Chapitre 11 - Cathleen

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Je regardais par la fenêtre, appuyée sur les coussins, il pleuvait aujourd’hui. Les gouttes glissaient lentement sur la vitre. C’était presque hypnotique pour moi. Je rajustai mon foulard autour de mon cou, j’avais froid en ce moment. Je regardai la petite lettre écrite par Jacob, j’étais fatiguée et j’avais du mal à aller le voir pour lui faire de la lecture. Écrire à la main était aussi fatiguant, mais moins que de devoir se balader dans tout l’hôpital. Il était mignon le petit Jacob, j’espérais qu’il puisse bientôt sortir de l’hôpital. Moi aussi en passant, mais il fallait prendre son mal en patience, ce n’était qu’une question de soin, de patience. Et cela me donnait l’occasion de regarder enfin toutes les séries qu’on m’avait conseillé de voir. Et j’avais pris un petit carnet pour les séries dites « Historique », bien que le terme me provoque une petite hilarité. Il y avait un fond historique parfois, des noms de personnages historiques, mais en rien cela se rapprochait de la véritable histoire. C’était mignon. Si bien que je m’amusais, non pas à relever toutes le fautes, il y en avait bien trop, mais les choses qui étaient vraies. Peut-être pourrais-je faire une série historique un jour ? J’aimerais bien, peut-être que ce ne serait pas aussi bien qu’une série américaine, ou du moins il y aurait peut-être un peu moins de budget, mais même si c’était amateur cela serait fort sympathique. Un charme amateur sans doute ? Je ne savais pas encore comment le faire, sur quelle période, mais j’avais le temps d’y réfléchir après tout j’étais à l’hôpital, et même avec le groupe de parole j’avais beaucoup de temps libre. Je finis par refermer mon ordinateur, j’étais fatiguée de regarder la série. J’étais fatiguée pour beaucoup de chose, c’était normal après tout, j’étais malade.


Le plus étrange depuis que j’étais là, c’était bien le manque de cheveux sur mon crâne alors que j’avais l’habitude d’avoir une vraie crinière. Tout comme le fait que je flottais plus ou moins dans ma chemise de nuit. J’étais habituée à mes rondeurs et je ne me voyais vraiment pas sans. C’était quelque chose qui ne m’avait jamais dérangé. Et c’était plus cette maigreur qui m’inquiétait en réalité. En même temps, il était difficile pour moi de manger, je ne gardais rien dans l’estomac. Je vomissais, j’arrivais à boire cependant. De l’eau sucrée, de l’eau, parfois un peu de jus de fruit… Mais pas beaucoup plus… Je fermais les yeux, inspirant profondément, laissant mon esprit tout doucement s’éloigner. L’un des avantages de l’hôpital était que je pouvais m’entraîner à méditer des heures durant. Entre cela, les séries… Parfois je coloriais un peu, j’avais des mandalas, un peu n’importe comment, mais cela me permettait de me calmer ou de passer le temps. Il y avait beaucoup de manière de perdre du temps. Entre deux siestes. Je dormais beaucoup, pour moi c’était trop, je n’avais jamais été une énorme dormeuse, j’aimais rester au lit, parce que c’était confortable, mais en aucun cas j’aimais faire des grasses matinées.


Je levai la tête lorsqu’elle s’ouvrit brusquement. William et Anna. C’était si rare que je vois Anna ici que je lui souris, mais il disparut bien vite en voyant le visage de mon ami. Aie… Qu’est-ce qu’il s’était passé ? Est-ce qu’on lui avait appris que son père était sortie de prison ? Je me frottais les yeux pour essayer de me donner un air un peu plus réveillé, pas sûre que cela fonctionne.


« Salut tous les deux. »


William s’assit sur mon lit et glissa sa main autour de la mienne, Anna s’installa sur la chaise. Il y avait un mort ? William avait l’air… Je n’aurais pas su le définir, juste… Pas comme d’habitude, je serrais doucement sa main dans la mienne, avant de regarder Anna.


« Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

- Azelie a pété un câble à la cantine.

- Azelie ? Mais pourquoi ? »


Je n’étais pas sûre de saisir, Azelie avait un caractère de merde parfois, il fallait le dire et le reconnaître. Elle-même le disait, mais là… qu’est-ce qu’elle avait fait encore ?! William soupira longuement, à en faire craquer sa veste toujours un peu trop petite pour lui.


« J’ai fait une blague de merde sur la bouffe… Et elle a pas aimé, j’ai dit que certains s’énervaient pour rien. Elle l’a mal pris, croyant que je parlais de mon père.

- C’était le cas ?

- Non ! C’est ma mère qui déteste son café froid ! »

J’éclatai de rire, il fallait parfois peu de chose pour s’énerver, je pouvais comprendre qu’un café c’était étrange, mais la mère de William était un amour, ses colères pour le café froid… Ça devait pas être grand-chose. Le grand nounours haussa les épaules, Anna reprit la parole.


« Elle nous a surtout piqué une crise de jalousie. C'était ça le plus blessant. »


Hein ?! Azelie une crise de jalousie ? Elle avait ses défauts, mais jalouse ?! Ça jamais ! Elle ne m’avait jamais fait la moindre crise de jalousie. Je fronçais les sourcils :


« Mais… pourquoi ?! Et à qui ? À toi Anna ?

- Non, à William. »

William… Jalousie ? Euh… Je ne voyais vraiment pas comment c’était possible ! Oui, on était proche avec William, mais… je ne l’avais jamais envisagé comme petit ami ! Jamais :


« Mais… je ne t’ai jamais considéré autrement que comme un frère.

- Et je ne suis pas un Lannister. Ça m’ennuies… je voulais pas qu’Azelie le prenne mal ou quoi.»


J’eus un rire et je secouai la tête, Azelie devait être à cran, mais je ne comprenais pas. Jamais elle n’avait réagi comme ça avant ! Jamais… Et je me sentais triste de lui faire vivre de telles sentiments. Anna m’observa :


« Arrête. Tu n’es pas coupable, ce n’est pas toi qui as pété un plomb.

- C’est trop fatiguant. Et personne n’est coupable. »


Anna sourit doucement et montra mon crâne avec gêne :


« T’as pas froid ?

- Si, j’ai l’impression d’être un sac d’os sans mes rondeurs.

- Tu les retrouveras très vite une fois que tu remangeras de la nourriture solide. »


Si Anna me le promettait, je la croyais sans aucune difficulté, mais en attendant c’était particulièrement long d’avoir la désagréable sensation que même le drap était plus épais que soi. William avait quand même l’air secoué et ne réussit pas à parler beaucoup. Anna meublait et me parlait de tout de rien, je l’écoutais plus que moi-même je ne parlais, c’était fatiguant. Elle en avait des choses à dire et j’aimais l’entendre parler. J’adorais l’écouter me parler de ses frères, de ses histoires, du dernier voyage avec sa famille, et tout cela quand bien même je le savais déjà. Elle avait le talent pour raconter et pour faire voyager au travers de ses mots. William avait fini par sortir son carnet en restant assit près de nous. Il laissa son crayon courir avec une moue que je lui connaissais que trop bien. Anna glissa un regard vers moi et se pencha délicatement :

« Cette mouille…

- Qui veut tout dire… »


On rit toutes les deux et il leva les yeux sur nous, l’air un peu surpris de nous voir rire, visiblement pour rien.


« Qu’est-ce qu’il y a ?

- Rien. »

Je cachais mon sourire derrière ma main, mais il n’était pas convaincu, pas du tout même. Anna tendit la main pour caresser sa joue recouverte d’ure barbe de trois jours.


« On disait que tu avais une mouille adorable !

- Comment ça ?

- La mouille du « Je suis dans mon monde de dessin et il est bien mieux que le vôtre. » »


Il cligna des yeux, toujours aussi surpris et pencha la tête sur le côté sans vraiment quoi savoir dire de plus ou même la réaction qu’il devait avoir. Anna se pencha pour l’embrasser tout doucement et mon cœur fondit devant leur regard juste paisible et emplis d’amour. William sourit enfin et je détournai légèrement les yeux. La jeune femme continua de discuter un peu avec moi avant que la fin des visites ne sonne. La chambre retrouva son silence presque oppressant, mais en même temps c’était reposant. La visite m’avait fait beaucoup de bien, mais aussi beaucoup fatigué. Je me frottais le visage en regardant autour de moi à nouveau. C’était calme, il y avait toujours un fond de bruit dans l’hôpital, c’était stressant et même… angoissant en réalité. J’aimais le calme, même si j’adorais aussi une petite soirée, mais j’avais besoin de mes moments de calme absolus et ici… ce n’était pas forcément le cas. Et bien sûr j’avais en tête tout ce qu’Anna m’avait dit au sujet d’Azelie. Je n’aimais pas ça, je n’aimais vraiment pas… Qu’est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête ?! Je ne comprenais plus rien, la souffrance oui, mais blesser ainsi William ! Ça ne lui ressemblait pas, pas du tout. Et malgré tout je me sentais coupable, parce que sans aucun doute à cause de ma maladie ! Et je ne pouvais rien faire. Je sentis mon portable vibrer et je passai les yeux dessus.


« Salut Kitty, je suis passé voir Azelie, elle fait sa tête de con de service. »


Yasmina. Elle aussi pouvait avoir un sacré caractère, sûrement le plus dur d’entre nous. Et elle n’avait pas dû apprécier ce qu’avait fait Azelie… Elle avait dû lui dire de but en blanc. La franchise ça elle maîtrisait. Ça faisait mal, mais c’était toujours très clair avec elle. Je l’aimais beaucoup pour cela aussi. Et c’était la seule à m’appeler « Kitty » Je répondis :

« Coucou, Anna et William sont passés et ils m’ont tout expliqué, mais personne est plus coupable qu’un autre.

- Je sais, on s’est repartis les tâches si on peut dire. Mais Anna voulait surtout te voir et William aussi. Tu vas bien toi sinon ?

- Je me sens fatiguée et assez tendue. Mais ça va. Et toi ?

- Mise à part ça ? Tout roule. Les cours se passent tu t’occupes ? C’est pas trop long ?

- Le temps passe toujours plus vite quand on dort. Je me fatigue assez vite, du coup je regarde beaucoup de séries, mais je continue de réviser.

- Tant mieux. T'es quand même au courant que tu dois te reposer, pas réviser. Tu voudras que je passe ?

- Ne te force pas. Les hôpitaux ce n'est point… »


Je n’avais pas de mot, mais ce n’était pas spécialement divertissant comme endroit. C’était même lugubre. Et je n’avais pas très envie qu’elle se force pour moi. Il fallait aussi qu’elle pense à elle. Et que je me remette les idées en place, ainsi qu’Azelie bien sûr. Je passais à nouveau une main sur mon crâne sans savoir quoi répondre. Je préférais éviter le sujet des visites. Mes parents venaient régulièrement après tout. Il y avait un appartement de libre, il fallait bien que cela soit utile. Et surtout j’avais besoin de réfléchir au cas d’Azelie, qu’est-ce que j’allais lui dire ? Est-ce que je devais m’en mêler sérieusement ? Ou alors me taire et la laisser parler ? S’exprimer… Je ne savais pas, c’était la première fois que ça m’arrivait cette situation, je repris mon téléphone :


« Tu crois que je dois lui en parler quand elle viendra me voir ?

- Toi est-ce que tu te sens assez… forte pour t’engager là-dedans ?

- Tu penses que ça peut finir en dispute ?

- Je sais pas trop:/ Tu penses qu’elle t’en parlera d’elle-même ?

- Je ne sais pas trop. Elle est au courant que les autres sont venus te parler, peut-être qu’elle le ferra d’elle-même.

- Tu penses qu’elle va s’excuser ?

- Je lui ai dit le faire, après est-ce qu’elle va le faire…

- C’est Azelie, tu sais, c’est toi qui la connais le plus :P

- Oui, mais c’est la première fois qu’elle me fait un coup comme ça.

- Je me doute. Tu devrais te reposer Kitty.

- Bisous. »


Je reposais mon portable avant de regarder dehors à nouveau.

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