entendu râler longuement, profondément... Ah, tu ne peux pas savoir comme c'est merveilleux, un homme qui perd le contrôle...

Ou plutôt si, tu le sais... Tu as la chance d'avoir un homme, un homme que tu as choisi librement, et que tu aimes tout aussi librement... Moi j'ai été mariée par arrangement, avec un lourdaud qui ne vaut rien au pieu... Et encore, si c'était son seul défaut... Je dois en plus supporter sa paresse, ses opinions, sa famille...

La seule liberté qui me reste, c'est de le faire cocu. J'ai de la gêne à te l'avouer, mais je n'en ai pas honte. Ce n'est peut-être même pas de la vengeance, encore que... En compagnie de Sydney, je revis. Je suis pleinement femme, et ce qu'il m'offre, je le souhaite à toutes les femmes de la Terre, et à toi aussi, ma Liz', la seule à me comprendre...

J'avais toujours sa bite dans ma bouche. Autour de cette colonne d'amour brûlante, j'ai fait glisser mes lèvres lentement. Je l'ai sentie palpiter de battements de coeur discrets. Je ne sais pas comment fonctionnais cet instrument, mais il était très bien pour moi. A tel point que je n'avais aucune envie de le savoir d'ailleurs, craignant de perdre la magie d'une " chose " unique. Ma mâchoire me fait d'horribles crampes, mais c'est plus fort que moi : je ne peux pas m'empêcher de garder ce membre bien en bouche...

Je gémissais, je soufflais, je salivais, j'émettais des borborygmes... Je savourais pleinement ces moments, jusqu'à être sur le point d'étouffer. Alors je me dégageais soudainement, et je reprenais mon souffle à coups de voraces gorgées d'air. Je crois encore sentir en ma gorge ce mélange d'odeur masculine dans ma gorge, mêlé à cet arôme de vieille urine tenace... Mais il y avait plus fort encore : l'envie de baiser, d'emmener mon chéri au plus profond de lui-même, pour le ramener avec moi...

J'ai fait palpiter ma langue autour de son gland. Tandis que j'effleurais l'organe de la pointe en délicats petits coups, mes lèvres enrobèrent l'organe, légèrement mais suffisamment pour lui donner du confort. Je le sentais perdre de plus en plus le contrôle, car sa respiration s'accélèra, devenant suffocante... Sa queue se mit alors à remuer, brusquement : c'était le signe que mon homme atteignait l'orgasme. Je sentis alors un liquide discret s'échapper du méat, c'était une grosse goutte transparente comme de l'eau, que j'ai lêchée et absorbée comme jamais...

C'était toujours curieux, ce liquide salé... Mais tellement délicieux... J'en salive encore, tu peux pas croire... Ca voulait dire que l'éjaculation était imminente. J'étais si heureuse que j'avais envie de déposer un baiser sur ce merveilleux champignon d'amour... Mais je m'en gardais bien, histoire de ne pas déclencher prématurément les jets de sperme.

Je me suis contenté de caresser le dessus de la verge, et j'ai veillé à ne pas solliciter la hampe non plus. Le canal séminal est tellement sensible aussi, je pourrais déclencher la purge des burnes sans le faire exprès... Mon Dieu, qu'elles sont belles justement... Ces couilles qu'il a soigneusement tondues, et que j'empaumais avec délicatesse. Elles sentent l'homme, la force de procréer et de partager... Elles sont à lui ce qu'elles sont à moi : notre force d'exister...

Au moment où je les caresse, un puissant orgasme m'a fait trésaillir. Les doigts de Sydney ont si bien sollicité mon clitoris, que j'en tremblais encore plus. Mes yeux se sont refermés, un voile rouge m'est apparu, et je me suis écroulée. L'orgasme a été surpuissant, j'ai mis longtemps à récupérer. Quand j'ai retrouvé mes esprits, la verge de mon homme faiblissait... Oh non, pas ça ! Alors que nous étions en route vers le bonheur !

( * ) A.S.A.W.A. = American Sexual Active Women Association.

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