Je travaille avec Franck depuis maintenant quinze ans. Evoluant dans le milieu bancaire en qualité d’opératrice Back-Office, Franck est mon superviseur direct. Avec les années, une certaine complicité est née entre nous. Affichant ouvertement notre amitié aux yeux de tous, certains collaborateurs nous prêtaient même une liaison intime. Même si Franck est un homme charmant, je ne me suis jamais fourvoyée dans une relation adultère.

C’est à l’occasion du summer day, une soirée organisée par la banque pour fêter l’arrivée de l’été, que Vincent, mon mari et Daphnée, l’épouse de Franck ont fait connaissance. Entre eux ce fût comme une évidence, une révélation amicale et j’en étais ravie.

Daphnée est une très belle femme, ses formes harmonieuses, sa longue chevelure ondulée, ses jambes fuselées et sa chute de reins vertigineuse font de cette incendiaire rouquine une femme fatale, au pouvoir de séduction indéniable.

Au fil du temps et de nos soirées, lorsque nous étions rentrés, je m’amusais à titiller Vincent et sur sa façon de complimenter la belle Daphnée. J’imitais ses mimiques face à cette divine beauté. Je le taquinais sans cesse.

Il m’arrivait même d’imaginer Vincent faire un détour par la quartier préféré de Daphnée avant de se rendre à son travail, dans l’espoir de la croiser, dans l’espoir de l’apercevoir à travers la grande fenêtre de ce coquet salon de thé, dans l’écrin des lourds rideaux retenus dans les passementeries de velours, où elle a ses habitudes. Je l’imaginais scruter la douce glissade du pied de la belle dans son escarpin, le chuintement de sa jupe qui se froisse sur le canapé.

Secrètement, Vincent en pinçait pour Daphnée, cela ne faisait aucun doute. Je le savais, mais à mes yeux, mon mari était un homme fidèle et aimant, il se retrouvait juste une jeunesse perdue, un sursaut de convoitise, un second souffle.

Puis un jour tout bascula…

C’était un mardi, vers midi, midi trente. Je venais de recevoir un texto assez étrange de Franck. Sans explication, il me demandait de le rejoindre le plus rapidement à l’adresse qu’il venait de m’envoyer. Sentant, à travers ses mots, l’agitation peu commune de mon ami, je me suis empressée de le rejoindre aussi vite que possible.

J’allais pour passer la porte de l’établissement dans lequel Franck m’avait conviée, lorsqu’une main agrippa ma manche et m’entraina à l’étage sur une sorte de mezzanine qui surplombée la salle. Me poussant sur une chaise, il s’installa en face de moi.

- Mais enfin Franck, que se passe t’il ? Tu as peur que l’on nous voit ensemble ?

- J’ai peur qu’eux nous voient. Me dit-il en faisant un geste de la tête.

Dissimulée derrière les plantes vertes, en toute discrétion, j’ai tourné la tête… Ils étaient là, Daphnée et mon époux, à une table, en train de déjeuner. Ils se souriaient, se parlaient doucement.

- Mais enfin Franck, ils déjeunent en amis, que t’imagines-tu ?

- Elle m’a dit qu’elle déjeuner avec une amie. Elle a menti.

- Franck arrête, tu te fais des idées.

- Des idées ? Tu sais qu’au dessus il y a des chambres ? Je suppose que ton mari le sait lui.

En une seconde je me suis sentie pâlir. J’ai de nouveau tourné la tête afin de les observer, pour me convaincre que Franck faisait fausse route, que tout ceci n’était qu’un simple déjeuner, qu’une simple rencontre amicale.

A suivre…