Aïno 1-2

7 minutes de lecture

"Qui a bien pu écrire une chose pareil ...?" S'exclamât Willy, abattu par les écrits qu'il venait de terminer, assit en tailleur sur le brancard de l'ambulance militaire.

"Je n'en sais rien... mais je comprends encore moins comment tu as appris le Hongroiens ?!" Commentant Sébastian à l'avant du véhicule.

"Hongrois ! Et je te signale qu'avec des études en littéraire on s'ouvre un peu au monde qui nous entoure monsieur le maçon !" Rétorquât Willy

"Et fier de l'avoir été !"

"Vous allez pas encore recommencer ?!" Répondît Jack, "La dernière fois que vous étiez embrouillé les Finlandais ont cru à une attaque russe !"

Depuis l'initiative de Jack, ses deux amis médecins n'étaient plus les mêmes... Comme si la soif d'aventure avait modifié leur comportement et leur personnalité.

Sébastian s'est transformé en « m'a tu vu», plus qu'il ne l'était avant, Willy est devenu sentencieux*, méprisant les gens autour de lui. Une chose était claire désormais, si la guerre est connue pour rassembler des soldats dans un enfer commun, pour nos trois amis, il s'agissait plutôt d'un monde individualiste.

Seul Jack avait conservé sa personnalité de voyageur candide, une fois arrivé en escale en Suède, Jack parvint à se procurer une Dodge WC-27, une ambulance militaire datant de l'entre-deux-guerres et vendu par des Britanniques. Malheureusement dépourvut de tout matériel médical nécessaire.

Pensant à une arnaque, ses deux compagnons lui en ont voulu à voir dépensé toutes leurs économies dans cette ambulance d'une qualité si vétuste.

En hommage aux origines de Sébastian, le corps infirmier qu'ils formaient à eux 3 se nommèrent "Iroquois". Ce qui provoquât le mécontentement de son camarade Willy, le jugeant arrogant.

Une fois arrivés en Finlande, les ennuis se sont répétés, déjà car même si leur idée de médecin indépendant n'a pas dérangé l'armée finlandaise, en revanche le fait de secourir n'importe qui provoquât des réactions très négatives parmi les combattants, en particulier les volontaires anticommunistes.

Après avoir passé 3 jours à Suomusaalmi pour sauver les quelques blessés encore en vie sous la neige, l'ambulance "Iroquois" se rendit, en cette nuit du 14 janvier, derrière la ligne infranchissable de la Finlande, la ligne Mannerheim.

Malheureusement le temps devenant de plus en plus enneigé, l'ambulance du trouver un nouveau chemin dans une direction inconnue pour s'y rendre avant qu'une tempête ne les soulève.

C'est en arrivant près de la route pour la ligne, que nos trois camarades S'arrêtent pour jeter un de leurs sacs encombrants. Willy aperçu alors, une feuille de papier trouée sur une branche d'arbre, ainsi qu'un sac à main contenant plusieurs documents dont un cahier en forme de journal intime.

"Écoute ce n'est pas ma faute si ce matheux crie comme un castrat !"

"QUI EST CE QUE TU TRAITES DE CASTRAT ?" Hurlât d'une voix aiguë le médecin littéraire.

" ÇA SUFFIT BORDEL!" Criât Jack, "Si je vous entends encore une fois vous engueuler, j'envoie ce camion sur le premier arbre venue ! Et ne vous n'aurez que vos yeux pour pleurer !"

Jack se senti mal à l'aise, jamais il n'avait eu à crier sur ses amis pour les faire taire. Certes Sébastian était un branleur de première, et Willy avait un côté très distant avec autrui, mais aujourd'hui il n'en pouvait plus... Ses amis de l'École de médecine de Brooklyn n'étaient plus... ils étaient devenus des adultes irresponsables et prêts à mettre en danger leur propre mission.

Freinant d'un seul coup, Jack ouvrit la portière du camion et partit dans la forêt blanche de la Carélie, sous le regard passif de ses amis.

Après avoir marché plusieurs minutes au cœur de la nuit glaciale finlandaise, Jack, à bout de souffle, s'arrêtât net et se mit au pied d'un sapin.

Les pensées du jeune homme étaient imprécises et s'empilaient les unes sur les autres;
ses amis, la guerre qui semblait perdue, les cadavres, les hommes des femmes et les enfants qu'ils ne pouvaient sauver...

Dans ses pensées mélangées, il songeât à son chez lui, sa maison à Brooklyn, ses parents qui l'attendaient et à qui il avait promis de les revoir avant février pour fêter leur anniversaire de mariage.

Il finit par gémir et se mit à pleurer toutes les larmes de son corps en s'effondrant au sol, l'hiver était si rude, que ses larmes se mirent instantanément à geler, formant des glaçons attachés à sa peau.

Le silence de la forêt faisait frémir même l'homme le plus téméraire, mais Jack, sentant une douleur le paralyser dans ses émotions et son être.

Quand tout à coup, une voix sourde se fit entendre parmi les arbres autour de lui. Jack cru tout d'abord à son imagination ;

"Aï.....!"

Mais lorsqu'il tendit oreille, il finit par distinguer des mots :

" Aïn...Aïno !"

Reprenant ses esprits, Jack se releva en toussant, le froid avait consumé sa respiration et son sang circulait difficilement dans ses membres, il se redressa et entendit toujours la voix qui cette fois-ci se rependait dans toute la forêt.

"Que... Quoi ? Qui est ici ? Willy ? Sébastian ?!"

La voix se faisait de plus en plus forte et alors qu'il tournait autour de lui-même, il aperçut une trace de botte tachée de sang dans la poudreuse.

La peur s'amplifiait dans le cœur du jeune homme qui vit apparaître devant lui d'autres traces formant une ligne droite.

Ils du se résoudre à suivre ces traces, au fur et à mesure qu'il penetrait dans la forêt, la noirceur des sapins semblaient devenir plus clair, et l'obscurité s'amenuisait.

La neige se mit à fondre, laissant la verdure des arbres apparaître, et le soleil brillait de toute sa splendeur.

Complètement abasourdi par le changement climatique, et d'environnement, Jack ne remarquait pas l'immense lac qui se dressait devant lui. Il parvint à temps à retenir la dernière marche avant sa chute.

Bien sur, il savait nager, mais cette eau semblait si profonde qu'il n'en voyait pas l'abîme. Il pensait à ce moment-là que Nessie allait apparaître du très fond de ce loch pour l'écraser entre ses deux mâchoires.

De moins en moins rassuré par ce milieu si étrange, et ses habits lui portant de plus en plus chaud, il se mit à retirer sa chapka, puis sa veste.

Et c'est en défaisant sa ceinture qu'il aperçut 2 silhouettes se former au-dessus d'un rocher donnant sur le lac proche de lui.

Le rocher était pointu, d'une taille gigantesque. Observant ces deux formes bouger et s'agiter, il découvrit qu'il s'agissait d'un homme et d'une femme de dos et vêtu de blanc.

L'homme, d'apparence âgée possédant une longue barbe, et la femme jeune, très jeune, possédait de longs cheveux blonds.

Les deux semblaient se disputer au-dessus du rocher, les mots, imperceptible, paraissait d'une violence si exacerbée que l'on pouvait certainement les entendre à l'autre bout du lac.

Dissimulé derrière un arbre, Jack observait cette scène sans y prendre part, se demandant encore s'il s'agissait d'un rêve ou bien de la réalité. Il pensait surement qu'il avait du se cogner contre un arbre lors de sa course dans la foret blanche.

Alors qu'il réfléchissait à comment ses amis pouvaient le retrouver, il entendit le vieil homme crier de toute ses forces :

-"Aïno !!

Jack vit la femme tomber volontairement dans le lac, elle finit s'enfonçant peu à peu au fond du loch.

Le vieillard, s'écroulât, abattu par l'acte d'Aïno, et hurlât de douleur.

Face la scène qui s'était déroulée devant ses yeux, Jack était totalement paralysé. Qui sont ces individus ? Qu'est-ce qui a poussé cette jeune femme à se suicider sous le regard du vieillard ? Est-ce toujours un rêve ou une réalité ?

Soudain, une idée vint à Jack... cette femme était elle toujours en vie ? Fallait-il qu'il lui porte secours ou bien ... Ou bien rester inactif .

La réponse arriva presque aussi vite que l'idée, il devait la sauver tant qu'il le pouvait. Mais il restait une chose à régler, le lac... Était-il surnaturel ? possédait-il une créature monstrueuse prête à le dévorer ? L'hésitation retarda le jeune homme, et c'est dans un élan de courage qu'il prit une grande inspiration et plongeât dans le loch pour porter secours à cette belle inconnue.

Une fois sous la surface, il aperçut la jeune femme coulant dans un lac dont la profondeur ne finissait pas. Remarquant que ses mouvements étaient de plus en plus lents, il accéléra et se rapprochât d'elle du mieux qu'il put.

La voyant s'enfoncer de plus en plus dans les abysses du lac, Jack donnât toute sa force pour l'atteindre, alors qu'il sentait ses réserves d'oxygène s'amenuiser.

Dans un dernier élan face à la nature qui le bloquait, Jack parvint enfin à toucher la jeune femme et tenta de remonter à la surface.

Contre toute attente, le ralentissement mystérieux dû à l'eau du lac se stoppa net et Jack remontât en seulement de quelques secondes.

Jack prit une intense inspiration en sortant de l'eau, le corps de la jeune femme était très mince, presque anorexique. Apercevant une rive face à lui, il avançât frénétiquement avant de déposer la jeune femme sur le sable et de s'effondrer à côté d'elle.

Crachant de l'eau, celle qui venait d'etre sauvée revenait peu à peu à la vie.

L'eau du lac n'était pas douce... elle était salée... comme une larme...

Fermant les yeux petit à petit, Jack. Se demandât ce qui allait lui arriver une fois réveillé....

*Sentencieux : Parlant avec un ton moralisateur, prétentieux

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Mortyr ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0