Le début d'une drôle de guerre...

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«Du 30 novembre 1939 au 13 mars 1940, la Finlande et la Russie se sont livré une lutte sans merci ni pitié.

L'URSS y déploya des moyens 4 fois supérieurs au débarquement de Normandie, plus de huit cents mille hommes ont combattu sous la bannière de l'armée rouge.

Et pourtant elle perdit la guerre ...

Comment cette nation, qui ne voulait aucun mal, hormis le souhait de vivre en paix en ces heures troubles, a-t-elle pu mettre à genoux le plus grand pays du monde ? ... voici le récit de combattants de toutes nationalités dont l'histoire a préféré oublier les exploits »

Dans tout Paris, le peuple se préparait à la sainte fête, il neigeait abondamment dans les rues désormais vides de la capitale française en ce 1er décembre 1939. Malgré la guerre déclarée depuis 4 mois désormais, aucun sang n'avait encore coulé sur le sol français.

Alors que le crépuscule ne tardait pas à tomber sur la ville lumière, celle du bar "La Fayette" s'allume pour laisser place aux ombres des premiers buveurs du soir.

Au cœur de ce bar même, la voix mélodieuse de Tino Rossi donna une atmosphère apaisante à ce bar modeste en plein cœur de la capitale.

Quand tout à coup, le son se coupa et les nouvelles de la radio vinrent interrompre le brouhaha des plus bavards d'entre eux ;

"..Hier soir l'Union Soviétique a attaqué la République de Finlande. Les principales villes finlandaises ont été victimes de terribles bombardements de la part de l'artillerie soviétique, les villes sont en flammes, tandis que les réfugiés sont évacués à l'ouest du p.."

Le silence régna quelques instants avant que les discussions ne fusent à nouveau, comme si cette nouvelle n'était qu'un simple fait divers.

"C'est terrifiant..."dit un jeune homme, assit sur une table ronde au coin du bar, entouré de ses deux compagnons.

Il s'agissait de Jack Hacey, Willy Carter et Sébastian Curtis.

Ce soir là, ils venaient de terminer leur travail de bijoutier et étaient venus, comme tous les soirs depuis leur arrivée sur le territoire, passer du bon temps sans se soucier du monde qui les entoure.

Willy, comme le témoigne son physique de littéraire marqué par ses grosses lunettes et cheveux gras, est un étudiant studieux qui sait toujours être raisonné avec ses collègues, de nature peu aventureux et polyglotte, il ne doit sa présence en France qu'en la persistance de ses amis pour l'accompagner.

Sébastian, assis confortablement sur le fauteuil du bar, est un partisan du moindre effort. En témoignent les nombreux devoirs qu'il a rendus en recopiant sur Willy, il ne doit sa présence en Ecole de médecine qu'au soutien de ses deux amis. Solide buveur et fumeur intempestif, il attire quelquefois les ennuis. Quand cela arrive, seuls ses deux amis parviennent à le sauver à temps.

Jack, le plus sensible des trois, le cœur sur la main bien qu'il soit assez candide. C'est lui à qui ses camarades se confient pour résoudre leurs différents problèmes. De nature courageuse et téméraire, il se donne toujours au maximum dans chacun de ses objectifs.

Ces 3 étudiants en 2nde année de médecine à brooklyn sont venu en France de l'initiative d'un de leurs professeurs venu de Louisiane pour apprendre la langue et amasser le plus de connaissance.

Jack fut abasourdi par la nouvelle qui venait de sortir du transistor, à tel point qu'il s'arrêta de discuter à ses camarades et s'abreuva encore des informations qui ne d'être cessé énoncées.

Dans un premier temps la nouvelle de la déclaration de guerre ne fit réagir ses amis, Jack insista alors ;

"Dites-vous vous souvenez d'hier soir ? la Une du figaro ? Je crois que c'était .. Mmh .. "Ruptures des relations entre les deux pays" il me semble .. j'avais lu un truc comme quoi les Etats-Unis envoyaient une négociation pour régler la situation.."

"Ma foi, c'est trop tard, répondit Sébastian, après la Pologne, c'est au tour de la Finlande de souffrir.. le monde va mal .. Mais bon .. qu'est ce qu'on y peut ?"

"Justement, qu'est-ce qu'on peut y faire ?" interrompit Jack

Ses deux amis le regardèrent perturbés par cette étrange sensation qui s'emplissait en lui. De la folie pensa-t-il ? ou bien une soif d'aventure dû à son jeune âge ?

"Écoute Jack, on est américain... finit par répondre Sébastian en sortant un cigare de sa poche. Tu te rappelles 1917 ? et bien notre pays réglera la drôle de guerre en intervenant comme des héros à la fin tout simplement !"

"...Ce n'est pas aussi simple les gars, justement c'est la deuxième fois en 4 ans qu'un pays se fait agresser sans défense..."

"... Troisième ! tu oublies la Chine !.."

Rétorquât Willy

"Très juste.. mais enfin, vous n'arrivez pas à vous mettre à la place des gens qui vont fuir sans jamais rentrer chez eux ?"

Le débat des jeunes adultes prit soudainement fin lorsque la radio annonça de nouvelles informations.

"...L'acte de déclaration de guerre à la Finlande est condamnée par les membres de la Société des Nations, cette dernière a voté l'exclusion de l'URSS de son poste permanent.

Désormais seule face à son destin, la nation finlandaise appelle à l'aide pour sauver son territoire, son peuple et ses maigres ressources. Le maréchal de Finlande Mannerheim s'est exprimé sur toutes les ondes radio du monde :

"Peuple du monde libre, c'est avec rage que je m'adresse à vous, non pas pour demander votre pitié, mais pour briguer votre courage ainsi que votre ténacité pour nous venir en aide. Notre peuple est menacé par un envahisseur infiniment plus grand que nous, Mais notre force unie pourrait venir à bout de ce mal aux frontières de la Finlande !

Prenez le prochain bateau en direction d'Helsinki ! Rejoignez les volontaires internationaux ! Et ensemble nous pourrons montrer à l'ogre russe qu'il n'est pas le bienvenu en nos terres !"

"Et c'est reparti comme en Espagne ..." Dit Willy

"C'est qui ce ... Mannerheim ?" S'interrogeât Sébastian en recrachant sa fumée

"Je ne sais pas ...mais ça alors ... il sait parler français..." répondit Jack

"Bof, reprit Sébastian tu sais c'est juste un discours de propagande, il a dû le dire dans plusieurs langues pour appeler au combat."

Ravalant sa fumée en inspirant calmement, il finit par dire :

" Voyons, je veux pas paraître pessimiste, mais je pense que pour eux, c'est perdu d'avance, tu ne trouves pas Jack ?"

Jack se leva brutalement de sa chaise, il déposa de quoi payer sa part et quitta le bar sans dire un mot.

Au moment où la porte claqua, ses amis se regardèrent dans les yeux, ils se levèrent et enfilèrent leur veste avant de rejoindre leur ami dans la nuit enneigée de Paris.

"Jack attend nous ! Où vas-tu comme ça ?!" cria Sébastian

Leur ami s'arrêta net et se retourna face à eux, gardant toujours le silence, il les regardait avec un visage empli de rancœur.

"Écoute Jack..."reprit Willy, "on a compris que tu avais envie d'aider tous ces gens, ou bien une soif d'aventure qu'est-ce que j'en sais ... Ce qu'on essaye de te dire, c'est que ça fait même pas 2 mois qu'on sort de notre service militaire, tu as appris à utiliser une arme il n'y a même pas un an, et si j'ai bien compris ... tu souhaites t'engager dans un conflit qui vient de commencer ?"

-"Pas par les armes, répondit Jack, je suis un médecin... nous sommes des médecins pas des militaires... Eh oui j'ai envie d'aider des gens qui n'ont jamais connu la guerre ... comme toi et moi ! Je ne veux pas faire la guerre ... je veux sauver des vies !"

Le silence vint à nouveau s'emparer de la scène, l'idée de joindre le front sans y prendre parti était loin d'être insensé. Pour autant les deux amis n'étaient pas convaincus de la pensée de Jack, la guerre est un véritable inconnu pour leur vie.

"Bon... je vois où tu veux en venir, dit Sébastian, l'ennui, c'est qu'on ne connaît pas la guerre... Que ce soit toi, moi ou Willy..."

Face au temps de plus en plus frileux, les 3 étudiants songèrent tour à tour à rentrer chez eux. Mais leurs discussions n'étant pas terminées, Sébastian reprit :

" On va te poser une simple question Jack ... Est-ce que tu crois sincèrement que tu vas joindre le front finlandais tout seul ?"

"Je n'y crois pas j'en suis sur !" répondit-il en se retournant. " j'irais là bas ! avec ou sans votre aide !"

"Alors ce sera avec nous !"s'exclama Sébastian l'attrapant par l'épaule. "Il n'est pas question qu'on te perde dans une avalanche !" rajoutât-il

Le visage blême de Willy se cacha derrière son écharpe, il finit par acquiescer et vint se joindre à ses deux amis. Ce n'était pas la première fois que l'on ignorait sa considération, mais comme pour éviter de relancer un sujet de dispute, il s'abstint de protester.

Les 3 amis éclatèrent de rire avant de se mettre à marcher en direction de leur bar modeste pour finir leur soirée, la neige couvrant leurs pas.

"Un pour tous, et tous pour Un !" s'écrièrent-ils

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