18.L'anrnaqué

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Avertissement de chapitre : Contenu sexuel explicit (court)

Joyce

Lycée public de Springer, Oklahoma

Janvier 2011

La semaine suivant la panne de voiture d'Alec, ce dernier se voulait de moins en moins disponible. Excepté lors de nos cours communs, où il n'apposait que peu voir pas de réponses sur nos feuilles conversationnelles. Je ne l'avais pas revu à la salle de musique. Non pas que nous nous étions mis d'accord sur quoique ce fut, mais c'était devenu une habitude qu'il avait prise de m'y rejoindre. Depuis un mois, j'essayais de l'encourager de mon côté aussi, à me dire ce qu'il aimait, ce qu'il détestait, mais pas le moindre son ne voulait franchir ses lèvres pourtant ouvertes. Il s'énervait généralement dès la seconde tentative et me renvoyait systématiquement la balle en se foutant ouvertement de moi par écrit. La dose de patience d'Alec avoisinait le zéro pointé.

Ce dernier matin de Janvier, je m'entrainais donc seule à la prise de parole orale avant le début des cours, mais mes progrès demeuraient inexistants. Découragée, je me levais pour me rendre aux toilettes. C'est pas grave, je ferai mieux ce soir, m'obligeais-je à penser. Alors que j'entrais, un long gémissement plaintif s'échappa de l'une des cabines et mes yeux s'arrondirent, avant que d'autres ne suivent, plus évocateurs. Ce n'était pas ce que je croyais quand même ?

— Oh... oui, plus vite, s'extasia la voix féminine depuis la cabine.

Mes yeux se rivèrent en direction de la porte avec une moue écœurée. Y avait pas d'autres endroits qu'ici ? Trouvez-vous un hôtel ! J'avançais vers l'évier et enclenchais le robinet d'eau, luttant contre mon réflexe de fuite. Je n'avais pas à me sentir honteuse d'aller me laver les mains, c'était eux, les sans-gênes. Le bruit dû les alerter car aucun son ne sortait plus de la cabine de toilettes. Bien fait, ça vous apprendra la discrétion. Au lieu d'y rester le temps que je termine, je vis à travers le miroir la porte s'ouvrir sur Kimberly, décoiffée, un sourire hagard épanouie sur le visage. Elle me jeta un coup d'œil curieux avant de se remettre à geindre, sans plus se préoccuper de moi. Son regard se recentra sur son amant, dissimulé par la porte.

— Ca vient, ça vient je vais jouir !

Qu'est-ce que je disais, des sans-gênes. Mon petit-déjeuner ingurgité trop vite une heure plus tôt menaçait de remonter le long de mon œsophage alors que je me hâtais de me sécher les mains pour partir. J'aurais dû utiliser les toilettes du bas.

Sauf qu'à l'instant où je me retournais pour partir, la porte claqua contre le mur, repoussée par le bras de mon ennemie jurée, révélant la silhouette massive du gars en train de la mettre dans tous ses états. Je cru que mon cœur allait s'extirper de ma poitrine, tant il battait vite, d'un coup. Le regard d'Alec se planta dans le mien alors qu'il attirait compulsivement le bassin de sa partenaire contre le sien, lui extorquant un cri. La lueur d'étonnement à ma vue fut immédiatement chassée par une vague de plaisir alors que son regard restait braqué dans le mien. J'avais figée, incapable de détourner les yeux de son visage. Un son émanant de lui s'éleva, me sortant de mon immobilisme. Son grognement, alors qu'il ne quittait pas mes prunelles. Je m'arrachais au spectacle en fronçant les sourcils et détalais. Une onde de choc me ravageait, et je ne comprenais pas le sentiment négatif qui me submergeait. Je continuais de courir dans les couloirs en direction de ma salle refuge, alors que mes tripes se serraient douloureusement. Pourquoi je réagissais comme ça ? Parce qu'il avait choisi de s'envoyer en l'air avec Kimberly, en sachant qu'elle était l'une des principales élèves qui me harcelait depuis la rentrée ? Je ne comptais plus le nombre de fois où j'avais été bousculée par elle, frappée discrètement, humiliée publiquement. A cause d'elle, je ne mangeais plus au réfectoire, depuis la fois où j'avais pris mon propre plateau sur la tête et en était ressortie couverte de sauce bolognaise.

Je n'étais rien pour Alec, même pas une amie. Une confidente d'un soir, toute au plus. Alors pourquoi j'avais la sensation qu'on me broyait l'estomac ? Même s'il était le seul à m'adresser la parole autrement que pour me rabaisser... on n'était même pas amis. Ce constat évident me faisait mal. J'avais envie de fondre en larmes. C'était ridicule. Pourquoi je me sentais comme ça ? Plongée dans le tourbillon de questions et d'émotions qui m'assiégeaient, je heurtais quelqu'un et perdis l'équilibre. Alors que j'allais m'étaler, un bras solide me rattrapa.

— Tu vas bien ? Tu ne m'as pas vu ? Lança une voix enjouée en me remettant sur mes pieds.

Je relevais les yeux vers un blond aux iris noisettes fichés dans les miens. Il semblait contenir son amusement. Je l'avais déjà aperçu au sein de l'équipe de basketball. Il était en dernière année. Souriant, aimable... il venait même de l'être avec moi.

— P-p-p-p-p-pardon, réussis-je d'une petite voix alors que son sourire s'élargissait.

— Tu m'as presque autant endommagé que mes coéquipiers, je vais devoir faire un tour à l'infirmerie, dramatisa-t-il avant de pencher son visage vers le mien avec un clin d'œil. Fais pas cette tête la miss, je déconne. Joyce, c'est bien ça ?

Surprise dans un premier temps, mes dents se serrèrent alors que je hochais la tête. Qui ne connaissait pas la bègue de service ? J'étais populaire moi aussi, mais pas dans le même genre que Davis et Kimberly.

— Moi c'est Riley, poursuivit-il en me tendant mon sac que j'avais laissé échapper. Hey attends, tu voudrais pas sourire pour voir ? Ajouta-t-il en m'encourageant du sien.

Hein ? A quoi il joue, lui ? Mon expression devait refléter mon scepticisme et mon incompréhension, car il éclata de rire.

— On m'a toujours dit qu'un sourire était le maquillage d'embellissement le plus efficace des princesses. Je t'ai rattrapé comme un prince charmant, alors aurais-je le droit à un petit sourire de remerciement ? S'enquit-il en minant une inclinaison théâtrale de salut.

Il est perché. Je pouffais malgré moi, immédiatement plus à l'aise. Son regard s'illumina tandis que son visage paraissait plus satisfait.

— M-merci R-Riley, soufflais-je.

— Au plaisir, la miss, lança-t-il en s'éloignant. Content d'avoir été percuté par une fille au sourire aussi ravageur.

Je le regardais s'éloigner en me demandant si je n'avais pas rêvé l'interaction qui venait d'avoir lieu.

A.J. Investigation, East Downtown, Houston, Texas

2 Novembre 2023

Je fixais son nom avec incrédulité. Le destin s'amuse avec mes émotions. Chassant ponctuellement mes souvenirs, je me concentrais sur mon objectif et composais le numéro de téléphone qu'affichait son dossier. Au terme de deux sonneries, il décrocha et mon poing se serra avant que je ne pianote sur le bureau.

— Monsieur Riley Clark ? Questionnais-je d'une voix blanche.

— Qui le demande ? Me répondit une voix masculine.

— Vous êtes en communication avec le journal A.J. Investigation, je me permets de vous appeler dans le cadre d'une enquête et souhaiterais quelques confirmations de votre p...

— Je n'ai pas de temps à vous accorder, asséna-t-il d'une voix d'où suintait l'agacement.

Et moi donc.

— Comme vous voudrez mais sachez seulement que nous avons de fortes raisons de croire que vous faites partis des nombreux patients trompés par le cabinet dentaire auquel vous vous êtes adressé en Août 2023. Il ne s'agit que de votre compte en banque et celui de votre assurance après tout, ajoutais-je avant de marquer une pause.

Lorsqu'il reprit la parole, l'empressement dans son ton s'était évaporé. J'avais toute son attention, dorénavant.

— Qu'entendez-vous par trompé ? Le docteur Dudson m'a arnaqué ?

— Si vous le voulez bien, nous allons vérifier l'ensemble des soins pratiqués par le docteur, je vais vous les énumérer et si certaines prestations vous sont inconnues, ce sera une confirmation...

Je raccrochais, bien plus éreintée par cet appel que par les dizaines d'autres précédents. Je cochais le nom de Clark, le plaçant dans la catégorie des prestations fictives par automatisme. 4 000 Dollars pour un seul client, départagés entre lui et son assurance. Sa compagnie immobilière étant pour le moins fructueuse, il ne s'était, lui non plus rendu compte de rien. A la différence des autres patients, l'injustice dont il avait fait l'objet ne suscitait en moi pas la moindre compassion à son égard. Pas comme si lui en avait eu pour moi.

Lycée public de Springer, Oklahoma

Février 2011

Le mois de février amenait sa vague de froid, et il n'était pas le seul. La période d'examens s'étaient révélées impitoyables et je sortais du dernier avec épuisement. Un sourire immense s'arrima sur mes lèvres en constatant que Riley m'attendait à la sortie de la salle, les mains dans les poches.

— Comment l'élève la plus studieuse de Springer s'en est sortie ? Me demanda-t-il avant de me tendre la main. Ca te dis de manger avec moi ce midi ?

Mon cœur s'emballa et je tendis timidement la mienne dont il s'empara avec empressement et délicatesse. Alors que je partais, mon regard croisait celui d'Alec, déjà sur moi. Il me fixait froidement. Je fronçais les sourcils avec incompréhension, mais il ne détournait pas le regard, ce que je fis la première, aussi vexée que mal à l'aise. Depuis que je l'avais trouvé en plein action dans les toilettes avec Kimberly, je ne lui adressais que peu la parole, ce dont il ne semblait même pas s'être aperçut. Jusqu'à ce que Riley ne se montre de plus en plus cordial et attentionné avec moi. Maintenant, il me considérait sans un mot.

Un fois hors du lycée, Riley profita de notre après-midi de libre pour m'emmener dans le parc principal. A plusieurs reprises, il se rapprocha de moi avant de passer un bras autour de mes épaules.

— Je m'en voudrais terriblement si ma dangereuse petite princesse maladroite prenait froid, prétexta-t-il en m'attirant à lui.

L'une de ses mains coulissa sur ma taille et son visage s'était rapproché du mien dans le processus. Ses yeux me renvoyaient un élan de nervosité malgré son sourire proche de la perfection avant qu'il ne dévore ma bouche du regard. S'il était nerveux, je l'étais encore plus que lui et brisais l'instant de proximité dans une exclamation presque désespérée.

— Un-un chocolat ch-chaud, ça t-te dis ? Suggérais-je en désignant le premier café qui passait dans mon champ de vision, le cœur au bord des lèvres.

Il accepta ma fuite sans délaisser sa bonne humeur et me suivit. Nous échangeâmes jusqu'en fin d'après-midi, et les heures que nous passions ensemble me donnèrent l'impression, une fois de plus de planer. Il était aussi charmant que patient, jamais désagréable, toujours à l'affut d'une attention en mesure de me faire plaisir. Je culpabilisais presque de m'être dérobée, alors qu'il avait certainement dans l'idée de m'embrasser. Est-ce que c'était vraiment ce qu'il voulait ? En parfait gentleman, il me raccompagna avec le coucher du soleil. A l'instant où j'arrivais devant la grille du jardin, il s'empara de mes mains et me fit pivoter vers lui. Je me mordis la lèvre sous ses yeux brûlants. Involontairement, je fermais les yeux. Il éclata de rire, m'en faisant ouvrir un.

— Tu me facilites pas les choses Joyce, susurra-t-il avec un sourire enjôleur. Je te... plaît pas ?

— S-si Riley, je...

— Tu aimé le temps que tu as passé avec moi ?

J'acquiesçais, le souffle court en le voyant s'humidifier les lèvres.

— Bien. Alors laisses-moi rendre ta journée encore plus parfaite et spéciale.

L'instant suivant, sa bouche était plaquée contre la mienne, chaude, contrastant avec le froid ambiant. En apnée, je ne savais absolument pas quoi faire de mes mains alors que les siennes arpentaient ma taille, me rapprochant de son corps. Ses lèvres s'animaient avec douceur sur les miennes, et mon déclencheur de panique devint peu-à-peu celui d'une excitation naissante. Mes doigts trouvèrent leur chemin jusqu'à ses épaules. Il se détacha lentement de moi le souffle court, le regard fiévreux.

— Tes lèvres sont tellement douces petite princesse, souffla-t-il au creux de mon oreille. J'ai pas pu résister.

Ses yeux plongèrent une fois de plus dans les miens avant qu'il n'embrasse ma joue. Magique, c'était le seul mot qui me venait en tête. On était vraiment... ensemble ? Je rentrais, flottant dans une sorte de rêve.

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Bonjour tout le monde !!!

Après un court extrait de c*l pour Alec (sommaire certes, navrée pour les déçus, mais on est dans une romance sous-genre thriller donc la dose d'érotisme, on va la garder pour des perso plus intéressants que les one-shot du p.p détestable x), un petit moment cul-cul la praline vécu par Joyce.

(Je doute de l'impact et l'importance de ce flash-back dans le récit, surtout qu'il se prolonge sur le chapitre suivant, mais je le laisse me prendre par la main, nous verront bien.)

Notre perso principal féminin le qualifie elle-même de rêve par deux fois. N'est-ce donc pas trop beau pour être sincère ? Suite très vite !

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