Chapitre 23

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L'ultime épreuve de sélection ne fut pas une grande réussite pour Olympe. Le parcours du combattant et sa branche de plus de deux mètres vingt de hauteur à escalader eurent raison de sa fougue. Impuissant, Loïc l'avait encouragée à recommencer encore et encore tout comme son binôme de course, Félix, en vain. Les moqueries du GI, accompagné de certains autres coéquipiers ne la touchèrent néanmoins pas. Trop mature pour cela. Trop déçue aussi. Trop contrariée surtout.

De retour aux dortoirs, les hommes débriefaient autour des collations apportées sur un chariot pendant qu'Olympe, seule, songeait à sa famille lorsque le capitaine Dinter fit irruption. L'heure était venue de révéler le nom de ceux qui constitueraient les unités d'intervention de la RF. Les autres seraient invités à rejoindre le dortoir du bâtiment principal où des missions d'ordre sanitaire, de sécurisation ou de secours à la population leur seraient attribuées.

Cette journée parmi l'élite avait réveillé la soif de vengeance de la jeune femme et des missions de sécurisation ne l'intéressaient guère. Ici, Olympe avait pris conscience qu'elle était capable de beaucoup. Le psy avait raison. Dominer et dompter sa fougue lui avait permis de se transcender et pour la première fois depuis longtemps, elle était fière. La réalité du moment la rattrapa lorsque Loïc rejoignit le lieutenant Bela. Quatorze soldats... Un homme très médiocre lors des essais balistiques, mais qui avait franchi l'intégralité du parcours était encore en lice à ses côtés, paquetage sur le dos, confiant.

— Olympe Warenghem.

Le temps s'arrêta. Tous la dévisageaient. Loïc, Félix et les deux autres femmes, qui, elles, n'avaient pas été retenues, furent les seuls qui souriaient. Sans attendre, comme pour empêcher toute réaction hors de propos des athlètes de la journée visiblement outrés par sa sélection, le lieutenant présenta la section CHARLY, troisième unité du régiment Artois de la Résistance Française. Loïc fut désigné artilleur et travaillerait ainsi en binôme avec un second soldat : Sven. En plus de tout l'équipement de base, le lance-roquette APILAS s'ajoutait au reste. Bien qu’alourdi d’une dizaine de kilos supplémentaires, l’expression béate du jeune homme sidéra Olympe. Un doux parallèle à la frayeur de la veille s'invita. Lorsque les miliciens avaient rôdé autour du collège, elle avait tremblé et il avait souri, presque excité... Lui aussi voulait faire ses preuves et avec ce poste, le voilà aux anges. Deux des trois GI Joe, Hugo Lerein et Antoine Cocq furent désignés pour la gestion des grenades à fusils. Enfin, pièce maîtresse de l'unité, le sniper. Sébastien Didain, le déstabilisateur, le GI Joe dans le plus pur cliché. Trente-cinq ans, une expression à glacer le sang d'un mort, une soif d'en découdre. En bref, un mec fait pour tuer. Pour finir, à la surprise générale, le gradé désigna Felix Unmin, sergent de l'unité, avant de s'éclipser et laisser ses combattants entre eux.

L'intéressé s'approcha du groupe et offrit un baise-main à Olympe, lui arrachant un sourire sincère. À quoi jouait-il ?

— Je tiens à vous remercier pour l'aide que vous m'avez apportée aujourd'hui, reprit-il. Mon rôle était un leurre. Avec le lieutenant, nous voulions voir qui était capable de venir en aide à l'un des siens, sans rien attendre en retour, et qui préférait se la jouer solo dans le but de chercher la performance. Vous nous avez donné la possibilité de réaliser une belle analyse de personnalité en conditions réelles, merci à vous tous.


Minuit passé. Epuisée par cette journée, Olympe, ayant patienté que la voie soit enfin libre dans les douches, ouvrit la porte de la salle d'eau sans aucune précaution.

— Merde, je suis désolée Guillaume, putain, je veux dire lieutenant.

L’homme complètement nu rit.

— Ce n'est rien, les douches sont communes, c'était un risque à prendre.

— Je reviendrai plus tard.

— Mais non, rentrez et si je peux me permettre, il va falloir que vous vous habituiez à cette proximité et cette absence de pudeur, car dès demain, le quartier libre sera terminé. Nous devrons prendre les douches tous ensemble à heure fixe et pendant un temps défini.

À la guerre comme à la guerre, elle referma la porte derrière elle. Se déshabiller devant le gendarme ne dérangerait pas Olympe, peu pudique, seulement, difficile de détourner le regard devant la nudité troublante de son supérieur qui, juste en face d'elle, les yeux fermés, la tête sous l'eau, lui offrait un flash d'une autre vie. Quoi qu'elle fasse, lorsque Louis était sous l’eau ruisselante avec ses mains se parcourant avec intensité, elle frémissait et à cet instant, son cœur se déchirait. Louis lui manquait. Guillaume ouvrit alors les yeux. Fin du rêve. Avait-il remarqué qu'elle le fixait ? Pour détourner l'attention, elle engagea la conversation. Est-ce que la RF avait envisagé de recruter des femmes ?

— Pourquoi vous me demandez ça ?

— Car j'ai des sous-vêtements masculins, je n'ai pas de brassière de sport et j'ai droit à ce T-Shirt complètement transparent. Je ne vois donc que cette possibilité : initialement, aucune femme n'était prévue. Rien n'a été pensé au féminin !

— Vous avez raison, souffla-t-il.

Sa voix s'était troublée. L'énigme de son corps détaillée par la transparence du tissu et la subtile révélation du bouton de ses seins avaient-elles eu sur le lieutenant un impact difficile à asservir ? Quoiqu'il en soit, après une douche plus expéditive qu'escomptée, Olympe, au moment de franchir le seuil de la porte, regarda son supérieur une dernière fois et osa.

— Lieutenant, ne m'oubliez pas s'il vous plaît, je m'inquiète pour ma famille.

— Bonne nuit, Olympe.

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