Chapitre 12 - Azelie

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La chips craqua sous mes dents quand je la croquais en regardant mon écran d’ordinateur. J’aimais ces matinées de cours, où il n’y avait pas cours justement. Ça c’était génial pour débuter la journée et surtout : éviter les autres. J’avais envoyé un petit mot à Cat pour lui dire que je passerais ce soir, mais rien aux autres. Et notre conversation de groupe était… silencieuse, c’était tant mieux, je n’avais pas envie de parler : j’écrivais. Puis de toute manière est-ce que j’avais vraiment à m’excuser ? Un peu, mais pas que ! C’était aussi la faute de William ! Il avait fait une blague de merde il avait qu’à s’excuser aussi. J’allais pas non plus tout prendre sur ma gueule. Et Cat, elle en penserait quoi ? Les deux autres avaient dû lui en parler, et moi ? Qu’est-ce que je devais faire ? Je croquai une nouvelle chips avec une moue tranquille. J’aurais peut-être dû prendre une pomme ? Mouais… sans doute, mais j’aurais dû faire les courses et j’avais la flemme ! Je devrais sans aucun doute après être allé voir Cath… Enfin, ça dépendait toujours de mon état après. Ça me mettait toujours un coup au moral, parfois moins parce qu’elle était hyper énergique, joyeuse. Et puis il y avait les jours sans. Et cela autant que pour que pour moi, c’était difficile. Je refermai mon paquet de chips avant de ranger mon ordinateur dans mon sac. Est-ce que je devais parler aux autres ? J’arrivais vraiment pas à me décider, mais si personne ne faisait le premier pas, personne n’allait faire progresser la situation. Mais en même temps c’était la première fois que ça arrivait ce truc. C’était chiant aussi, qu’est-ce que je pouvais faire ? M’excuser, sinon Yasmina allait me tuer, mais eux, ils allaient le faire ? Ou j’allais être la seule à baisser mon froc ? Ouais parce que, c’était pas que ma faute bordel ! Je grondais entre mes dents avant de soulever mon sac pour le poser sur mon épaule avant de sortir de chez moi, casque sur les oreilles, portable dans la poche.


Je répondis rapidement à quelques SMS que j’avais notamment de mon petit frère qui avait des soucis en français. Comme quoi, les grandes sœurs en études sup, c’était sacrément pratique. Mais ça me faisait plaisir de l’aider après tout. Puis quelque part il fallait bien que quelqu’un le fasse. J’observai la ville défiler derrière les vitres du tram en essayant de me souvenir des cours du jour. Je n’avais pas spécialement envie d’y aller, mais si. J’y allais quand même, je n’avais pas le choix, ou si, mais non. Si je n’y allais pas c’était Cath qui allait me tomber dessus, suivit de Yasmina pour avoir osé fuir la confrontation. Mais je fuyais pas ! Je préparais mon terrain aussi. J’avais dit des trucs, mais je les pensais pas aussi violement… donc est-ce que c’était si grave que ça ? Ouais bon, j’avais pas vraiment à balancer un « Connard approche plus de ma Meuf » comme ça. Et surtout aussi violemment. Je finis par envoyer un petit mot à ma copine :


« Coucou ma puce, je passe te voir après les cours. Bisous je t’aime <3 »


Pas de réponse, elle devait se reposer et elle en avait besoin. Je me faufilais parmi la foule jusqu’à l’amphi pour m’installer à ma place. C’était toujours la même, et surtout, c’était une option, j’étais seule, les filles n’étaient pas là et certainement pas William. J’allais donc éviter une autre dispute. Pour combien de temps je ne savais pas, mais j’allais au moins être tranquille jusqu’à l’heure du repas. Je secouais la tête avant de me mettre à suivre le cours. Je ne sentis aucune vibration de mon portable jusqu’à la fin.

« Je t’attends à la sortie des cours, pas question que tu te défiles. »

Ouais, alors c’était ma vie Yasmina ! T’allais pas non plus m’imposer un master non ?! D’ailleurs faudrait que je regarde un peu plus attentivement ce que j’avais. Et faudrait qu’on se mette d’accord sur la prochaine répétition. Même avec la maladie on avait continué les répétitions, on avait pas envie d’arrêter la musique, c’était un truc qu’on aimait aussi, puis Cathleen aurait pas aimé qu’on s’arrête juste pour elle. Je rangeais mes affaires avant de sortir avec le reste des élèves et une main m’agrippa le bras pour me sortir de la cohue. Je souris.


« Salut Yasmina.

- Salut, ramène-toi. »


Elle avait une de ces forces quand même. Est-ce que c’était légal ? Elle me traîna jusqu’à la cafétéria une moue sévère sur le visage. Je pris mon repas tranquillement avant de m’asseoir à sa gauche.


« Tu sais ce que tu vas dire ?

- T’sais qu’si tu m’obliges à m’excuser c’pas des vraies excuses ?

- Je ne doute pas que ce seront de vraies excuses. »


Je plissais le nez sans rien dire. Je savais pas encore si ça serait ou pas des vraies excuses. Je savais qu’il fallait que je le fasse pour avoir la paix, et aussi parce que je le regrettais. Mais bon… L’autre devrait en faire aussi. Mais je doutais qu’il le fasse vraiment. Pour lui il avait rien fait de mal… J’allais le faire pour remettre une bonne ambiance. Puisqu’il fallait un sacrifice, j’allais le faire. Anna et William s’installèrent et il eut un silence, long… long silence… Yasmina me donna un coup de coude et me foudroya du regard. Ouais bah ça va on était pas aux pièces. Je soupirais en regardant William avant de comprendre que oui… ça me chagrinait qu'on se soit engueulé pour de la merde, etça serait sincère ce que je dirais :


« Désolé pour hier, j’étais sur les nerfs et t’en as à fait les frais alors qu’t’as rien fait. »


J’avais pas mieux en réserve. William haussa les épaules avec un petit sourire très doux.


« Pas de problème. C’était aussi ma faute, je suis aussi désolé. »


Bon bah… c’était vraiment fini comme ça ? J’allais pas m’en plaindre du tout. Il me sourit doucement. C’était beaucoup plus simple comme ça après tout. On allait pas faire des ronds de jambes pour des excuses. Puis comme c’était la première fois où on s’engueulait réellement, oui parfois y avait des brouilles, mais quand même, c’était la première fois que c’était aussi violent. Je crois que personne n’avait envie que ça dure. Alors on passa donc aussitôt à autre chose. C’était bien mieux pour tous si on oubliait ce qu’il s’était passé, il ne s’était rien passé de toute façon, c’était juste les nerfs qui avaient craqué. Pas besoin de plus d’explication. Moins on en reparlerait, mieux c’était. Autant faire comme les chats avec leur merde : l’enterrer et ne plus en parler.

Je sortis à pas rapides en observant les vélos peut-être qu’il faudrait que je me bouge les fesses et que je fasse du vélo ? Peut-être ? Bah, j’en ferais quand Cath sera sorti de l’hôpital, ça nous fera du bien à toutes les deux, pour se remettre en forme et nous rapprocher à nouveau. Même si cette maladie ne pourrait que nus rapprocher. J’espérais juste qu’elle puisse s’en remettre de cette maladie avant l’été, qu’elle puisse faire un stock de vitamine D. Même si je savais qu’il fallait pas trop l’exposer au soleil mon vampire d’amour. Et il faisait de plus en plus froid, pays de merde. Je disais ça on était quasiment en décembre c’était logique. J’allais passer les meilleures vacances de noël de ma vie, entre les partiels, enfin, ça c’était habituel, et la maladie de Cath… J’espérais quand même pouvoir lui donner son cadeau ou faire un repas avec elle, ou quelque chose dans ce goût-là. Cette année je lui avais acheté tout un stock de chaussettes et des pantoufles : Cath avait toujours froids aux pieds, et cette année c’était encore pire. Le bus me passa sous le nez, c’était tellement habituel que je ne rageais même plus pour ça. J’attendais juste le suivant pour monter dedans en râlant juste à cause du froid et en rajustant mon écharpe autour de mon cou. Il faisait froid ! Et dans le bus au moins il faisait chaud, en même temps il était surchargé. Je soupirais un peu en regardant par la fenêtre mon sac serré contre moi. C’était long ces trajets, mais j’allais pas me plaindre non plus de sortir, y en avait une qui serait certainement ravie de pouvoir le faire comme moi. Bon allez, bientôt ça serait le cas, il fallait juste être patient. Y avait pas vraiment le choix. Et c’était moi qui disais ça. J’étais pas patiente. Pas du tout, mais comme c’était pas pour moi mais pour ma copine je pouvais bien faire un effort.

Et cet hôpital était diablement dépriment, je comprenais que Anna n’aimait pas ça, moi non plus, et Cath non plus c’était certain. Je montai jusque dans sa chambre, elle dormait visiblement profondément, ça me faisait étrange de la voir sans cheveux et aussi maigre. Je m’avançai sans bruit dans sa chambre en regardant autour de moi avant de m’installer près d’elle, je glissai ma main autour de la sienne et souris sans oser rien dire. Je ne voulais pas la réveiller, alors je la regardais simplement dormir un petit moment avant de sortir ma liseuse de mon sac et, d’une main experte, l’allumer pour me mettre à lire dans le silence le plus complet pendant un petit moment, jusqu’à ce qu’elle finisse par ouvrir les yeux, je lui souris avec tendresse :

« Hello.

- Hey…

- Comment t’t’sens ma puce ?

- Fatiguée… Et toi ? »

Je me penchais pour lui embrasser doucement le front, sa prise s’affirma autour de mes doigts, son autre main repoussa en douceur les cheveux collés à ma joue. Quoi que je fasse je finissais décoiffée. Je n’osais pas l’embrasser, j’avais peur de lui faire mal.


« Tu t’es excusée ? »


Elle faisait exprès ? Forcément qu’elle allait poser la question, elle devait être inquiète, je soupirais un peu en la regardant avec attention.


« Oui ma puce, t’inquiète pas, c’tait pas une aussi grosse dispute que ça. Pis Willy s'est excusé aussi.

- Tu sais quand même que je sais ce que t’as dit ?

- Et que j’ai regretté. Et oui, mes excuses étaient sincères. Je le pensais pas. »

Elle me sourit doucement et je lui rendis, je n'aimais pas devoir encore raconté, mais je voulais bien le faire pour la rassurer et la voir sourire encore une fois. Ce beau sourire valait bien que je fasse des excuses à terre entière. Si c’était pour la voir heureuse quelques minutes.

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