Ceci est mon devoir...

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Le vent se frottait de plus en plus fort contre la foret finlandaise, au point ou les sapins menaçaient de s'effondrer à tout moment. Cela faisait deux jours que la réunion d'urgence au sénat avait eu lieu et que, dans l'optique de mettre fin à la guerre, les tetes pensantes du pays mirent en place une stratégie de défense dans l'une des dernières positions finlandaises encore debout, à proximité de la ville de Viipuri.

Il s'agissait d'une longue ligne de tranchée conçue par les gardes rouges et datant de la guerre civile, ce qui explique son apparence proche d'une tranchée datant de la Der Des Ders.

Alors qu'il était occupé à sortir son matériel médical, Willy entendit tout d'un coup une voix derrière lui.

"Tient donc ! Je te cherchais partout !"

Willy bondit de surprise en faisant tomber ses affaires, puis constata en de retournant qu'il s'agissait de Sebastian.

"Oh putain, tu ne perdras donc jamais cette mauvaise habitude d'apparaître et de disparaître comme un fantôme ?"

"Non ! Et je te signale que je détiens autant de Dracula que de l'homme invisible." Répondît Sebastian

"Ah bon ! Ça alors" Dit ironiquement Willy "Apprend déjà à parler hongrois Nosferatu !* Bien, qu'est ce qui t'amène ?"

"Les préparatifs des cavaliers de Mannerheim sont achevés, il ne reste plus qu'à attendre l'arrivée des rouges pour les prendre à revers. Et en attendant je m'ennuie ferme, j'avais envie de t'embêter dans ton travail de dur labeur."

Ramassant son matériel au sol, Willy le rangea et reprit :

"Et bien si tu veux vraiment embêter ceux qui ont vraiment envie de se marrer, tu peux aller voir Pajari à la tour sur la colline !"

Sebastian se retourna et observa la colline située au sud de leur position, c'est alors qu'il vit la tour servant de repère et de tanière au major Pajari.

"Très bien , si tu insistes grincheux ..."

Sebastian s'attela alors à le rejoindre, il prit le cheval que Mannerheim lui avait confié, une sorte de bâtard entre un pur-sang, et un de leur destrier russe puis s'y rendit.

Une fois la colline atteinte, Sébastian se rapprocha alors de la tour de guet de Pajari. Sa forme ressemblait légèrement à celle d'une tour romaine durant la guerre des gaules. Juste à côté, se situait un petit campement pour les équipes de relais.

Apercevant deux soldats calés sur les marches, il leur demanda ou était passé le major. Ces derniers répondirent en levant leur tète vers le haut de la tour, ils se poussèrent et laissèrent le borgne monter.

Lorsqu'il atteignit le haut de la tour, il découvrit de dos un homme caché sous une couette assis en tailleur sur une table basse. Intrigué, Sébastian s'exclama :

"Major Pa..."

L'homme se retourna et dégaina un fusil à pompe droit dans sa direction. A ce moment précis, le borgne cru que sa dernière heure était arrivée. Tout à coup, l'homme souleva sa capuche :

"Ah, c'est vous l'américain borgne, excusez moi." Il se remit en position de guet en se retournant.

Tandis que les palpitations de son cœur pouvaient s'entendre dans toute la colline, Sébastian reprit :

"Bon dieu ...Je comprend pourquoi vous ne recevez aucune visite..."

"Tu peux parler en anglais" Reprit le Major "Il n'y a que la langue du roi** dont je ne connais pas les rouages. Sans doutes parce que Mannerheim la maîtrise sur le bout de ses doigts."

Sébastian s'approcha de lui pour se pencher sur la rembarde en bois. Pajari l'interrompit d'un ton calme et posé.

"Si les russes t'aperçoivent, ils n'hésiterons pas à te faire un très joli trou sur ton front. Reste dans le noir, l'obscurité est ton seule allié."

Il acquiesça se colla alors à sa table en s'appuyant dessus.

"Que viens tu faire ici ?" Demanda le major "Tu as une information capitale à me transmettre ?"

"Pas exactement, je reviens de la ligne et je suis venu pour ... Disons... voir ce que vous faites."

"Tu veux savoir ce que je fais ?" Reprit Pajari en ricanant méchamment "Je ne fais que mon devoir du mieux que je peux ! C'est à dire en observant avec une longue-vue les avancées annuelles des russes, tout ça parce que je manque de tuer le commandant en second de cette expédition !"

"Vous parlez d'Osterman ?" Demanda Sébastian.

Pajari se retourna brusquement en affichant un visage colérique, comme à son habitude. Il reprit sa position en s'exclamant :

"Précisément l'américain, je vais te raconter une petite histoire. C'est l'histoire d'un jeune homme qui s'appelait Aaro. En 1918 il avait ton age, et avait juré, car c'était la guerre civile contre les rouges, de défendre son pays."

Le major continua de s'exprimer en retirant ses jumelles.

"Et puis à la fin de la guerre, il était a Tampere, une ville entourée de lac, les rouges avaient installés leur QG dans cette ville. Alors le déjà vieux, général Mannerheim décida de la prendre d'assaut de nuit, et avec des barques. Sauf que les rouges nous avaient interceptés, nous étions donc dans la merde, et là, notre barque à coulée. Ne sachant pas nager, l'eau étant trop froide, et enfin mon équipement étant trop lourd. J'ai tout simplement coulé à pic."

Reprenant sa respiration, Sébastian en profita pour l'aborder :

"Vous avez été sauvé par ... Osterman ? Qui après vous avoir sauvé vous a entraînez pendant presque 20 ans avant de démissionner à son poste durement gagné par pur désaccord avec ses supérieurs, l'obligeant à se battre sous un faux nom suédois ?" Dit le borgne d'une seule traite.

Un blanc marqua l'ambiance entre eux deux, puis le major se baissa pour quitter sa position et laisser dépasser ses pieds. Un peu décontenancé par les propos de Sébastian, il reprit :

"Précisément Sébastian !" " Tu regardes trop de films américain toi non ?"

"Oui, j'aime beaucoup ceux avec des monstres géants, ma passion pour l'archéologie prime sur la qualité du film généralement. Tu as vu « le Monde perdu » ? je l'ai vu très jeune, à six ans à peine ..."

"Oh bien sur ! plusieurs fois !" Reprit le vieux loup de mer, n'ayant pas remarqué que son compagnon était passé au tutoiement. "Cette histoire d'un aventurier qui pourchasse les dinosaures en prenant sous son aile la plus belle femme du monde... Ça m'a plut"

"Toi aussi ?" s'exclama Sébastian "Pour une fois qu'on nous représente !"

"Comment ça ? Tu es polygame ?" Demandant Pajari

" Oh que oui ! et fier de l'etre ! Nous les américains le sommes tous, même mes camarades !" Dit Sébastian "Mais je préfère « King Kong » en tant que film ou « Nosfératu »."

" King Kong »?! Cette merde qui à recopié le scénario du monde perdu et rajouté le mythe de la belle et la bête ?! Ce film n'a rien d'original, hormis ses effets spéciaux. Et encore..."

"Comment oses-tu dire du mal de ce film ? Je suis sur qu'il marquera l'histoire du cinéma rien que pour ses effets spéciaux comme tu dis !"

Les deux hommes débattirent encore pendant une bonne heure. Échangeant leurs anecdotes de vies et leurs passions mutuelles, sous la surprise des gardes en dessous d'eux. Puis enfin, lorsqu'il senti le major suffisamment détendu Sébastian changea peu à peu de sujet pour revenir à leur premières discussions :

"Est-ce seulement pour avoir trahi ses engagements que vous en voulez à Osterman ?"

"Non pas seulement" Reprit Pajari "La dernière chose qu'il m'a laissé avant de partir pour le front... Était une lettre dans laquelle il m'expliquait qu'il ne souhaitait en aucun cas que je ne retrouve sa trace. Ou bien qu'il allait tourner le dos à tout ses proches, même sa femme ..."

Pajari sorti de sa poche une petite feuille pliée en quatre qu'il tendit à Sébastian. Ce dernier l'ouvrit, et la lu tant bien que mal avec son unique œil. La lettre se concluant par :

Ceci est mon devoir ...

"Je crois avoir compris ce qu'il s'est passé" Reprit-il "En fait ce que tu reproches à Osterman, c'est d'avoir fait voler en éclat ton amitié avec lui, bien plus que son devoir envers la Finlande. Je me trompe ?"

"C'est vrai ... Je l'ai vraiment ressentie comme une trahison ... Cela m'a affecté, Brisé le co... Hum ! Brisé les reins !"

"Je vois !" S'exclama Sébastian "Et bien vous savez quoi ? Vous devez en vous expliquer et résoudre cette querelle !"

"Quoi ?! C'est à lui de s'expliquer sur actes !" S'écria Pajari

"Voyons tu ne vas te dégonfler sur quelque chose d'aussi puéril enfin ?!"

"D'accord si tu veux ... j'irais le voir dès que le soleil se sera couché, quand il aura finit ses inspections..."

Satisfait de cette tournure, Sebastian s'éloigna, sous d'un Pajari lui demanda :

"Comment as-tu appris tout ça ? Je veux dire ... tu es magicien ? Un psychologue ? Un infier..."

"Un médecin" Reprit Sebastian avant de descendre les marches. Un soldat à côté du campement se retourna et chuchotât a L'oreille du borgne :

"Je ne l'ai jamais entendu vraiment rire une seule fois depuis le début ! Qu'est ce que vous lui avait fait ?"

"Rien ... juste être honnête, il en avait besoin."

Sebastian redescendit le chemin le menant à la tour et revint à la tranchée.

Une fois le la lune levée, il quitta sa tente pour rejoindre le campement d'Österman. Se prenant parfois des sapins en pleine figure, sa vision toujours aussi trouve.

Il aperçu alors deux silhouettes à travers la tente grâce à la lumière, confirmant que Pajari était finalement entré.

Le froid empêchait à Sebastian d'entendre clairement leur discussion. Mais cela lui permet aussi d'être discret.


Ce n'est que lorsqu'il vit les deux ombres se coller l'une contre l'autre qu'il comprit que son idée avait marché.

Peut être avait-il trouvé dans voie pensa-il en se calant derrière un arbre, et s'allumant une cigarette.

Lui qui dormait toujours en cours de médecine ou qui couché avec qui il voulait dans tout l'établissement.

Sebastian en sortira médiateur.

Se fut la dernière chose à laquelle il songea avant d'être soulevé par un obus tiré à proximité.


*Nosferatu : Nom donné à Dracula dans le film éponyme datant de 1922 (le réalisateur n'en ayant pas les droits pour son adapter le personnage)


**La langue du roi : Désigne la langue française, appelée ainsi car seul les nobles savaient la parler au moyen age.

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