La nièce du Voyageur

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Jason frappa à la porte. Bon sang ! De tous les jours, c'était celui-ci que Suzanne choisissait pour être en retard ! Trois ans qu'il passait la chercher le matin pour aller au lycée, aujourd'hui il voulait lui déclarer sa flamme et lui proposer de commencer une relation un peu plus poussée que de l'amitié, et c'était ce jour-là qu'elle choisissait pour être en retard !

"Entre, Jason ! beugla quelqu'un à l'intérieur de la maison. La porte est ouverte."

Ah, d'après la voix, ce devait être Alfred, l'oncle un peu bizarre de Suzanne.

Jason le croisa dans le couloir : Alfred sortait de la cave, essuyant ce qui ressemblait à un cambouis bleu de ses mains avec un chiffon. Alfred était certes bizarre, mais là il l'était plus que d'habitude.

"Suzanne est en bas, dit Alfred. Je te préviens tout de suite qu'elle n'est pas de bonne humeur. Oh, et tu ferais peut-être mieux d'aller seul au lycée aujourd'hui, elle risque d'être en retard.

-En retard pour l'interro de géo ?'' s'affola Jason.

Il se précipita à la cave. Son amour à sens unique (à moins que la réaction de Suzanne ne lui prouve qu'il était aimé en retour) comptait peu face au couroux de Mme Lepaon si Suzanne interrompait l'interro de géo en arrivant un peu en retard.

"Suzanne ! hurla-t-il en descendant l'escalier à toutes vitesses. Pourquoi aujourd'hui avec l'interro sur les accords commerciaux du Pacifique Nord ?"

Il glissa sur la dernière marche, couverte du même cambouis bleu, et alla se perdre au sol dans un roulé-boulé de plusieurs mètres, durant lequel il percuta Suzanne et la poussa dans ce qui ressemblait à un...

Est-ce que l'oncle Alfred était un collectionneur d'objets dérivés au point d'avoir une réplique grandeur nature des navettes de Star Trek - The original series dans sa cave ?

Toujours est-il que Suzanne fut enfermée dedans quand la porte se referma automatiquement. Une voix féminine sortit de nulle part et dit :

"Pilote automatique réglé sur le neuf février deux mille deux cents six, trois heures du matin, parking supérieur du TTC."

La navette commença à briller bizarrement tandis que Suzanne criait des mots que Jason n'entendait pas à cause de la porte sans doute insonorisée - mais qui n'avait pas couvert les mots de la voix féminine - en essayant d'ouvrir la portière qui s'était refermée sur elle. Enfin, la navette disparut brutalement. Jason entendit l'oncle Alfred redescendre l'escalier et demander :

"Alors, Suzanne, tu as envoyé Jason au lycée seul ?"

Jason eut un sourire crispé. Alfred s'arrêta pour embrasser la scène - la cave presque vide et Suzanne absente - du regard, puis murmura :

"Eeeeeet crotte..."

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