Chapitre 8 - Azelie

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Je finis de relire ma nouvelle, ôtant les hautes que je pouvais apercevoir au passage avant de sursauter au son d’une notification d’un e-mail. Je restais surprise devant l’adresse avant de cliquer dessus. Je fronçais les sourcils en lisant avec attention le mail.


« Gngngn Mademoiselle Azélie… Gngng remercions de votre participation au concours d’écriture sur le thème de… gngngn… Nous vous informons que vous avez gagnez ?! Mais c’est quoi ce délire ?! J’ai jamais envoyé une nouvelle ! »


Je saisis mon portable pour composer le numéro de Yasmina qui décrocha après quelques sonneries.


« Oui ?

- YASMINA ?! T’AURAIS PAS GENRE PAR HASARD ENVOYÉ UNE DE MES NOUVELLES À UN CONCOURS D’ÉCRITURE DE MES COUILLES ?!

- Bonjour Azelie, comment vas-tu ? Moi je vais bien, je te remercie de demander. »

Je retiens un soupir, Yasmina détestait quand on était pas polis au téléphone et elle le faisait très bien sentir. Je remuais le nez pour rester parfaitement calme.


« Oui, bonjour, ça va ? Tout ça, réponds à ma question.

-Ah… Ma petite Azelie… Oui, j’en ai envoyé une.

- Mais wesh ! Non ! Pourquoi t’as fait ça ?!

- Parce que tu as des kilos de nouvelles sur ton ordinateur et ton disque dur externe et que tu n’en fais rien. Et puis je les lis depuis des années, je connais tes codes, alors en envoyer une qui correspondait au thème, ce n’était pas bien difficile. Pourquoi ? Tu as eu un mail ?

- Mais ! Ptain… Ouais… j’ai gagné…

- Et c’est comme ça que tu me remercies ?

- Yasminda… C’pas ça… Mais j’dois partir à l’autre bout du pays, pour tout l’week-end !

- Quoi ? Tu veux que je t’accompagne ?

- Mais non ! Fin, si, mais j’vais pas voir Cathleen pendant tout c’temps…

- T’es au courant qu’il y a sa mère ? Et ses parents le week-end ?

- Ouais… Mais quand même ! »

J’entendis mon amie soupirer longuement au téléphone. Je massais en réponse mes tempes. C’était un joli prix que j’avais gagné, trois cents euros et une publication de ma nouvelle dans un recueil. C’était pas grand-chose… Fin, quand même, pour des étudiants, c’était pas rien. Surtout qu’il y avait tout de payer, mais voilà…


« C’est pas parce que t’arrêtes de vivre que Cat va guérir plus vite. Ça lui fera plaisir de voir que tu continues de vivre. Puis rien ne t’empêche de lui dédier la nouvelle.

- Nan, c’est vrai… Mais…

- Mais quoi ?! Azelie ! Donne-moi une bonne raison de pas y aller ! »


Je ne répondis pas, Yasmina était furax, et remuais le nez en regardant le mail. Je savais plus quoi penser, c’était un gros concours que j’avais gagné, c’était pas… Le thème en plus en lui-même était hyper cool… Mais j’avais peur de trahir Cathleen si je partais comme ça.


« Ouais… Mais Cat… Elle va l’prendre comment ?

- Bah elle sera heureuse de voir que ton talent est reconnu !

- Bon… J’lui dirais demain… Tu m’accompagnes ? Puisque c’est à toi qu’j’le dois c’truc.

- Ouais, promis. On en discute demain à la cafet. Bisous. »


Elle raccrocha et je restai immobile devant mon portable avant d’envoyer un texto à Cat.


« Yasmina m’a inscrite à un concours de nouvelles. J’ai gagné. Je partirais ce week-end avec elle pour le prix. Ça te dérange pas ? »


Je restais immobile devant le mail, je ne dirais pas oui, pas si elle-même ne me disait pas « C’est bon. ». Je fermais les yeux et attendis, un long moment. Je sursautai en entendant mon portable vibrer. Je me jetais dessus.


« Je suis fière de toi ma puce <3. Fonce tu m’enverras des photos. Désolé du temps de réponse, j’étais occupée, y a un cercle de parole et le médecin pense que c’est bien que j’y aille.

- Et toi t’en penses quoi ?

- Je sais pas encore, ça fait quelques fois pour l’instant que j’y vais. J’ose pas encore parler. T’inquiète pas pour moi ma puce <3 profite à fond de ton week-end.

- Ok…

- Promis ?

- Promis. »

Je souris doucement et observais mon fond d’écran avant de répondre au mail en confirmant que je serais là, accompagnée. J’en informai l’investigatrice avant de me lever et de téléphoner à ma mère. Fierté que j’ai réussis et je me sentis un peu mieux après l’appel. Je finis par me laisser tomber sur le canapé et d’une main distraite attraper l’un de mes carnets. J’avais environs une bonne vingtaine de carnet de notes où je notais mes idées d’histoires, de personnages, de nouvelles… Il y avait de tout et n’importe quoi et il fallait vraiment que je fasse attention à n’en perdre aucun. J’y tenais, même si souvent des pages entières étaient raturées parce que j’en avais des idées, mais datant du collège… Il fallait aussi savoir les oublier un peu. Ou alors tellement les reprendre que cela n’avait plus rien à voir avec l’idée de départ. Je chipais l’une des tranches de pain de mie que j’avais mis à décongeler sur le radiateur poussé à fond. Mmh. Je les avais laissés trop longtemps… Elles étaient toute sèches, bon… bah tant pis, avec du beurre et trempé dans le thé c’était bon aussi. Puis je notais ça : ça pourrait remplacer le grille-pain.

Je finis par m’asseoir à nouveau à mon bureau devant mon ordi pour regarder les billets de train pour aller à la remise du prix. Je finis par me rabattre sur un covoiturage : beaucoup moins cher. J’en informai Yasmina qui semblait satisfaite. De toute manière, elle était pratiquement toujours contente. Enfin, je l’avais très rarement vu en colère. C’était comme William. Je finis même par l’appeler.


« Winnie ?

- Salut Azelie. Comment tu vas ?

- Bien et toi ? J’pourrais passer chez toi ? J’ai besoin d’inspiration.

- Ça va. Euh… Du genre ?

- Fin pas d’inspiration… Mais j’aimerais qu’tu m’peignes un paysage. Fin, si tu peux.

- Euh… oui je peux, j’ai fini mes révisions et ce que je devais faire pour les cours. Ça devrait pas poser de soucis. Tu passes tout de suite ?

- J’imprime et ouais, j’arrive. »


Il raccrocha et je sélectionnai le passage avant de l’imprimer. S’il y en avait un seul qui devrait dessiner mes textes. Puis il fallait bien que je leur annonce la bonne nouvelle ! Est-ce que… J’en discuterais avec eux, fin, avec Winnie et Anna autour d’un bon repas. Anna faisait des Banh Bao du tonnerre ! Je savais pas si elle en faisait ce soir. Bon et puis je m’invitais un peu. J’envoyai en partant un message à William pour savoir si je pouvais manger ce soir avec eux. J’aimais pas manger toute seule et je faisais tout pour jamais manger seule, que ça soit avec Cath, Yasmina ou je sais pas qui. C’était dépriment de manger toute seule devant son ordi. Je savais que certains de ma promo le faisaient, mais moi j’en étais incapable. Je passai dans une boulangerie histoire d’au moins prendre une tarte ou un dessert. Je m’invitais, j’allais pas arriver les mains dans les poches quand même ! Je sonnai


« Oui ?

- C’est le plombier Winnie.

- Monte. »

Ce mec avait beaucoup trop l’habitude de mes blagues vaseuses… C’était même plus drôle ! Je soupirais un peu en montant les escaliers. Pourquoi ils habitaient au septième étage… Sans ascenseur. C’était long ! Puis j’avais mal aux jambes ! Puis… Puis… OK ils avaient une super belle vue, avec balcon. Mais j’arrivais au bout de ma vie en haut des marches et frappai en cherchant mon souffle. William ouvrit et m’observa.


« T’as vraiment besoin d’exercice miss George Sand.

- La ferme putain… Quelle… fucking… idée… de merde… d’habiter… dans une résidence… au septième… sans ascenseur ! »

William se mit à rire et ferma la porte derrière moi alors que je me traînai jusqu’au canapé. Il posa devant moi un grand verre d’eau que je sifflais d’un coup. William s’assit en face de moi et je finis par sortir mon ordinateur avant de tapoter dessus quelques instants avant d’ouvrir le passage que j’avais copié sur un autre fichier. Histoire de le retrouver plus facilement. Je m’éclaircis la voix et rougis jusqu’aux oreilles sous le regard de William.


« Arrête d’me regarder comme ça putain !

- D’accord, d’accord. »


Il attrapa son carnet de croquis et me tourna le dos pour ne pas me fixer pendant que je prenais une profonde inspiration avant de décrire la scène de l’orage dans une forêt. William ne dit rien et observa son croquis avec attention avant de me faire relire certains passages avant de finir le croquis. Il fronça les sourcils et retravailla en silence pendant encore une bonne vingtaine alors que j’avais encore l’ordinateur sur les genoux. Il s’installa ensuite sans plus de cérémonie à son bureau et entreprit de s’occuper du dessin. Je n’avais pas le droit de regarder avant qu’il ait fini. C’était la règle. Je me replongeais dans mon écriture en levant de temps en temps les yeux, William me tournait toujours le dos, mais il avait mis son casque. Il avait besoin de concentration, c’était aussi simple que ça, mon tapotement sur mon clavier le rendait dingue quand il peignait ou dessinait. Alors cela ne me dérangeait pas qu’il travaille ainsi, si c’était pour me sortir des résultats incroyables, je m’en foutais complètement. Je profitais aussi du calme de son appartement pour écrire, c’était toujours bien. Dans mon appartement c’était plus facile de se déconcentrer. Là au moins au vu de l’ambiance studieuse… T’étais tranquille pour étudier faire tout ce que tu voulais.

De temps en temps je levai les yeux sur William qui était concentré sur ce qu’il faisait. Je le voyais utiliser tout un tas de pinceau ou de couleur, il était concentré comme toujours. Je tirais des profondeurs de mon sac une tablette de chocolat milka chocolat au lait, caramel, et cacahuète pour en croquer un carreau. Ce truc… était absolument une tuerie. Ça devrait être interdit tellement c’était trop bon. Je le rangeais vite au fond pour être sûre de ne pas trop craquer. Dès que j’en voyais une tablette j’en achetais. Il faudrait que j’en porte une à Cat… Quoi que ce n’était pas du tout une bonne idée… Avec ses médocs…


« Même pas tu partages ton chocolat ? »


Je souris à William et posai l’ordinateur sur la table basse avant de le ressortir de mon sac, le chocolat, pour lui en donner une barre. Il croqua dedans et sourit largement comme un gamin.


« Tu m’le montres ce dessin ? »


J’observais le paysage derrière la vitre de la voiture. Yasmina dormait, sa tête sur mon épaule. C’était les personnes devant qui discutaient, nous on ne disait rien. C’était sans doute pour le mieux. J’étais déjà assez nerveuse, je regardais à nouveau mon mail avec anxiété, toujours le même mail avec l’adresse de l’hôtel tout ça Cat était en moment de discussion, enfin… je crois… je lui envoyais un message :

« On est presque arrivés, comment tu vas ma princesse ?

- Ça va écoute. Et toi ma chérie ? »


Elle était là ! J’eus un large sourire et m’empressai de lui répondre sans attendre :


« Ça va, c’est long, mais ça va écoute, on devrait pas arriver dans trop, trop longtemps. Enfin, je crois.

- Ça va le faire t’inquiète pas, tu demanderas à Yasmina de me prendre des photos ?

- Promis, t’inquiète ma princesse. Tu as mangé aujourd’hui ?

- Un peu, surtout de la soupe, pas trop de solide, ça passe mieux. »


Je grimaçai un peu mais ne dis rien de plus. Je secouais doucement mon amie qui ouvrit en baillant les yeux et s’essuya la bouche. Je lui souris gentiment avant de me remettre à discuter avec elle à voix basse. Elle se laissa faire et hocha de temps en temps la tête. On remercia le covoiturage avant de se perdre dans les rues jusqu’à l’hôtel. Bon c’était de l’entrée de gamme, mais pour le temps qu’on allait y passer. On eut juste le temps de poser les valises qu’il était l’heure de manger. Repas correct, mais c’était un bas de gamme, je pouvais pas en demander trop. Je demandais rien en fait à la base. Yasmina prit sa douche la première le temps que je range mes affaires et on inversa rapidement, on avait pas grand-chose. Surtout pour deux jours. Enfin entre ça et les devoirs, nous étions quand même relativement tranquilles. Enfin, pas vraiment on avait les partiels après les vacances, mais au moins nous aurions du temps pour réfléchir. Je reviens en ébouriffant mes cheveux tressés et me figeais en voyant Yasmina sur son lit entrain de regarder…

« Mini-miss… SÉRIEUX ?!

- Prends ça comme une analyse sociale et culturel.

- Yasmina, t’es en littérature. Pas en putain de sociologie.

- Et ?

- Pourquoi tu regardes c’truc ?!

- Honnêtement ? Pour ça. Juste pour voir comment ça se passe.

- T’as vraiment envie d’te déprimer sur l’état mental du monde ?

- Suffit que je te regarde pour ça. »


Elle eut un fin sourire et je restai immobile avant d’éclater de rire et de me jeter sur elle pour la chatouiller, pas vexée pour deux sous par ce qu’elle venait de me balancer. S’envoyer ce genre de truc à la face c’était normal entre nous dans notre groupe. Je finis à subir une prise de bras sur le matelas.


« AIE ! OK ! OK ! T’es… t’es la meilleure ! S’te plaît ! J’suis qu’un humble vermisseau à tes pieds.

- Bien. »

Elle me relâcha avec un sourire et je massai mon épaule avant de me laisser aller contre Yasmina qui me gratouilla du bout des doigts le crâne alors qu’elle regardait le concours débile. Moi j’aimais bien les robes… Ouais, je regardais aussi. J’envoyai quelques messages à Caitlyn, mais aucune réponse. Je m’agitai un peu, inquiète de son silence.


« Si elle dort et que tu la réveilles, ça va mal aller. »


Je levai les yeux sur Yasmina qui me rendit un fin sourire. Je hochai la tête et posai sagement mon téléphone avant de me glisser sous mes draps pour essayer de dormir un peu.


Ah… euh… Y avait quand même du monde dans la petite salle. Je m’installais sur le bord de la ligne de chaise en croisant et décroisant les jambes. Yasmina soupira et me massa la nuque avant d’allumer son portable pour se mettre à filmer quand on m’appela pour que je vienne faire un discours. Nan ! À l’aide ! C’était pas possible ?! Je m’éclaircis la gorge avant d’inspirer. Et bien puisqu’il fallait aller en improvisation… Et en faisant attention à bien parler


« Je n’aurais jamais participé à ce concours sans l’intervention d’une personne qui a envoyé pour moi la nouvelle. Je remercie Yasmina qui m’a accompagné aujourd’hui. Et je crois que sans elle je ne serais pas là aujourd’hui. Puis honnêtement, même si je l’avais envoyé moi-même, je me serais pas attendu à gagner. Je vous remercie donc vous, jury, qui m’avez offert cetteNotifications incroyable opportunité, et pour finir. J’aimerais remercier une personne incroyable, une personne que j’aime de tout mon cœur, qui est ma muse et qui n’a pas pu être là aujourd’hui. Mais elle s’appelle Caitlyn, c’est ma muse et je l’aime. »


Il eut des applaudissements et je descendis vivement, les jambes flageolantes avant de vite retourner m’asseoir près de Yasmina qui coupa la vidéo avant de l’envoyer à Caitlyn. On resta toutes les deux un peu après avant d’aller chercher nos affaires pour reprendre notre blablacar pour retourner chez nous. Toujours pas de vraie nouvelle de Caitlyn… Juste des petits trucs banals, mais elle n’avait peut-être pas vu la vidéo. Je fermai les yeux avant de les rouvrir quand mon téléphone vibra pour indiquer un message

« Désolé du temps de réponse, j’ai beaucoup dormis ces derniers jours. Ma mère tricotait à côté de moi pendant qu’on regardait des films. T’es magnifique je suis fière de toi ma puce. <3

- T’inquiète pas, il fallait que tu te reposes, je passerais te voir demain, il y aura quelqu’un avec toi ?

- Mes parents sont repartis ce soir, mais j’imagine qu’ils repasseront demain soir. Comme toujours. Mais j’ai hâte de te revoir. Tu m’as manqué »


Je savais que j’aurais dû rester avec elle.


« Mais t’as bien fait d’y aller, je m’en serais voulu si t’étais restée juste pour moi, c’est bien aussi que tu commences à être reconnu pour ton talent.

- Tu lis dans mes pensées ?

- Je suis une sorcière :P »

Je ris doucement avant de continuer à discuter paisiblement avec elle.

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