Flashs et crépitements

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Depuis quelques mois, à la bibliothèque, le temps s'écoulait avec lenteur. Rien ne venait rompre la monotonie ambiante. Armando avait obtenu son diplôme après avoir validé son mémoire. Nous fêtâmes sa réussite avec une coupe de champagne. J'étais heureuse pour lui. J'avais participé à son épanouissement personnel, c'est un rôle qui m'allait bien. Il nous présenta sa copine, une jolie rouquine fine et élancée, à la poitrine inexistante, au sourire mutin, bref tout le contraire de moi.

Je savais bien qu'il ne pourrait jamais avoir une aventure avec moi. Mes illusions me berçaient depuis tellement longtemps. Il fallait que j'arrête de fantasmer sur le premier éphèbe venu. Après tout, j'étais heureuse, entourée de mon mari et de mon adorable bambin.

Dire qu'il y a un an, je savourais de longues heures dans les bras d'un autre. C'était désormais un souvenir lointain. Sergio n'était toujours pas revenu en France. J'aimais me remémorer ses gestes délicats et précis, son regard lorsque j'étais sur le point de jouir.

Je chassai ces souvenirs forts agréables de mon esprit pour me consacrer à mes tâches qui demandaient malgré tout une concentration assez intense.

Danièle avait passé la matinée à la mairie. Elle avait représenté la bibliothèque lors de la réunion annuelle établissant le budget nécessaire à allouer à notre département littérature. Ses exclamations enjouées la précédèrent.

  • Et voilà ! Encore une activité de plus à ajouter à nos attributions ! Tu vas être contente !
  • De quoi il s'agit ? demandai-je, curieuse.
  • Un shooting !

— Quoi ! Ici ?

— Comme la mairie va organiser un grand salon littéraire au printemps, elle veut promouvoir les lieux culturels de la ville, et bien-sûr, ils ont pensé à nous. Des mannequins vont poser au milieu des rayonnages dans de superbes tenues, avec un air émerveillé, devant les livres qui font un carton en ce moment. C’est une bonne idée, non ? Tiens, les voilà !

Deux jeunes gens s'approchaient de notre bureau d’accueil. Leur allure élancée ne pouvait pas nous tromper, il s’agissait bien de mannequins rodés aux séances photos. Toute une escorte les accompagnait, une attachée de presse, un agent et des photographes.

La bibliothèque était en effervescence, et pour cause, une campagne publicitaire allait être tournée sur notre lieu de travail, chose inhabituelle, pour ne pas dire exceptionnelle. Danièle se voyait déjà la star des réseaux sociaux. Tout le gratin politique, des journalistes locaux et quelques personnalités de la région s’étaient déplacés pour l’occasion.

Nous n’avions jamais vu autant de monde. Je regrettais de ne pas avoir été prévenue à l’avance de cette arrivée inopinée dans notre antre car j’aurais choisi une tenue plus appropriée, histoire de me garantir une place de premier choix parmi tout ce petit monde. Je portais un jean qui moulait mes cuisses grasses, un sweat-shirt oversize le recouvrait, mes pieds étaient chaussés de ballerines. Le genre de tenue confortable que j’affectionnais.

— Bonjour, dit la jeune fille à la frange impeccable vêtue d’un combi pantalon beige. Où pouvons-nous nous changer ?

Danièle et moi échangeâmes un regard perplexe.

— Heu, je suppose que le local où sont entreposés les livres neufs sera le plus adapté.

Je répondis à l’instinct en improvisant car les responsables de tout ce chambardement avaient oublié de nous donner des consignes. Comme d’habitude, nous ferions au mieux.

Danièle n’avait pas réagi, elle avait trop peur de faire une bourde.

— Reste-là, lui dis-je, je les accompagne.

— D’accord. Pendant ce temps je vais me renseigner auprès du directeur pour savoir ce qu’on attend de nous.

Me voilà chaperonnant les deux stars du jour. Ils avaient chacun un gros sac dans lequel se trouvaient les tenues prévues pour les séances photos. Je proposai à chacun un espace séparé pour qu’ils puissent se vêtir dans une plus grande intimité.

Au bout de cinq minutes, le garçon m’appela, je devais lui boutonner un gilet en soie dont les attaches se situaient dans le dos. J’eus ainsi le privilège de l’admirer en caleçon Guess. Ses bras fins essayaient de donner de la prestance à sa chevelure hirsute, ses beaux yeux verts impatients regardaient de tous côtés, à la recherche de quelque chose. Il trouva enfin ce qui lui manquait, une ceinture dorée pour son jean slim. Un blouson perfecto noir recouvrit le vêtement moulant sa poitrine. Je lui donnais dans les vingt-huit ans, mais son allure juvénile lui donnait un charisme indéniable.

Peu habituée à manier les habits masculins, j’essayais de masquer ma gêne et espérais que mes gestes maladroits n'ajouteraient pas de malaise à cette ambiance déjà électrique. Je parvins au bout de ma tâche non sans éprouver un certain soulagement, d’autant plus qu’il faisait très chaud dans le local.

  • Merci beaucoup, vous êtes adorable, me dit-il. Notre habilleuse n'a pas pu se déplacer. J'espère qu'on ne vous met pas trop la pression. Vous allez voir, c'est sympa, on vous offrira les photos du résultat final.
  • Ah, je veux bien. Merci. Bon, allons rejoindre votre équipe.

La jeune fille suivit sans un mot. Elle s'était maquillée outrageusement, elle ne portait pas de soutien-gorge. Sa mini-jupe laissait entrevoir ses jambes fines parfaitement épilées.

La team des photographes avait déployé tout un lot d’accessoires et de lumières dans l’espace consacré aux nouveautés littéraires. Chacun des jeunes gens était flanqué d’un livre paru récemment et faisait mine de s’intéresser à ce qu’il lisait, la bouche entrouverte, dans une attitude mi-captivée, mi-décontractée.

La fille tenait «Crénom Baudelaire" de Jean Teulé entre ses mains délicates, le jeune homme lisait «L’ami impossible» de Bruno de Stabenrath. C’était comique et à la fois touchant. Si cette photo pouvait inciter la jeunesse à lire, j’en serais ravie.

Cela ne dura qu'une demi-heure. Aussitôt les photographes disparus avec leur matériel, chacun prit la poudre d'escampette. La fille garda la tenue qu'on lui avait offerte et s'éclipsa sans un mot. Il ne restait que le jeune homme qui étouffait dans son accoutrement trop bien repassé. Il avait hâte de tout enlever pour remettre son jogging Adidas blanc et bleu qui lui faisait ressembler à n'importe quel jeune du quartier. Je lui proposai à nouveau mon aide.

Je défis le gilet précautionneusement, il enleva le pantalon slim et se retrouva en petite tenue. Ses jambes frêles légèrement poilues furent libérées. Il soupira. Je lui indiquai que je disposais d'une boite de lingettes. Il me laissa lui rafraîchir le dos. Je faisais glisser le tissu imprégné d'Aloe vera délicatement du haut du dos vers le bas. Il ne bougeait pas. Il ne me regardait pas.

Soudain, il prit ma main et la mit sur son sexe d'un geste sûr et décidé. J'étais en transe, j'étouffais dans mon jean. Lui, quasi nu à côté de moi, il maintint ma main contre son sexe, lui fit faire des va-et-vient. Il ouvrait la bouche, un râle s'en échappa. Heureusement, la bibliothèque était désormais déserte. Comme j'étais responsable de la fermeture, je détenais les clés.

Son appel aux caresses me subjugua. Ce corps si doux et lisse s'offait à moi, là, sur mon lieu de travail. Je n'hésitai pas une seconde à aller plus loin. Je baissai son caleçon et découvris un membre long totalement épilé. J'en avais très envie. Je le pris dans ma bouche. Il caressait mes cheveux. J'adorais son goût frais, je l'engloutis goûlument. J'adorais écouter ses gémissements.

Dans ma tête, je me disais :

" Profite de ce moment, laisse-toi aller".

Une incroyable douceur émanait de ce moment unique. Nous étions seuls dans la bibliothèque. Il jouit rapidement, sa semence coula sur mes lèvres. Il me dit simplement merci, se rhabilla et sortit aussi vite qu'il était arrivé, me laissant seule, hagarde, choquée mais heureuse. J'essuyai ma bouche.

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