autibio_WIFI / ERROR 404

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Le 1er janvier, à minuit pile, le réseau Internet mondial a brusquement été coupé.

Sur le moment, comme tous les ans, je tentais d'envoyer un message de "Bonne année !" à la quasi totalité du répertoire de mon smartphone. Comme tous les ans, les "erreurs réseau" se multipliaient. Alors, lorsque quelqu'un a commencé à pester – emportement que l'ivresse rendait un poil risible – parce qu'il n'arrivait pas à ajouter sa vidéo floue de nos vœux éméchés à sa story Instagram, j'ai juste supposé que ce bug-ci s'ajoutait à la surcharge de messages futiles qui font planter nos réseaux de communication.

J'ai continué de faire la fête, de boire et de dire des âneries. Mes amis devenaient grognons, parce qu'ils n'arrivaient pas à lire les auto-reportages ô combien narcissiques de leurs amis Snapchat, perdus de vue depuis cinq ans.

Franchement, moi, je m'en foutais.

Elle était avec moi. Puisque nous étions ensemble, le monde pouvait bien s'écrouler, l'Apocalypse s'abattre ou les petits hommes verts entamer de nous disséquer. Rien d'autre ne comptait, sinon sa présence auprès de moi.

Pourtant, le lendemain, quand on s'est réveillés au beau milieu de l'après-midi dans le canapé et qu'on a tous essayé, une fois de plus, de consulter nos profils sociaux, on a dû se rendre à l'évidence : une sérieuse panne avait mis Internet K.O, et on allait devoir prendre notre mal en patience pour revoir les couleurs criardes du logo de Google.

Mais Internet ne reprit pas du service, ni le jour d'après, ni ceux qui suivirent.

Le "bug de l'an 2000" avait fini par nous tomber dessus, avec quelques décenies de retard. Un groupuscule terroriste essayait de prendre le contrôle du réseau d'informations mondial. Le gouvernement nous avait coupé du monde pour nous maintenir dans l'ignorance de terribles nouvelles. Un accroissement soudain de la pollution de l'air avait rendu impossible la diffusion des ondes. De lointains voisins de l'espace avaient enfin daigné répondre à nos appels vers l'inconnu, et ils ne venaient pas en paix. Chacun y allait de sa théorie abracadabrante. Ou alors terrifiante, parce que plausible.

Au bout de quelques semaines, chacun comprit qu'il allait falloir se résigner : l'ère de la toile était révolue. On allait tous devoir réapprendre à vivre sans les outils du web, dans un présent qui ne serait peut-être plus jamais celui des partages immédiats, des memes rigolos et des refuges virtuels. La réalité nous bernait, comme elle bernait nos ancêtres, et on ne pouvait plus détourner le regard.

Réponse au défi : https://www.atelierdesauteurs.com/defis/defi/1694338629/2051--internet-down

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