Chapitre 5

6 minutes de lecture

Je m'approche de l'hôtesse et m'accoude sur son bureau.

- On nous a signalé un problème concernant un patient... Le jeune Garret, vous n'avez rien remarqué de suspect ?

La fille est toute pâle, elle bafouille.

Je dois l'impressionner.

- Euh...non, il a reçu de la visite d'un membre de sa famille mais ça arrive souvent que des patients reçoivent de la compagnie, jusque-là rien d'anormal.

- Y’a combien de sorties dans ce bâtiment ?

- Une seule sortie, une seule entrée et vous vous y trouvez, écoutez, je ne comprends rien... je ne sais pas ce que vous cherchez, mais ce qui est sûr, c'est que Garret et sa tante sont toujours dans le bâtiment, il n'y a aucun doute.

Ok, bon ben y’a plus qu'à les trouver mais c'est immense ici, ça va prendre une plombe et j'ai une émission à tourner moi.

- Regarde en haut, me dit Ed en me montrant une caméra de surveillance.

- C'est une caméra.

- Oui je sais merci, et donc qui dit caméra dit ?

- Euh...qui dit caméra... dit film... ok, on est filmé !

Oups, il a raison, on est filmé bordel, je dois penser à mon image, ce que tu dégages est très important dans ce métier, il ne faut rien laisser passer.

Je me redresse, rentre le ventre et fais un petit salut à la cam avec un grand sourire.

- Tu fais quoi Lapin ? Ouh ouh ! Qui dit caméra dit poste de surveillance, si on veut retrouver Véro et Garret au plus vite, autant avoir les yeux partout...Donc , allons au poste de surveillance de l'hôpital.

Je reconnais que j'ai été un peu lourd sur ce coup, il est bon cet Ed, il en a dans la tête, en même temps c'est tout ce qu'il lui reste.

- Pouvez-vous m'indiquer le poste de surveillance s'il vous plait, je lui demande gentiment.

L’hôtesse interpelle un interne qui nous emmène jusqu'au poste.

Je tape à la porte. Elle s'ouvre.

Un gros black me reçoit.

- En quoi puis-je vous renseigner ? me demande le type.

Je lis son badge.

- Bonjour Richard, Police ! Nous réquisitionnons votre bureau pour les besoins d'une enquête, veuillez sortir s'il vous plaît.

Le gars se pousse, on rentre dans le poste. Une dizaine d'écrans nous accueillent.

- T'as entendu mon collègue ? On t’a dit de sortir ! Allez ouste ! lui balance Ed.

Richard recule d'un pas mais reste sur le devant de la porte.

- Enfin...je travaille moi...je...mais ...pff.

Il est encore là, je m'énerve, je lui colle ma plaque contre sa joue.

- Oh ! T’es sourd ! Police ! Tu dégages !

Le gars se barre.

- Non attend, reviens ! je lui demande

Il est un peu déboussolé, rapplique, lâche un sourire timide.

- Va me chercher à boire ! Et fais vite !

- Pardon ?

- Va me chercher à boire putain, ou je t'embarque ! je gueule

- Mais enfin, m'embarquer pour quoi ?

- Euh... pour non-assistance à personne assoiffée !

Richard se barre. Je ferme la porte.

Enfin tranquille, on va pouvoir bosser en paix.

Je m’assois. Il se fait pas chier le Richard, il est confortable son fauteuil, il doit se taper des putains de siestes dessus. Je pose Ed sur le bureau à côté d'une console.

- Mate les écrans de droite, moi je surveille à gauche, je lui dis.

On voit tout, c'est impressionnant. On est l'œil de l'hosto, rien ne nous échappe.

Enfin si, on n’a toujours aucun signal de Véro.

Pour l'instant, ça ne donne rien. Je clique sur un bouton, les écrans passent sur d'autres caméras.

Des couloirs et encore des couloirs.

- Regarde comme il est beau lui, me dit Ed en se marrant.

Je mate l'écran, ça donne sur une chambre, un gars fixe la cam’ en faisant des va-et-vient.

Il fait trop flipper.

Il doit faire partie de la section "Mec dangereux qu'il ne faut pas amener chez le coiffeur".

Je sens que ça va être long... très long.

- Oh putain ! Lapin, vise-moi un peu ça ! Ed est en folie.

Un type en blouse blanche en train de tringler une bonne femme dans la réserve.

- Y en a qui se font pas chier !

- Il doit faire une consultation privée, Ed se marre.

- Waah ! Regarde ce qu'il lui met ! Tiens ! Et bim ! Et bim !

Je m'approche un peu plus près de l'écran, un détail m'interpelle.

- Mais je le connais lui ! C’est le docteur de Garret.

- Et ben, il est chaud bouillant ! Vas-y zoom !

Je tourne une molette, le couple en ébat se retrouve en gros plan.

- Attends, c'est pas notre Lucy contre le placard ?

Ed, surpris de ma question, se concentre un peu plus sur la scène.

- Non... C'est pas elle, quand même, elle ne se ferait pas visiter alors que son neveu est en danger.

Le docteur attrape la fille par deux bourrelets et accélère le tempo.

- Si ! Regarde ce gros cul tout flasque et ses deux nibards qui tombent ! C’est elle ! Putain ! c'est Lucy !

Je suis furieux.

Je comprends que depuis sa permutation, les prétendants dans son pieu ne se bousculent pas mais faut pas déconner.

Un moment pour tout.

J’attrape le micro du poste de surveillance et hurle.

" Ça va ma boulette ! Tranquille ! Pendant que tu te fais casser la rondelle, je te rappelle que la Véro se cache toujours dans le bâtiment !"

Le docteur regarde la caméra, il devient rouge de honte, remonte aussi sec son froc tandis que la fille rabaisse sa jupe et se retourne face à nous.

- Putain, c'est pas Lucy, je dis d'un air désolé.

Tout l'hôpital nous a entendus, ça craint.

- Là, dans le couloir ! Ed s'affole.

Véro sort d'un local. Elle aussi nous a entendus.

Fait chier.

Garret, toujours coincé par sa camisole, sort à son tour.

Il a du mal à marcher, elle est toute affolée et voilà qu'elle le tire par les cheveux.

"T’aurais pas dû bouffer le coiffeur"

Ils courent dans un interminable couloir.

- Ah ben, la voilà, l’autre !

Lucy arrive à son tour sur l'écran poursuivant Véro.

Elle est un peu à la traine, on va lui donner un petit coup de pouce.

- Ed, surveille l’écran, je vais essayer de verrouiller les accès.

Du poste de surveillance on peut faire plein de choses sympas.

Mater des culs, dire des conneries dans un micro et contrôler l’accès de tout l’hôpital.

- Elle arrive bientôt au bout du couloir, vas-y, bloque là !

Je cherche sur la console.

Á quelle porte peut correspondre ses boutons ?

Bon, je me lance.

- Non, t’as éteint la lumière…

Merde. Je rallume, appuie sur un autre « Accès verrouillé » s’inscrit sur l’écran du docteur qui peine toujours à se rhabiller.

C’est pas le bon, pff !

Allez tant pis, j’envoie mes doigts au pif sur tous les boutons de la console, je vais bien finir par tomber sur le bon.

J’appuie. La porte d’une cellule s’ouvre.

Aie. Un gars un peu bancal sort de sa chambre.

Merde.

C’était lequel de boutons ? j’enfonce un autre.

Une autre cellule se déverrouille, un type à quatre pattes se barre en courant.

- Lapin, tu fais quoi ? s’inquiète Ed.

- Je sais pas ! Putain ! Il est où ce bouton ?

Véro arrive au bout du couloir. Je tapote cinq boutons simultanément.

Bingo ! La porte du couloir s’est verrouillée, elle est prise au piège.

- Lapin ! T’as encore ouvert des cellules ! Les gars vont se tirer ! Si elles étaient verrouillées je pense qu’il y a une raison !

Facile à dire, c’est le bordel tous ses boutons !

Et il est où Richard ?! Il ne devait pas revenir ce con ?!

J’enfonce à nouveau.

Yes !

Une porte se referme alors que le gars s’apprêtait à se barrer. Bon, je dois faire pareil pour les autres.

J’enfonce.

« Accès déverrouillé »

- Putain ! Tu lui as ouvert la porte ! Elle se barre !

Fait chier, Lucy n’était qu’à quelques mètres d’elle.

Je n’y comprends rien à cette console, après dix minutes d’improvisation, je laisse tomber.

Trop de boutons, tuent le bouton.

- Euh…je crois qu’on a un souci, me dit timidement Ed.

Je m’approche de l’écran filmant la cafétéria.

La dizaine de patients évadés se sont fourrés à l’intérieur.

C’est la panique totale.

Les internes, venus se poser pour déjeuner tranquillement se font prendre à partie par une bande de schizos, psychos et autres perchés.

Je prends le micro.

- Tiens bon Lucy, on arrive… bientôt !

- On fait quoi ? me demande Ed.

Je zoom sur la cafet’. Un type s’est jeté sur une pauvre infirmière et lui dévore la gorge. Elle a beau se débattre, dans toute cette pagaille personne ne lui vient en aide.

Chacun veut sauver sa peau.

- Lucy peut se débrouiller toute seule, je lui fais confiance.

On file à la cantine.

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