Chapitre 2 - Les secrets de l'encre obsidiennale

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La radio diffusait « Moon river » de Frank Sinatra. La lune blafarde luisait péniblement entre les branchages épais des arbres. J’écoutais la musique en m’assoupissant un peu. Au bout d’une heure, la voiture s’arrêta en face d’une vieille mansarde en bois. Un vent frais parcourait l’horizon proche devant les phares encore allumés de la fourgonnette. En outre, le bruissement des feuilles procurait une animation fantastique au paysage nocturne. Je pouvais sentir la rumeur de l’océan qui flânait par tâtonnement, par-delà la forêt mouvante.

La nuit était belle. Elle était et restera définitivement une source d’inspiration intarissable pour moi.  

Une majestueuse table en bois trônait au milieu d’une pièce encerclée de livres disposés méthodiquement sur des étagères. Je me souviens l’odeur de bois brûlé et l’ambiance lugubre mais néanmoins studieuse de la mansarde. J’étais assise sur l’une des grandes chaises Louis-Philippe qui semblait me donner un air de suzeraine. J’attendais sagement que monsieur Alucardy déniche quelque chose dans une grosse malle mordorée. Serait-ce un artefact extraordinaire, comme à l’intérieur d’un coffre d’un jeu de rôle, après avoir terrassé un gardien légendaire particulièrement coriace ? Je me perdais dans mes aventures imaginaires en rêvant du trésor fantasmé.  

— Voilà ! s’enthousiasma soudain Vincent en posant, sur la table centrale, une pile de vieux livres dont certains étaient plus poussiéreux que d’autres.

— Quoi ? sursautai-je.  

— Maya, je voulais te montrer ceci avant de t’expliquer ce que nous pourrions faire, éventuellement, pour dévoiler la vraie nature de la C.P.L. au monde entier. Je sais ce que tu penses…, affirma Vincent d’une voix rassurante.  

— Vraiment ? rétorquai-je en le dévisageant (mon humeur avait brusquement changé). D’abord, j’exige de connaître d’où vous tenez les informations sur le complot de la C.P.L. et ses livres extraordinaires.  

Je pris un verre d’eau posé sur la table par le maître des lieux et en avalai le contenu goulûment en fixant les yeux de l’universitaire.  

— Maya, je t’assure que…  

— Et comment avez-vous pu passer la sécurité des loges au Parc des Expositions ? Même mon oncle n’avait pas l’autorisation d’être à mes côtés ! Alors, un anthropologue moisi… À moins que vous ne réalisassiez une étude sur la tribu des écrivains ? le questionnai-je d’un ton tour à tour inquisiteur, méfiant et malicieux, tout en reposant mon verre abruptement pour ponctuer ma question.

— J’aime ta mère, Maya… Ce que je veux dire, c’est que nous étions ensemble, en couple, avoua soudainement Vincent, en se tordant les doigts machinalement.  

Il remit ses lunettes en place du bout de l’index en attendant une vive réaction de ma part. Or, je regardais simplement la lumière de la pleine lune scintiller à travers les arbres, perdue dans mes pensées. Mais bientôt, d’un mouvement d’une grande douceur, je vins l’enlacer, en reposant ma tête sur son torse. Je crois qu’une larme coulait le long de sa joue droite.  

— Je suis désolée, murmurai-je en me dégageant et en reculant de deux pas, mais n’allez pas croire que je suis faible. Vous m’avez émue. Et puis, je suis plus sensible lorsque je suis fatiguée ! expliquai-je, ma verve et ma chaise habituelle retrouvée. Ma mère me manque… C'est tout…  

Je regardais les grands yeux attendris de Vincent qui continua :  

— Je viens d’avouer mon amour pour ta mère mais tu ne sembles pas plus surprise que ça, s’interrogea mon hôte, avant de s’assoir en face de moi.  

— Elle avait 21 ans quand elle est tombée enceinte, lui narrai-je. À cette époque, elle travaillait comme caissière au supermarché pour payer ses études de médecine…  

Mon visage s’assombrit gravement. Je soupirai avant de poursuivre :  

— Il s’est passé quelque chose, cette nuit-là… Elle pensait que quelqu’un l’avait frappée pendant qu’elle faisait des heures supplémentaires de nuit. Elle ne se souvenait de rien. Elle était allongée dans sa chambre le jour d’après, enceinte de moi. Elle ne m’a jamais partagé les détails. Il y a des jours où c’est pas facile d’imaginer que son propre père est peut-être une saloperie de violeur. Bref…

Je m’essuyai les yeux d’un revers de manche. Vincent se décomposa en réprimant quelques paroles sans doute superflues.

Pour lire la suite^^...

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