Recrutement : Chapitre 12

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La voiture enfin éloignée, le duo demeura blotti un peu plus que nécessaire, permettant à Olympe de profiter davantage du calme de l'homme qui venait de lui sauver la vie. La veille encore, sa simple main tenue l'avait pourtant irritée comme jamais mais après avoir traversé cet extrême danger sur un fil, voilà qu'une soif de vie imaginée perdue fracassait ses certitudes. Un raclement de gorge éjecta Olympe de ses pensées berçantes et salvatrices... Retour à la réalité. Sans autre son, le lieutenant lui intima de le suivre à travers cette cour de récréation à la pénombre presque réconfortante et où se dessinait un bâtiment de deux étages. Contre toute attente, le guide se dirigea plus en retrait sur la droite devant la porte d'un vieux préfabriqué totalement délabré. Que diable comptait-il faire là-dedans ? 

Derrière la porte de ce petit édifice, la projection explosa à la figure d'Olympe. Un véritable quartier général militaire se tenait face à elle. Toujours silencieux, l'homme s'éloigna avec la jeune femme sur ses talons, vite rattrapée d'une façon plus que déroutante par un inconnu non loin.

— Ho là ma jolie !

Les yeux en l'air, le souffle brutal, sa condition de femme dans ce qu'elle a de plus terrible lui écrasa la poitrine. Comment des hommes pouvaient se permettre de parler ainsi à des femmes qu'ils ne connaissaient même pas ? Le fauve drogué à l'adrénaline de cette journée et lui aussi apaisé par le sursaut d'espoir s'éveilla avec brutalité.

L'air faussement aguicheur et le regard sans équivoque déstabilisèrent son interlocuteur.

— Oui, mon beau ? Que voulez-vous ? enchaîna-t-elle sèchement.

— Nom, prénom, date de naissance, taille, poids et pointure, s'il vous plaît.

Voix douce, regard fuyant, le combat était gagné et devant cet homme embarrassé, difficile de ne pas jubiler. Un fois les informations obtenues, il s’éclipsa dans ce qui semblait être une réserve offrant ainsi la possibilité d'une reconnaissance de ce lieu aux fenêtres occultées de l'intérieur. De faibles lumières et la lueur de nombreux écrans sur lesquels des images satellites défilaient devant quatre hommes accordaient à l'ensemble, une vision digne d'un film d'espionnage. Probablement l'unité de renseignements ayant trouvé sa position, pensa-t-elle. Plus loin, une seconde pièce à la luminosité plus vive attisa sa curiosité mais l'inconnu de l'entrée réapparut. Fin des repérages.

— Voilà madame, tenue, sac, paquetage ainsi que nécessaire de toilette.

Surprise par le poids du sac, elle posa le matériel sur une table toute proche et se rendit dans la pièce à l'exploration avortée quelques secondes plus tôt. Elle aurait bien le temps de s'inquiéter du matériel ainsi donné plus tard.

Une dizaine de personnes affairées à lire ou encore à écouter de la musique ne lui accordèrent aucun salut. Ainsi invisible, elle s'avança. Un unique couloir, plusieurs portes, la reconnaissance se poursuivait.

"Douches"

Tandis qu'elle imaginait à quel point l’eau bouillante évacuerait sans nul doute le stress d'une telle journée, plus loin sur la droite, elle découvrit une salle de consultation médicale puis, perplexe, une seconde pièce à la décoration étrangement cosy avec au milieu, un sofa accueillant. Un salon de détente ? Sans télévision, ni livres et avec un bureau au fond, peu probable pensa-t-elle. Autre salle, autre ambiance. Matériel de musculation, barres, haltères, poids, sac de frappe, comment ne pas penser à l'une de ses collègues qui aurait adoré trouver un tel équipement, même après cette folle quête de survie ?

— Cette pièce vous fait rire ?

La question du gendarme la sortit de sa douce nostalgie.

— Oui, avoua Olympe. On est où là ?

— Il s'agit du quartier général départemental de la Résistance Française, ou RF. Vous avez eu beaucoup de chance de vous retrouver en difficulté juste à côté !

— Mouais, aujourd'hui j'aurais peut-être pu jouer au loto si vous voulez mon avis. Depuis quand vous êtes ici ?

— Depuis fin mars, suites aux exactions du MLF...

La fusillade qui avait couté la vie de Louis et de tant d'autres avait fracturé la société. Ceux qui suivaient, ceux qui résistaient. Des rumeurs couraient quant à la création d'un mouvement de lutte contre le MLF mais aucune preuve, rien. En même temps, comment savoir ? La peur régissant désormais les relations sociales et personne n'osait plus parler.

— Et avec tous les contrôles du MLF dans les parages, personne ne s'est jamais douté de votre présence depuis tout ce temps ?

— Vous étiez-vous doutée, en observant ce bâtiment, que des hommes armés y vivaient et s'y cachaient ?

Pas faux.

— Que souhaitez-vous faire en premier, Olympe ?

L'incompréhension qui émanait de son visage le fit enchaîner.

— Souhaitez-vous manger ? Prendre une douche ? Rencontrer le commandant de cette section ?

— Euh, j'aimerais pouvoir prendre une douche pour commencer si cela vous convient, je suis morte de froid, se confia-t-elle.

— Oui, c'est ce que j'ai senti, marmonna-t-il.

Il toussa et l'invita à le suivre. Paquetage récupéré, direction : les douches communes où personne ne s’y trouvait. Tant mieux. La journée avait été suffisamment lourde pour qu'en plus, il faille ajouter l'embarras de se trouver nue devant des étrangers, et qui plus est des hommes.

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