La traversée

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- C'était plus facile que je ne l'aurais cru ! déclara Grün en essuyant le sang qui maculait l'énorme pointe de son arme.

 Reynolds esquissa un petit sourire sans prendre la peine de répondre. Ils pouvaient désormais aperçevoir les hautes montagnes qui se profilaient au Nord, mais les belettes n'étaient pas encore au bout de leurs peines.

 La majorité des morts-vivants avaient eux aussi suivi l'étoile polaire dans l'espoir de tomber sur un peu de viande fraîche. Par conséquent, durant leur premier jour de voyage, les belettes n'avaient rencontré que très peu de résistance. Ils s'étaient faufilés entre les lignes ennemies sans se faire repérer et n'avaient presque pas combattu. En revanche, le deuxième jour s'était avéré plus compliqué. De nombreuses goules avaient croisé leur chemin et les multiples escarmouches auraient pu se révéler fatale.

 Malgré tout, le capitaine des belettes restait confiant. Il était en compagnie des meilleurs guerriers de chacune des races et il leur restait moins d'une journée de marche pour rejoindre les contreforts montagneux où se terraient les peuples de l'alliance.

 Un bruit attira l'attention de Reynolds. A travers les broussailles qui entouraient leur petite vallée, des bruits de pas précipités se dirigeaient dans leur direction. Près de son chef, Eliott avait déjà encoché une longue flèche à la pointe brillante. Les phalanges de ses doigts contractées sur le pommeau de son épée, le capitaine observait l'orée des bois.

 Soudain, Mira et Tira, les deux elfes qui accompagnaient l'expédition, apparurent entre les arbres et se précipitèrent vers leurs compagnons.

- Une horde ! s'écria Tira. Les morts sont derrière nous !

 Sans qu'un seul ordre ne soit donné, Reynolds vit ses hommes se saisirent des lannières de leur sac, prêts à s'enfuir à toute vitesse. Avec un sourire satisfait, qui dissimulait parfaitement son inquiétude, il s'empara de son paquetage et ordonna aux deux guerriers de filer vers le Nord. Aussi tendu que la corde d'un arc, le capitaine resta en arrière en attendant les deux éclaireuses.

 Mira attrapa son sac, jeta le second vers sa soeur, et continua sa course sans s'arrêter. Une fois assuré que tous ses compagnons étaient devant lui, Reynolds se mit en route. Il n'avait pas encore parcouru cinq pas qu'il entendit des échos rageurs derrière lui. Il jeta un coup d'oeil par dessus son épaule et son sang se glaça dans ses veines.

 Des dizaines de goules sortaient du couvert des arbres en brandissant de vieux cimetteres, des dagues rouillées ou encore des haches d'un autre temps. Leurs yeux vides de toute expression étaient rivés sur les proies qui tentaient de leur échapper. Il y avait des représentants de toutes les races : nains, elfes, faunes et humains. Seulement, leurs visages étaient décomposés, marqués par le temps qu'ils avaient passé sous terre avant de s'extirper de leur tombe.

 Reynolds prit la fuite. Les elfes et le faune étant plus rapides que lui, ils prirent rapidement de l'avance. Ce n'était pas le cas de Grün. Trimballant tout un arsenal d'armes contondantes et avançant sur des jambes courtaudes, le nain peinait à garder de la distance entre lui et ses poursuivants. Le capitaine, toujours prêt à risquer sa vie pour sauver les belettes, attrapa le sac du nain et le poussa vers l'avant.

 Etant débarassé de son fardeau, Grün tenta de reprendre de la vitesse. Derrière lui, il entendait les hurlements des morts et sentait l'odeur pestilentielle qu'ils dégageaient. Le nain et l'humain courraient désormais côte à côte, suivant du regard leurs compagnons déjà loin devant. Bientôt, les deux retardataires perdirent leurs amis de vue. 

- Alors, c'est toujours aussi facile ? ironisa le capitaine. 

 Le nain grogna mais sans répondre. Il n'en avait pas la force. 

 Malgré leur fatigue, ils continuèrent de courir sans s'arrêter. Les goules ne prenaient jamais de repos. Ils étaient essouflés, à bout de forces, mais ils s'évertuaient à maintenir un écart entre eux et les monstres. 

 En sentant la fraicheur de la neige et le vent mordant des montagnes, Reynolds comprit qu'ils n'étaient plus très loin de leur but. Ils allaient y arriver. Les belettes avaient presque traversé ! 

 Soudain, il entendit Mira hurler au loin.  

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