La Daviade (1) : La Révélation du Parangon

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" — Mon père, Eskander, était une rusé et patient politicien, tissant méthodiquement sa toile vers un but précis, mais Moi, Davud, j'appartiens au domaine de la guerre , non aux palais grégaires.

Je surplombe le champ de bataille tel l'Aigle, je fonds sur mes adversaires intrépide avec la bravoure du Lion et la vivacité de la foudre.

Amateurs de le grandes stratégie et des finesses tactiques passez votre chemin, car je vaincs grâce à deux moyens simples mais néanmoins efficaces. D'une part la force brute et d'autre part la discipline et la fidélité de mes troupes, permises par mon charisme et mes prouesses martiales.

Selon moi, une bataille est un duel dont l'issue est décidée par les dieux, un jugement saint pour prouver notre endurance, notre courage, notre fidélité à l'esprit saint, nul besoin d'arguties théoriques !

J'étais donc réputé pour être un commandant brouillon, mes plans tiennent aussi bien d'Hannibal que d'Alcibiade, mais par ailleurs imprévisible et versatile; si bien que les vieux conseillers me répètent sans cesse, sans doute par nostalgie, que j'ai hérité ma malice de mon défunt père.

Mon prédécesseur était concupiscent, avare et orgueilleux comme Artaban, mais également/en même temps un dirigeant ambitieux, brave et diligent, qui gagna le trône des Rois pour notre dynastie.

Malgré tout l'admiration que j'éprouve pour son œuvre, je n'adopterai point sa conduite répréhensible, car un monarque se doit d'être exemplaire aussi bien envers es sujets fidèles qu'envers la Divinité. Comment voulez vous qu'un seigneur inspire la loyauté à ceux qui le servent, ou attire la bénédiction sur son royaume s'il enfreint les bonne moeurs, si les gens du peuple réprouvent sa conduite, et s'il ignore les lois divines?

Je souhaite que les chroniques laissent de moi l'image d'une souverain exemplaire, évergète même, si Zarathoustra le permet !

Je m’évertuerai donc à combattre les vices et à observer scrupuleusement le Souverain Bien. Je pense être sur la bonne voie : les prêtres louent ma conduite , et le peuple apprécient ma charité, ma bonté, ma patience et ma justice, la suprême vertu comme disait le sage Platon.

Ma première décision fût de révéler ma véritable foi, le zoroastrisme, au grand jour. Je souhaitais rompre avec les prudentes politiques de mon père qui avait trop tergiversé à mon goût. Je ne pouvais en effet cacher mes convictions profondes plus longtemps, car comme le révélait notre prophète Zoroastre le mensonge est le pire des péchés, il offense gravement notre Dieu bien aimé, Ahura Mazda !

En effet, nos fautes peuvent être pardonnées du moment que l'on se confesse avec sincérité et que l'on ouvre nos âmes à la miséricorde divine. Mais la feinte, l'hypocrisie, la mauvaise foi nous détournent d'Ahura Mazda, et couvrent notre esprit d'un voile souillé, le condamnant aux ténèbres de l'errance.

En outre, des considérations plus pragmatiques entraient en ligne de mire, la conquête de la Perse par les Omeyyades, consacrant la chute des derniers rois Sassanides, n'était pas si ancienne, en conséquence leur foi coranique n'était pas encore bien implantée en nos contrées. Notre secte secrète, qui depuis sa fondation par mon aïeul Shariyar contribuait à répandre nos croyances zoroastriennes, était en effervescence, notamment grâce au patronage du Shahansah Eskander.

Néanmoins, sa capacité de diffusion commençait à saturer du fait de son caractère officieux. Je pensais donc que passer à un prosélytisme officiel permettrait de passer un nouveau palier vers le rétablissement de la religion de nos ancêtres. Il fallait battre le fer pendant qu'il était chaud ! Qu'avais je à craindre du calife de Bagdad? Celui-ci se complaisait dans la luxure dans sa tour d'ivoire, que pouvait il faire, m'excommunier?

J'agis donc promptement et de façon décisive, j'organisais des conversions de masses, de somptueuses fêtes, et d'abondants banquets accompagnés de prométhéens bûchers. L'opération fût dans l'ensemble couronnée de succès, avec cependant une note dissonante, voire une véritable épine dans mon pied, Abul Muzaffar « le Sage ». C'était le satrape de Mafaza, il avait par le passé soutenu l'intrigue de mon père ainsi que sa prise du pouvoir, il avait de plus une sympathie sincère pour notre foi. Toutefois, il demeurait un sunnite dévot, qui refusa de se convertir et commença à rassembler autour de lui les autres vassaux mécontents pour fomenter une rébellion.

C'était un adversaire redoutable, un esprit vif, un poète émérite, un tacticien astucieux, un vieux renard qui avait servi comme général dans les armées du Grand Seldjouk puis de mon père. Notre lutte s'annonçait grandiose et périlleuse..."







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