Les souvenirs du Baron Maréchal 2-2

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(Note de l'autrice : Vous n'aurez pas acces aux photos sur ce chapitre, si vous souhaitez les voir, elles sont disponible sur Wattpad

Le baron finit par tourner le regard et baisser les yeux. S'avançant vers la demoiselle Finlande, il reprit sa respiration.

"Je vous dois des excuses Pajari, en effet je ne suis pas un Finlandais ni même un russe, ou encore un Allemand. Je suis un Suédois. Du temps ou la Finlande était encore Suédoise, mon ancêtre, un homme d'affaires hollandais, a émigré en cette terre enneigée. À cette époque, Louis XIV dirigé la France et Napoléon n'étaient pas encore nés."

Observant la Finlande, Mannerheim serrait sa Croix de saint Georges, sa première Médaille militaire.

"Mon père a fini ruiné à la fin du XIXème (19ème) siècle, il divorçât de ma mère et s'installat à Paris avec sa nouvelle femme. Je suis resté auprès de ma mère, son divorce l'ayant terrassé, elle mourut quelques mois plus tard. C'était en 1881, j'avais 14 ans ..."

Serrant son poing contre sa poitrine, le Maréchal, voulait éviter à tout prix ce sujet délicat, il en a toujours voulu à son père à avoir abandonné sa mère pour une affaire d'argent.

"L'année suivante, j'ai rejoint l'école des cadets de Finlande* Cependant mon comportement a eu raison d'échec là-bas. C'est finalement à l'école de Cavalerie de Saint-Pétersbourg que mon avenir s'est joué."

Le maréchal ouvrit ses tiroirs, il sortie sans y prendre garde, une photo de lui datant de son entrée à l'école de cavalerie.

Le baron se baissât pour récupérer un objet entre ses mains, il se retournât et montra aux deux cavaliers une photo d'une qualité extraordinaire.

"Quoi ? C'est vous ? "Dit Siilvuaso, "Vous êtes allés jusqu'en Asie ?"

"Oui," Reprit Mannerheim, "l'un de mes oncles était un explorateur qui avait vu la moitié du globe. J'ai... toujours ressentie de la jalousie quand il venait nous raconter ses périples en inde, ou bien en Sibérie. Alors j'ai rejoint le 52ème régiment de Nezhin-Dragon en Mandchourie. J'ai ainsi voyagé dans toutes les contrées de la Russie, les plus inconnues, celle où les hommes, même le plus robuste, n'osent pas s'aventurer. Le lendemain de la guerre russo-japonaise en 1905, je me suis rendu en Finlande, et c'est là que je me suis intéressé à la politique du pays en rejoignant les bancs de la Diète** vers 1907"

Le maréchal rangeât sa photo et s'installa sur son bureau.

"Attendez, la Diète de 1907 ?" S'exclamât Siilvuaso "Ce n'est pas à cette période que ...?"

"Oui c'est à cette période que la Finlande a donné le droit de vote aux femmes. Oh sûr ! les Finlandais n'étaient pas les premiers, mais c'était un pas gigantesque en Europe pour le progressisme et la démocratie... Même si les Russes nous dirigeaient toujours ..."

"Et après on se demande d'où viennent les vrais problèmes du pays..." rouméguat une nouvelle fois Pajari.

"En fait ce qui avait provoqué la colère de l'extrême droite, ou plus exactement les traditionalistes, c'est le fait de donner le droit aux femmes d'être candidate, mais je divague. 1907 disais-je ? C'est durant la Première Guerre mondiale que le pays a obtenu son indépendance des cendres de l'Empire russe. Malheureusement les sociaux-démocrates ont pactisé avec le diable, Lénine à l'époque, tandis que les conservateurs ont rejoint les Allemands, les Hessen-Kassel***"

"Maintenant que j'y pense ... que sont-ils devenus aujourd'hui ces demeurés ?" Demandât Paajari.

"Leur descendance a rejoint le Parti nazi..." Répondit sèchement Siilvuaso

"Rien de choquant" Répliquât l'intéressé.

" Je ne voulais pas participer à la guerre civile... car aucun des camps n'était légitime de la Finlande." Reprit Mannerheim

Paajari continuait d'écouter le maréchal, il ne pretait plus attention à ses remarques antipatriotiques. Mais cette fois-ci, il avait raison, la guerre civile était une période très trouble d'ordre politique, et il haïssait autant les monarchistes pro-allemands que les communistes.

"Au final c'est mon devoir qui m'a forcé à me battre pour éviter une influence des deux cotés sur la Finlande, le lendemain de la guerre civile, je suis parti car je pensais que le pays était perdu .. Mais la rage de vaincre l'influence des allemands et des russes m'a rappelée à l'ordre. En fait notre combat contre les envahisseur avait été si gratifiant que les finlandais souhaitaient que je sois couronné."

"Ben voyons.." Dit le Major

"Le nationalisme disais-je ? Oui, en fait tout a commencé quelques jours après la réédition du Kalevala en 1930, ce recueil a réuni les Finlandais autour de la construction de leur identité, malheureusement la grande dépression avait provoqué la peur d'un retour possible des rouges. C'est à ce moment que naquirent les premières milices fascistes, il s'agissait au début de paysans qui demandaient que de quoi vivre, jusqu'à la naissance du mouvement Lapua. La rébellion de Mantsala en fut le point culminant****."

"Cette histoire est bien triste mon maréchal... mais cela ne nous dit pas pourquoi vous avez demandé votre démission !" S'exclamât Paajari

"Je voulais poser ma démission car je voyais la guerre d'hiver arriver et le gouvernement s'enfoncer dans un nationalisme des plus exacerbés... comme en 1918, lorsque je suis parti avant la fin de la guerre civile pour ne pas suivre les monarchistes qui massacrait les « rouges ». Après ma régence, le gouvernement m'a appelé à préparer le pays à une éventuelle attaque russe... Tout ceci n'est que de leur faute, nationaliste, extrémistes, ce sont eux qui dirigent la Finlande désormais... Et je ne m'y sens pas à ma place. Voilà pourquoi je ne les écoute pas ..."

Le silence qui emplissait la pièce était glacial ce qu'avait dit le baron était, non seulement difficile à entendre, mais en plus était d'une cruelle vérité. Paajari était blême, Siilasvuo n'en revenait pas.

"Vous avez raison Pajari..." Reprit le maréchal. "Je ne suis pas un Finlandais, ni même un Suédois, ou encore un russe, un Allemand, ou je ne sais quelle autre langue dont je connais les rouages... Je suis Gustaf, un haut gradé de 72 ans qui porte la responsabilité de tout un peuple... Et qui ... ne veut plus se battre ..."

"Non, vous êtes un Maréchal !" Répondit Siilasvuo. "Le maréchal dont nous avons besoin si nous voulons gagner la guerre !"

Se retournant lentement, un visage d'incompréhension s'affichait sur la peau ridée du maréchal.

"Comment voulez vous gagner une guerre si vous ne croyez pas en une victoire ?"

"Comment avez vous gagnez la guerre civile ? Pourquoi avez-vous combattu aux quatre coins du monde maréchal ? C'est cette rage comme vous dites qui vous permit de rester en vie, et même si nous ne parvenons pas à gagner la guerre, nous aurons montré au monde entier que l'armée russe n'est que l'ombre d'elle-même ! Comme lors du miracle de Varsovie !****"

Le maréchal était bouche baie, incapable de dire un mot. Il regardat droit dans les yeux les deux militaires

"Je crois savoir ce qui montrera au monde entier que l'URSS n'est que l'ombre d'elle-même. "
Paajari pointa du doigt un bataillon de volontaires.

"La mort blanche"

*Ecole des cadets de Finlande : Prestigieuse École Militaire de l'empire russe en Finlande

** Diète : Nom donné à l'assemblée nationale finlandaise sous la période russe

*** Hessen-Kassel : Nom de famille de Frédérick- Karl 1er de Finlande, le roi désigné par l'Allemagne pour diriger la Finlande après la l'explosion de l'Empire russe. Comme pour l'Albanie, les puissances centrales voulaient imposer leur domination en mettant au pouvoir des membres de leur famille. Cependant l'effort de Mannerheim pour l'indépendance du pays empêchât toute monarchie de naître en Finlande

**** Rébellion de Mantsala : Période de troubles après la grande dépression qui paralysa la Finlande, elle aboutit en une nouvelle terreur blanche, et le coup d'État contre le gouvernement finlandais. La rébellion se solda par un échec et la stabilité revint en Finlande.

*****Le Miracle de la Varsovie : Est le nom donné à la bataille qui sonnât le glas de l'offensive de l'armée rouge en Pologne lors de la guerre entre les deux pays en 1920.

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