Chapitre 21

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— J'ai eu peur que tu ne sois pas sélectionnée !

Loïc consolidait ses inquiétudes. Rien n'était gagné et ne pas avoir serré la main du lieutenant n'arrangerait pas les choses. Une fois toutes les unités composées, le commandant, trempé comme tout le monde, apporta les précisions nécessaires. Pour les sélectionnés, les voilà des soldats en devenir. Une série d'épreuves permettraient de les départager et ainsi composer les unités destinées à des interventions spéciales au plus près des combats à venir. Pour les autres, des missions secondaires seraient attribuées.

Première épreuve. Sous le commandement du lieutenant, ils avaient cinq minutes pour prendre connaissance et ranger de manière la plus logique qui soit, leur paquetage. GO ! hurla le gendarme.

Tous s'affairèrent à la vitesse de l'éclair. Olympe découvrit rapidement pourquoi son sac pesait un âne mort devant la quantité impressionnante de choses, par chance étiquetées pour les novices.

gilet tactique, avec un nombre incalculable de poches

insert en kevlar avec plaque céramique

Ka-bar : un couteau de combat rangé dans son étui

lampe torche

cordes

boussole

jumelles

briquet, pierre qui semble être un silex : pierre à feu.

casque par balle armé d'une paire de lunettes

tenue de combat supplémentaire, chaussettes, sous vêtements plus chauds pour l'hiver

des gants de combat

poncho militaire

des rations alimentaires de combat

trousse de secours

pelle pliante

scie pliante

hache

sac de couchage, tapis de sol

vaisselle en métal, gourde.

Tandis que la jeune femme s'activait, elle priait pour que la pluie diluvienne cesse. L'eau s'infiltrait partout, alourdissant davantage le paquetage. Olympe s'engouffra quelques secondes à l'intérieur du dortoir pour remplir sa gourde, profitant ainsi d'une douce pause au déluge qui s'abattait dehors. De retour dans la cour, fin du temps imparti. Un candidat n'avait pas terminé, le lieutenant le remercia et l'invita à rejoindre le bâtiment principal. Être prêt en toutes circonstances avec un minimum de temps était primordial.

Le lieutenant décortiquait l'organisation des apprentis combattants, paquetage après paquetage, distillant ça et là ses conseils. Au tour d'Olympe. Sans un regard, il glissa les mains de chaque côté du gilet en kevlar enfilé, l'agrippa, la secoua et l'attira contre lui, son front ainsi à quelques centimètres de la joue barbue de son supérieur. Une chaleur berçante émanait ainsi l'envie soudaine d'une douche salvatrice pour ses tensions.

— Serrez plus votre gilet. Il doit devenir une seconde peau. S'il est trop lâche, il vous handicapera. Branche, débris, on s'apprête à rencontrer tous types d'obstacles...

Il marqua une pause pour reprendre presque hésitant.

— Warenghem, pourquoi avoir rempli votre gourde ?

— J'imagine que les épreuves vont s'enchaîner sans pause, j'ai cru bien faire.

Elle lui en voulait toujours de l'avoir faite douter et sa voix monotone en fut un parfait indice. Il s'éloigna dans un raclement de gorge et vociféra au reste du groupe de faire de même. Olympe sourit. Pas de petites victoires. 

Chronomètre activé, l’unité, paquetage sur le dos, s'élança ensuite sous l'impulsion du lieutenant dans une course folle d'une dizaine de kilomètres par l'arrière du collège. Tout abandon serait définitif, avait précisé Bela. Tandis que certains partirent avec un rythme digne d'un marathonien kényan, d'autres, comme Olympe, luttaient contre le poids du sac irritant leurs frêles épaules à chaque foulée. À son grand étonnement, si concentrée, elle ne s'aperçut que tardivement qu'un homme peinait juste derrière. Elle ralentit et se cala sur son rythme. Un regard, un merci puis le duo poursuivit sa course sous la pluie martelant les visages et dissimulant les trous dans lesquels les bottes s'enfonçaient. Une course épuisante. Un calvaire. Le corps criait d'arrêter. La rage hurlait d'avancer. Au bord du malaise, nauséeuse et le souffle court, Olympe sourit. Face à elle, Louis, qui l'encourageait et se moquait de son attirail. Où qu'elle aille il serait toujours là, près d'elle. Il était sa force. 

Elle s'écrasa sur le sol une fois la ligne d'arrivée franchie devant Loïc, souriant et alerte. Visiblement, pour lui, la course ne fut qu'une promenade de santé et cela ne pèserait pas en la faveur de la jeune novice encore chancelante d'un tel effort, mais, par chance, elle n'était pas la dernière. Un homme l'ayant insultée lorsqu'elle l'avait gentiment motivé durant la course, franchissait à l'instant la ligne dans un piètre état. Quel spectacle savourant !

Puis, nouveau test. Le lieutenant ordonna au groupe d'ouvrir sa gourde. Objectif : état des lieux de la consommation d'eau lors de la course. Plusieurs soldats avaient déjà bu l'intégralité de leur stock... Le savon fut violent :

— Nous sommes au milieu de nulle part. Vous allez faire quoi sans eau ? Hein ? Vous servir dans les fossés pour vous hydrater ? Tant que vous ne savez pas où votre mission vous mènera, ne finissez jamais votre eau ! Gardez-en toujours un fond ! TOUJOURS ! C'est compris ?

Seconde victoire, grâce à sa nausée, sa gourde avait à peine diminuée.

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